Les meilleurs films de 2014 selon chester_d

Annotation :

Entièrement fait de séparations et de seuils, Boyhood n'a jamais la prétention, l'arrogance de mettre en avant son côté "in vitro" (l'expérience consistant, on le sait, à récolter sur douze ans des fragments de la vie d'Ellar Coltrane).
Jusqu'à son dernier plan (ce seuil lumineux sur lequel se tient Ellar Coltrane, avant de prendre congé de nous, de sortir du film), Boyhood se règle sur le rythme d'un temps imperceptible, qui est celui dont on prend conscience en feuilletant les albums de famille. Sa réponse au "tempus fugit" est formulée dans l'évidence lumineuse du dernier plan et dans cette morale à deux sous, qui est aussi celle du film : "Ce n'est pas à nous de saisir le moment, c'est le moment qui nous saisit". Dans Boyhood, le temps vient nous saisir. Magie du dispositif élaboré par Linklater: les années d'Ellar Coltrane sont aussi les nôtres.

Annotation :

Grand film populaire qui se regarde d'abord comme on lit un roman dans le train. Mais à la deuxième vision, Gone Girl rejoint Eyes Wide Shut dans sa vision du couple comme fiction, dans sa façon d'embarquer un homme dans les fantasmes de sa femme. Etait-il possible d'imaginer que David Fincher - qui a commencé en réalisant l'horrible Alien3 - fît un jour un film si étrange et subtil?

Annotation :

L'autre grand film populaire de 2014. Un blockbuster fragile, déséquilibré, troué d'ellipses impensables dans un film d'un tel budget. Vieille fable de l'Amérique qui doit sauver l'humanité, racontée sur un mode à la fois épique (la vague!) et intime (les messages "from out of space" que reçoit Cooper). Seul Spielberg est capable de porter aujourd'hui des films d'une telle ambition. Nolan suit son chemin.

Annotation :

Passer le cap des premières scènes d'orgie, où Depardieu apparaît comme un roi de porcherie (derniers vestiges, peut-être, du royaume déjà déclinant de Go Go Tales?). Passer aussi les scènes de Rikers Island. Le coeur du film - à mon sens le plus beau de Ferrara depuis New Rose Hotel - se situe dans le huis-clos de la troisième partie, au moment où Mme Desvereaux (Jacqueline Bisset), entreprend, pour la dernière fois, de sauver l'honneur. Dans des scènes dignes de Cassavetes, qui baignent toutes dans une lumière irréelle (le jour n'entre plus ici), Desvereaux est soumis à une sorte de thérapie: on veut le sevrer, le désintoxiquer. Mais c'est trop tard. Une ambiance de fin de règne plane dans l'appartement luxueux où le monstre a été mis en quarantaine. La bête meurt. Et Depardieu finit en ballon crevé dans le dernier plan.
Revenu du chaos, Ferrara a depuis sorti le très consensuel "Pasolini". A ce film "de bon goût", je préfère l'agonie monstrueuse de Desvereaux, roi déchu qui veut jouir encore (comme Ray Ruby dans Go Go Tales) et contemple sa ville tristement, dans un monologue hallucinant.

Annotation :

"Sur mes refuges détruits
Sur mes phares écroulés
Sur les murs de mon ennui
J’écris ton nom
Sur l’absence sans désir
Sur la solitude nue
Sur les marches de la mort
J’écris ton nom
Sur la santé revenue
Sur le risque disparu
Sur l’espoir sans souvenir
J’écris ton nom" (Eluard, Liberté)

Film d'enfants-fantômes, Maps to the stars vient répondre à The Brood ("Chromosome 3", 1979). Les gourous (ici le Dr Weiss, incarné par John Cusack) continuent de vendre des thérapies de pacotille et leurs enfants sont des déchets, des monstres, au visage littéralement brûlé (Mia Wasikowska).
Maps to the stars est un film de moraliste, son objet est peut-être moins Hollywood que l'absence d'amour, vide sur lequel il est impossible d'"écrire son nom". Cette absence d'amour résonne froidement dans chaque scène: celle où l'on voit Olivia Williams fondre en larmes dans sa salle de bains, celle où le Dr Weiss massacre sa propre fille à coups de pied, celle où Benjie Weiss se rend à l'hôpital au chevet de l'une des ses fans, qui va mourir. Dans cette séquence, on remarque qu'un gros coeur se trouve accroché à côté du lit de la petite fille, on peut lire sur celui-ci cette phrase ironique: "We love you."
Ce "We love you" s'inscrit dans "Maps to the stars" comme un centre vide. L'incantation du poème d'Eluard, au lieu d'être un chant de révolte (ce que fut historiquement "Liberté"), est un appel vers le gouffre. Dans un monde "aux phares écroulés", Benjie Weiss et sa soeur finissent par s'allonger sagement "sur les marches de la mort". Fin à la fois paisible et admirable de lucidité: dans un ciel étoilé que personne - sauf eux - ne voit encore, ils acceptent de devenir des enfants-fantômes.

Annotation :

Petit héros de ce grand film, l'inspecteur Zhang suit une femme mystérieuse sur des pistes de patinoire. Cette femme - modeste employée de pressing - est la femme fatale de Black Coal.
Superbe variation autour du film noir (de ses figures) et du film de genre (le terrifiant tueur aux patins), Black Coal ne fait pas étalage de sa virtuosité: tout ce que le film invente (notamment une ellipse géniale, à la sortie d'un tunnel) ne donne jamais l'impression d'être en surplomb mais se situe toujours au niveau des personnages et de la Chine, dont l'histoire de Zhang vient s'ajouter aux fragments du plus imposant (et prétentieux) A Touch of Sin.

Annotation :

Voir ma critique ici: http://alphaville60.overblog.com/2014/12/sans-rancune-l-incomprise-d-asia-argento.html

Annotation :

Voir ma critique ici: http://alphaville60.overblog.com/search/l%27%C3%A9trange%20couleur%20des%20larmes/

Annotation :

Voir ma critique ici: http://alphaville60.overblog.com/2014/06/no-fun-palo-alto-de-gia-coppola.html

Annotation :

Voir ma critique ici: http://alphaville60.overblog.com/2014/02/du-style-the-grand-budapest-hotel-de-wes-anderson.html

Annotation :

Voir ma critique ici: http://alphaville60.overblog.com/2014/05/la-mort-de-juliette-binoche-godzilla-de-gareth-edwards.html