Gloire à Versailles !

Je suis juste époustouflée... je viens de faire un énorme binge-watching et c'était fantastique !
Une série riche à souhait d'intrigues, de doutes, de trahisons, de virevoltages, de personnages à adorer, à détester ou à apprendre à aimer...

Des décors et des costumes fantastiques

Mais quel travail, c'est somptueux! Ils nous octroient une plongée intégrale dans le passé. J'ai été ravie de voir des salles du château de Versailles (que j'ai eu la chance de visiter il y a quelques mois) revivre avec la série.

Raconter une histoire dans l'Histoire

J'ai éprouvé beaucoup de difficultés à me repérer dans le temps. Pratiquement aucune date n'est fournie, les personnages semblent ne jamais vieillir, il semble toujours s'agir d'une mi-saison (parfois on note que certaines fleurs ont éclos mais cela reste le seul indice), les aller-retours au château ne semblent durer parfois que quelques jours quand ils ont en fait duré des mois ou des années, les travaux gigantesques pratiqués au château semblent avoir duré si peu de temps...
Les scénaristes ont pris énormément de libertés avec la réalité, mais la série ne se vante pas de constituer un documentaire (tel que "Secrets d'Histoire" présentée par Stéphane Bern) ou une fidèle reconstitution des événements, alors cela me paraît largement excusable d'autant plus que beaucoup de ces idées farfelues aux yeux des historiens sont parfaitement imbriquées au tableau pour faire un ensemble cohérent.

Comme pour GOT, je constate que les scènes gratuites (pour ne pas dire très superflues) de sexe s'amenuisent à mesure que l'on avance dans la série. Une fois le buzz passé, on s'intéresse surtout aux intrigues et j'en suis bien aise. A vrai dire, à force d'en voir ça en devient presque banal et ridicule, de quoi lever les yeux au ciel et zapper la scène (je m'étonne toutefois que l'âge limite ne soit qu'à 10 ou 12 ans, certaines scènes sont vraiment trop crue(lle)s et leur impact me paraît bien sous estimé). Comme disait Blagden dans une interview, finalement il faut le voir comme une sorte de chorégraphie.

Un accompagnement musical grandiose

... et envoûtant avec ce subtil mélange entre le moderne et le classique, le grave et le frivole, la passion et la guerre, l'ombre du pêché et la lumière divine. Un mixte entre Eduardo Noya (NOIA) et M83.
Le morceau Henriette's Death (NOIA) est l'un de ceux qui m'a le plus émue, il dégage cette jolie douceur mélancolique à l'image du personnage (incarné par Noémie Schmidt) et m'a fait frémir chaque fois que le thème principal a été réemployé (notamment dans des scènes de complicité, d'amitié ou d'amour).
Emotional Consequence of the War (NOIA) porte magnifiquement son nom avec des basses au rythme des coups de canons et une mélodie simple et moderne mais aussi grave et épique.
Le titre Aton (NOIA) qui clôture chaque épisode est aussi très beau, nous ramenant avec douceur de la grandeur royale de la fiction à notre triste réalité.
Et puis je n'oublie pas Outro (M83) qui ouvre magnifiquement le bal avec une belle illustration qui accompagne le générique ; je suis sûre de l'avoir entendue à sa sortie sans me douter qu'il faisait partie de la bande originale, un très bon choix.

Les acteurs campent si bien leurs personnages !

Après trois saisons, Blagden (Louis XIV) et Vlahos (Philippe) ont imprimé pour longtemps leurs visages sur les personnages qu'ils incarnent. Ils font tout simplement rêver tellement ils rayonnent ; les cheveux longs ondulés et brillants leur vont si bien (et là un smiley avec deux coeurs à la place des yeux ne serait pas de refus... mais je m'égare). Non sérieusement, Blagden a su rendre Louis XIV humain, on a pu constater une réelle évolution tout au long de la série avec de multiples variations dans les émotions, les tourments, les doutes de son personnage. Une ascension qui mérite de nombreux éloges. On peut aussi l'appliquer à Vlahos. On remarque une finesse de jeu de plus en plus aiguisée et une complicité entre les acteurs des plus évidentes, qui rend leur jeu très naturel. Et la relation entre les deux frères est vraiment très très belle, alternant de l'amour à la jalousie, de la fraternité indestructible à la guerre des égos.
Nous avons droit à un florilège de personnages tous hauts en couleurs et, je trouve pour une fois, assez bien développés, du moins suffisamment pour que l'on ait des difficultés à s'en faire une idée bien arrêtée, chacun ayant ses qualités et ses défauts et n'étant pas uniquement défini par sa fonction au sein de l'intrigue (je veux dire qu'on ne se limite pas à l'opposition facile le gentil / le méchant).
J'ai adoré les personnages de Philippe (ce frère du Roi Soleil qui cherche inlassablement à exister aux côtés d'un être éblouissant de suffisance), Mlle Masson (la jeune médecin en avance sur son temps), Fabien Marchal (ce bourreau de la Justice qui réapprend l'humanité au fur et à mesure des épisodes, probablement mon personnage préféré), Princesse Palatine (une personnalité étonnante et revivifiante par son honnêteté et son humanité), la Reine Marie-Thérèse d'Espagne (cette pauvre épouse recluse auprès de ses amis espagnols et humiliée depuis le début de son règne, qui garde toutefois dignité et classe) et ce bon Chevalier de Lorraine (à la fois insupportable et attachant)...
Je reste ambivalente concernant le Roi qui nous touche au coeur à de nombreuses reprises dans un sens ou dans l'autre, mais auquel on s'attache finalement.
Et concernant les relous de service je listerais volontiers Mme de Maintenon (quelle suffisance elle prend après ses petits airs de sainte-nitouche), Mme de Montespan (cette intrigante de glace) mais je dis probablement des évidences.
On peut toutefois regretter que le casting soit aussi beau, un peu loin de la réalité de l'époque (ou d'aujourd'hui), mais l'objectif était probablement de faire rêver, autant que la légende du Roi-Soleil le promettait.

La fin m'a toutefois quelque peu déçue

Elle me semble arriver comme un cheveu sur la soupe, rien ne semble achevé, tout est comme suspendu et on nous laisse là avec encore plein de questions au bout des lèvres. Alors oui, l'Histoire n'attendait pas cette série pour se réaliser, mais il y a comme un sentiment d'inabouti, avec des phrases un peu trop cliché qu'on a entendues à plusieurs reprises au cours de la série déjà et qui perdent de leur sens.

Pour conclure

Je crois que je retournerai bientôt visiter ces grands lieux d'histoire pour m'en imprégner mieux encore et m'informerai plus longuement sur les histoires de ces personnages illustres : Louis XIV, Philippe d'Orléans, la Reine Marie Thérèse d'Espagne, la Princesse Palatine...
Certes, leurs représentations ne sont pas exactement fidèles à ce qu'ils étaient, mais cette production m'aura réellement permis de mieux les associer les uns aux autres, de pouvoir repérer et resituer ces personnages dans leur généalogie et dans l'Histoire.

En somme une glorieuse réussite !

Si vous avez des conseils de lecture, notamment des livres (pas trop compliqués) à ce propos, ça me tenterait bien !