Les meilleurs films de 2015 selon jack-

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Je ne vois pratiquement aucun reproche à faire au film qui est d'une richesse inouïe :la solitude, la mégalomanie, l'épouvante, le grotesque, l'emprise psychologique, le corps, la fraternité et puis quel niveau d'interprétation des trois gu-gus ; ils sont époustouflants tous les trois.

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Sublime !

Je connais mal le cinéma de Garrel n'ayant vu que "la Jalousie" jusqu'ici. J'avais bien aimé à sa sortie mais ça ne m'avait pas non plus laissé une trace impérissable. Autant dire que j'y allais comme ça, curieux mais loin d'être conquis d'avance.

Cette fois-ci, je suis vraiment tombé amoureux du film, de cette temporalité étrange (on comprend rapidement que l'histoire se déroule à notre époque et pourtant il y a toujours cette étrange sensation de baigner dans un film, une ville du siècle dernier, le Paris des années 70 de "La Maman et la Putain", le même appartement ou presque). Amoureux du rythme si particulier, de ces personnages (de ces femmes surtout : j'avais déjà de la tendresse pour Clothilde Courau mais là elle est carrément face au rôle de sa vie). Son personnage m'a fait penser en tout cas à la phrase de Truffaut qui disait à peu de choses près que : "le cinéma c'était filmer le mystère d'une femme, d'une actrice".

Je ne vois rien à ajouter à ces 1H13, rien à ne retrancher non plus. L'histoire secondaire sur l'ancien résistant est brillante et fait sans cesse écho à la trame principale. La construction du film, à cet égard, est assez géniale.

C'est avec la dernière scène que le film a fini par me conquérir totalement : il y a un plan notamment qui m'a vraiment mis par terre, celui où Manon (Courau) baisse la tête, sanglote et demande à Pierre de la prendre dans ses bras ; celui-ci le fait et sourit pour la première fois du film et a cette phrase : "oh pardon mon amour... je t'ai mordu".

Décharge émotionnelle sans que je puisse l'expliquer. Je suis rentré chez moi quelques minutes plus tard dans un état quasi second, de plénitude totale, euphorique.

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On a tout dit sur le film et je me joins évidemment aux louanges ! Je crois vraiment que c’est un film qui restera, peut être celui que j’ai le plus envie de revoir au moment de faire ce bilan. C’est La Chevauchée fantastique par Miller avec l’impératrice Furiosa en John Wayne, l’histoire d’un aller/retour et d’une folle course poursuite dans le désert (celui de l’entertainment contemporain ? ) De la vitesse, du fun, des gueules… Un monde de fanatiques qui se font exploser pour aller au Valhalla, un monde où l’on démembre le chef suprême après sa mort. En plus d’être une brillante leçon de mise en scène (qui fera date), Fury Road est un film qui restera étroitement associé à notre époque.

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C'est (à mon sens) du même niveau que les plus belles réussites du studio : Toy Story 3 - Là-haut - Wall-E et en remontant plus loin Monstres et Cie & Toy Story.

Après parmi ces 6 films magnifiques, je garde une petite préférence pour les trois opus de Pete Docter. Ce mec me touche à chaque fois en plein coeur, propose les films les plus drôles et les plus émouvants du studio. La première moitié de Vice versa est vraiment chef d'oeuvresque, encore plus folle, brillante, drôle... un sommet ! Je trouve la fin (attendue), un peu moins convaincante : celles de Monstres & cie (qui est sans doute l'opus pixarien le plus proche de Vice versa : la tête de Riley remplaçant le placard de Bou )et Là haut m'ont marqués davantage. J'ai tout de suite en tête par exemple les deux plans finaux de ces deux films contrairement à celui de Vice versa. Mais je ne fais pas la fine bouche, c'est juste exceptionnel de trouver aujourd'hui un film d'animation d'une telle audace, d'une telle intelligence. Figurer la naissance de la mélancolie, ce n'est pas une mince affaire !

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C'est comme une sucrerie, j'en suis sorti vraiment heureux. La construction épistolaire du film est hyper ludique et a un charme fou, les acteurs et actrices aussi.

C'est un peu le versant comédie du Garrel. "Hill of Freedom" pourrait s'appeler aussi d'une certaine façon, "L'ombre des femmes". Et puis les scènes d'ivresse ; j'ai rarement vu un mec aussi bien les filmer et les faire aussi bien jouer à ses acteurs.

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Je connais mal le cinéma de Dupieux. Je n'avais vu jusqu'ici que Rubber, une belle baudruche. Sur 1/4 heure, ça se tenait à peu près mais sur une heure et demi, ça faisait très, très léger.

Là par contre avec Réalité, j'en aurai bien repris pour une demi-heure de plus.

Je me suis marré comme un petit fou : la scène de la clope notamment et des enregistrements de gémissement. Chabat est vraiment énoooorme. L'impression que ça fait au moins 15 ans que je ne l'avais pas vu aussi bon. Le film sinon est fascinant à tout point de vue : combien de niveaux de réalité ? (pendant longtemps j'ai cru qu'on était qu'à 2, les deux réalités se chevauchant par moment et la cassette aurait été la clé pour passer de l'une à l'autre). Bon la dernière demi heure nous montre que c'est un peu plus compliqué que ça mais ce n'est pas grave. Il y a une part d'esbroufe aussi évidente, de non sense, du plaisir que dégage l'absurde. C'est un film vraiment généreux en tout cas (et j'avais un gros a priori négatif sur le ciné de Dupieux précisément sur cette question). Content de m'être gourré. C'est aussi une fascinante variation de Mulholland Drive : hommage au cinéma, réalités déformés, rêves et cauchemars... Je vais voir comment je vais le digérer mais c'est bien possible qu'il passe à l'échelon au dessus prochainement.

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Presque 15 ans après Trafic de Soderbergh, Denis Villeneuve livre à son tour un grand thriller sur le monde des cartels. Je restais plutôt méfiant vis à vis de Villeneuve. Il avait ce côté manipulateur cynique où le poids du déterminisme écrase tout (Prisoners mais surtout Incendies). Ce n’est plus le cas avec Sicario grâce à un scénario particulièrement documenté et solide et à une mise en scène de l’action particulièrement impressionnante et immersive. La traversée de Juarez est l’une des grandes scènes de cette année, d’une tension insoutenable. Et puis il y a Benicio Del Toro, qui aimante chaque scène et nous emmène dans les tréfonds du Mal.

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Deux ans après A Touch of Sin, Jia Zhang Ke revient dans un film plus apaisé : un mélodrame puissant qui traverse le temps et l’espace : de la Chine industrielle de 1999 à l’Australie de 2025. Le film est je pense moins abouti, plus maladroit que son précédent mais peut être davantage émouvant. A travers une idée notamment que je n’avais encore jamais vu mise en scène de cette manière : un fils et son père qui ne parlent plus la même langue, ne peuvent plus communiquer entre eux alors que pourtant ils sont restés ensemble durant ces 20 années. Réflexion sur l’ancien et le nouveau, la transformation de la Chine, l’impact de la mondialisation, les choix décisifs qu’on est amené à faire tout au long de notre vie et qui peuvent s’avérer cruciaux voir irréversibles. Au-delà des montagnes offre peut être de surcroît la plus belle scène finale de cette année, la retenue et l’intelligence de la mise en scène à son zénith !

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Le boss est de retour. Je me rend compte qu’en grandissant, je réévalue toujours davantage le génie de Spielberg. La puissance classique qui émane de son récit, de sa mise en scène n’a que peu d’équivalents aujourd’hui. Tom Hanks en James Stewart des temps modernes est parfait.

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Très, très bonne surprise. Dans le genre et le temps d'un long métrage, ça remise à mon sens complètement une série comme "Real Humans" au placard.

J'ai beaucoup pensé aussi à "Under the Skin", ça m'a même davantage plu même si "Ex Machina" est sans doute beaucoup moins audacieux et abouti formellement. Deux choses sont particulièrement réussies je trouve : l'ambiance sonore et visuelle (cette idée d'une résidence totalement isolée du monde) et le personnage d'Oscar Isaac en docteur Frankenstein, génie narcissique, hipster sportif (grande scène de danse ). La part de mystère qu'il a en lui et sa relation avec Ava font le film à mon sens. Alicia Vikander est magnifique !

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Très content de retrouver l'univers de Desplechin, ça faisait bien longtemps que je ne m'y étais pas replonger. Le film est très littéraire, romanesque : c'est vraiment tout le contraire d'un cinéma naturaliste (et je ne me souvenais plus que c'était à ce point là chez Desplechin). Les interprètes sont tous très bons mais en particulier le jeune Quentin Dolmaire, que j'ai trouvé vraiment exceptionnel. Sa diction, ses sourires mélancoliques, son sens de l'idéalisme m'ont vraiment touché. Le film est foisonnant et très, très généreux : la 2ème partie en URSS haletante est formidable. Et que dire de la scène de la rencontre entre Esther et Paul !

J'ai trouvé la dernière demi-heure un peu moins remarquable (peut être un peu trop dans la répétition) même si j'aime beaucoup la toute fin. Desplechin parle en interview de "réconciliation", d'épiphanie heureuse, c'est exactement ça.

Ces films sont en tout cas vraiment d'une richesse inouïe, posent sans cesse la question de l'identité donnent beaucoup au spectateur mais avec pourtant une grande pudeur que dissimule la virtuosité du cinéaste. L'impression ici d'un retour impossible dans une époque, dans un lieu mais aussi paradoxalement l'impression que Dedalus (et Desplechin) n'ont jamais quitté Roubaix et ce début des années 90 ; qu'Esther est toujours là dans la tête, dans les souvenirs.

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C'est un documentaire qui nous permet de vivre dans les conditions du direct les révélations d'Edward Snowden sur les programmes de surveillance de la NSA. Le type est d'un charisme fou, l'oeil de la cinéaste avisé. En sortant de la séance, on n'en sait pas forcément plus sur ces fameux programmes de surveillance (un peu quand même en étant de bonne foi....) Mais en revanche, on a découvert le portrait nuancé d'un homme via ses choix moraux, on vibre comme dans un thriller paranoïaque et on se pose quelques questions nécessairement.

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Deuxième incursion dans le cinéma de Weerasethakul après Oncle Boonmee et je commence à m'y faire ! Dans le cinéma contemporain (et depuis la retraite de David Lynch), c'est sans doute l'un des seuls cinéastes à proposer encore ce genre d'expérience cinématographique (on pourrait peut être ajouter aussi Reygadas & Tsai Ming-liang mais je ne les connais pas encore assez).

Ici, il s'agit de suivre le quotidien de Jenjira, une femme veillant sur des soldats atteints de la maladie du sommeil dans un vieil hôpital à l'histoire ancestrale. Chaque lieu, chaque personnage a sa propre histoire, sa propre vie antérieure. Weerasethakhul propose de montrer Jenjira entrer en communication, communion avec chacun d'eux : un parc derrière l'hôpital, vestige d'un palais ancestral ; deux jeunes princesses fantômes ; un soldat endormi qui parle à Jenjira à travers une médium... C'est un cinéma très contemplatif, qui demande au spectateur de bien vouloir faire l'effort de rentrer dans l'univers proposé pour ensuite mieux s'y lover. On éprouve alors par moment des sensations très proches de celle du rêve notamment grâce à un travail remarquable sur le son : le film s'écoute au moins autant qu'il se voie.

http://www.youtube.com/watch?v=c8xZwLC9AZs

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Hacker est du pur Michael Mann : mêmes thématiques ; même esthétique ; même choix de mise en scène, d'ambiance...

Il n'y a pas de développement psychologique des personnages par exemple comme dans 90% des films américains aujourd'hui. Le perso principal se fait appeler "Ghostman" c'est pour dire.

Malgré la complexité de certains termes techniques employés, l'intrigue est très simple : c'est une série B avec des policiers, des terroristes et des pirates + une histoire d'amour clichée et attendue mais qui donne lieu à des plans à tomber à la renverse (- Spoiler : le plan final notamment est vraiment magnifique, il m'a fait beaucoup penser à celui qui clôturait Only lovers left alive l'année dernière) - .

C'est le gros point fort du film, esthétiquement c'est une merveille, les personnages pètent la classe de partout. Aram parle de "drame plastique hollywoodien" dans sa critique hyper élogieuse du film, ça me semble assez juste.

Parmi tous les précédents films de Michael Mann, c'est clairement de Miami Vice qu'Hacker est le plus proche.

Et si ça peut rassurer et donner encore davantage envie (si tu es dans le même cas que moi), je n'aime pas du tout Miami Vice. Du moins, à sa sortie, je n'avais vraiment pas apprécié - me sentant absolument jamais concerné par l'histoire. Mais là j'ai vraiment bien aimé Hacker et ça m'a vraiment donné envie de réévaluer Miami Vice.

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Le film n'est pas sans défaut : un épilogue tire-larmes où les choix de montage ne sont pas toujours très heureux (on s'éloigne trop souvent et trop longtemps de la montagne) mais aussi beaucoup de qualités : une histoire très efficace, un casting de barbus impeccable, des images et effets spéciaux superbes. C'est un très, très chouette divertissement où l'on vibre avec chaque protagoniste ou l'on ressent la rudesse et la terrible supériorité de la Nature sur les hommes.

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Même si le tout est un peu désuet, quelques scènes sont de trop (l'humour ne fonctionne pas toujours super bien) mais heureusement il y a aussi quelques moments sublimes : les scènes de marivaudage sont particulièrement réussies par exemple. Et puis même si je connais très mal la filmo de Boorman, on sent rapidement que c'est un film testamentaire, son dernier, celui où il filme avec le plus de simplicité ce qui est pour lui le plus essentiel : l'amitié, la naissance de l'amour, la famille, l'opposition au système. J'ai vraiment un gros, gros faible pour les films testamentaires. L'année dernière j'ai été gâté avec Miyazaki, Takahata & Tsai Ming-Liang. C'est aussi pour ça entre autre que j'adore autant Eastwood qui a bien dû faire une dizaine de films testamentaires depuis Impitoyable .

Queen & Country est une sorte de suite non-officielle de Hope & Glory que Boorman a réalisé il y a 28 ans.

Hope & Glory suivait l'enfance de Bill pendant la guerre 39/45 (le premier plan de Queen & Country y fait référence d'ailleurs). Le personnage du père de Bill est joué également par le même acteur. Il y a aussi toutes ces références à l'adultère de la mère pendant la guerre avec le voisin qui est au coeur apparemment de Hope & Glory.

Le dossier que consacre Positif à ce nouveau film et Boorman est assez passionnant. On y apprend notamment que Hope & Glory aurait dû être suivi par tout un tas de suites consacré à certains personnages secondaires mais que finalement toutes sont tombées à l'eau sauf donc Queen & Country qui suit l'entrée dans l'âge adulte de ce même Bill, son service militaire, ses premiers émois amoureux, son refus de l'autorité...

Hope & Glory et Queen & Country sont aussi largement inspirés de la propre vie de Boorman pendant ces années. C'est deux fictions mais avec énormément d'éléments autobiographiques.

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Beau film dans la lignée de "Virgin suicides" où l'on suit le destin de cinq soeurs recluses dans la maison familiale le temps d'un été sur les bords de la Mer noire. La réalisatrice dont c'est le premier film évite le pur naturalisme, choisit la voie de la fable, du conte mais aussi ose la contemplation de ses jeunes héroïnes, belles, jeunes et solaires. Elles dégagent une sensualité de tous les instants dans une société où l'ancien et le nouveau s'affrontent violemment.

Certains personnages (l'oncle par exemple) sont définis peut être de manière un peu trop unilatérale, le personnage de la grand mère en revanche est beaucoup plus ambigüe et intéressant. L'introduction et la conclusion du film sont particulièrement émouvantes et remarquables en forme d'éloge de l'éducation face à l'obscurantisme.

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C'est vraiment pas mal en effet. ça m'a beaucoup rappelé deux choses, le cinéma de Carpenter (d'ailleurs plus précisément Gus Van San cross Carpenter) et puis Under the Skin, sorti l'année dernière, l'ambiance y est très similaire par moment.

Il y un truc que j'ai particulièrement aimé c'est son côté imprévisible à l'exception - Spoiler : peut être du beau voisin aux cheveux longs qui se fera nécessairement zigouiller) - . Pour le reste Robert Mitchell réussit à distiller une ambiance tout à fait stupéfiante. J'ai été très impressionné notamment par son sens du cadre : variation des échelles de plans, travail sur le hors champ et ce travelling circulaire en milieu de film

Je n'ai pas trop le temps de développer malheureusement mais une dernière chose peut être, ça m'a vraiment foutu les jetons et pas seulement sur le moment mais dans les minutes qui ont suivi la sortie de salle.

Je m'en doutais déjà avant d'y aller. L'idée de base : être suivi par un inconnu protéiforme qui veut du mal ; est un truc qui a déjà traversé quelques uns de mes cauchemars.