Pendant longtemps, je me suis tâté à écrire une critique de Westworld à la fin de la première saison. En effet, pour juger une oeuvre télévisuelle, ne vaut-il mieux pas attendre que celle-ci s'achève ? Il y a beaucoup trop d'exemples de séries dont la première saison fut excellente qui se sont cassé la gueule par la suite (Heroes, True Detective, entre autres...). Mais force est de constater qu'après avoir été subjugué devant le final de la saison 1 de Westworld, j'ai immédiatement eu le besoin de mettre des mots sur ce que j'ai ressenti et donc d'écrire la critique de cette série (ou du moins de ses 10 premiers épisodes).
En effet, tout quasiment m'a plu dans Westworld. Tout d'abord, le thème de l'intelligence artificielle, que j'affectionne particulièrement et qui est traité ici avec beaucoup de brio. Récemment, j'avais adoré le thriller SF Ex Machina qui abordait ce thème de manière très juste et montrait les dangers d'un robot qui prend conscience de lui-même et dont le contrôle finit par échapper à son créateur, à la manière de Frankenstein. Dans Westworld, c'est cette "prise de conscience" qui est au coeur de l'intrigue, sauf que le format de la série permet, pour notre plus grand bonheur, de traiter le thème avec beaucoup plus de profondeur. De nombreuses questions métaphysiques viennent nous hanter lors du visionnage des épisodes : les robots souffrent-ils ? ont-ils des souvenirs ? ont-ils le droit à la liberté ? Tout semble programmé, du moins au départ, mais plus on avance, plus on se rend compte que ces robots nous ressemblent énormément, au point de s'interroger sur l'existence d'une véritable conscience en eux.
Le casting exceptionnel de la série, avec en guest stars Ed Harris et surtout l'immense Anthony Hopkins, qui tiennent des rôles majeurs, nous montrent bien l'importance qu'ont pris les séries dans le monde du divertissement, qui n'ont d'ailleurs plus grand chose à envier au cinéma. Et c'est particulièrement le cas pour Westworld. Les acteurs moins connus tiennent tout autant la baraque : les prestations d'Evan Rachel Wood (Dolores Abernathy) et Thandie Newton (Maeve Millay), toutes deux nominées aux Golden Globes, ainsi que celle de Jeffrey Wright (Bernard Lowe) sont à applaudir des deux mains. Mais globalement, c'est tout le casting qui brille devant la caméra.
Et que dire de la bande-son, composée par un autre grand nom du monde des séries, Ramin Djawadi (connu pour la BO de Game of Thrones) ? Elle est tout simplement exceptionnelle : non seulement le générique est réussi (comme pour Game of Thrones, je ne le passe jamais avant l'épisode), mais c'est également le cas de l'ensemble de la BO ; avec des reprises qui resteront dans les mémoires, comme celle de Paint it Black des Rolling Stones dans le premier épisode qui accompagne une scène d'action déjà culte, mais aussi celles de House of the Rising Sun ou de No Surprises de Radiohead, au piano s'il vous plait.
Globalement, le fait de mêler des décors et des costumes de Western à un monde futuriste est une idée brillante (bien que non originale puisque la série est un remake d'un vieux film) et cela fonctionne du tonnerre. On met un peu de temps à rentrer dans cet univers, qui est à la fois riche et complexe, la distinction entre robots et humains étant particulièrement délicate (c'est d'ailleurs un enjeu pour l'un des personnages) et les protagonistes nombreux. D'autant plus qu'il ne faille pas s'attendre à d'immenses rebondissements dès le début de la saison. Néanmoins, pas besoin de s'accrocher, tant l'histoire est plaisante et le monde proposé par les créateurs intrigant. Les questions que l'on se pose ne font que s'accumuler au fur et à mesure du visionnage des épisodes.
La fin de la série, matérialisée par un dernier épisode exceptionnel d'1h30, nous retourne carrément le cerveau : les twists sont nombreux et fort heureusement, l'épisode répond à l'essentiel des questions qu'on se posait au cours de la saison.
Au début de la série, j'avais noté un écueil qui pouvait nuire au suspense de la série et aux rebondissements : le fait qu'aucune action n'ait de lourde conséquence car les robots sont immortels et que ceux-ci ne peuvent pas tuer les humains visiteurs du parc. En réalité, ce problème n'en est pas un et très vite la série gagne en gravité et en émotion.
En bref, Westworld est ce qui se fait de mieux sur le petit écran en 2016. C'est une série d'une intelligence rare qui permettra à HBO d'entrevoir l'avenir avec beaucoup de sérénité. Oui, la chaîne tient là sa nouvelle poule aux oeufs d'or et le digne successeur de Game of Thrones, qu'elle a même déjà surpassé au niveau des audiences.
Prions pour que la saison 2 soit d'aussi bonne qualité.
To be continued...