Quand la jungle urbaine devient le cauchemar de chaque insecte ambitieux

Vermin, la série animée audacieusement décalée de Blackpills sortie en 2018, c’est ce que vous obtiendriez si Zootopie avait été co-écrite par des comédiens stand-up en manque de sommeil et un biologiste sarcastique. On y suit le pauvre Mantos, un jeune insecte de campagne (un moustique, pour être précis) qui débarque dans la grande ville, prêt à réaliser son rêve de devenir flic. Spoiler alert : la vie en ville est bien plus cruelle que dans La Petite Maison dans la Prairie, et son ambition se heurte à une faune aussi loufoque que dangereuse.

La force de Vermin, c’est sa capacité à mélanger humour noir, satire sociale et absurdité pure en un cocktail explosif qui vous fera rire et grimacer en même temps. La série est un véritable miroir déformant de la société, où chaque insecte incarne un stéréotype qui passe à la moulinette de l’exagération : des cafards délinquants aux fourmis en costard prêtes à écraser la concurrence, tout le monde y passe. Et Mantos, notre moustique naïf, se retrouve bien vite dépassé par cet écosystème implacable.

Le rythme est frénétique, et les gags s’enchaînent plus vite qu’une nuée de mouches autour d’un repas abandonné. Chaque épisode est une plongée dans le quotidien de Mantos, qui essaie tant bien que mal de naviguer entre ses aspirations de justicier et la dure réalité d’un monde où même une mante religieuse pourrait être une psychopathe potentielle. L’humour, souvent piquant (coucou, jeu de mots insecte), est le genre qui fait hausser un sourcil avant de vous arracher un rire coupable.

Visuellement, la série est à la fois minimaliste et percutante. Les couleurs vives contrastent avec les thèmes sombres abordés, et les designs des personnages, tout en angles et en traits exagérés, ajoutent une touche cartoonesque qui renforce l’absurdité de chaque situation. C’est le genre de série où un simple clignement d’yeux peut devenir une punchline, et où un sourire narquois annonce un désastre imminent.

Les dialogues sont ciselés avec un soin particulier pour l’irrévérence. On navigue entre répliques pleines de cynisme et réflexions existentielles dignes d’un insecte en pleine crise de la trentaine. Mention spéciale aux personnages secondaires, chacun apportant sa dose de chaos et de répliques cultes : la sauterelle chef de police, blasée et sur le point de craquer, ou l’araignée sexy à l’humour douteux, qui ferait passer une veuve noire pour une romantique.

Certes, Vermin n’est pas pour tout le monde. Si l’humour noir et l’absurde ne sont pas vos tasses de thé (ou vos canettes de soda pour rester dans l’esprit de la série), certaines blagues peuvent sembler un peu lourdes ou provocantes. Mais pour les amateurs de comédies qui n’ont pas peur de flirter avec les limites du politiquement correct, c’est une petite pépite.

En résumé, Vermin est une satire animée qui pique là où ça fait mal, tout en vous faisant rire des travers de la société humaine à travers le prisme de ses cousins à six pattes. C’est une série qui vous rappelle que, parfois, la vie est un marécage, et que même un moustique avec des rêves de grandeur peut finir par se prendre une claque, au propre comme au figuré. Si vous aimez l’humour qui ne prend pas de gants et les fables modernes qui ricanent en coin, Vermin saura vous séduire, à condition de ne pas avoir peur de vous salir un peu les ailes.