Les meilleurs films de 1986 selon Alexandre G

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Un requiem contre l'obscurantisme chrétien (les dérives de l'Inquisition, le fanatisme, l'absurdité de règles s'opposant à l'idée même de vie que l'Evangile prônait, etc.), peut-être un peu trop à charge, mais qui met en scène de façon remarquable le roman d'Umberto Eco. J.-J. Annaud a en effet créé de toutes pièces cette abbaye perdue hors du temps, proposant ainsi un tour de force en termes de reconstitution historique. Sean Connery habite véritablement ce moine franciscain sage et avisé, mais sa dimension d'enquêteur est plus éludée que dans le roman, ici au profit de la quête de sens du jeune moine Adso, tourmenté par ses voeux et ses passions contradictoires. On en ressort pas moins édifié et captivé par un film maîtrisé, rythmé et totalement immersif.

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Lynch est vraiment le roi des apparences. On peut littéralement passer à côté de tout son génie tant il nous perdrait avec ses faux-semblants, ses fausses exagérations, ses faux effets spéciaux ratés. A l'image de ce rouge-gorge final, horriblement laid et mécanique, mangeant un cafard dans la scène idyllique finale, censée nous représenter tout ce qui est rentré dans l'ordre, alors que le ver est toujours dans la fruit. Ou cette fausse naïveté qui se dégage de Jeffrey, le Kyle Maclachlan à son prime, qui se révèle à ses fantasmes les plus sombres comme l'Amérique à ses perversions les plus inavouées, en la personne de Dorothy Vallens (Isabella Rosselini, hypnotique et érotique au possible). A travers cette histoire de film noir, David Lynch montre déjà son talent indéniable pour filmer la tension sexuelle, entre tous ses personnages quels qu'ils soient, y compris entre Dennis Hopper et Maclachlan, rouge à lèvres à l'appui. La tension entre la haine et l'amour n'a jamais été aussi floue, ni aussi bien montrée, et les scènes de jour le disputent aux scènes de nuit pour représenter au mieux cette porosité. La richesse interprétative qui en découle n'a d'égal que l'impact émotionnel sur le spectateur, qui peut savourer le film sans forcément avoir besoin d'en comprendre toute la complexité.

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Reconstruisant pas à pas la mystique hollywoodienne américaine, John Carpenter proposait avec 'Big Trouble in Little China' une collaboration historique avec Kurt Russell : Jack Burton, l'anti-John Wayne au carré, plein de muscles en marcel blanc et gros camion, mais couvert de rouge à lèvres quand il embrasse le love interest, assommé par des pierres qu'il a lui-même troué au plafond avec ses propres balles au début du combat, etc. Le film est une parodie de film de kung-fu, où des clans chinois stéréotypés s'affrontent dans le Chinatown de San Francisco, où la magie se confond avec de belles Chinoises aux yeux verts, et où des prophéties millénaires doivent s'accomplir, si ce n'était pour ce satané Jack Burton et sa troupe de bons Hong-Kongais.
Très drôle, ce film est surtout un joli crachat envoyé à l'industrie du film d'action des années 1980, critiquant les clichés virilistes, racistes et les facilités scénaristiques : le film montre un certain intérêt pour la culture chinoise, regardée sans réelle condescendance, par l'intermédiaire de costumes et décors soignés, et plusieurs répliques faisant mouche. Les USA sont moqués plusieurs fois, et ce faux patriotisme pointé du doigt, les Hong-Kongais étant contents et fiers de vivre sur la Côte Ouest.
Bref un très bon cocktail, de surcroît bien rythmé.

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Le gore et le côté dégueulasse est assumé ici, forcément on est chez le plus emblématique des films de Cronenberg. Seth Brundle, scientifique farfelu et sociopathe (quoique charismatique, puisque Jeff Goldblum), initie sa nouvelle petite amie de journaliste à sa géniale invention : le téléporteur. Mais après une étude réussie sur un babouin, Seth se téléporte lui-même... accompagné d'un invité indésirable, une mouche. Il va ensuite se transformer lentement, se déshumaniser, et sa quête va prendre une autre tournure : redevenir humain.
Ce n'est évidemment pas un pur film d'horreur : l'horreur est ici au service des réflexions de Cronenberg autour de l'humanité, de la limite entre la science et l'émotion, de ce qui fait de nous des êtres humains : de pures lignes de code génétique ou bien davantage ? Peut-on simplement désintégrer nos atomes et les réintégrer ailleurs ?
Par ailleurs, le côté très 'Métamorphose' de Kafka en fait probablement une des meilleures adaptations de la nouvelle : la transformation lente de Brundle a comme miroir le dégoût qu'il suscite chez le spectateur et chez sa compagne, qui pourtant ne cesse de vouloir l'aider.
De multiples clés de lecture sont possibles ici, ce qui rend le film riche, mais à déconseiller au moment de la digestion...

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Un des films qui incarne le plus les années 1980 : les musiques au sommet des charts pendant tout le film, les stores repliés, la sueur sur les fronts et les torses, la testostérone si appuyée que l'ambiance homoérotique y est évidente, et surtout Tom Cruise qui conduit des avions. Pour un film qui a à coeur de montrer l'aviation militaire, on ne peut pas dire qu'il s'y prend à moitié : le sujet est traité, et bien traité, le langage est complexe et l'histoire assez simple, la structure narrative même trop classique mais finalement la sauce prend. On ne peut que récompenser un film qui se donne les moyens de se prendre au sérieux.

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Michael Mann a la réalisation dans le sang, c'est une évidence. Tout est maîtrisé, de la lumière au rythme, des cadrages au propos. Il souhaite nous présenter le détective Will Graham comme un alter ego du serial killer qu'il traque : après tout, traquer quelqu'un n'est permis que quand on est flic...
Mais au-delà de cela, le film manque relativement de rythme : entre les musiques beaucoup trop envahissantes, les trop longs passages de discussions interminables, et passages d'action expéditifs et incohérents de la fin, on aurait préféré une application plus rigoureuse de ce que la structure promet.