Au XIXème siècle, dans le sud des Etats-Unis, un petit groupe d'esclaves décide de s'échapper de la plantation de leur maître...
Le sujet traité est plutôt classique, certes, et on assiste à des prises de position (le contraire aurait été difficile) pour, à première vue, livrer une série assez manichéenne qui condamne les esclavagistes et loue haut et fort les gentils abolitionnistes. Certes. Sauf qu'ici, tout est complexifié : les intrigues, les personnages, leurs évolutions... Et c'est tant mieux, parce que la série gagne en profondeur au fur et à mesure de sa progression : les esclavagistes doutent (je pense surtout à Tom Macon, pris entre deux feux), mais les esclaves aussi (Sam!) : doivent-ils prendre le risque de s'échapper ? Plusieurs figures ambivalentes structurent la série, de même que les relations ambiguës qu'entretiennent certains personnages entre eux (Ernestine notamment avec Tom, mais pas seulement). Plus que l'enjeu philosophique; historique et humain, c'est réellement la construction de ses personnages qui fait la force de la série.
Son réalisme est également l'un de ses grands atouts : les décors, les costumes mais aussi les structures sociales, économiques et politiques de l'époque sont respectés (je ne suis pas experte de la période et il y a certainement des manquements, mais en tout cas ils ne sautent pas aux yeux). Bien plus que tous ces aspects techniques, la condition des noirs dans l'Amérique esclavagiste du XIXème siècle est effrayante de réalisme, et permet mieux que n'importe quel livre d'histoire de visualiser toute l'horreur de l'esclavage à l'instigation des blancs, qui se disaient eux-mêmes "civilisés". Sans beaucoup de scènes de violence physique, la série arrive avec brio à dépeindre toute la violence psychologique omniprésente dans le quotidien des esclaves d'une plantation du sud : l'absence totale de liberté, le travail forcé, l'abnégation quotidienne, les brimades, les menaces physiques (et j'en oublie sûrement...).
Suivre ce petit groupe de fugitifs, dès les préparatifs de leur évasion à leur entrée dans le monde libre était vraiment intéressant, les épisodes passent d'ailleurs vraiment vite - on ne voit pas les 40 minutes passer, pour être franche.
J'ai par ailleurs rapidement réalisé que la série est relativement peu connue, et c'est dommage, parce qu'elle vaut vraiment le coup d’œil. Si le sujet vous intéresse, n'hésitez pas une seconde : en plus d'être un bon divertissement, elle propose une réflexion aboutie, qui s'éloigne des clichés que l'on connait et qui donne une vision nouvelle mais globale du revers de la construction des Etats-Unis tels que nous les connaissons aujourd'hui.