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Série Showcase (AU) (2019)

"I'm sitting on the edge of Australia"

Voilà pour moi un très très gros coup de coeur pour cette mini série qui se dévore comme un long film d'à peu près 4 heures.
Tout est exaltant :
Le scenario sur le canevas du road movie nous offre quantité de moments de poésie pure.


Les éléments de trames de fond et de background des personnages sont instillés avec habileté et honnêtement on se fout complètement de savoir où l'on va, que ce soit dans l'histoire ou sur la route.


Et je trouve qu'on touche là au sublime de ce que doit être un road movie : durant tout le périple qui s'étale sur 90% de la série, on est juste dans le moment, dans l'instant des personnages et toutes les incongruités qu'ils rencontrent.


Et il y en a !


Que ce soit les visions époustouflantes du désert et de l'outback australien, ou dans la galerie de personnes rencontrées, on va de surprises en surprises avec ici et là des mircro doses de cliché, mais juste ce qu'il faut dans le dosage pour prolonger le rêve cher aux natifs australiens.
Et c'est là le maître-mot de cette série : le dosage.
D'un point de vue personnel j'ai tendance à fuir quand ça tombe un peu trop dans le mélo et le sentimental facile. Rien de tout cela ici.
Une immense pudeur se dégage de ces rencontres, une simplicité vraie, franche et souvent assez drôle.
Sentiments, pudeur, poésie, un peu de drame, humour... un très subtil équilibre de tout ça qui vous touche profondément.


D'un point de vue plus technique, là aussi ce n'est que du positif.


L'outback australien, le désert, avec son côté un peu far west mais ses spécificités propres est filmé de manière remarquable.
On y voit des plans très larges somptueux sur des routes tellement rectilignes qu'elle nous donnent physiquement le vertige de l'isolement total du désert et les minuscules humains qui s'y aventurent.


Mais on s'insère littéralement dans l'espace réduit des véhicules où se tiennent des dialogues savoureux, plein de malice. Et on est collé par l'image aux personnages, au plus près de leurs échanges, de paroles, de regards et silences contemplatifs ou réflexifs.
C'est si varié tout au long du voyage !


Allez ! Je vais sortir le gros cliché qui va bien, mais le désert australien est un personnage de la série. Le désert et ses dangers, son isolement, ses hasards...
Voilà c'est fait, c'est lu des milliers de fois, mais c'est tellement vrai ici. Si vous ne croyez pas lisez le petit spoil ci-dessous (1 seule séquence mais très révélatrice de mon propos)


Au milieu de nulle part dans le désert, le personnage principal est seul, accablé de chaleur, pieds nus, le sac de son cubi de vin sur la tête. Il vient de se faire mordre par un serpent. Il perd connaissance au milieu de la route. Il attend la mort, logiquement.
2 routiers se croisent à cet endroit et devisent gaiement comme si tout était normal.
L'un d'eux l'embarque et lui apprend, entre 2 rires, qu'il a 1 chance sur 2 de mourir.
Si c'est un serpent brun de l'est, c'est foutu, si c'est un serpent brun de l'ouest il est sauvé.


Alors s'il est vrai que la nature prend une place immense dans la série, ne négligeons pas les personnages. Quelle galerie !
Je vous laisse découvrir, mais s'il y en a un qui sort du lot c'est sûrement ESME.
Il y a dans ce personnage et cette interprète géniale, un côté très Tarantino dans le comportement.
Comme souvent dans les films de QT, on a là un personnage qui semble s'exprimer avec calme et bienveillance, mais qu'on soupçonne (à raison) terrifiante et extrêmement dangereuse. Dans un enrobage de relative douceur, on est suspendu au "passage à l'acte" qui semble ne jamais arriver (genre Reservoir dogs, from dusk till dawn, Inglorious basterds...). C'est brillant !


Bon et ne passons pas sur les 2 interprètes principaux.
Tim Minchin réussi une certaine prouesse. Du départ de la série à la fin, il parvient au fil des séquence à nous apprendre à lire son personnage, ses conflits, mais surtout ses évolutions au contact de sa partenaire. Démarrant dans un jeu sobre et assez plat, il arrive à nous donner les clefs de son évolution "émotionnelle" qui va crescendo jusqu'à la fin. Du bon boulot.


Milly Alcock......Que dire ???
* D'abord je viens de voir qu'elle était au casting de House of dragons et je viens de hurler YES !!!*
Extraordinaire !
Je cherche, mais je ne trouve pas une interprète qui m'ai aussi convaincu dans le rôle d'une adolescente. Il y a tout : l'excessivité dans le sens de l'absolu, la colère, la malice, l'imaginaire et j'en passe...
Elle aussi, elle fait évoluer son personnage le long du voyage et tout ceci se conclut dans une scène finale de monologue que je me suis repassé 3 fois tellement à chaque fois j'avais les poils.
D'énergique jeune fille de


13 ans


elle nous livre une prestation finale de quelqu'un de sans âge qui a assimilé tous les éléments de son voyage initiatique. C'est incroyable.


Pour conclure, et être juste dans l'éthique de l'exercice de la critique, je vais mettre le doigt sur le petit "truc" qui fait que je n'ai pas mis 10/10 à cette série.
Alors que la musique est un des thèmes centraux de l'histoire, je me dis après coup que celle-ci aurait pu être un poil plus "folle". Bon, la BO et l'habillage sonore sont très bon, pas grand chose à redire, mais je pense qu'on pouvait aller un peu plus loin. C'est vraiment pas grand chose mais s'il faut trouver un infime défaut, ce serait celui-là.


Et finalement, pour l'anecdote, comment je suis tombé sur ce bijou de 2019 ?
On est d'accord que dans une bande annonce, quand on lit que tel ou tel journal de ciné a aimé, on voit surtout du marketing un peu pipo et oldschool.
Mais là j'ai lu " Le meilleur truc que j'ai vu depuis Fleabag. Joss Whedon." Haa ???
Merci Joss. Vraiment.

Althalionn
9
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Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes Real Triple A [*AAA*] Series, Top 10 Séries et Les plus belles claques esthétiques

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le 24 avr. 2022

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