Je suis très étonnée de la mauvaise moyenne de cette série.
Ce n'est certes pas la plus grande série du monde mais c'est drôle, très bien joué, bien écrit dans son genre, les dialogues sont hilarants....
C'est over the top, bien sûr, mais c'est en toute connaissance de cause. En effet, les créateurs de la série sont parfaitement conscients de l'invraisemblance de certaines situations, de ces retournements dignes des Feux de l'Amour, ce que soulignent les scènes de soap latino-américains qui saupoudrent la série et font échos aux situations de la série tout en étant n'importe quoi.
La série se sert de situations extrêmes et parfois ridicules comme des morts qui reviennent, des grossesses surprises, des vols de sperme sur des cadavres, des fiancé(e)s qui sortent de nulle part, des enfants cachés et j'en passe, elle s'en sert donc pour mettre en lumière des sujets plus profonds. Pas toujours "très" profonds, c'est une série faite pour le rire en priorité, mais elle n'est pas superficielle.
Ugly Betty n'est pas si bête et est en avance sur son temps.
Comme beaucoup de personnages dans la série qui sous-estiment et méprisent Betty et son physique atypique dans le monde de la mode (sans compter ses goûts vestimentaires discutables), j'ai l'impression que la série est sous-estimée pour son apparence paillette et bubble-gum.
Le titre est certes peu subtil et fait pour choquer mais s'inspire directement de la série sud-américaine dont c'est le remake (Yo soy Betty La Fea) - en tout cas la reprise du concept de départ, je ne suis pas sure que le scénario suive vraiment la même trajectoire. Le titre, donc, nous annonce une héroïne moche et c'est vrai qu'au premier abord, la gentille Betty n'est pas très jolie, au sens classique du terme. Cheveux en bataille, frange aléatoire, lunettes qui cache bien les yeux, un peu trop dodue et, bien sûr, pour couronner le tout un appareil dentaire très proéminent.
Alors, si on regarde bien, mis à part sa silhouette plus voluptueuse et petite que les standards du mannequinat, tout ceci est perfectible, améliorable, changeable. Betty n'est pas laide, elle est mal fagotée et c'est peut être l'un des reproche que je ferais à la série, le relooking qui intervient en saison 4 aurait pu avoir lieu beaucoup plus tôt, puisqu'il a lieu. Betty est maintenue dans un état de "laideur" relative pour les besoins du scénario. D'autres attributs auraient pu entretenir l'illusion de laideur bien mieux que des fringues atroces et un mauvais brushing. D'autant que sa soeur est coiffeuse et qu'elle bosse dans un magazine de mode!
Mais bon, on nous fait comprendre que d'une certaine manière Betty ne souhaite pas changer et son cheminement est lent.
Malgré ce petit reproche, pour moi, Betty est un bon personnage. Elle est intelligente et elle a le coeur à la bonne place. Elle gère bien ses dilemmes, sauf cette histoire à répétition avec Henry.
On aime Betty, pas parce qu'elle est laide, mais parce qu'elle est comme tout le monde et à côté de Vanessa Williams et Rebecca Romjin, tout le monde est moche!
Son histoire est interessante et touchante.
Le reste des personnages est tout aussi intéressant et touchant.
Daniel avec son début difficile de playboy un peu crétin, superficiel et profondément insécure. On devrait le détester mais il a l'air tellement perdu. Il aura une belle évolution tout au long de la série avec comme pour tout le monde, des drames intenses, des hontes intenses. Il forme vraiment avec Betty le coeur de la série et leur relation est sympathique à suivre. Le vont-ils / vont-ils pas est un peu bouclé à la va vite en fin de série (je pense que l'annulation a précipité les choses, même si le cliché est évité de manière TRES visible).
On a ensuite Wilhelmina interprété par une Vanessa Williams absolument impériale. C'est le personnage qu'on adore détester. Franchement, la perdre serait la mort de la série comme beaucoup d'autres personages d'ailleurs.
Chaque personnage avec son histoire propre, son destin, bien qu'étant souvent sans rapport avec Betty,coeur de notre histoire, est important.
Je veux savoir si Ignacio aura sa nationalité, je veux savoir si Alexis arrivera à porter des talons sans se casser la figure, je veux savoir si Mrs Meade va re-sombrer dans l'alcool, je veux savoir si Marc aura enfin un mot gentil pour quelqu'un. A aucun moment, je n'ai eu envie de zapper certaines sous-intrigues parce que tous m'ont intéressés.
Ok, je n'étais pas une grand fan d'Henry. Mais c'est surtout parce qu'il revient trop. Au bout d'un moment, c'est vraiment trop tiré sur la corde.Mes personages préférés sont Marc, l'assistant parfois perfide de Wilhelmina et Amanda, la réceptionniste, fashionista, plutôt maboul.
Ils évoluent, eux aussi, d'odieux à très vivables et même touchants. Un épisodes sans eux est comme un jour sans soleil.
C'est vraiment un agréable moment qui a une fin en queue de poisson. On sent bien que, dans la dernière partie de la quatrième saison, les auteurs tentent de boucler toutes les boucles de manière un peu précipité.
La romance entre Betty et Daniel : pas de problème, on lance le truc mais on ne résout pas (ce qui donne aussi un polissage un peu féministe du genre "ce n'était pas le but". Mon oeil, tout le monde voulait savoir si (quand) Betty et Daniel allaient enfin se mettre ensemble.)
Son relooking arrive comme un cheveux sur la soupe après plusieurs années de stagnation stylistiques qui du coup ne s'expliquent plus trop.
Wilhelmina se trouve soudainement un conscience.
Le frère caché disparait carrément pour finir un jour dans le fond histoire de dire qu'il est là mais on ne gère pas et on espère que personne ne posera de question.
C'est un peu dommage.
C'est néanmoins aisé à voir, aisé à aimer, ça n'a pas si mal vieilli que ça parce qu'au fond, les histoires sont très classiques mais ça fait plaisir de voir grandir Betty et ses amis vers un avenir meilleur.
C'est une série qui fait du bien.