Les meilleurs films de 2009 selon Marius Jouanny

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Jacques Audiard signe une oeuvre-somme sur le système carcéral français et son économie souterraine fortement liée à celle des banlieues françaises. Ce, pour deux raisons : d'une part pour sa précision documentaire remarquable étayée par une narration qui permet de déballer l'attirail de détails signifiants sans que le rythme du film ne s'enraye. D'autre part parce que la superposition de registres fait des merveilles, là où elle dessert quelque peu le propos de "Dheepan" par exemple. "Un prophète" est tout à la fois un film ancré dans le réel et un film poétique sur la culpabilité d'un homme et son audace presque surnaturelle pour transcender sa condition. En cela, s'il reprend presque l'architecture narrative des films de Scorsese sur la montée sociale des mafieux (sans reprendre la deuxième partie qui en décrie la chute), il n'embrasse pas le registre mythologique pour lui substituer un onirisme surprenant et émouvant qui justifie pleinement le titre.

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Henry Selick est définitivement un maître orfèvre. Sorte de réécriture très personnelle du « Magicien d’Oz », son quatrième long-métrage déploie un univers en stop-motion de toute beauté. En son centre, Coraline vit plutôt mal son déménagement à la campagne, entourée de parents écrivains ne lui consacrant pas de temps, et de voisins étranges et asociaux. Le microcosme développé trouve alors un renouvellement, à la fois visuel et narratif, lorsque notre pré-adolescente trouve un monde parallèle derrière une porte miniature, où son propre monde est reproduit dans un mimétisme évolutif : elle y voit tout d’abord une idylle où ses faux parents lui accordent tous ses désirs, qui va bientôt virer au cauchemar.

La démarche de dédoublement du décor et des protagonistes entraîne une inventivité ingénieuse et un rythme au diapason. Tout cela transporte surtout des thèmes d’une maturité et d’une noirceur passionnante : on tient là un film d’animation qui ne ménage rien pour marquer tous les esprits. Séquestration, décomposition d’une vie ordinaire pour en révéler les aspects malsains, emprise affective morbide, Selick s’en donne à cœur joie, dans la pure tradition des contes pour enfants non-édulcorés. Et signe un travail de réalisation véritablement exceptionnel, entre effets de transition, mouvements de caméra virtuoses et une foule de détails à faire tourner la tête, notamment pour la scène du jardin enchanté. Du grand art, qui fait saliver sur les prochains projets du cinéaste, rare mais précieux dans le paysage de l’animation depuis « L’Etrange Noël de Monsieur Jack ».

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Mother m'a fait le même effet qu'en regardant Memories of murder : l'impression de voir un film génial mais laissant une impression tellement étrange que je ne parviens pas à l'apprécier à sa juste valeur. Reste qu'il y a quelques scènes d'une beauté à se damner, qu'un scénario un brin alambiqué n'occulte en rien.

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Note inchangée : 7.

Ce second visionnage confirme mes impressions d'il y a quelques années : Riad Sattouf parvient à toucher du doigt comme avec ses BD le malaise adolescent et à le tourner pertinemment en dérision. Certains aspects sont évidemment un peu exagérés, mais dans l'ensemble ça n'est pas caricatural et l'écriture fait souvent mouche. Certes l'interprétation des acteurs n'est pas toujours au top mais Vincent Lacoste est plutôt bon. Surtout, il parvient à donner un rythme et une consistance qui rend le format long-métrage bien adapté, ce qu'il parvient moins bien à faire avec son film suivant, "Jacky au royaume des filles".

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Ang Lee retranscrit l'esprit de Woodstock avec une sincérité réjouissante. Emancipation du cercle familial (avec des parents caricaturaux à souhait), découverte de la drogue, l'alcool et la sensualité ponctuent la vie d'Elliot durant ce film, le bouseux qui permit à l'inoubliable festival d'avoir lieu dans un pré de son village. Lee multiplie les hommages au documentaire sur Woodstock (écran splitté, présence de l'organisateur ultra-cool aux cheveux bouclés) et insuffle mine de rien à cette comédie un souffle comique salvateur. On regrettera de n'avoir rien vu et quasiment rien entendu des concerts de Woodstock eux-mêmes, une ou deux séquences de concert n'aurait pas été de trop, je pense.

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Il est amusant de constater à quel point "Mommy" est presque un remake de "J'ai tué ma mère" en nettement plus réussie. La mère et l'enseignante sont jouées pas les mêmes actrices, et le conflit mère-fils toujours aussi palpable. Il y a néanmoins dans ce premier film de Xavier Dolan des embryons d'émotion remarquables, de bonnes idées de mise en scène, mais on sent bien que le tout manque de maturité. Dolan tente des trucs et c'est déjà parfaitement respectable, surtout que certaines séquences sont très réussies. En même temps, j'ai moins accroché aux personnages et j'ai trouvé les acteurs moins convaincants, tout comme certains procédés un peu grossiers. Dans l'ensemble, c'est un film prometteur pour la suite de la carrière du réal, et ça me donne encore plus envie de voir "Laurence Anyways".