Les films les plus attendus de 2021 selon takeshi29

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Décidément cette édition cannoise démarre sous le signe du kitsch, du vrai et du faux... et des sales gosses.

Ici c'est un sale gosse qui aura 83 ans dans 8 jours, et qui comme Carax continue à n'en faire qu'à sa tête, quitte à perdre un paquet de monde en route, avec ce cinéma qui balance du too much, du quinzième degré là où il ne devrait a priori pas avoir sa place, posant ainsi la question passionnante de la vérité dans l'art, déclarant ainsi la salle de cinéma comme lieu de tous les possibles, même les plus outrés et pourquoi pas ridicules, en opposition à la vie réelle.

Avec un constat qui vient confirmer ce que j'ai souvent remarqué avec les films qui ne répondent pas à un cadre confortable et formaté : à la sortie de la séance des spectateurs se posent la question, comme pour "Annette", de l'attitude à adopter face à un tel objet. Doit-on rire ? Doit-on être choqué, effrayé, etc ? Étrange question qui soulève un vrai problème : le cinéma calibré nous aurait-il amputé de notre liberté ? Liberté d'aimer ou ne pas aimer, ceci est accessoire, mais surtout liberté de réagir comme bon nous semble, en être pensant et autonome, sans vouloir rentrer à tout prix dans un mouvement qui se voudrait juste ?

Et qui détiendrait donc cette fameuse vérité ?

Vous avez 4 heures...

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Déjà merci à Memento Films de ne pas avoir tenté sur l'affiche (superbe par ailleurs) une accroche genre "Le "Nos étoiles contraires" venu d'Australie" car même si le sujet de base n'est pas si éloigné le traitement est bien différent : plus rugueux et aventureux dans son scénario, une mise en images originale avec cette photo particulièrement travaillée et ses textes lumineux, à l'image des perruques de Milla, incrustés à l'écran en forme de mini-chapitres, une BO indie ravissante et enfin ce casting impeccable composé du toujours excellent Ben Mendelsohn, d'Essie Davis (La mère chahutée dans "Mister Babadook"), les révélations Eliza Scanlen, déjà remarquée dans "Les Filles du docteur March", et Toby Wallace, reparti de Venise avec le Prix Marcello Mastroianni du meilleur espoir.

Après je ne vais pas vous mentir, c'est parfois attendu, ça a clairement les qualités et les défauts d'un premier film, en particulier cette générosité qui donne parfois une impression de trop plein.

Mais si comme moi vous êtes resté un ado il y a fort à parier que la petite larmichette coulera.

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Voici donc le "Conte d'été" de Guillaume Brac qui n'a jamais caché, le garçon n'est pas gonflé à ce point-là, sa filiation avec Rohmer. Mixant ses deux derniers films, la fiction "Contes de juillet" et le documentaire "L’Île au trésor", il livre un vaudeville léger et social, sans la singularité qui caractérisait à une époque son cinéma.

Selon moi pas son meilleur, mais si toutes les "comédies romantiques" françaises pouvaient être de ce niveau on passerait de belles heures devant les écrans. Et quand on fait le bilan de ces 96 minutes et qu'on s'aperçoit qu'on vient discrètement de nous glisser du Christophe et du Kevin Morby, on dit juste : « Merci Guillaume ! ».

NB : Pour l'instant pas de date de sortie prévue (Logique car pas de distri), malgré un passage par la dernière Berlinale et à la clé une mention spéciale de la part de la Fédération Internationale de la Presse Cinématographique.

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Quoi de mieux que ce film pour le baisser de rideau, tant il prouve à quel point rien ne remplacera jamais l'expérience en salle. En effet, tout est tellement travaillé, des détails sonores à la photographie en passant par une réalisation qui en fout par instants plein les mirettes, que seuls un écran gigantesque et un système sonore qui envoie du pâté peuvent servir d'écrin à un tel premier long en forme de coup de maître.

C'est du cinéma de genre certes, mais aussi une sacrée réflexion sociale, ainsi qu'une vision métaphorique particulièrement acérée sur cette période si particulière qu'est l'adolescence.

Et Just Philippot semble avoir déjà tout compris à ce qu'il faut réunir comme éléments pour ne pas permettre au spectateur de reprendre son souffle une seconde : une immersion immédiate, un sens du rythme parfait, des personnages fouillés mais gardant leur part de mystère, des visions qui font dresser les poils, un casting sans stars et pourtant irréprochable, et enfin ou plutôt surtout un talent de metteur en scène littéralement bluffant, le garçon se permettant de nous balancer quelques plans dignes des "Moissons du ciel" sans qu'un instant on ne pense à du sous-Malick.

Très très fort, alors vivement que les copains des Jokers et de Capricci communiquent une nouvelle date de sortie, ce petit bijou ayant fait partie des "sacrifiés du 4 novembre".

https://twitter.com/takeshi2922/status/1321907768052383744

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Kornél Mundruczó est en passe de devenir le réalisateur aux films imparfaits qui me poursuivent le plus longtemps.

En effet à la fin de ce "Pieces of a Woman", et surtout depuis, je suis dans le même état qu'après "La Lune de Jupiter". Je n'ai de cesse de relever les défauts évidents du film mais j'ai follement envie d'en parler autour de moi, de dire à quel point le cinéma du réalisateur hongrois est fascinant par ce qu'il est capable de provoquer par de la pure mise en scène. Tout ce qui est agaçant chez lui, sa façon d'appuyer, de surligner en permanence est balayé par la force de quelques scènes, bouleversantes ou suffocantes.

On ne peut que penser à "Madre" de Sorogoyen en voyant ce film, et pas seulement pour ce prologue en mode "Je vais vous en mettre plein la tronche" mais aussi parce que le thriller qui semble s'annoncer n'est qu'un paravent. Ce qui se cache derrière est bien moins vendeur et pourtant tellement plus fort : un portrait de femme, des abimes, une reconstruction suite à un évènement traumatique. Ce parallèle avec "Madre" confirme une chose : l'importance plus que relative des notes, en effet j'ai noté plus généreusement ce dernier alors qu'en réalité "Pieces of a Woman" me passionne 100 fois plus, il m'accompagnera bien plus longtemps.

Je m'en voudrais de ne pas souligner la prestation de Vanessa Kirby que je ne connaissais que très peu. Comme pour les spectateurs, sortir de sa zone de confort donne souvent de très belles surprises chez les artistes.

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Ça c'est parfait pour fêter le déconfinement des fauteuils rouges, parce que même un Dupieux mineur ça reste supérieur à 99.9% des comédies françaises actuelles, parce que, sauf si bien sûr on est allergique à son univers, c'est 77 éclats de rire en 77 minutes, parce que dans 10 ans j'entendrai encore Adèle Exarchopoulos me hurler à l'oreille, parce qu'India Hair. J'ai pas fini ma phrase ? Si si, je répète : parce qu'India Hair.

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Charmant, pétillant, mis en scène avec grâce, osant dire des choses étonnantes et surtout sur un ton peu habituel à propos de la politique de l'enfant unique et du poids des traditions, c'est tout ça et encore plus qui m'a traversé l'esprit pendant une bonne heure. Puis malheureusement le récit se perd à force de multiplier les "péripéties", le symbolisme et la poésie appuyés grignotent peu à peu le plaisir, l'originalité s'efface au profit du conventionnel à destination d'un public occidental.

Dommage vraiment mais en ces temps où les grands films ne sont pas légion sur les écrans celui-ci vaut le déplacement, ne serait-ce que pour cette première partie épatante et des acteurs incroyables de naturel et de charisme

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Je me demandais pourquoi ce nouveau film d'Adilkhan Yerzhanov, réal de l'imparfait mais passionnant "A Dark, Dark Man" et du magnifique "La Tendre indifférence du monde", ne trouvait pas de distributeur mais après l'avoir vu je pense avoir compris : ça ne va pas être facile de vendre au public occidental ce truc complètement barré, ce thriller qui part par instants dans l'absurde et le burlesque à la limite du gênant, cette énième parabole sur la corruption et la gangrène d'un pays, ici le Kazakhstan, qui n'y va pas avec le dos de la cuillère.

Et pourtant malgré tous ces défauts il y a certaines scènes absolument savoureuses, en particulier dans la première partie, et je ne suis jamais contre une petite dose de folie douce.

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Chloé Zhao continue à filmer les oubliés, les abimés, ceux qu'on ne voit pas et qu'on ne veut pas voir. Elle le fait toujours avec grâce mais de manière moins subtile, plus abordable et consensuelle que dans "The Rider". Contrairement à ce dernier "Nomadland" n'est donc pas la claque annoncée mais si l'on met de côté l'avalanche de récompenses, les louanges d'une presse toujours prompte à user de superlatifs on peut aborder ce film sans pression et le voir pour ce qu'il est : un bon film, sans doute pas beaucoup plus, mais ce n'est déjà pas si mal.

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Moments de gêne intense la suite... avec cet autre film bénéficiant du label Cannes confiné (qui pour une grande grande partie de la sélection aurait dû le rester) mais cette fois dans les immmmmenses largeurs, chaque scène était plus gênante que la précédente mais moins que la suivante.

Rien ne fonctionne : le scénario est complètement pété (Ils se sont mis à trois pour l'écrire et pas un qui ait apparemment investi dans une gomme), la mise en scène tente des trucs mais ce ne sont jamais les bons (Là ils étaient deux), le propos est d'une niaiserie qui dépasse l'entendement avec cette poésie frelatée, ces raccourcis terrifiants quand il s'agit d'aborder le social. Mais quel est le propos d'ailleurs ? Je me le demande encore. Et que dire des acteurs qui semblent être venus jouer quand ils avaient le temps, à l'image de leurs personnages qui rentrent et sortent du récit sans qu'on sache vraiment ce qu'ils foutent là. Et là je parle des acteurs chevronnés (Lyna Khoudri, Finnegan Oldfield ou encore Denis Lavant) parce que le pauvre petit nouveau qui occupe de loin la plus grande place fait tout simplement peine à voir, probablement la faute à une direction inexistante.

En résumé c'est typiquement le film ni fait ni à faire qui démontre qu'en France les producteurs ne font souvent pas leur travail car il aurait été de leur responsabilité de ne pas laisser un tel naufrage advenir.

J'attends avec impatience le 23 juin pour que vous me disiez si c'est moi et la personne qui m'accompagnait qui sommes complètement à côté de la plaque ou si cette moyenne de 7.1 est dû à une surconsommation de substances.

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Oui indéniablement les frangins Podalydès ont fait mieux, beaucoup mieux même, plus fin, plus incisif, plus original surtout. Mais par les temps qui courent un tel film fait du bien, parce que leur manière tendre de provoquer le rire, pas celui contre, celui avec, fait l'effet d'un doudou, parce que le casting régale, parce que leur façon généreuse de pointer les maux de l'époque (à l'image d'un autre duo, Kervern - Delépine) est toujours bienvenue.

Et puis je l'avoue, entendre des gens heureux dans une salle, voir une spectatrice vous alpaguer à la fin de la séance rien que pour vous dire qu'elle s'est régalée, ça fait tout simplement du bien.

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Même si ce "First Cow" n'est pas mon Kelly Reichardt préféré j'admire toujours quand les réalisateurs vont se balader loin de leur zone de confort. Un film un peu vaporeux, ce qui n'est pas un défaut, une caméra gracieuse et une photo splendide, une sorte de western entre deux mondes, qui prend son temps, un peu comme chez des frères Coen assagis.

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Je vais être totalement sincère, je pense que sans ma passion folle pour Bergman ce film m'aurait paru affreusement vide. Je n'aurais probablement pas vu cette charmante mélancolie ensoleillée servie par une BO à l'unisson, cette mise en abyme qui navigue entre le nombrilisme désolant et la description pas inintéressante d'un "petit" monde. Mon verdict aurait plutôt été : Mia Hansen-Løve ne va pas arranger sa position de cinéaste bobo qui n'a pas grand chose à dire, par contre il faut espérer qu'elle est bien rémunérée par les offices de tourisme parce qu'après Goa dans "Maya" elle offre ici une sacrée pub à l'île de Fårö.

Donc à vous de vérifier dès demain si ce "Bergman Island" est plus qu'un dépliant touristique, et s'il a mérité sa sélection pour la compétition cannoise. Concernant ce dernier point je pense que certains ont vraiment la carte, en mode Pass Frémaux.

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J'aurais donc mis plus d'une semaine à me décider à noter ce "Titane" tant attendu après la claque "Grave".

6 parce que quand même parfois les producteurs devraient faire leur boulot, oser dire même à quelqu'un de très doué qu'il serait bon de retravailler un peu son scénario, que trop de références tuent la référence, surtout quand elles ne sont pas forcément digérées et ressemblent au mieux à de sympathiques clins d’œil, au pire à un blind-test.

7 parce que ça fait quand même du bien d'avoir ça dans un cinéma français qui a souvent tendance à se regarder le nombril, à confondre neurasthénie et intimisme/naturalisme et autres trucs en isme, parce que de la mise en scène comme ça on en trouve pas sous le sabot d'un cheval, parce que quelqu'un qui réinvente le genre, à plusieurs niveaux, qui te fait regarder différemment les pompiers qui t'on fait quelques jours plus tôt ta seconde injection, qui en seulement deux longs a commencé à explorer la notion d'identité, à raconter des trucs passionnants sur le corps comme objet de tous les possibles, surtout les plus cauchemardesques, ben c'est cool.

Alors ce sera un 7 parce que SC est un vilain qui continue à refuser la moindre décimale, et parce que plus le temps passe plus je m'aperçois que dans l'expression "cinéma imparfait" il y a "cinéma". Et on est là pour ça non ?

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C'est peu de dire que j'attendais cette "Bonne Mère" tant la première réalisation de Miss Herzi m'avait épaté, par sa fraîcheur, sa spontanéité, son énergie. D'où une légère déception, car le film se partage quasiment en deux parties, d'un côté le portrait, très beau et pudique, de cette mère, de l'autre celui des autres membres de la famille, bavard et moins maîtrisé.

En résumé j'ai trouvé cette fois Hafsia Herzi plus inspirée en Philippe Faucon qu'en Abdellatif Kechiche, même si elle a indéniablement pris de celui-ci un talent : celui de savoir filmer l'espace baigné de soleil et en tirer une émotion instantanée.

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Je t'ai toujours défendu M. Night Shyamalan, contre vents et marées, même quand tu étais indéfendable, mais à force de prendre les spectateurs pour des truffes ça commence à se voir je t'assure.

Ton "Old" n'est pas même pas une m..., ce n'est rien. Mais un rien à plus de 10€ ça fait quand même un peu mal aux fesses.

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Je vais immédiatement évacuer ce qui fâche et qui fait que ma note n'est pas plus haute, soit un scénario qui pédale dans la semoule dans sa dernière partie et offre une conclusion "exécrable", car j'ai envie de dire du bien de ce nouveau Kawase. Une réalisatrice qui ose continuer à creuser ce qu'on lui reproche, le mélo et l'esthétisme de l'image. Elle assume cela avec panache, et ce que certains dénonceront comme de la facilité je l'ai reçu comme une marque de courage.

Les récits s'entrecroisent avec une fluidité totale durant 2h20, le regard quasi-documentaire se mariant au romanesque. C'est beau, sensible, remarquablement interprété, bref c'est à voir absolument.

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Comme je l'attendais celui-ci, tout simplement parce que Roy Andersson est un cinéaste rare qui a selon moi signé deux immenses films, "Une histoire d'amour suédoise" et "Chansons du deuxième étage". D'où mon immense déception qui l'a finalement emporté sur cette souffrance vécue durant 1h16.

1h16 de vignettes dépressives, absurdes, blafardes, décrivant la vacuité, la misanthropie de l'homme et du monde. Impossible de ne pas voir la qualité de la mise en scène, le bonhomme n'a plus rien à prouver à ce niveau, mais est-ce que ce qui s'apparente à de l'installation d'art contemporain a sa place dans une salle de cinéma plutôt que dans un musée, je pose la question. Et quant à mes gouts personnels ils ont apporté une réponse, et elle a été rude.

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Alors oui ce troisième épisode est décevant si on le compare aux deux précédents, la surprise, le charme de la découverte ne sont bien entendu plus là, et chose plus étonnante Jean-François Halin est moins incisif au service de Nicolas Bedos qu'à celui de Michel Hazanavicius.

Mais je ne vais pas bouder mon plaisir, j'ai aimé retrouver Hubert Bonisseur de la Bath, et même si je crois que la plupart de mes rires ont plus résonné en souvenir des anciennes répliques que de celles, un peu éprouvées, de ce nouvel opus, j'ai passé un moment agréable. Et dans le paysage de la comédie française actuelle un film qui ne se fout pas de la gu... du spectateur, qui ne se contente pas d'enregistrer du son et de l'image, bref qui fait du cinéma qui s'apprécie sur grand écran, ça ne se balaie pas d'un revers de main.

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Si on compare ce "Rouge" à ses glorieux ainés tels "Erin Brockovich" ou "Révélations" inutile d'aller plus loin car il ne fait bien entendu pas le poids. Mais dans le contexte d'un cinéma français hexagonal trop souvent nombriliste Farid Bentoumi fait du bien, à la fois dans le fond et dans la forme. Mêlant le récit intime touchant, celui d'une fille face à son père, à la politique, ce qu'on pourrait appeler un sujet d'intérêt public, il livre un film efficace, certes desservi par de sérieux trous dans le scénario, mais plus que bien servi par des acteurs formidables, confirmés ou non.

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J'ai vu des gens bouleversés, des connaissances les yeux rougis une fois la lumière de la salle rallumée. Et curieusement moi dont on se moque pour ma faculté à verser une larme plus que facilement, rien, pas le début d'une quelconque humidité au coin des yeux.

Peut-être tout simplement parce que l'exercice de style, la mise en abyme d'une intelligence folle m'ont tenu à distance de l'émotion première qu'a provoqué sur d'autres le parcours de ces deux êtres brisés, en quête de survie.

Mais après tout quelle importance, si ce "Drive My Car" ne m'a pas époustouflé comme les précédents Hamaguchi j'y ai une fois de plus reconnu la marque d'un grand, d'un très grand auteur et metteur en scène. Avec dorénavant une seule envie : voir son "Wheel of Fortune and Fantasy" qui s'annonce.
19 août 2021 ·

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Comme d'habitude Dumont travaille sur la gêne, le malaise, son amour des freaks, et comme d'habitude il va donc diviser. Mais pas comme d'habitude je vais me retrouver dans le camp de ceux qui auront passé un sale moment. Car son "lard ou cochon" qui quasiment à chaque fois m'envoute, provoque chez moi un inconfort stimulant, me fait rire, m'a laissé ici dans un état d'incompréhension terrible.

Et pourtant parce que Dumont est un grand metteur en scène il propose par instants des images d'une beauté renversante, comme dans une scène renversante à tous les sens du terme qui justifie à elle seule le déplacement. Autre chose qui aurait pu encore faire grimper ma note, la dernière partition, déchirante, de Christophe.

Mais impossible d'aller plus haut pour cette note car voir Léa Seydoux quasiment à chaque plan est une expérience, pour rester poli, douloureuse.

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Est-ce un film fantastique, une romance, un mélodrame ? Ce n'est rien de tout ça et tout ça à la fois mais ça n'a finalement que peu d'importance. Car la force de ce nouveau (et plus beau) Mathieu Amalric réside dans sa faculté à oser, à ne pas se soucier de la vérité.

Il s'agit de la vérité de la souffrance d'une femme qui s'en va (selon le synopsis), et à partir de là ce personnage et donc son marionnettiste ont tous les droits. Celui de faire d'un souvenir, d'un fantasme, d'une rêverie une vérité qui ne peut se contester, de considérer que passé, présent et avenir ne font qu'un, de tuer les distances géographiques ou spirituelles, car oui le cinéma est le lieu de l'imaginaire, cet imaginaire qui peut perdre et/ou sauver, dans lequel réside parfois la survie face à l'intolérable, à l'insupportable.

« J'aime bien te regarder les yeux fermés », tout ce "Serre moi fort" est dans cette phrase prononcée par une Vicky Krieps, à l'image de ce film labyrinthique, déchirante.

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Bien entendu c’est clivant puisque c’est du Apichatpong Weerasethakul. Bien entendu c’est abscons, fascinant et hypnotique puisque c’est du Apichatpong Weerasethakul. Bien entendu il faut laisser son cerveau à l’entrée de la salle pour ressentir plutôt qu’intellectualiser puisque c’est du Apichatpong Weerasethakul…

Probablement son film le plus lisible cependant, ce sera à vous de le vérifier le 17 novembre.

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Même si ce "Le Genou d'Ahed" n'a pas la puissance de "Synonymes" ça reste follement stimulant. Stimulant et irritant parce que c'est du Nadav Lapid, autocentré, énervé, qui part dans tous les sens, ratant souvent sa cible à force d'en rajouter. Mais au moins c'est du cinéma vivant, d'on on ne sort pas indemne.

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J'aime beaucoup François Ozon, son besoin de filmer, de passer d'un genre à l'autre sans rien s'interdire. Enfin quand je dis que je l'aime, c'est en gros une fois sur deux donc rien d'étonnant après mon gros coup de cœur pour "Été 85" que ça se soit mal passé. Ou plutôt qu'il ne se soit rien passé, car c'est bien le problème : Ozon s'empare d'un bijou, le roman de la magnifique Emmanuèle Bernheim, et n'en fait rien, le filme en oubliant tout ce qui fait sa singularité, et Dieu sait qu'il n'en manque pas lui-même dans une grande partie de sa filmographie.

Il y a bien quelques dialogues amusants, le casting est parfait, mais à côté de ça que c'est sage, neutre, vide, sans le moindre point de vue.

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Ce n'est pas avec ce film qu'Honoré va améliorer son image de cinéaste intello/bobo. Proust, entre-soi, tendance à se regarder filmer et à s'écouter, bref tout y est pour passer 2h16 insupportables.

Et pourtant il y a un charme, une liberté, qu'on trouvait dans un certain cinéma des années 70 avec des œuvres qui tenaient autant de l'installation et de la performance que du film, à l'exemple du culte "What a Flash!". C'était déjà de l'art confiné, sauf que lui n'était pas contraint.

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Comme à son habitude Joachim Lafosse s'intéresse au mal qui ronge, à la désagrégation, et presque comme à chaque fois il le fait de manière magistrale. Il ne va pas chercher les larmes et pourtant les provoque, avec sa caméra qui scrute, qui épouse les corps, les visages, les âmes.

Le sujet peut faire peur, beaucoup s'y seraient fracassés, sans parler des dégâts collatéraux sur les acteurs désireux d'en rajouter. Et à ce niveau-là aussi c'est parfait, avec une Leila Bekhti surprenante de justesse et un Damien Bonnard qui confirme qu'il peut tout jouer.

Déchirant, à l'image de la partition d'Ólafur Arnalds.

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« Un amant exceptionnel ne peut faire qu'un mauvais mari. » (Audiard, mais pas le fils)... (cf critique)

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Deux adaptations de Balzac en deux jours, j'avais peur que ça fasse beaucoup. Mais il m'aura fallu 10 minutes à peine pour me faire happer par ces "Illusions perdues", tout simplement parce que Xavier Giannoli est trop fort.

C'est du cinéma populaire au sens noble du terme, qui ne prend pas le spectateur pour un abruti. Reconstitution historique bluffante, grand grand spectacle en cinémascope, tornade de mots, qui n'est pas sans rappeler le "Ridicule" de Leconte, récit à rebondissements qui donne l'impression que 150 minutes en durent 90.

Et cette modernité dans le propos, qui donne à chaque réplique un aspect ludique et jouissif. L'éternelle comédie humaine, celle d'un roi sans couronne, celle des petits arrangements entre ennemis. Personne n'est épargné, mais ce qui aurait pu être de la pure démagogie est compensée par l'intelligence de la construction scénaristique qui d'une scène à l'autre renvoie chacun dos à dos.

« Un jour ou l'autre, pourquoi pas, un banquier entrerait au gouvernement. »

NB : J'ai hâte au 20 octobre pour voir quel accueil les critiques professionnels, qui prennent comme tous les autres très très cher, réserveront au film. Auront-ils le même recul que Giannoli ?