True Detective
8.2
True Detective

Série HBO (2014)

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     J’ai tout d’abord été assez septique mais curieux de voir le résultat que nous promettait le premier teaser. Une première pour Nic Pizzolatto, un casting de rêve mais tout cela risquait de tomber dans des travers, des déjà vus, des clichés et oui celui d’un scénario centré sur deux flics dont tout oppose. Enfin bref du recyclé encore et encore, une série policière quoi.  

Tout d’abord, un générique d’ouverture à la hauteur de l’ambiance générale de la série qui est par ailleurs bien travaillé et prenant. Far from any road de The handsome family, (du très bon country à réécouter en boucle), nous plonge dès le début dans les profondeurs d’une Amérique conservatrice, catholique, machiste, sauvage, dans des régions décalées...


Des quartiers délabrés, des bâtiments laissés à l’abandon, enfin bref un cyclone est passé par là et c’est ce dont Nic Pizzolatto montre en utilisant cet environnement marécageux, sale, humide et tout droit sorti d’un film ‘’post apocalyptique’’.


Quant aux protagonistes principaux, soit les deux détectives qui sans vraiment de surprises sont complémentaires, obstinés amis et ennemis, vont devoir résoudre une affaire qui va parasiter leur vie à tout jamais. C’est en Louisiane là où l’enquête se déroule qu’une jeune femme est retrouvée morte dans un champ, assassinée selon un étrange rituel aux symboles sataniques par un tueur en série aux pratiques peu orthodoxes, et là je parle notamment des fameux bois de cerf placés sur la tête de la victime… glauque.


Ces deux détectives, dont Marty Hart un conservateur costaud, macho, brute et Rust Cohle un philosophe tourmenté, alcoolique (très bon dans les pliages de canettes) et fort attachant par son cynisme, vont devoir affronter leurs démons et pénétrer dans les tréfonds les plus immondes de l’âme humaine et du sordide.

Par ailleurs les réflexions de Rust ne peuvent laisser indifférentes, souvent drôles et justes, ou inquiétantes, ces nombreuses répliques plus pessimistes les unes que les autres donnent un charme, et une forte personnalité, bref la révélation de cette anthologie.
« Le monde a besoin d’hommes mauvais. Nous tenons les autres hommes mauvais à distance » Rust Cohle.


Donc des monologues philosophiques qui laissent sans voix, des séquences, par ailleurs souvent entrecoupées de flashbacks entre 1995 et 2012, magnifiées par la voix hypnotique et l’interprétation irréprochable de Matthew McConaughey récompensé lors de la 4ème cérémonie des critics’ choice television awards pour meilleur acteur dans une série dramatique (True detective).


Une série qui avec joie ne se concentre pas essentiellement sur l’enquête mais notamment sur la misogynie, sur l’évolution des personnages, qui n’est pas très évidente compte tenu des 17 années qui se sont écoulées entre les débuts de l’enquête et au moment où ils sont interrogés par les enquêteurs en 2012. Donc petite déception de ce côté mais la série fascine et plusieurs théories farfelues peuvent naître. En effet n’importe qui est un suspect potentiel même notre cher Rust qui en connaît un rayon sur la psychologie et la science criminelle à travers ses discours mystiques. D’autres thèmes dont la religion sont évoqués et figurent comme des éléments centraux de cette série. Cette dernière qui est d’ailleurs ni anti ou pro-religion mais qui n’hésite pas à montrer les pires aspects de certaines choses dont celles de l’aliénation, du machisme, ou encore du proxénétisme.


Six épisodes sur huit excellentissimes mais une fin un peu bâclée. Et oui comment croire que cela puisse finir ainsi… si bien. Serait-ce parce qu’un sentiment de frustration me vient et me fait savoir que oui la première saison est terminée et que le bon vieux Rust ne sera plus là, pour nous parler toujours avec beaucoup de profondeur de notre chère humanité, de sa conception forte positive de la vie et de notre passage sur cette bonne vieille terre. (sarcasme me voilà).


Bref de très bons acteurs, entre interprétations de haut vol, un scénario plus que parfait, une photographie exemplaire et une musique en harmonie avec le ton sombre et oppressant de cette série. Une ambiance hypnotique, fantastique… bref !! à regarder sans modération !!

LucianoGhisleni
9
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Créée

le 10 juin 2015

Critique lue 329 fois

2 j'aime

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