Undone ne fait pas les grands titres et c'est bien dommage car voilà une série qui le mérite. Alma est meurtrie par la mort de son père durant son enfance et elle tente de se construire en tant qu'adulte tandis qu'elle ne s'autorise pas à être heureuse. Suite à un accident de voiture, elle commencer à percevoir son défunt père qui lui demande d'enquêter sur les véritables causes de sa mort.
La série est tournée en rotoscopie, procédé toujours aussi puissant alors qu'il permet toutes les torsions possibles du réel et laisse donc libre champs au monde de la psyché (difficile de ne pas évoquer à ce sujet A Scanner Darkly, autre pépite trop méconnue). Ce choix sert tout-à-fait le propos d'Undone qui trouve le juste équilibre entre interprétation fantastico-spirituelle ou schizophrénique des événements et des souffrances que vit Alma. C'est ce naturel qui rend aussi touchants ses tourments intérieurs et la complexité des relations familiales frappées par un deuil douloureux auquel chacun fera face selon ses moyens : Alma demeure en proie à son inacceptabilité de la perte, tant du père réel que du père idéalisé, au risque de s'enfermer dans une tentative de résolution fantasmée qui, qu'elle soit chamanique ou pathologique, la coupe invariablement de ses proches. La présence du thème de la surdité prolonge d'autant mieux ces problématiques en ce qu'elle offre comme possibilité de sublimer l'isolement/le deuil d'un sens par un autre rapport au monde... pourvu que les siens l'acceptent.
L'interprétation des acteurs, peu connus en dehors de Bob Onderkirk (Saul de Breaking Bad) et de Rosa Salazar (Alita), est très agréable et participe au naturel précédemment noté. Et argument suprême en ces temps de délayage excessif, les épisodes ont le bon goût de durer 20 minutes, ce qui permet une concentration de l'intrigue et dans le même temps une grande richesse thématique.
Dans sa pleine réussite à traiter de la souffrance psychique et son rapport au deuil, Undone illustre parfaitement la maxime de feu le Psylab (encore un autre deuil) : "la folie est parfois la meilleure manière de s'adapter à la réalité".