La hype est l'un des phénomènes les plus fantastiques de notre époque. En effet, parvenir à ériger un tel bousin au statut d'une des séries les plus intelligentes et surprenantes de l'année est un exploit des plus ébouriffants. Exploit accompli, comme à l'acoutumé, par le peuple des réseaux sociaux.
C'est donc bien "hypé" que je me lance dans l'aventure Westworld. Je vois le fameux logo HBO au début de la vidéo, signe de grande qualité à ce qu'il paraît.
Puis apparaît le générique, avec l'une des pièces musicales les plus mal torchées qu'il m'ait été donné d'écouter. Ça commence bien, la timeline indique seulement 30 secondes et j'ai déjà envie de me frapper le crâne violemment contre un cactus.
Bref, faisons un saut dans le temps et atterrissons au moment où je finis ce premier épisode. Le triste reflet de mon visage apparaît sur l'écran noir de mon ordinateur, où je constate mon expression de stupeur, d'incompréhension et en même temps de cynisme total.
Alors je me dois de le dire : c'est de la merde, et je m'y attendais complètement.
C'est avec Westworld que je me rend enfin compte de la stratégie d'HBO : proposer une expérience qui se rapproche le plus du cinema grand public, mais sans une seule once de talent et d'inventivité. J'ai beau avoir adoré les 2 saisons de True Détective, je suis loin de porter dans mon cœur des choses comme GoT et ce Westworld pour cette raison la : quand on veut faire en sorte que notre série fasse cinema, soit on le fait avec sérieux, soit on le fait pas.
Alors pourquoi Westworld rate -quasiment- tout ce qu'il entreprend ?
En premier lieu, je n'ai pas souvenir depuis les saisons 3 et 4 d'Arrow d'avoir été témoin d'une mise en scène aussi plate, convenue et à peine digne d'un travail de débutant. Du premier jusqu'au dernier épisode en date à l'heure où j'écris ces lignes, rien n'est parvenu à capter mon regard ni mon attention, tous les éléments visuels et scéniques apparaissant à l'écran me hurlent "SÉRIE !!!" à la gueule tellement on a l'impression d'être devant une sitcom. Alors non, ça a beau tout faire pour se donner des airs de film à gros budget, si le reste ne suit pas je ne peux pas rentrer dans un tel concours de fainéantise.
Le ridicule est fortement présent dans Westworld. On le trouve dans le propos à portée pseudo-philosophique qui veut faire passer la série pour une grande réflexion sur l'intelligence artificielle à la George Orwell, mais les scénaristes se vautrent tellement que ça en devient gênant...
On retrouve aussi le ridicule dans les personnages, clichés et éteints, comme toute la série. Tous des pantins sans âme au service d'une écriture classique et sans surprise, donnant lieu à des situations toutes plus lourdes et stéréotypées les unes que les autres.
Tout sonne désespérément faux dans cet univers, les personnages comme je l'ai dit, mais également l'univers, qui ne parvient jamais à nous procurer une once des sensations d'un bon western. Pas de contemplation, pas d'idées de scénario ou de mise en scène qui exploiteraient un tant soit peu les particularités de ce monde nouveau, excitant, addictif mais aussi tellement dangereux et malsain. Et pourtant avec 10 épisodes d'1h il y a de quoi prendre son temps.
J'adore le thème de base de cette série, ça pourrait même me passionner (Blade Runner l'a déjà fait). Il y'a même 2 ou 3 idées qui m'ont plu, par exemple dans l'épisode 2 ou l'on fait la connaissance des deux visiteurs, et on comprend les motivations de l'un d'eux (baiser, tuer, boire, violer). Puis une femme s'approche du deuxième, plus candide, et lui fait comprendre qu'elle n'est qu'une androïde. C'est à lui de voir ce qu'il en fera, et en soit il est assez vrai que ce parc révèle la vraie nature de ses visiteurs.
Mais sinon rien de ce qu'il se passe ici ne m'atteint, tout est dramatiquement banal, paresseux et oubliable.
Visuellement on retrouve la laideur qui a fait la joie de mes (loooongs) visionnages de game of thrones. Cette laideur telefilmique qui essaye tant bien que mal de singer les blockbusters. Au final on se retrouve avec une direction artistique ahurissante de non-créativité et une photographie ultra lisse passée au filtre Instagram (les teintes violettes pastels au niveau des tons sombres ça va bien sur Tumblr mais j'ai pas envie de voir ça dans un western putain de merde).
Enfin, je ne peux pas croire à une quelconque qualité filmique et cinématographique dans cette clownerie quand je suis témoin d'une telle médiocrité lors des fusillades. Grands dieux que c'est mou et affreux ! Alors non, on a pas Michael Mann derrière la caméra, on est pas devant un Heat, un Miami Vice, un Public Enemies... Mais est-ce trop demander d'avoir de réels affrontements bien filmés avec des coups de feu sonnant un peu plus réels ? Un truc vraiment immersif qui a un minimum d'impact ?
On est en 2016 ou pas ?
Bref, bienvenue dans un monde tout lisse, gentillet et totalement irréaliste dont le seul caractère "subversif" est de proposer du sang, des "fuck" et des imitations de scènes de cul pour les nuls, tellement mauvaises qu'elles doivent être filmées avec la queue. Tout comme dans GoT ! Décidément...
On est dans l'esbroufe constante, dans un show de pseudo-scénaristes qui se réfugient dans leurs twists bas du front pour masquer la faiblesse de leur esprit créatif.
A jeter !