Les meilleurs albums de 2018 selon Keith Morrison

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Risqué, exaltant, extravagant, parfois provocateur mais toujours très authentique, "Dirty Computer" est un album pop comme on n’en fait plus. Les morceaux s’enchaînent magnifiquement bien, révélant claque après claque et créant une continuité qui raconte une histoire. Le disque s’inscrit dans un cercle privilégié d’oeuvres pop qui ont réussit à faire danser le monde entier et créer des tendances tout en étant le testament d’une époque particulière : le "Purple Rain" de Prince, le "Like A Prayer" de Madonna, le "Faith" de George Michael ou le "Rhythm Nation 1814" de Janet Jackson, parmi d’autres. Si Janelle Monáe ne vendra peut-être pas les millions de disques que ces artistes ont écoulés, elle ne reste pas moins un des visages les plus importants et les plus emblématiques de sa génération et dicte avec "Dirty Computer" ce à quoi la musique pop mainstream devrait ressembler en 2018 : un ingénieux mélange entre un rythme percutant, une production travaillée mais qui semble légère, une mélodie entêtante et des paroles simples mais taquines, qui lorsqu’on y réfléchit suggèrent beaucoup plus qu’elles n’en ont en l’air. Et franchement, quoi de plus ingénieux et réjouissant que de réussir à faire danser toute une foule sur des paroles qui revendiquent à quel point on a envie de “baiser” le gouvernement ?

(key tracks: "Screwed", "Take a Byte", "I Like That")

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Mac Miller a fait du chemin depuis "Donald Trump" et "Swimming" est la preuve évidente de son évolution, aussi bien en tant qu'artiste que personne. Sorti après une suite d'événements difficiles pour le rappeur (rechute dans la drogue et l'alcool, rupture très médiatisée), ce nouvel album aurait très bien pu être un retour aux sonorités sombres de "Watching Movies With The Sound Off". Mais malgré les difficultés dont l'artiste parle sans filtre et avec une luicidité et une honnêteté frappante, "Swimming" est un mélange de "GO:OD AM" et "The Divine Feminine", deux albums assez différents mais beaucoup plus positifs et lumineux - surtout pour le second.
Mac Miller réussit la pari assez fou de parler d'alcoolisme sur une production très funky et funky ("What's The Use?") et la plupart des morceaux suivent d'ailleurs ce schéma, en proposant des productions parfois très accrocheuses ou apaisantes pour parler de choses qui ne le sont pas forcément ("Self Care", "Small Words", "Wings"). Dès la première piste planante à souhait, "Come Back to Earth", il est évidemment que Mac Miller nous invite dans un songe parfois un peu rêveur mais chargé en émotion. S'il peut devenir un peu répétitif dû à des productions souvent simples et épurées, "Swimming" est de loin l'album le plus introspectif du rappeur. Une belle expérience qui montre un homme qui n'est pas détruit par ses démons mais qui est au contraire toujours optimiste et semble considérer chaque épreuve comme une leçon. Le meilleur album rap de 2018 sans aucun doute.

(key tracks: "Wings", "Dunno", "Self Care")

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Devonté Hynes a encore frappé et offre avec "Negro Swan" un nouvel album dans la lignée du précédent, "Freetown Sound". Les influences 80s sont toujours là mais beaucoup moins présentes que sur les opus précédents. Sur "Negro Swan" l'artiste anglais expatrié à New York semble beaucoup plus expérimenter avec ses productions et ses textes (comme il l'avait fait sur "Freetown Sound" mais en beaucoup moins pop ici). Sortant à une période particulière politiquement, l'album questionne beaucoup l'identité et le fait d'être un homme noir et homosexuel dans la société actuelle, ce qui rend ce projet très personnel, probablement la chose la plus intime que Dev Hynes nous ait offert à ce jour. L'artiste surdoué adresse un grand nombre de thématiques qui lui tiennent à coeur : le colorisme sur "Charcoal Baby", l'appropriation culturelle sur "Vulture Baby", sa jeunesse dans une petite ville d'Angleterre sur "Dangenham Dream", la fierté noire sur "Jewelry"... Dev Hynes invite également l'actrice Janet Mock en temps que narratrice du projet. A son tour, elle raconte ses expériences en temps que femme transgenre noire et crée des parallèles surprenantes entre son expérience personnelle et celle de Dev Hynes, rendant le message de l'album universel. Personnel, profond et important sans être trop engagé, "Negro Swan" est une belle confession d'un artiste qui ne semble jamais être à court d'inspiration, proposant à la fois des morceaux aériens empreints de légèreté ("Charcoal Baby", "Saint", "Out of your League") avec des chansons acoustiques et épurées ("Holy Will", "Smoke"). Tout en invitant des collaborateurs surprenants et extrêmement bien choisis (allant de P. Diddy et A$AP Rocky à Steve Lacy et Kindness en passant par Georgia Anne Muldrow), Dev Hynes continue à créer un univers bien à lui, mélangeant les influences musicales et n'hésitant pas à utiliser des sons de la ville, offrant à l'auditeur un album cinématographique et rêveur.

(key tracks: "Dagenham Dream", "Hope", "Chewing Gum")

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Les singles "Missing U" et "Honey" annonçaient le retour en grande forme de Robyn, huit ans après son dernier projet solo. Les deux premiers extraits étaient parfaitement choisis car ils sont ce que l'artiste suédoise fait de mieux, c'est-à-dire des morceaux dansants mais mélancoliques et sensuels agrémentés de paroles parfois très originales et drôles ("Let go of your doubts, say yes / Let it soak up into the flesh / Never had this kind of nutrition"). Si ces deux titres font parfaitement leur travail, sur le reste de "Honey" Robyn a décidé de prendre plus de risques et de surprendre en proposant des chansons à la fois expérimentales et accrocheuses. Sur "Human Being" ou "Baby Forgive Me", la chanteuse expérimente avec sa voix et sa présence hypnotique brille comme jamais, créant au passage deux morceaux pop étranges et parfaitement produits. Sur "Ever Again", Robyn effectue un petit retour en arrière avec une influence pop-rock féminin des années 90s et avec "Beach2k20" l'artiste suédoise nous offre sa propre sublime version d'"elavator music", prouvant que l'on peut être une artiste pop avant-gardiste tout en sachant rester fun et décalée. L'aspect le plus frappant de "Honey" est peut-être le côté très introspectif et mélancolique de ces chansons extrêmement accrocheuses, ce qui a fini par devenir la signature de Robyn. Son huitième album est fascinant, aussi bien grâce à sa production complexe et déstructurée que son spleen fiévreux.

(key tracks : "Honey", "Between The Lines", "Baby Forgive Me")

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J'avoue avoir été un peu dérouté à la première écoute. Une version pop mainstream de Lykke Li ne me dérangeait pas du tout, surtout après être tombé sous le charme des deux premiers singles, "hard rain" et "deep end", qui réussissait à mélanger des influences traps avec le côté toujours sombre et mystérieuse de la chanteuse suédoise. Egalement la liste des producteurs (Malay, DJ Dahi, Jeff Bhasker, T-Minus, Emile Haynie) me mettait l'eau à la bouche. Mais les premières écoutes se sont révélées assez plates et décevantes, malgré mon énorme coup de coeur pour la chanson à la fois triste et terriblement sexy qu'est "two nights". (vous avez compris ce que je viens de faire ?)

Mais après plusieurs écoutes, "so sad so sexy" s'avoue plus séduisant et accrocheur, avec des titres extrêmement bien produits et qui mélangent parfaitement le style mélancolique de Lykke Li avec des productions actuelles mais jamais passe-partout. Un pari réussi même si on espère qu'elle ne laissera pas sa pop alternative froide et grandiose de côté pendant trop longtemps.

(key tracks: "two nights", "hard rain", "sex money feelings die")

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Non, "High as Hope" n'a pas la théâtralité de "Ceremonials". Non, "High as Hope" n'a pas l'inventivité et l'originalité de "Lungs". Non, "High as Hope" n'est pas le coup de poing orgasmique qu'était "How Big, How Blue, How Beautiful". Mais en nous offrant son album le plus simple et le moins surprenant, Florence Welch nous offre surtout son album le plus introspectif. La plume de l'artiste y est reconnaissable sur tous les morceaux et produit des moments de poésie absolument grandioses (le sublime final "No Choir", le redoutable "Hunger", les troublants "June" et "The End Of Love").
Et oui, "High as Hope" est de loin le disque le moins surprenant du groupe britannique et peut apparaître comme un peu paresseux par moment, mais la magie fonctionne toujours, l'énergie de l'interprète est toujours aussi prenante et une véritable légereté émane de cet album. Florence + The Machine restent fidèles à leurs univers musicals (trop certains diront) mais y ajoutent des petits éléments qui rendent "High as Hope" encore plus captivant, comme des cuivrés signés Kamasi Washington, un délicat piano offert par Sampha (sur "Grace") ou en ayant la main lourde sur les percussions. Un très bel album qui, même s'il manque un peu de piments, prouve que Florence + The Machine sont toujours aussi en forme et inspirés.

(key tracks : "The End of Love", "June", "Hunger")

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Pour son 15e album studio (rien que ça !) de la diva américaine la voit collaborer avec une floppée de producteurs très demandés dans la sphère pop/R&B - et aussi très "actuels" aux niveaux de leurs sonorités. La force de "Caution" réside dans la façon dont la chanteuse réussit à rendre son son très moderne grâce à ces collaborations tout en gardant l'essence de ce qui fait d'un album de Mariah Carey un album de Mariah Carey !

DJ Mustard confectionne "With You", un morceau lent typique de l'artiste américaine aussi bien dans sa musicalité épurée que son texte ("He said, "Yo, I've been lovin' you so long/Ever since that Bone Thugs song") tout en sonnant comme une ballade pop-R&B comme on pourrait en entendre à la radio aujourd'hui. Carey excelle tout autant sur "GTFO", une production R&B mid-tempo signée Nineteen85 qui fait parti des meilleurs moments de "Caution", ou sur un sample du "Crush On You" de Lil' Kim pour le démesuré mais hilarant "A No No". Skrillex est aussi de la partie et co-signe quant à lui le glorieux morceau pop qu'est "The Distance", une collaboration avec Ty Dolla $ign nostalgique et forte en synthés, ce qui lui donne une influence 90s prononcée. On pourrait également citer "8th Grade", une collaboration savoureuse avec Timbaland, mais la chanson qui est indéniablement LA collaboration et LE morceau de l'album est sans aucun doute "Giving Me Life". Produit par Dev Hynes et s'offrant une apparition de Slick Rick pour un couplet, ce titre représente exactement ce mélange entre ce qui fait Mariah Carey l'artiste que l'on connait et ce à quoi Mariah Carey devrait ressembler en 2018 : un morceau de R&B sombre qui semblerait avoir été enregistré dans le New York des années 90s mais pourtant extrêment accrocheur.

"Caution" est un excellent disque de R&B à la fois extrêmement bien produit, écrit et interprété mais aussi très très fun. Pour la première fois depuis longtemps la chanteuse n'en fait pas des tonnes - et lorsque c'est le cas, c'est tout en dérision ("A No No", "8th Grade") - et livre un travail qui semble à la fois passionné et personnel prouvant qu'au-delà du personnage exhubérant de diva qu'elle s'est construit, Mariah Carey reste bien une artiste et surtout une auteure-compositrice comme on en fait plus beaucoup.

(key tracks : "Giving Me Life", "A No No", "GTFO")

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L'album n'est pas parfait mais a suffisament d'excellents moments pour être considéré comme un bon travail de Nas (les influences à la Mancini sur "Bonjour", le sample de Slick Rick proéminent sur "Cops Shot The Kid"). La collaboration avec Kanye West à la production fonctionne bien même si parfois sa patte semble vraiment prendre sur l'univers de Nas, comme sur "everything" qui semble tout droit sorti de "808s & Heartbreak" mais qui reste une bonne surprise, empêchant "NASIR" de tomber dans la répétition et permettant au rappeur du Queens d'essayer quelque chose de nouveau.

Le seul point noir plane autour du concept : créer un album de sept chansons qui représentent chacune un des sept pêchés capitaux. L'idée est absolument excellente mais l'exécution quelque peu douteuse. A vrai dire, on a presque l'impression que le concept est survenu une fois l'album terminé et donc ne colle pas à tous les morceaux. Mais à part cela, "NASIR" est un très bon projet, un retour attendu comme le Messi et qui ne déçoit à aucun moment. Le point de vue de Nas est toujours important pour le hip-hop actuel et cet album est la preuve que le rappeur n'a rien perdu de son mordant.

(key tracks : "Bonjour", "Simple Things", "Cops Shot The Kid")

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J'aime vraiment beaucoup The Internet, un groupe de musicien surdoué qui arrivent à mélanger un R&B traditionnel avec des influences très actuelles. "Hive Mind" est peut-être la plus belle démonstration de cet aspect de leur musique : un album qui mixe pleins de différents éléments du R&B, de la voix extrêmement douce et sensuelle de Syd - qui, bon dieu, me rappelle énormement Aaliyah à chaque fois que je l'entend - aux lignes de basses et riffs de guitare funky redoutables de Steve Lacy - qui semble avoir une main dans tous les meilleurs projets de R&B cette année (Kali Uchis, Blood Orange, Ravyn Lenae) - en passant par le clavier "retro" de Matthew Martin.

En assumant beaucoup plus ses sonorités modernes, "Hive Mind" est le disque le plus accessible du groupe à ce jour avec une floppée de titres entraînants et qui, sans jouer pour autant sur la facilité, pourraient séduire un public plus large que le seul public R&B : il y a tout d'abord le single "Come Over", petite ode sensuelle et romantique où Syd brille comme jamais sur un rythme percutant et la guitare toujours aussi endiablée de Steve Lacy, "Look What U Started", dans la lignée du précédent, "Stay The Night", un autre morceau sacrément sensuel mais en mode ballade planante et envoutante, sans oublier le plus classique mais tout aussi charmant "Wanna Be". The Internet n'en oublient pas pour autant la formule qui a fait leur reconnue en proposant toujours quelques titres à la production lourde - dans le meilleur sens du terme - et complexe où les voix et les instruments se mélangent pour un résultat funky, fascinant et ô combien accrocheur ("Roll (Burbank Funk)", "Beat Goes On") ou viennent créer de très belles ballades ("Hold On").

Ce quatrième opus chaud bouillant de The Internet est toujours aussi addictif et prouve que le groupe ne perd rien de son mordant même lorsqu'ils décident de se diriger vers un R&B un poil plus épuré et plus léger que leurs précédents albums, mais véritablement envoutant. La voix du groupe, Syd, n'a jamais été aussi bien mise en valeur - même plus que sur son propre album solo d'ailleurs - apportant un charme et une douceur toute particulière à ce disque, même si ce projet est indéniablement le travail de cinq musiciens de génie qui semblent vraiment - mais alors vraiment ! - s'amuser !

(key tracks : "Roll (Burbank Funk), "Stay The Night", "Hold On")

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Le second album de Leon Bridges prend la forme d'une lettre d'amour "rhythm'n'blues" qui met en valeur la diversité de son paysage musical, au-delà de sa version formattée pour les radios. L'artiste texan reste fidèle au style "rétro" qui avait fait son succès son premier disque, "Coming Home", avec des morceaux très marqué par les influences blues comme "Georgia to Texas" ou d'autres qui semblent tout droit sorti d'une autre époque (la piste d'ouverture "Bet Ain't Worth The End") qui nous ramènent aux débuts de Leon Bridges. Bon album de R&B l'oblige, il y a quelques chansons up-tempo qui viennent ajouter un peu d'euphorie à "Good Thing" ("If It Feels Good", "You Don't Know") et qui empêchent l'album de tomber seulement dans une catégorie réservée à des mélomanes.

La production tout au long de l'album est merveilleusement exécutée, les instrumentalisations sont superbes et offrent une véritable musicalité à "Good Thing". Pourtant ce sont les morceaux les plus "low-key" du disque qui lui donnent sa véritable beauté ... "Forgive You" est une chanson de R&B planante qui fait tout de suite son effet. "Lions" est un peu plus classique de la part de Leon Bridges mais d"montre néanmoins bien son évolution musicale. Sur "Beyond", LA ballade de "Good Thing", l'artiste renoue même avec ses racines texanes et la country sur laquelle il a grandit. Le second album de Leon Bridges est une collection de chansons de "rhythm'n'blues" qui prouve que le genre est loin d'être mort et que son héritage est grandiose et continue d'influencer un grand nombre d'artistes.

(key tracks : "Forgive You", "Shy", "Bet Ain't Worth The Hand")

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Si "FREE 6LACK" sonnait l'arrivé d'un nouveau venu dans le R&B emo qui semblait se cacher derrière son spleen, "East Atlanta Love Letter" est un disque beaucoup plus assuré de la part du chanteur américain. Toujours fidèle à sa plume mélancolique, 6LACK apparaît cependant beaucoup plus confiant dans ses paroles, ses productions mais surtout dans sa façon d'interpréter ses textes. Son flow unique vacillant entre le rap et le chanté porte cet album et met la voix de l'artiste au centre de celui-ci : il n'est plus question ici de se cacher derrière des textes tristes et des productions sombres mais avant tout de se livrer et parler de façon franche. 6LACK parle donc d'amour tout du long de cette "Love Letter", qu'elle soit adressée à un ancien amour, à sa fille ou à sa ville natale. Parfois brutalement honnête, l'artiste originaire d'Atlanta livre ses pensées de la façon la plus pure possible, comme sur le douloureux mais pourtant très beau "Nonchalant".

Soniquement, l'album est aussi plus assuré que le précédent, 6LACK restant fidèle au style alt-R&B qui a fait sa récente renommée sans pour autant hésiter à le rendre plus accessible et plus percutant en l'épurant un peu et en jouant avec. "Switch" est un morceau planant et pourtant accrocheur grâce à un refrain très entêtant, "Stan" offre un peu de nouveauté au son de 6LACK avec une production plus déstructurée alors que "Sorry" met en avant le côté plus mélancolique de l'artiste. L'une des grosses surprises de "East Altanta Love Letter" est la titre-piste, une collaboration avec Future qui montre que parfois celui-ci est capable d'utiliser sa voix autotunée d'une façon unique et vraiment hantante. La plupart des collaborateurs font d'ailleurs bien leur travail, notamment J. Cole qui livre, sur "Pretty Little Fears", un excellent couplet ou Khalid qui apporte un peu de lumière à "Seasons". Mais LE point fort de l'album reste avant tout 6LACK grâce à ses interprétations qui traduisent directement ses émotions et apporte donc toute sa beauté et son honnêteté à "East Atlanta Love Letter". La façon dont le chanteur américain passe d'un flow rappé à quelques notes chantées avec tellement d'aisance, d'assurance et de spontanéité montre toute la force de celui-ci, et sa performance vocale en dit des fois beaucoup plus que ses mots.

(key tracks : "Nonchalant", "Pretty Little Fears", "East Atlanta Love Letter")

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Avec son deuxième opus, la chanteuse soul-R&B britannique Nao propose un projet personnel et lumineux. Inspiré par le zodiaque, "Saturn" respire la spiritualité à travers des chansons comme "Orbit" ou la piste d'ouverture "Another Lifetime", un mélange entre un morceau planant de R&B et le "rush" offert par les meilleures productions pop. Sur la chanson-titre, une ballade romantique partagée avec Kwabs, Nao nous offre un de ses plus beaux textes qui démontre en beauté toute l'honnêteté et la passion qui ont été versées dans ce projet.

Loin de s'arrêter au ballade et titres de R&B lents mais savoureux ("Make It Out Alive", le superbe final "A Life Like This"), "Saturn" contient aussi plusieurs morceaux up-tempo aux influences dancehall et caribéennes plus légers et très accrocheurs comme le très bon "If You Ever" et l'efficace "Drive and Disconnect". Si son premier album était déjà de très bonne facture, avec "Saturn" Nao signe un disque beaucoup plus cohésif où les morceaux efficaces rencontrent des titres introspectifs de façon très fluide. C'est la confirmation de toutes les bonnes choses que l'on pensait de l'artiste britannique et un véritablement bel album !

(key tracks : "If You Ever", "A Life Like This", "Saturn")

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Pour leur premier album sorti sur un grand label, les membres de BROCKHAMPTON ont décidé d'évoluer et de ré-inventer leur style en poussant un peu plus leurs expérimentations musicales, tout en s'assurant d'offrir un disque percutant et empreint de la touche nostalgique qui leur est propre. Les morceaux s'enchaînent à un rythme endiablé proposant à la fois des compositions hip-hop frôlants parfois le rap hardcore ("J'OUVERT", "BERLIN"), des productions surprenantes ("HONEY", "TONYA") et des titres plus calmes et instrospectifs ("WEIGHT", "THUG LIFE"). Et c'est d'ailleurs lorsque le "meilleur boyband de la planète" s'aventure dans ces morceaux plus légers et plus tristes, et en évitant d'avoir la main trop lourde sur la production - ce qui est parfois le cas - que "iridescence" révèle vraiment la singularité des membres de BROCKHAMPTON. Si la trilogie des "SATURATION" jouit d'une cohésivité et d'une ingéniosité jamais exagérée qui fait d'elle un travail légèrement plus impressionnant que ce nouvel album, "iridescence" contient néanmoins de véritables pépites qui font de lui une véritable réussite, "SAN MARCOS" en tête de liste.

(key tracks : "SAN MARCOS", "THUG LIFE", "HONEY")

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Si j'ai toujours beaucoup apprécié le style visuel de Travis Scott, je n'ai jamais été subjugué par sa musique. J'ai trouvé "Rodeo" sympa pour un premier album (même si l'influence du mentor Kanye West en mo de "Yeezus" était parfois trop palpable) et je n'ai pas du tout accroché à son second album. "ASTROWORLD" est donc une surprise totale pour moi, un projet qui frappe par la cohésion de ses titres et leur enchaînement parfaitement effectué qui donne vraiment l'impression d'être emmener à travers une montagne russe musicale.

L'autotune importante au rappeur ne me gêne aucunement cette fois-ci, les collaborations fonctionnent toutes parfaitement (qu'il s'agisse de Frank Ocean, John Mayer ou The Weeknd sur l'excellent "Wake Up") et chaque artiste vient ajouter une petite touche au lieu d'influencer complètement les chansons. L'album est à la fois accrocheur, intéressant et parfois étrange au niveau de ses productions, comme sur "Stop Trying To Be God", et possède l'empreinte sombre qui est propre à Travis Scott sans jamais en être pour autant oppressante, comme sur l'album précédent. La musicalité est aussi plus forte que sur "Birds in the Trap" et apporte beaucoup d'originalité à la plupart des titres. Un très bon album qui permet de montrer tout le potentiel de l'artiste américain.

(key tracks : "Yosemite", "Wake Up", "5% Tint")

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La magie des nouveaux G.O.O.D Fridays de Kanye West fonctionne décidement mieux pour ses collaborateurs que pour le rappeur lui-même, comme "DAYTONA" le prouve une fois de plus. Après avoir attendu "King Push" pendant des années, il s'avère que cet album a tout simplement été oublié pour celui-ci... et tant mieux ! "DAYTONA" révèle un Pusha T beaucoup plus énergique signant des textes plus pimentés qu'à l'accoutumée ("Infrared"), sur des productions originales et évidemment fortes en sample utilisés parfaitement ("If You Know You Know"). Le concept de l'album de sept pistes est également bien executé et sauve "DAYTONA" d'avoir des productions répétitives et de se retrouver noyé sous les featurings. D'ailleurs la collaboration avec Rick Ross sur "Hard Piano" est un des meilleurs moments de l'opus, ainsi que le moment de communion qu'est "Santeria". S'il aura fallu attendre autant d'années pour un "King Push", on peut s'estimer heureux de ne jamais l'avoir eu car à la place Pusha T nous a offert "DAYTONA", et ça c'est une bonne surprise !

(key tracks: "Hard Piano", "If You Know You Know", "Santeria")

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Comme chaque année, Christian Berishaj nous offre un nouveau projet et cette fois-ci il est soigneusement emballé dans des accents de funk et d'influences 80s et 90s parfaitement utilisées. L'instrumentalisation sur "Velvet" est grandiose - comme d'habitude - l'artiste américain proposant des morceaux mettant en avant ses talents de musiciens ("Talk Is Cheap", le double titre "Drama") et réussissant à mélanger avec brio des influences rétro - qui nous laissent parfois penser que cet album aurait pu sortir il y a des années de cela - tout en produisant une musique très actuelle.

Le R&B de JMSN est toujours aussi savoureux et offre de très belles surprises... Dans un premier temps très épuré, "Mind Playin' Tricks" révèle à mi-chemin un ensemble de claviers et une boîte à rythmes qui rendent le morceau magnifique et hantant. "Got 2 B Erotic", l'un des titres le plus funs de cet album, est aussi l'un des plus intéressants au niveau de sa production. Long de six minutes, JMSN ne fait qu'ajouter des petits détails qui font qu'à aucun moment notre attention se dissipe. Ou encore "Pose" et "Inferno", des chansons qui pourraient faire un véritable carton en boîte - enfin peut-être à une autre époque...

"Velvet" est un grand album. C'est un disque à la fois ambitieux et terriblement efficace qui n'est pas sans nous rappeler un Justin Timberlake (surtout au niveau de la voix), à l'époque où il savait toujours surprendre, mélangé à un musicien surdoué à la Stevie Wonder. Une réussite totale !

(key tracks : "Got 2 B Erotic", "Mind Playin' Tricks", "Explicit")

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Six ans est ce qu'il aura fallu à Christina Aguilera pour créer un album sans grande prétention (bon ok, le titre est peut-être un peu prétentieux je vous l'accorde) qui réinvente son univers sonore, son esthétique et - le plus étonnant - la façon dont elle utilise sa voix. La chanteuse s'amuse avec les tendances pop du moment (une influence reggae sur "Right Moves", l'extragante trap made in Kanye sur "Accelerate", la ballade rétro sur "Masochist"). L'artiste américaine ajoute toujours sa patte à toutes ses influences et s'entoure de collaborateurs innatendus et triés sur le volet (Anderson .Paak - très en forme, Kanye West, Tayla Parx, Hudson Mohawke, Mike Dean, Julia Michaels, Che Pope) pour offrir une collection de chansons variées et souvent très surprenantes ("Sick of Sitting", "Maria"). En ressort cette "Liberation" qui sonne à la fois très personnel tout en étant terriblement efficace, remplissant complètement le pari de ré-introduire Christina Aguilera dans la sphère pop-R&B avec des numéros tubesques et pourtant toujours très intéressants.

(key tracks : "Like I Do", "Pipe", "Accelerate")

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Si "Good For You" était particulièrement attendu et avait - du coup - un peu déçu, ce nouveau "LP/EP/mixtape/album" surprise d'Aminé est un vrai régal. L'artiste semble moins concentré sur l'idée de créer un nouveau tube décalé à la "Caroline" - ce qui avait plombé son premier opus - mais plutôt sur son ambition de mélanger des textes personnels et humoristiques sur des productions parfois très simples, des fois un peu plus travaillées et destructurées ("RATCHET SATURN GIRL"), mais jamais dénuées d'originalité. Les morceaux sont courts mais concis, ce qui sert clairement au projet qui ne tombe jamais dans le répétitif. Des pistes comme "BLACKJACK", "HICCUP" ou "REEL IT IN" sont des tubes "made in YouTube" potentiels, l'hilarant "STFU2" prouve que le rappeur de Portland n'a rien perdu de son piment, le planant "WHY?" infusé de R&B révèle un nouveau visage d'Aminé et les plus "posés" et intimes "TOGETHER" et "DR. WHOEVER" permettent à l'artiste de s'ouvrir davantage sur sa musique. Bref, un bon petit projet, et une surprise totale et réjouissante du début à la fin.

(key tracks: "TOGETHER", "WHY?", "DR. WHOEVER")

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Un album de pop et de R&B d'une douceur extrême, aussi bien au niveau de la voix empreinte de vulnérabilité de la chanteuse danoise que dans les productions épurées et planantes. "Lovers That Come and Go" est un premier album prometteur qui brille grâce à sa cohésion et ses textes à fleur de peau, mais aussi grâce à ses influences parfois surprenantes qui viennent lui apporter un peu de piment et qui l'empêchent de tomber dans la monotonicité : le R&B acoustique fiévreux de "Sweet Like Brandy", la pop-rock 80s de "New Boo", la production sombre et dramatique de "Deep Water" ou encore les accents un peu plus dance sur "Follow My Heart".

(key tracks : "Blasé", "Higher", "Did")

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Lorsque l'on réussit à passer outre les récentes controverses qui ont entourées la carrière de Sabrina Claudio, la musique de la jeune artiste américaine captive et montre que si celle-ci avait réfléchi à deux fois avant de tweeter des conneries, elle pourrait très vite devenir un des visages les plus importants du R&B actuel. Tous les éléments sont rassemblés pour faire d'elle une figure du genre : l'atmosphère mystérieuse et hypnotique de sa musique, la sensualité et la vulnérabilité de sa voix et ses textes introspectifs. Être capable, à seulement 21 ans, de proposer des chansons aussi bien écrites et avec un style déjà unique et affirmé est le signe d'un véritable talent et d'un potentiel hors-norme. Son second album "No Rain, No Flowers" (ainsi que les singles "All To You" et "Don't Let Me Down révélés en amont et abandonnés suite au scandale) en est la preuve parfaite, mélangeant cet R&B brumeux et hypnotique qui est devenu sa signature avec des textes très personnels et touchants par leur honnêteté, tout en gardant des titres mid-tempo très efficaces ("Numb") afin de rythmer un peu plus ce disque langoureux. Cet album est absolument excellent, comme le précédent, et c'est bien dommage que Sabrina Claudio n'est pas été un peu plus maline car le potentiel ici est énorme !

(key tracks: "Control", "Messages From Her", "Did We Lose Our Minds")

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Avec ses productions soignées, ses influences variées et pleins de bonnes idées, "Milky Way" est une véritable claque ! Bas, un rappeur que jugeait bon sans pour autant vraiment apprécier sa musique ou trouver celle-ci intéressante - comme la majeure partie des artistes signées chez Dreamville en faite, propose avec son troisième opus un des meilleurs albums hip-hop de l'année. "Milky Way" est beaucoup plus lumineux que ses précédents projets et on peut sentir que Bas a voulu faire quelque chose de plus léger avec ce disque, créer avant tout de la musique qui mettrait de bonne humeur. Mais en faisant cela, il signe son travail le plus intéressant et très rapidement addictif sans jamais se brûler les ailes - assez ironique quand la première chanson s'intitule "Icarus" - ou se perdre dans un hip-hop mainstream et facile !

Sur "Milky Way", Bas expérimente avec pleins de sons et d'inspirations différentes, se créant une signature sonore unique et prouvant de son ambition. Cet album est la preuve parfaite qu'il est possible de produire du hip-hop léger et entraînant tout en créant de la musique vraiment intéressante, éclectique et innovante : il y a des rythmes à l'influence afro-caribéenne qui viennent illuminer les chansons partout sur l'album (le remix de la chanson de LION BABE "Spaceships + Rockets" qui pourrait sans aucun problème être une chanson originale de Bas, "Designer", "Boca Raton"), un peu de soul sur le premier morceau du disque grâce à la voix chaude d'Ari Lennox et de R&B sur "Fragrance", et même une pointe de funk à la KAYTRANADA sur "Sanufa" (c'est cependant J. Cole et Ron Gilmore qui ont produit ce titre). "Milky Way" célèbre la vie, l'amour et le succès, aussi bien dans ses textes qu'avec ses sonorités colorées. Un album inspiré, léger et plein de créativité qui s'écoute avec un sourire en coin et permet de réellement révéler le talent et le potentiel de Bas.

(key tracks : "Purge", "Tribe", "Spaceships + Rockets")