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6.1
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Série Netflix, Lifetime (2018)

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Social media. It’s like the next great genocide.

Une première saison dans l’ensemble plutôt correcte, voire très sympa par moments. Si elle part sur un postulat de base assez classique (un homme rencontre une femme et c’est le coup de foudre), utilise plusieurs conventions assez répandues (l’ex toxique, le manque de confiance en soit, le besoin de reconnaissance, la jalousie, l’infidélité, les passés mystérieux des personnages…) ; l’intrigue repose avant tout sur l’approche choisi : le personnage de Joe. Un pervers narcissique comme il en existe tellement, avec des tendances parfois un peu psychopathe/sociopathe. De fait, on pourrait presque le rapprochait de Dexter par certains aspects et dans un contexte plus axé romance/drame. Et le portrait dressé est à la fois terrifiant de réalisme et de pertinence, tant pour l’intrigue que pour les personnages.


Beck, la personnage féminin principale, est intéressante, parce qu’elle est celle à travers laquelle on comprend comment Joe arrive à ses fins. Même si on reste, le plus souvent, dans le PoV de Joe, avec sa narration en voix off, c’est bien via Beck qu’on réalise à quel point ses actions sont dérangeantes et malsaine, et cela même alors qu’elle ne les remarque pas forcément. La force de cette première saison est donc d’avoir plutôt bien réussi à construire sont personnage principal, dans le sens où lui-même ne voit pas le problème alors qu’il en devient évident après seulement quelques minutes (que ce soit par le choix des mots de la narration ou les actions à l’écran).


Et c’est ce qui rend le personnage de Paco aussi intéressant, car on a clairement une forme de projection sur lui, où Joe s’y identifie beaucoup. De même que Peach, sans doute l’amie la plus intéressante de Beck, dans le sens où elle sert aussi de catalyseur mais sous un autre prisme : pour des raisons toutes aussi différentes, elle a créé cette obsession autour de Beck. Du coup, c’est intéressant de voir comment Peach et Joe gravitent autour de Beck et reconnaissent presque aussitôt le danger représenté par l’autre, même si ce n’est pas forcément pour les bonnes raisons, jusqu’à ce qu’il soit trop tard. On pourra aussi noter au passage qu’à une seule exception (Ethan), aucun des hommes principaux de la série ne se révèle être ce qu’on pourrait dire respectables :


Joe est un pervers narcissique un peu sociopathe, Benji est un toxico avide de contrôle, Ron est un amant abusif et violent, M. Mooney était autoritaire et tortionnaire, et le Dr Nicky trompe sa femme.


Un autre point que j’ai trouvé intéressant, c’est le côté imparfait de Joe, ses faiblesses. Là où, pour ce genre de personnages, on se retrouve souvent avec des génies du mal qui planifient et anticipent tout à l’avance (comme Dexter), Joe fait des erreurs, se révèle maladroit, se laisse même parfois avoir par ses émotions, ses désirs. S’il arrive à renverser le plus souvent la situation, c’est parfois grâce à de la pure chance ou par l’occasion de montrer alors ses forces, son ingéniosité et sa faculté pathologique de mentir. Ça se joue parfois sur des petits détails (parfois tellement petits que c’est écrit en gros « fusil de Tchékhov »), mais c’est une approche que j’ai bien aimé par rapport à d’autres personnages du même archétype.


Le casting est dans l’ensemble plutôt bon, sans que je n’aie de réelle préférence. La musique est plutôt classique, mise en scène et décors sont là aussi plutôt bons. Alors c’est vrai que les décors font très caricaturaux de New-York pour marquer la différence de classe sociale entre les personnages, mais j’ai bien aimé la géométrie de certains lieux et comment celle-ci sert à l’histoire. De même que la réalisation et le montage sont plutôt classiques mais restent efficaces dans ce qu’ils essayent de mettre en place. La photo aussi est sympa, surtout les jeux fait sur l’éclairage (je ne sais pas si c’est fait exprès, mais on voit toujours ou presque le reflet des projecteurs dans les yeux de Beck, comme pour souligner qu’elle est aveuglée ; là où ceux de Joe sont toujours très sombres, comme pour révéler sa vraie nature).


Bref, une première saison intéressante. Je n’avais pas vraiment d’attentes à son sujet, le pitch m’intriguait dans ce qu’il voulait mettre en place. Du coup, pas de déception ou d’excitation, mais une série plutôt sympa devant laquelle j’ai passé un bon moment. On va voir ce que la deuxième saison nous réserve.

Créée

le 17 janv. 2021

Critique lue 142 fois

vive_le_ciné

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