Z Nation est une production The Asylum pour SyFy. En général, quand on cite The Asylum on a déjà dit beaucoup. Au mieux, les adeptes de films séries Z se lèchent les babines à l’idée de voir un navet assumé, bien souvent une reprise d’un succès en salles, ce qu’on appelle des Mockbusters. En exemple récent, il y a Atlantic Rim, reprise assumée de Pacific Rim. Parfois, The Asylum produit des histoires originales aux scénarios écrits sous cocaïne. Quelques titres parlent d’eux-mêmes : Mega Shark Versus Giant Octopus, Sharknado, etc…Oui, souvent des grosses bêtes (très grosses même : requins, crocodiles, etc…) avec au passage, plusieurs têtes.
Voilà planté le décor dans lequel s’installe Z Nation, qu’on pourrait rapprocher de The Walking Dead, s’il s’avère que Z Nation est bien une copie assumée d’une autre série. Mais même avec ça, cette série n’a pas le côté parodique qu’ont certains films produits par The Asylum. Elle arrive trop tard également, alors que la déferlante cinématographique et télévisuelle des zombies, vampires et créatures de l’obscur en tout genre, semble sur le point d’atteindre le creux de la vague. Sans compter que côté séries, The Walking Dead a déjà relégué la concurrence loin derrière et Z Nation, qui semble vouloir singer son ainée, se trompe de cible en restant trop neutre, comme tétanisée par l’enjeu : exister à côté d’une des meilleures séries récentes.
L’art de ne pas choisir
En effet, la série n’a pas fait de choix qui lui permette de se démarquer et ainsi marquer les esprits. Quand on arrive en retard, il faut se trouver une excuse et ne pas faire comme si on était à l’heure. Le premier créneau aurait été de se hisser au niveau et ainsi espérer tirer le chaland des fans du genre, se hisser aurait ici voulu dire aller plus loin dans l’horreur (beaucoup trop aseptisée) et surtout avoir un rythme plus soutenu qui évite les redites. Le second choix aurait été de pousser à fond le côté série Z pour, au minimum, faire marrer les fans du genre.
Sauf qu’au final, on garde un gout neutre en bouche, l’impression d’avoir vu une série ni vraiment bonne, ni vraiment mauvaise. Tout semble être coincé dans la moyenne, qu’il s’agisse de la réalisation, de la musique, des acteurs, rien ne dépasse vraiment du rang, en bon ou en mauvais. Deux acteurs font quand même exception : Keith Allan parfois terrifiant en homme immunisé, il a un côté cabot qui fait toujours plaisir. Puis surtout DJ Qualls, en Big Brother venu du froid, cet acteur est une pile électrique, un gringalet qui ne s’en laisse pas compter et semble capable de sauver le monde.
Tout ça ne rattrape pas le manque de rythme, que n’ont pas vu les scénaristes. Dans ce genre de série on monte en puissance, on place des enjeux qui vont happer le spectateur et surtout, on s’essaie à l’originalité. Malheureusement Z Nation reprend des ficelles déjà usées : l’homme immunisé (déjà vu dans The Last Ship), le mari a retrouver, les différents jeux amoureux, les caractères des personnages sont balisés et les minorités visibles atteignent leurs quotas. Alors c’est vrai, tout ça est presque un passage obligé pour une série et dans ce cas, il faut trouver un traitement différent mais que voulez-vous…The Asylum.
Au final, il y a bien un moment dans cette première saison qui nous fait retrouver l’âme de cette boite de production chère au cœur de beaucoup de cinéphiles (sans ironie), un moment où la peur le dispute au rire, un moment de grâce qui confirme qu’il n’y a pas tromperie sur la marchandise : un bébé zombie à mi-chemin entre l’hilarant et le terrifiant bref, tout ce qui fait que l’horreur peut avoir du charme, un bébé zombie du plus bel effet, coincé dans son maxi cosy et crachant (déjà…) sa haine des grandes personnes. Mais nous ce qu’on aurait voulu, c’est que les personnages crachent un peu plus fort leur haine des zombies.