Les meilleurs albums de 2019 selon Rainure

Annotation :

A l'infini - quatre morceaux qui semblent, sans épuisement, pouvoir se dérouler inlassablement, à renforts de guitare répétitive, de pianos en gouttelettes, en coutelas et en voix "de baleine" (comme le Wazoo dit).
Découverte hantée et absolument captivante de Richard Youngs - dont je ne risque pas d'épuiser la carrière devant sa prolixité - le premier et le dernier morceau parmi les galeries de ce qui m'habite le plus profond, qui sait farfouiller des significations intimes, intenses, ravies. Du bout du doigt modeler quelque chose dans le ciel, des gestes imprécis courbant des matières qu'on ne discerne pas, jusqu'à ce que les bandes s'arrêtent.

Time is An Avalanche : https://www.youtube.com/watch?v=TCjtXOSXLb4
Nil by Mind : https://www.youtube.com/watch?v=boJxj555_uI
Follow My Sleep : https://www.youtube.com/watch?v=16QxScIGc9g

Annotation :

Un disque de grandes euphories et de grandes lumières. William Doyle en designer de paysages pops grandioses, d'architectures qui expérimentent autant qu'elles enchantent, en tendant toujours vers les sursauts heureux à grands renforts de saxophones et synthés supplantant la voix, d'impressions lointaines des choses les plus explosives de Kate Bush, ou simplement en invoquant quelques spectres de musique répétitive, des ambiances électroniques, et en les refondant dans ce grand carcan pop généreux, et qui ne cesse de renforcer cette générosité. Des coups au cœur par dizaines.

Millersdale : https://www.youtube.com/watch?v=AitrrwNnX-8
Nobody Else Will Tell You : https://www.youtube.com/watch?v=O2jGmmFXmWM
Design Guide : https://www.youtube.com/watch?v=g4huTLnYJpI
Blue Remembered : https://www.youtube.com/watch?v=N75tinj9lZw

Annotation :

Réflexions sur l'amour et l'enfantement, qu'est-ce que c'est donc que "The Practice of Love", toujours la sensualité, le rapport proche au corps, à l'étrangeté de son propre corps, du corps d'autres. Et quelle épopée électronique, fébrilités des beats, à la fois dansant et profond (elle serait presque à sortir de la techno pour son prochain album), et plein de remblais, de bizarreries, ça et l'alchimie des cuivres de plus en plus présents, entre les morceaux les plus marquants, des anecdotes, des passages plus parlés, questionnements, dialogues sur la féminité (pas si étonnant de trouver une référence à Clarice Lispector), le vieillissement, quelque chose de très sorcière dans le tout.
En bref, de l'incantation alanguie, des beats pesés à merveille, le chant toujours hypnotique, et une progression sans faille jusqu'à la magnifique piste conclusive.

Accident : https://www.youtube.com/watch?v=wACSfREgJys
Ordinary : https://www.youtube.com/watch?v=8nS96O-txrs

Annotation :

De l'orgue et des cloches, dans le vide, pour presque deux belles heures. Réminiscences des contemplations d'Eliane Radigue, méditations sur quelques notes revenues à l'infini, spectres qui se faufilent dans ces tubes. Musique pour un film de Tarkovski qui n'a jamais existé. De quelles étendues s'est inspirée Kali Malone ? Qu'a t'elle vu de sa Suède ? En tout cas, elle en a tiré la grandeur dans la quasi-immobilité, où chaque changement semble solennel. Une des plus belles étendues de ces dernières années : s'y perdre et toujours.

Spectacle of Ritual : https://www.youtube.com/watch?v=KWgz_2fuQG0
Sacer Profanare : https://www.youtube.com/watch?v=u1BejdcnfxI
Glory Canon III : https://www.youtube.com/watch?v=6bMfje0BYNM

Annotation :

Astres en vapeur, éclosions de nostalgies inimaginées, fresques naïves qui éclatent dans leur brièveté, échos de l'adolescence qui reviendrait sous une forme déformée, étincelante et perturbée : je suis le premier à être surpris puisque jusque-là, je n'avais rien écouté que j'aime chez GFOTY (en dehors du personnage, ses interviews, coucou xSilence).
D'autant plus renversé par ces courtes minutes (même pas douze minutes d'album), comme un petit monde dedans qui s'éparpille entre le rêve coloré et la mémoire oubliée, reforgée plus loin. Séquençage répétitif, on songe à Steve Reich qui aurait été raccourci et épuisé à un jingle, à une idée, une percussion. C'est vertigineux, comme un retour lucide sur l'enfantin qu'on voudrait revoir habiter en soi, constat des manipulations du temps sur l'esprit, et en fait on se départit de tout pour juste admettre la musique : prise comme un don, sans précis, sans règles, qui ne fait que ce qui lui chante jusqu'à l'apaisement final de la nuit à venir.
Troublé et enchanté, jamais rien entendu de semblable encore une fois.

Full album (c'est ainsi qu'il faut l'écouter, un ensemble de douze minutes) : https://www.youtube.com/watch?v=B8_h0KKe83E&list=OLAK5uy_lUjrwkKcGBZItkoyLvJdP2NuA78KwL_1o
S'il fallait un extrait, Goodnite pour rassurer : https://www.youtube.com/watch?v=U0j20d2nymg

Annotation :

Peut-être mon Richard Dawson favori, et de loin mon album préféré de cette année. L'aveu pop, jouant avec les clichés, acceptant les refrains les plus aguicheurs, les riffs les plus fantaisistes, la voix de Richard qui s'envole de tout côté, les sursauts, les sursauts. Et l'héritage de tous ses albums précédents, dans la continuité directe de Peasant, le troubadour conte maintenant le futur proche.

Sûrement une critique à venir, j'ai plein de choses dans les oreilles, ça passionne et bouillonne.

Edit : Un peu redescendu de tout mon enthousiasme depuis, il n'y aura pas de grande critique ; reste toujours une évidence pop qui côtoie les folies doom, metal et folk, le gribouillage constant, bref beaucoup beaucoup d'amour pour cette musique. Une vibe Comus un peu, mais surtout les sursauts des paroles, l'implacable de la batterie - et essentiel en live.

Civil Servant : https://www.youtube.com/watch?v=3dfXC5d670M
Jogging (évidemment) : https://www.youtube.com/watch?v=UGiQ_-Ktpvc
The Queen's Head : https://www.youtube.com/watch?v=QCfi9HPFq6k
Dead Dog in an Alleyway : https://www.youtube.com/watch?v=TgpgtU-Y2dE

Annotation :

Une des plus belles choses que j'ai entendu cette année : compilation de morceaux pour enfants des années 70/80, à la fois burlesque et absurde, ça donne des xylophones, des vents et instruments qui s'amusent, un côté très Marcoeur parfois, rien à faire, mais bien plus Brigitte Fontaine, en plus mignon bien entendu. La lignée directe de Saravah, des bidouillages, parfois folk assoupie, parfois un peu de jazz, toujours surprenant dans le bon sens, avec des fausses fables aux fausses morales, pleines d'humour. Vraiment une très belle trouvaille. Presque de la chansonnette médiévale, des gestes parfois.

Le Gnou : https://shop.bornbadrecords.net/track/anne-et-gilles-le-gnou

Annotation :

Des bourdons et des plaintes, des chœurs d'ange, du superflu qui émeut un peu plus à chaque écoute, un côté "Livre des morts tibétains", beaucoup de violons et de choses qui s'allongent. Il n'y a bien sûr plus de rage, qui manquera à certains, il y a peut-être trop de choses, ça s'étend parfois trop, une plage dans la nuit, sans fin, sépulcral. Les mots, souvent un peu les mêmes, ça n'est pas grand chose, quelque chose d'un monde qui s'éteint, y aura-t-il un autre Nick Cave après ça ? Est-il bien raisonnable de chanter ces chansons dans des stades ? (les lives seront sûrement déments, cela dit, l'homme sait surprendre ; mais je ne regretterai pas)

Tout de même, tout de même. Presque pas de guitare, presque pas de batterie, et même pas vraiment de l'épure, mais quelque chose étonnamment léger sous toutes les épaisseurs d'effets. Moins malade que le Skeleton Tree, encore convalescent, épais, boule de tricot à repriser et filer, petit à petit - ça m'aurait éviter d'en dire du mal trop tôt, de ne savoir pas attendre un peu épouser des directions, des horizons.

Spinning Song : https://www.youtube.com/watch?v=Ha5VGMaG4E4
Hollywood : https://www.youtube.com/watch?v=PCTevL8OImE

Annotation :

Album incroyable, rempli d'idées qui bondissent à chaque seconde ; comme un jeu d'éternelle reconstruction, comme un grand manège qu'aurait dirigé Meliès, une sorte de manège lunaire où la naïveté du rêve fait place au cauchemar sans cesse, où on est toujours à une frontière d'équilibriste. Il y a trop à dire, c'est stellaire, barré, ça se met en danger dans toute sa maîtrise de la brisure, ça ne ressemble à rien ou à tout, ça convoque la Dream Pop, King Crimson période Red, Schubert ou Schonberg, ça s'amuse sans arrêt à tout se permettre, et on ne sait jamais d'où on vient, où on arrive : un jeu de pistes musical, un exercice de funambule.

Gimbal : https://www.youtube.com/watch?v=9A9moOboCxg
Swan Gone : https://www.youtube.com/watch?v=bTdhEGq3zAM

Annotation :

Mélancolie héritée de Satie (la main gauche surtout), coton de la production de David Chalmin (aussi vu chez Matt Elliott, chez Ici d'Ailleurs). Jusque-là (de ce que j'en ai entendu), l'album de Shannon Wright qui rend le plus justice aux failles de sa voix, à ce qu'elle peut quand elle s'écroule - sans compter quelques-unes de ses plus belles compositions, dans leur contrainte, dans leur réduction. Des sursauts presque criés de murmures, même s'il manquerait les fausses notes, les rythmes qui s'épuisent vraiment dans le live pour m'atteindre tout à fait (ne boudons pas notre plaisir).

These Present Arms : https://www.youtube.com/watch?v=4_uPUspdYzg
Somedays : https://www.youtube.com/watch?v=LTbBAOfc-jY
Disguises : https://www.youtube.com/watch?v=R76ivyPgRtM

Annotation :

Escalader et redescendre lentement le Mont Fuji en prenant le temps d'en garder les nuances, les mois et les fêtes, dans un feu d'artifice pop déluré qui emprunte thèmes et mélodies un peu partout, multiplie les idées, les sursauts. Vibe estivale et innocente qui rappellerait des ballades dans les contrées d'Earthbound.

August : https://www.youtube.com/watch?v=p4ys7aChB3s

Annotation :

La splendeur cachée, Tindersticks dans ses meilleurs penchants. On retrouve un équilibre intact, Stuart Staples, les cordes qui s'emportent en un rien, une main qui ferait chef d'orchestre pour gonfler tous ces chagrins, ces amours, ces ballades (voir : Trees Fall, typiquement). Et puis quelle classe, quelle classe cette pop cachemirée, chansons de bois flotté, à la mélodie évidente qu'il fallait réinventé, l'enchantement des jours, la myriade de broutilles qui ajoutées, ajoutées, donnent ce grand maximalisme réservé, jamais rentre-dedans et pourtant si plein de bimbeloterie. Un disque de sprezzatura, qui donne l'impression de grande souplesse, de facilité, qu'un rien suffit à redonner ces danses, ces slows, ces paillettes, ce strass. Il faut un talent pour réussir un refrain sur un "I Love You, Yeah I Love You" sans que ça ne sonne mal. Tindersticks aura, sur cet album, cette alchimie.
(non puis, combien de morceaux faramineux, comme un vent régulier qui soulèverait sans peine la poussière, donnerait le souffle nécessaire à une belle après-midi de printemps, pas de doute que je ressortirai l'album vers ce moment-là, un mois après leur concert à Nantes, pour y repenser, sans doute rester un peu suspendu, frimousse rêveuse)

For The Beauty : https://www.youtube.com/watch?v=P82ZvSiuc7s
Pinky in the Daylight : https://www.youtube.com/watch?v=oJlhTVCFedk
See my Girl : https://www.youtube.com/watch?v=8CWAtHcnNB0

Annotation :

Grande nostalgie champêtre de la réexploration des chansons du folklore, avec des idées neuves. Ce qui donne parfois de grands bourdonnements qui s'étalent - un petit côté La Tène même (vielle à roue ou harmonium dans tout ça ?), et les chœurs qui poignent. Des cuivres, des violons, des bourrées, grandes danses populaires irlandaises pleines de percussions de cloches et caisses, manquerait les pas claquant au sol. Beaucoup de choses gourdes, étouffées, qui se cognent, presque parfois des pianos déglingués de Tom Waits ou de vieux Cave, quelque chose du grognement qui porte aussi une émotion après tout.

The Wild Rover : https://www.youtube.com/watch?v=5rukIHD7rNY
The Pride of Petravore : https://www.youtube.com/watch?v=LzvPCINwSeg

Annotation :

Rapidement, c'est un disque aigre et méchant, d'imposture parsemé parfois (rarement) de beauté.

Critiqué, ici même, ou par ici : http://www.adecouvrirabsolument.com/spip.php?article7531

Romy : https://www.youtube.com/watch?v=XTZSdQ_J13A

...Paris (Bruit Noir) : https://www.youtube.com/watch?v=3KkpTQFy5S8

Et Paris (Taxi Girl) : https://www.youtube.com/watch?v=b_KBnY-2F4Y

Annotation :

Après Bashung dont on ressortait la voix, quelques prises, pour quelques chansons "En Amont", de plutôt belle façon, c'est le tour de Cohen et de la rocaille de ses vieilles années. Pareil que l'autre album, bien beau mais un peu poli, attendu. Ce qui ne retire rien à leur beauté, à des chansons comme "Happens to the Heart" ou "The Hills". Je reste à préférer "You Want it Darker" et ses traces qui s'égaraient.

Happens to the Heart : https://www.youtube.com/watch?v=2AMMb9CiScI
The Hills : https://www.youtube.com/watch?v=FesS3D-7o1g

Annotation :

On m'a dit que c'est le mieux ciselé de Lana del Rey ? Je ne connais des autres que des titres ici et là. En tout cas, une justesse certaine (pas trop de débordements, des instrumentations qui ne perdent pas à s'allonger, une mélancolie rnb'esque en nuages). Une certaine vision des James Dean et autres icônes américaines, et leur projection sur la chanson pop moderne. Et la Californie donne donc régulièrement des grands morceaux (repenser à Joanna Newsom - In California).

Venice Bitch : https://www.youtube.com/watch?v=Qg3DxELVPj4
Cinnamon Girl : https://www.youtube.com/watch?v=DCYmJDO2_IE
California : https://www.youtube.com/watch?v=vK1YiArMDfg

Annotation :

(encore cimer Wazoo)

Comme je disais plus tôt " Après le clone de Scott Walker plus tôt dans l'année (Jungstotter et son Love Is), on aura droit à un très beau clone de Mount Eerie période "Clear Moon" avec German Error Message, c'est tout touchant et apaisé, un peu court. ".

Quelque chose de suspendu et lunaire, avec des moments plus emportés (magnifique duo Protection I / Protection II), douce maison, douce amertume.

Full album : https://www.youtube.com/watch?v=wlAt2L3mr-M

Annotation :

Ricochements sourds, batterie légèrement tue, et des pianos en réserves pourtant exubérantes, à la fois doux et décidément maximaliste dans l'approche (tant d'instruments et d'instruments, les guitares, les petites pointes derrière, et la voix marquée, très "trop"). Impossible de ne pas penser à milles et milles autres choses tout durant l'album, Tindersticks, Nick Cave bien sûr, ou le récemment regretté Scott Walker (que je ne connais pas assez...). Belle maturité, à voir ce que ça donnera sur le temps.

In Too Deep (live) : https://www.youtube.com/watch?v=mMFYwhLhiZ4

Annotation :

L'héritage de toute une décennie - 15 ans - de Math Rock et de post-hardcore ; quelque chose qui emprunte forcément à Slint, donc, mais qui déconstruit autrement ; qui fait dans les sursauts et les agacements, les perturbations électroniques et le chant au fort accent, démesuré. Je préfère le tout en concert, bien sûr, et encore plus dans les moments les plus énervés, hurlés, qui rappelleraient des belles heures d'Unwound. Bref, une jeunesse créatrice et impulsive, sans limite semble t'il pour l'instant, qui promet de belles choses, qui laisse pantois encore, qui vibre et décoche, assène des déflagrations bien senties.

Near DT, MI (live) : https://www.youtube.com/watch?v=92yBuISxUPg

Annotation :

Ouates synthétiques ; je m'attendais à un GFOTY-bis quand on a beaucoup plus de mélancolie, de froid ici (quelque chose d'un palais de glace), plein d'un peu de vocoder et de reflets (donc) dans la voix, dans les percussions pop, dance, sous couvert d'harpes électroniques et autres appogiatures (on retarde, on rapproche les éléments au hasard, à souhait), de mystifications en étincelles - poursuivons le trop-plein d'adverbes.
Quelque chose pour des ballades urbaines nocturnes, ou qui irait à merveille dans un AMV de Ghost in the Shell ou d'une animation Blade Runner (si si).

Invisible : https://www.youtube.com/watch?v=Qaekt5O-rXw
Love Goes On : https://www.youtube.com/watch?v=x47E39N4h8U
la reprise de Concrete Angel : https://www.youtube.com/watch?v=Wb8cQwPUD0U

Annotation :

C'était déjà vers quoi on allait avec le dernier album, c'est peut-être l'aboutissement de la démarche : Mondkopf en levers de bourdons, en Soleils effacés par les nuages, en éblouissements et en échos rampants. Etonnant de nuances dans ses replis, d'amoncellement de couches d'histoires. Paul doit être assez apaisé, peut-être aussi l'effet Foudre ! qui fait lorgner vers des schémas pareil (ça ne trompe pas : il signe maintenant chez Hands in the Dark, et tant mieux).

Last day on Earth : https://www.youtube.com/watch?v=Jwzdit-tt4o

Annotation :

Deuxième moitié d'album bien plus faible à mon goût que quatre premiers morceaux tous incroyables, avec le groove déjanté, les cassures et toujours la même pêche apocalyptique dézinguée, avec presque des percussions calypsos planquées sous des croûtes de guitares, de batteries pouvant saturer à n'importe quel instant. Enfin, enfin, l'ensemble reste largement enthousiasmant et une des plus belles choses qui puisse arriver au rock en ce moment. De la prise de risque, de l'engagement dans toutes ces manières, ce gloubi-boulga crasse, tâché.
Tous les côtés plus lyrico-mélancoliques, ça me touche tout de suite moins, ou alors juste parfois, la paire de Maria, trop envolée dans tout ce miasme.

Who's My Eugene : https://www.youtube.com/watch?v=zVc_p_VoEA0
The Planet of Straw Men : https://www.youtube.com/watch?v=M2xOxmHTYMg
The Happiest Guy Around : https://www.youtube.com/watch?v=ptVHQ_uZN_A

Annotation :

C'est un bel album, qui s'éparpille entre un Mendelson et le dernier des Swans, la batterie lancinante, les guitares sous-tendues, et le conteur qui déclame comme des choses de Brest, de petites gens, qui me rappelle un peu comme le "Pinto" de Bouaziz. J'aime beaucoup la manière dont la batterie s'éparpille un peu entre la rondeur de ses caisses, et les pleins d'éclats des cymbales, parfois sur des rythmiques presque Krautrock (donc je disais, le dernier Swans, surtout des morceaux comme Frankie M). Bref, un bel effort, il manque juste un petit quelque chose peut-être mais je trouve ça vraiment touchant quand même.

Les Trajectoires : https://musicfromthemasses.bandcamp.com/track/les-trajectoires

Annotation :

Transe engagée et rétro à coup d'absurdités, Brigitte Fontaine meet Can meet Stéphane Eicher.
Il faut s'imaginer le duo guitare préparé / batterie / voix d'un côté, contrebasse électrique à effets / voix de l'autre, alchimie incroyable, tous les énervements, la répétition, l'énergie dansante, la joie de vivre et de lutter.

Eisbaer : https://www.youtube.com/watch?v=YuoXVP3SGNM
Siamo Tutti : https://www.youtube.com/watch?v=c8wi7trOSw4

Annotation :

Jazz suspendu, à chanteuse geignant les douleurs ; quand les cuivres ronflent c'est superbe (At Last I Am Free, ou la magnifique reprise de Robbie Basho). Par moments, tout se met à s'agiter, un côté "Orchestre Tout Puissant", la colère (Silver Trees, folie furieuse en cacophonie).

Blue Crystal Fire : https://www.youtube.com/watch?v=7R9RbdT7A_A
At Last I am Free : https://www.youtube.com/watch?v=IUeHMjUjtrY

Annotation :

L'impression d'une collection de très (très) belles chansons plutôt que d'une entité tendue d'un bout à un autre, Swans est plus éclairé, lumineux que jamais ici, dans la suite du Glowing Man, moins de bruits, de violence, pour quelque chose tourné vers les cieux - notamment sur les deux morceaux avec The Necks, merveilleux tous les deux.
A vrai dire, c'est aussi une des premières fois que j'ai l'impression que le groupe se répète un peu aussi ; Sunfucker qui aurait pu être sur The Seer, parfois des impressions de choses entre The Great Annihilator et White Ligth, les choses acoustiques sont très mises en valeur, ce qui rapprocherait finalement le tout d'une sortie des Angels of Light, enfin, enfin, bref, un joli melting-pot, mais qui ne me donne finalement jamais l'envie d'y retourner incessamment comme je pouvais l'avoir pour d'autres de leurs albums.

The Nub : https://www.youtube.com/watch?v=dTPttIjG_uY
Sunfucker : https://www.youtube.com/watch?v=jtDGcaVwB5o

Annotation :

Bazar multicolore et foutraque, entre embrouillamini électronique, percussions spatiales, entêtements négligent.
On passe par un énorme trop-plein d'énergie, disque-déversoir où les idées fusent sans répit, dans cet electroclash / synthpop d'où on sort lessivé. La version studio ne rend pas tout à fait justice à l'impulsion irrésistible de leurs lives, genre de cirque irisé où l'on bondit dans tous les sens à coups de batterie, sampleurs et hurlements envoûtés, mais enfin tout de même.

Solaris : https://lesjolieschoses.bandcamp.com/track/solaris
Vertigo : https://www.youtube.com/watch?v=wghUrO1D2Bg

Annotation :

Un premier morceau fabuleux, tout de splendeur et tristesse, reste que j'y trouve plutôt une version affaiblie du premier Lost Wisdom, les mélodies imprègnent moins, la brièveté du tout n'aide pas à rentrer dedans, et aussitôt venu, déjà filé, ça ne sera pas aussi renversant que les "Crow" et autres "Now Only", mais enfin ça fait toujours une belle dose d'amertume de fin d'automne bienvenue au coin de la tisane.

Belief : https://pwelverumandsun.bandcamp.com/track/belief

Annotation :

C'est trop dur, trop inégal - comme une version parfois moins intéressante de Madder rallongée de 40 minutes - pour autant me fasciner comme Blumberg me fascinait avec son Minus l'an passé, et pourtant dans ces maquettes, ces espèces de projets la chair à vif il y a du bouleversant, dans ce "sans cesse", cette force à répéter toujours la même chose, c'est notamment l'immense Caught qui de larsens en saturations rampe lentement autour de deux accords auxquels je reste suspendu. Manquerait l'équilibre de Minus, donc.

Caught : https://www.youtube.com/watch?v=j0c896XmDYk

Annotation :

Bel album gonflé de boîte à rythme, chansons fr' miniatures, où parfois on a l'impression d'entendre du Dominique A dernière mouture dans les mélodies (impressions de Cap Farvel sur "L'espace c'est toi", par exemple, du "Toute Latitude" dans ses emprunts à la new wave), peut-être du Garçon d'Honneur d'Alex Beaupain dans la manière de scander, compter avec un ton habité, mais surtout peut-être un peu trop désinvolte (l'invitation de la voix de Gisèle Pape donne un contrepoint aérien bienvenu au tout).
Tout un ensemble simple donc - boîte à rythmes, basse, guitare, voix - pour quelque chose d'entraînant, de quelques sursauts, sur les accords qui se laissent aller à cracher et tant mieux (mare nostrum). Un peu trop figé, sans doute, un peu trop toujours pareil, mais ça a ses moments, son ambiance.

Mare nostrum : https://leglisedelapetitefolie.bandcamp.com/track/mare-nostrum
L'Ondée : https://leglisedelapetitefolie.bandcamp.com/track/lond-e