Une petite blonde pas très musclée des biceps mais bien lourde au cerveau va résoudre les énigmes sur le chemin menant à l'identité du tueur de sa meilleure amie. Ca c'est la saison une, la deuxième c'est un car rempli d'étudiants qui tombe à la mer et pas par accident, et la troisième un violeur qui sévit sur un campus.
Des intrigues plates et clichés direz-vous ? Vous vous mettrez alors un beau doigt dans l'oeil.
Véronica c'est la petite blonde, l'héroïne déchue de son ancien statut social au lycée, "the It girl" est devenue la pestiférée avec qui personne ne veut plus parler depuis que Lily sa meilleure amie a été assassinée et que l'ancien sheriff, qui n'est autre que le père de Veronica, n'a pas réussi à trouver un coupable.
Reste donc notre héroïne blonde, malicieuse, cynique et sarcastique comme un flic de NYPD Blues, forte en tête comme une Buffy et surtout déterminée comme Une femme d'honneur (pour la blague) pour mener sa petite enquête et trouver le meurtrier. Évidemment car rien n'est jamais simple, ce qu'elle va découvrir va remettre en cause jusqu'à sa propre identité.
Les éléments de la série ado sont tous là mais amplifiés jusqu'à en perdre de temps en temps un peu de réalisme au profit d'une ambiance suintant les malaises sociaux, les luttes des classes (si si) et surtout le machisme environnant.
Là où la série est forte c'est que tout en jouant sur ces notes classiques elle parvient à faire évoluer des personnages qui sont pour la plupart victimes des évènements et surtout des manœuvres des adultes, contre lesquels ils doivent finalement se dresser pour affirmer leur identité, de même Rob Thomas parvient à insérer un malaise planant sur la petite ville de Neptune et ce sur tous les niveaux : sociaux, sexuels, identitaires, etc.... La recherche d'un statut est souvent le "point" caché derrière les actions des personnages (l'ancien Sheriff destitué de ses fonctions, Veronica de son statut social, ses amis soit loser, geek ou délinquants) et quand Veronica intervient c'est pour dénoncer les parvenus, ou exposer les biens mal acquis.
Rob Thomas a l'art de donner une dimension quasi monstrueuse aux coupables, les apparitions du violeur de la saison 3 sont tellement efficaces qu'elles pourraient tout droit sortir d'un slasher digne de ce nom.
Les acteurs sont convaincants, les innocents jamais vraiment blancs, les adultes jamais entièrement coupables, les circonstances pas toujours manichéennes. Bref Veronica Mars c'est un peu Buffy sans pouvoirs (mais avec des gadgets) et luttant contre les démons que peuvent être les humains. A noter que plusieurs acteurs de Buffy apparaissent en guest star dans la série, Rob Thomas étant un fan de Joss Whedon.
Si la série s'est malheureusement arrêtée au bout de 3 saisons malgré des pétitions et une fanbase dont la loyauté fut à tout épreuve, on ne peut rien trouver à redire sur la cohésion des scénarios, la complexité des intrigues un peu exaspérante mais tirant le spectateur pour une fois vers le haut, et surtout sur les remarques bien acérées de Veronica, incarnée impeccablement par Kristen Bell.