Les meilleurs films de 2020 selon Toshiro
46 films
créée il y a presque 5 ans · modifiée il y a environ 2 moisWaves (2019)
2 h 15 min. Sortie : 29 janvier 2020 (France). Drame
Film de Trey Edward Shults
Toshiro a mis 8/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.
Annotation :
De Douglas Sirk à Euphoria (même chef op' ici), il y a un fossé. Et pourtant, dans le genre travail de bourrin esthétique et mélodramatique, il y a une parenté. Trey Edward Shults, qui ne m'avait pas convaincu avec son précédent essai, le prouve ici. Et qui plus est avec finesse et endurance ! Ce qui me donne envie de rajouter, dans la liste des trucs proches : WKW, Foxcatcher, Moonlight et American Honey.
Histoire d'ados vue et revue, Waves a pour lui deux arguments de poids : l'hyper-sensualité de sa mise en (audio)images et le flux, d'une maitrise remarquable dans ses surchauffes et trous d'air, de sa narration. Chose difficile à isoler du reste d'ailleurs, tant écriture, direction d'acteur, chorégraphie de la caméra, scénographie, changements de format et immersion sonore, fonctionnent de façon très organique.
Première grosse partie : ça sature dans la séduction façon rouleau compresseur. Image, rythme, intensité : le rêve américain, pour lequel il faut se battre sans répit (surtout si on est pas de la bonne couleur), est un sergent instructeur impitoyable ! Façon de vivre au-dessus de ses moyens et programme qu'on exécute au poil de cul près. Un raté pour Tyler, l'humain dans la machine, et tout déraille. Tapis tragique => exclusion hors-champ, et paysage de dévastation au centre. Et le redémarrage du film qui suit : la preuve d'un sacré savoir-faire dans la direction émotionnelle du spectateur.
Des dilutions de la fonction sujet, on en voit pas souvent, et réussies encore moins. Changement de référent donc, et avec lui, comme il se doit, de presque tout notre rapport à la diégèse. La monde, la vie, le temps : tout remis en cause. Balèze comme Shults prend alors son temps, observant avec pudeur les débris éparpillés d'une famille brisée, dans sa période de deuil, puis revenant progressivement les uns vers les autres, autour du vide laissé par Tyler. Ce par le biais d'un espèce de transfert/déplacement à la marge (de Tyler à Emily) et dans une parenthèse très Nouvel Hollywood (la route, toujours).
Effet d'écho mécanique sur le papier (le deuil avec le père de Luke), mais exécuté avec tellement de soin ! Question d'actrice et de dosage sans doute : dans le temps accordé à chaque étape, dans la correspondance entre certaines images (Emily en pietà), et le sens nouveau qui en jaillit (oui, Emily était bien là pour son frère). Chapeau !
Faire preuve de sensibilité est une chose, la communiquer avec justesse, surtout dans le mélo, en est une autre.
Mosquito (2020)
2 h 02 min. Sortie : 22 juin 2020 (France). Historique, Guerre
Film de João Nuno Pinto
Toshiro a mis 8/10, l'a mis dans ses coups de cœur et a écrit une critique.
Mank (2020)
2 h 11 min. Sortie : 4 décembre 2020. Biopic, Comédie dramatique
Film de David Fincher
Toshiro a mis 8/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.
Annotation :
Le cirque hollywoodien achève sa numérisation, et David Fincher, dans une de ses marges devenue prototype exemplaire, poursuit sa petite entreprise solitaire et laborieuse. Se "classicisant" sur la forme et rejoignant par là les "Allemands" qui avaient commencé à déniaiser le Hollywood du Code Hays dans les 40's-50's : Lang, Von Sternberg, Lubitch, Wilder, Preminger et autres Mankiewicz...
Précision des cadres/compositions et transparence/rythmique du montage prennent le pas sur quasi tout effet stylistique, hormis quelques afféteries fétichisant les films des 30's-40's. C'est désormais la distribution et le tempo de la parole les éléments moteurs, jusqu'à l'ivresse et le largage éventuel du spectateur.
Sur le fond, ça s'assagit tout en se faisant plus pointu, gris, et encore une fois exigeant pour l'audience. Ni contextualisation ni pédagogie donc, mais connivence et évocation pour un film dont le(s) sujet(s) se dérobe(nt). À la place de son cœur, un peu comme le fameux Rosebud ou le tueur du Zodiac, se cache une sorte de trou noir.
Dans le rôle du puppet master : William Randolph Hearst. Et tout le film de tourner autour de la relation de Mank à ce dernier à travers une série de vas et viens temporels et d'intermédiaires : pantin méprisé (Mayer) ou collabo respecté (Thalberg), adversaire chevaleresque mais peut-être aussi double avec 30 ans de moins (Welles) ou encore dulcinée ayant un peu le même rôle pivot que Rooney Mara dans Social Network.
Centre d'un triangle amoureux pudique, Marion Davies articule un peu toutes les lignes narratives et intentions derrière le scénario du père Jack. À l'arrière plan, une histoire de cœur platonique : Mank et Davies sont avant tout deux esprits qui se reconnaissent. Seulement, l'époque ne joue pas en faveur de Davies, esprit se débattant en vain avec son image.
Mank, lui, à une marge de manœuvre et les moyens d'agir, mais il faudra tout le film pour lui donner un mobile. Soit le scénario de Citizen Kane comme contre-histoire fictive mais "vraie" face au storytelling (et rewriting) du "réel" par le système. Une genèse du cinéma de complot qui commencerait dans le cinéma, donc, mais dévoilé par le fou du roi, le contre-pouvoir toléré voire même en partie créé par le système - qui sait comme Fincher le pouvoir de la séduction.
Puis, dernière le cynisme, la tendresse du portrait, rarement aussi apparente qu'ici chez Fincher, décidément immense directeur d'acteurs !
Dense, n'appuyant rien, presque lumetien.
Uncut Gems (2019)
2 h 15 min. Sortie : 31 janvier 2020 (France). Thriller, Drame
Film de Josh Safdie et Benny Safdie
Toshiro a mis 8/10.
Annotation :
Ahhh, la polysémie d’une pure image de cinéma : soit cette béance dans laquelle s’engouffre la caméra des Safdie, puis en ressort pour au final y replonger, vers l’infini et bla bla bla. D’abord trou de verre permettant un raccord spatio-temporel de l’Ethiopie de 2010 au NY de 2019, puis colon métaphore du mal qui ronge Howard, l’homme 2 fois trou d’balle, incontinent verbal et argentifère (cf. le rôle de sa fille au théâtre), et enfin porte ouverte sur le mystère (proprement cosmique) de l’appât du gain au fondement du capitalisme.
Principal enjeu du film : tenter de suivre Howard et sa façon de miser au carré voire au cube sur l’argent qui passe (et ne fait jamais que passer !) entre ses mains. Le mec ne capitalise pas, il fait des montages financiers, tous plus virtuels les uns que les autres, et des étoiles dans les yeux à chaque fois. C’est aussi un junky incurable doublé d’une anguille, capable de glisser entre les pognes de tous ses créditeurs aux trognes du cru bien vénères, lors de scènes aux joutes verbales tous azimuts au centre desquelles il siège pourtant tel trou noir, avalant tout, retournant tout à son avantage, enfin toujours temporairement...
Autant dire que le truc est assez épuisant : sorte de survival dialoguiste qui, lorsque qu’il se pose enfin dans une simili unité de lieu et de temps (lorsqu’Howard tente de bloquer sa mise et ses adversaires le temps nécessaire à un pari), trouve le moyen de démultiplier son action par trois. Au montage parallèle entre le bureau d’Howard et son amante missionnée à l’autre bout de la ville s’ajoute ainsi le match de basket sur lequel toute l’opération repose.
Puis cette fin, retournant une dernière fois le film comme une chaussette tout en bouclant notre voyage sous amphet' dans le terrier de l'Oncle Sam. Ou les fondations psycho-sociétales malades des USA, et notamment son mythe fondateur : le self made man misant sur sa bonne étoile contre vents, marées et principe de réalité s’il le faut !
Le reste relève des qualités habituelles des Safdie : du cinéma façon cocotte-minute, petit miracle de narration de par la quantité de matière en ébullition (cette fois dans un 35 mm presque sobre signé Darius Khondji) que parvient à juguler le montage de Ben Safdie et Ronald Bronstein - le 3e membre trop peu cité de la Safdie team, aussi au scénario avec les frangins. Docu, impro, BO, photo et casting complètent la liste des louanges.
Peut-être un peu long ceci-dit.
Madre (2019)
2 h 09 min. Sortie : 22 juillet 2020 (France). Drame, Thriller
Film de Rodrigo Sorogoyen
Toshiro a mis 8/10.
Annotation :
On dira que je suis un peu obsessionnel mais, une fois de plus après Parasite, je vois ici Entre le ciel et l'enfer de Kurosawa. Enfin ici dans le prologue, lequel est apparemment, à la base, un court-métrage de 2016 que Sorogoyen aura fini par compléter, d'une façon pas franchement à la Kurosawa d'ailleurs. Mais il y a bien cette coupure et cette façon de presque recommencer son film après celle-ci.
Donc du tendu et confiné d'abord, avec un usage du combo grand angle/plan séquence comme j'aime : c'est l'apocalypse dans la vie d'une mère qui se voit arrachée hors-champ, en gros, sa raison de vivre. Et puis l'après, et ce gros vide que le grand angle, encore, exprime si bien dans ses paysages si... heu, expressifs, genre tableau romantique, mais pas non plus grossièrement symbolique comme ça a pu être dit. Enfin pas pour moi en tout cas. Puis la photo est vraiment chouette. Et l'histoire des deux émotifs anonymes d'être traitée de la même façon, sur une espèce de ligne de crête se gardant bien de tomber dans tous les travers que cette histoire pourrait appeler. Et on les voir venir, tous ! Mais non, tombe pas !
Pis le reste, ben, faut avouer, j'étais tellement à fond avec le personnage d'Elena que j'ai un peu de mal en dire quelque chose de pertinent, si ce n'est que l'empathie était maximale. Et que, décidément, ces personnages dont les émotions peinent à s'épancher, alors même que le film n'est que ça, une sorte de mélo mais en mode mineur, voire souterrain, bah, ça s'imprime en moi assez fort. Pour le dire grossièrement, on est passé de Kurosawa à Naruse. Chapeau pour ça.
Juste pour dire, sinon, comme ça : niveau structure presque musicale, je veux dire dans l'encéphalogramme des hauts et bas de tension, c'est assez proche d'El Reino, enfin en tout cas dans la gestion des climax émotionnels, qui arrivent à peu près au même moments que ceux de tension d'El Reino. Peut-être aussi du fait de l'usage du plan séquence dans ces moments. Mais bon, on sent une vraie patte de storyteller alors que les films s'opposent sur presque tous les autres plans.
Très beau film donc. Et je dis ça alors que j'ai du mal, d'habitude, avec le jeu à la française, mais pas trop là, bizarrement. Le Call Me By Your Name de cette année de merde ?
Vivement le prochain Sorogoyen en tout cas !
Adieu les cons (2020)
1 h 27 min. Sortie : 21 octobre 2020. Comédie dramatique
Film de Albert Dupontel
Toshiro a mis 7/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.
Annotation :
Qui l'eût cru ? Voir un petit frenchy gentiment romantico-anar se faire l'héritier d'un certain âge d'or de la comédie hollywoodienne - en tout cas de son "génie" de la narration. Autrement dit, ça va à 100 à l'heure et ça enchaîne les idées (de filmage, de montage, de composition, de transition, de situation, d'écriture visuelle, etc.) comme on enfile des perles.
Et puis on sent le mec qui aime filmer et bien filmer, sans que ce soit gratuit, m'a-tu-vu ou "boursoufflé" pour autant. Non ! C'est "juste" du cinéma, avec tout le vocabulaire qui va avec, jusqu'à la musique de Christophe Julien qui, parfois, mariée avec un plan en pure plongée, me faisait me dire : "putain mais on dirait presque une séquence de Joe Wright calée sur une musique de Dario Maranelli !"
Autre point appréciable et encore assez peu vu : cette façon d'aborder les technologies du numérique par le biais du burlesque. Je ne me souviens pas d'avoir vu ça (et je me trompe peut-être) depuis les derniers films de Brad Bird. Bon, on n'ira pas jusqu'à dire que le résultat est aussi virtuose... Mais rien que cette idée d'un hack (la scène des ascenseurs) revu et corrigé façon happening/performance en live, et qui plus est reformulant un grand classique du mélo des premières heures ! - bah... franchement, fallait le faire, même si c'est pas non plus complètement incarné à l'image.
Le reste, c'est des personnages croqués comme de la BD et en même temps vraiment incarnés, écrits et joués. Virginie Efira n'y est pas pour rien non plus. Bel équilibre donc, et très payant puisque permettant souvent au film de jouer sur plusieurs tons à la fois, sur une partition elle aussi très bien équilibrée entre humour noir (celui des trop naïfs pour ne pas en vouloir au monde d'être aussi merdique) et romantisme d'un autre âge (celui de Chaplin), satire relativement féroce (qui ne plaira pas à tout le monde) à la tendresse (du vieu con laissant échapper une larme).
Enfin un réal français pour moi !
Invisible Man (2020)
The Invisible Man
2 h 05 min. Sortie : 26 février 2020 (France). Épouvante-Horreur, Science-fiction, Thriller
Film de Leigh Whannell
Toshiro a mis 7/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.
Annotation :
Première réaction, à chaud et donc un brin exagérée : l'impression que Hitchcock aurait simulé sa mort, et trouvé le moyen de se rendre invisible durant des décennies, pour finalement signer ce film, sous le pseudo de Leigh Whannel...
Blague à part, entre le perso de faux coupable, la maison, son cadre et son architecture particulière, la scène du couteau qui accuse la propriétaire de la main dans laquelle il atterrit comme par magie, et plus généralement cette direction du regard du spectateur, il y a de quoi penser que le réalisateur du déjà très sympa Upgrade a étudié Hitch.
Et c'est sans parler cette idée assez géniale, consistant à utiliser le concept de l'homme invisible pour donner une forme de pur cinéma au parcours post-traumatique d'une victime de maltraitance, et au-delà au fameux male gaze. Un male gaze qui devient une sorte de panoptisme terrifiant, une prison de la transparence d'abord (avec cette antre du cyclope remarquablement mise en scène dans le prologue), et puis une menace à la fois nulle part et partout, parce que hantant métaphoriquement et littéralement Cecilia.
Ou comment reformuler le mythe de l'homme invisible au croisement de Mabuse et de The Thing (sa première partie, quand la chose est à la fois dans l’œil de la caméra flottante de Carpenter, et partout dans l'image), le tout au prisme du regard de la victime, hantée par son trauma comme par un fantôme. En terme d'articulation entre son concept de genre et ce qu'il s'agit de raconter, on tient là quelque chose d'assez remarquable, très organique, pour un résultat semblant "évident - ce qui n'a rien de facile à produire !
Et puis il y a l'exécution, à peu près aussi sobre qu'efficace et percutante (cet usage du motion control, bon sang !). Soit les qualités de la série B affutée d'un côté, et la profondeur de cette forme pleine de sens de l'autre. Whannel semble d'ailleurs savoir son projet assez parlant en lui-même pour ne pas se sentir obligé d'en rajouter des couches en commentaires dialogués. C'est à peine si la question du viol est abordée, et pourtant elle est là, partout, diffuse.
La menace potentielle que représente le corps d'un homme pour une femme se révèle alors dans toute son ampleur, et paradoxalement par son effacement. A l'inverse, redevenu visible, l’antagoniste déçoit presque, ce qui est parfaitement cohérent dans le parcours de Cécilia, un exorcisme presque.
Petit manque de puissance vers la fin sinon, qui passe derrière Gone Girl aussi...
Le Cas Richard Jewell (2019)
Richard Jewell
2 h 11 min. Sortie : 19 février 2020 (France). Biopic, Drame, Policier
Film de Clint Eastwood
Toshiro a mis 7/10.
Annotation :
Un bureau de redac'chef, des stores vénitiens, et, en contre-champ, le visage d'Olivia Wilde zébré par cette alternance d'ombre et lumière. Ou comment Dirty Clint réinvestit un vieux motif de film noir pour portraiturer le système médiatique ricain moderne, non plus comme 4e pouvoir, tuteur vigilant de la plus vieille démocratie du monde, mais désormais comme 1er pouvoir passant le "réel" au filtre d'un principe binaire, manichéen, celui qui fait du bruit, puis ensuite fait son taf. Mais trop tard, le "sur-réel" a déjà remplacé le "réel" façon bodysnatcher.
De quoi revoir et corriger le comon man à la Capra, désormais soit "saint", soit "savage", en tout cas toujours caricature. Enfin sans compter le sens de la nuance du vieux libertarien, l'esprit critique toujours aussi virulent, y compris vis-à-vis de son anti-héros - quand bien même il le dépeint avec la plus grande tendresse. Autant dire qu'une fois encore, Eastwood appuie là ou ça fait mal : ce monde des images à travers lequel chacun voit l'autre dans une version dégradée OU sublimée, matrice et machine à créer du fantasme, toujours plus de fantasme, du KABOOOM, sans lequel on s'emmerde grave.
Face cette logique hystérique et à œillères, redoutablement incarnée par le personnage d'Olivia Wilde (un vrai perso de ciné !), Eastwood pose celui de Paul Walter Hauser : son corps de nounours, son zèle flippant, sa naïveté dangereuse, et sa gentillesse dont on ne sait que faire. Va donc te situer par rapport à ce mec ! Et puis, il y a Sam Rockwell, par lequel Eastwood s'exprime sans doute le plus. Soit moins par des grands discours que par des remarques aussi cinglantes que pertinentes. Le comon sens de la tradition, transformé en venin. Bref, du classique, mais comme repolie/aiguisé au contact du contemporain.
A ce titre, il faut remarquer la photo (quasi fincherienne) et les mouvements d'appareil d'Yves Bélanger. On est pas loin de The Papers de Spielby. En tout cas Eastwood à clairement en tête le cinéma de Pakula. Puis cette obsession d'Eastwood : l'impossible adéquation entre l'homme et ses images. Lesquelles pèsent ici une tonne sur le dos d'un mec qui, dans un autre contexte (au hasard, l'Allemagne des années 30) aurait peut-être porté avec fierté un autre genre de tuniques brunes... De quoi relire d'une assez étrange façon l'expression "être au bon endroit au bon moment"...
Donc, voilà. Comme d'hab' avec Dirty Clint, un film qui laisse son spectateur penser, pour le pire et le meilleur.
Les Filles du docteur March (2019)
Little Women
2 h 15 min. Sortie : 1 janvier 2020 (France). Drame, Romance
Film de Greta Gerwig
Toshiro a mis 7/10.
Annotation :
Pas trop ma came de base, pour un film relativement plaisant au final. La note d’intention énoncée par la plume de l'auteur ici ré-adapté est respectée : dans sa "dialectique" avec le drame, la gaieté l'emporte d'une courte marge. La vitalité, l'optimisme et d'une certaine façon (méta) la fiction sur le réel aussi. Une très légère saveur douce-amère demeure, mais l'idéalisme est plus fort que tout (y compris la photo, qui manque de caractère à mon goût !).
La vie de cette famille paraît une bulle hors de son époque, ce qui est évoqué un moment : la bonté et l'exemplarité de ces gens auront fleuri grâce à l'entretien de Mamy la rentière ! Constat auquel il faut ajouter la situation "géographique" : Concorde, Massachusetts, la ville d'Emerson, pape de la philosophie ricaine, qui se sera constituée dans le Nord-Est des USA, sa bourgeoisie, sa culture européenne, son sentiment d'infériorité vis-à-vis de cette même Europe, à peu près équivalent à son élitisme intellectuel vis-à-vis du reste du pays (un peu comme comme la scène artistique newyorkaise avec Hollywood...).
Du coup c'est rayonnant, presque trop à mon goût, tant j'ai l'impression de voir du anti-dickens, ou du Sofia Coppola. Sous des airs de classicisme, le film de Greta Gerwig demeure en fait dans la lignée d'une certaine culture indie branchouille. Lady Bird ? Assurément ! Avec cette même confrontation entre arrogance culturelle et réalité matérielle Ce qui n’empêche pas la narration d'emporter le morceau via un découpage, souvent pertinent (y compris quelques jolis raccords), d'autres fois un peu agaçant, mais assez systématique à la longue. Puis il y tout ce truc autour de l'écriture, raison d'être de Jo et cœur vibrant du film !
Ce qui parle le plus ici, ce sont les acteurs. On sent a quel point Gerwig aime cette espèce. Et sa troupe le lui rend bien, de même que le montage de chaque scène les met en musique, en quelque sorte. Du coup, force est de le dire : Ronan, Chalamet, Derne et surtout Pugh font un sacré taf (j'en dirais pas autant de Watson). Ceci dit, gare à la redite : Ronan comme Chalamet le font peut-être avec une petite cuillère en argent, mais ils creusent un même sillon depuis maintenant quelques temps. J'dis ça, j'dis rien. Pugh, en revanche, témoigne à mon sens d'une palette allant en grandissant. Puis niveau charisme, c’est moins papillonnant mais plus concentré, et puissant !
Quant à Gerwig, on va continuer à suivre sa carrière, tranquiloubilou.
La Traque (2020)
Sanyangeui Sigan
2 h 14 min. Sortie : 23 avril 2020. Thriller, Action
Film VOD (vidéo à la demande) de Yoon Sung-Hyun
Toshiro a mis 7/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.
Annotation :
Des petits problèmes typiques des 2-3 premiers films d'un réalisateur : à savoir un final qui se serait bien passé de son dernier mouvement, des flashbacks inutiles, des longueurs et une BO qui surligne un peu trop les choses.
Le reste est une belle surprise. On est sur les rails habituels du ciné de genre coréen à vocation commerciale et exportable, donc du polar/film d'action/thriller tendu, graphique et violent. Entre la veine "friekinienne" de Na hong-jin et une palanquée d'enfants dégénérés (et surtout lassants) de Tarantino, Yoon parvient cependant à imprimer une griffe un peu singulière.
Michael Mann (le braquage et l'épilogue, refus de l'ironie et horizon romantique) et John Carpenter (sens du Scope, esthétique des ruines du capitalisme) sont ses deux parrains, mais digérés dans une forme de maniérisme abstrait à la Melville (étirement du temps, désertion humaine du cadre), flirtant presque avec le fantastique. C'est le grand méchant, cousin de Michael Myers et du Terminator, dont l'aura grandit avec l'utilisation minimaliste de son acteur : moins on le voit, plus il prend de place dans le cadre et dans les esprits.
Un vrai film de trouille en un sens, tant Yoon appui les réactions sidérées de ses jeunes héros, rejouant comme ça la partition des Chasses du compte Zaroff dans un décor de friche industrielle à tous les horizons. Le cadre est sobrement futuriste, évoquant une Corée réduite à son squelette économique, le politique disparu (ou alors bouffée par Samsung ?) et la population soit disparue (couvre-feu ?) soit prisonnière et vaguement gueularde, sans trop y croire.
Un léger regret toutefois par rapport à l'usage permanent des longues focales : ça sert une esthétique du flou, nourrie l'ambiance paranoïaque et participe à l'aura du tueur, certes, mais c'est un peu systématique. Les yeux s'en fatiguent et le rapport à l'espace perd en viscéralité et immersion physique ce qu'il gagne en abstraction et texture spectrale.
Vrai plaisir donc, pour un film finalement assez malin dans sa façon de creuser son trou dans un genre et un type de production locale aujourd'hui très normé. En espérant que le réalisateur parvienne à émerger de la masse des artisans impersonnels de l'industrie du cinéma coréen...
Nina Wu (2019)
Zhuo Ren Mimi
1 h 42 min. Sortie : 8 janvier 2020 (France). Drame, Thriller
Film de Midi Z
Toshiro a mis 7/10.
Annotation :
À revoir d'ici peu.
Relic (2020)
1 h 29 min. Sortie : 7 octobre 2020 (France). Drame, Épouvante-Horreur
Film de Natalie Erika James
Toshiro a mis 7/10.
Annotation :
Un peu de Shining et d'Alice, un soupçon d'Inferno, quelques gouttes de bave d'Aliens, le tout sans trop de moyens mais avec de l'idée, du vécu (enfin je suppose) et une certaine maitrise dans la (relative) sobriété : voilà un chouette petit film.
Lequel part d'une peur, que dis-je, d'une gène, d'une angoisse, quelque chose de difficile à mettre en mots, et relativement tabou avec ça, un truc donc qui fait un bon sujet de film d'horreur, bien enraciné dans le réel, le tangible, voire même l'organique, et qui marche plutôt très bien sur moi.
Ça dérape un peu dans le climax (la baston hein, pas le labyrinthe), mais l'épilogue, joliment gênant, rattrape fort bien la chose. On pourra reprocher au film d’être à la fois trop explicite (dans sa métaphore) et abscons (si on lui demande plus que cette métaphore) mais ça reste bien joué, presque inédit à ma maigre connaissance en la matière, et même la photo complètement désaturée, aussi lassante soit-elle, trouve son sens.
Et puis pour un premier long en plus, bien bien.
Un soleil (2019)
Yangguang puzhao
2 h 36 min. Sortie : 24 janvier 2020 (France). Drame, Policier
Film de Chung Mong-hong
Toshiro a mis 7/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.
Jojo Rabbit (2019)
1 h 48 min. Sortie : 29 janvier 2020 (France). Comédie, Drame, Guerre
Film de Taika Waititi
Toshiro a mis 7/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.
Annotation :
Évacuons tout de suite les références, histoire de trianguler le truc : il y a du Roberto Benigni, du Wes Anderson et du Allemagne Année Zéro dans ce Jojo Rabbit moins subversif mais aussi plus pensé et sincère qu'il en avait l'air dans sa promo.
Enfin, subversif... franchement, on commence à le connaître le numéro. Je n'attendais en tout cas pas un truc politiquement incorrect, et le film ne l'est pas. Ce qu'il est en revanche, c'est une sorte de fable enfantine, un équivalent de certains albums racontant l'Histoire des Grands tout en essayant de préserver, au moins jusqu'à un certain point, l'innocence des petits. Le film pourrait en tout cas fournir un bel outil de travail aux profs.
Là où ça devient intéressant, c'est que la monstruosité à ici élue domicile dans l'innocence de Jojo. C'est un enfant de son âge qui interprète le mythe du "Jude maléfique" comme celui des Trolls, Croquemitaines et autres Ogres de contes. Occasion pour Waititi de pasticher les codes de l'horreur tout en démontant malicieusement la mythologie nazie, moquée façon dessin de presse - autrement dit avec une éloquence qui rend superflue toute dissertation.
Et puis... paf ! Au milieu du film, une paire de chaussure entre dans le champ par là où la vie qui les habitait s'est envolée... Et hop, sans filtre aucun cette fois (sauf la cruelle délicatesse de la mise en scène, toute en litote et métonymie), le monde des Grands fait une percée bien traumatisante dans l'univers de BD de Jojo. La suite du film perd en personnalité ce qu'elle gagne en 1er degré. La deuxième partie éclairant rétrospectivement la première, comme s'il s'agissait de nous montrer ce qu'on avait sous-estimer et pas assez chéri. Derrière la malice, la tendresse. Et l'Histoire, une histoire.
Des personnages en or donc, ainsi qu'une écriture plus mature qu'il n'y parait. Reste bien sûr quelques lourdeurs (de style, quelques tropes bien hollywoodiens) vers la fin. De même les emprunts à Wes Anderson posent question... Mais pour le reste, à mes yeux, le coté bulle dialoguant avec le réel et le traitement des nazis ne posent pas problème. Tout vient du point de vue en évolution du gosse, qui désapprend un manichéisme pour ne pas retomber dans un autre.
Puis Shitler en amis imaginaire/rock star/superman/statue à déboulonner pour grandir : quel putain d'idée ! Si seulement les prétendus adultes qui voient en lui LE MAL seul responsable de la WWII pouvaient en faire autant. Le négationnisme à de nombreux visages.
Adoration (2019)
1 h 38 min. Sortie : 22 janvier 2020 (France). Drame, Thriller
Film de Fabrice Du Welz
Toshiro a mis 7/10.
Annotation :
N'ayant pas encore vu ni Alleluia, ni Vinyan, difficile pour moi de ne pas me prendre la dimension "violemment à fleur de peau" de cet Adoration en pleine tronche. Ce sur quoi il est, du coup, assez difficile de rebondir de façon froide, analytique ou même critique.
Disons, pour tenter quand même l'exercice, que Du Welz me fait très plaisir dans sa recherche d'épure, sa "rythmique émotionnelle bipolaire" comme tuteur presque exclusif de la narration, ses fulgurances hypersensibles, ses images texturées et son désintérêt total pour tout ce qui pourrait avoir de près ou de loin quelque chose à voir avec le discours ou le thématisme - ce dernier, comme attrape-critique, m'agaçant pas mal.
Non pas que le film ne soit pas construit, loin de là même puisqu'il est, si l'on écoute le réal, construit une 1ère fois en pré-prod (classique), une 2e au tournage (qui n'est qu’intense tâtonnement avec les acteurs et quête de la lumière appropriée) et une dernière au montage : véritable réécriture impressionniste, trouée de quelques fulgurances constructivistes/très économes (la collision en apesanteur avec le météore Gloria, le premier meurtre).
Mais voilà, le nerf de la guerre n'est pas ici de l'ordre du littéral. Du Weltz explique "vomir" des choses qui ne sortent pas autrement chez lui par cause de pudeur. Il parle d'indicible aussi. Et de fait, aucun dialogue ne s'érige en commentateur de texte. Tout est point de vue, flux et reflux, charge et recharge. Et tout, par les moyens de l'image qui jamais ne se donne à admirer comme un tableau. Le but étant d'être complètement et radicalement AVEC le personnage de Paul. MAIS pas sur un plan intellectuel, le personnage n'ayant presque aucun recul sur ce qui lui arrive. Ce serait plutôt un miroir et une éponge réagissant comme il le peut à l’entité Gloria et leur voyage parfaitement amoral vers un Absolu auquel eux seuls auront accès.
Sur le papier, donc, une sorte de relecture de La Nuit du Chasseur/La Ballade sauvage. Dans la pratique, une expérience limite, une geste extrême et doux à la fois, très sensible et intuitif mais pourtant jamais inconscient ou poseur/arty/vide de substance. En somme, de quoi faire enrager ceux qui fulminent contre le "dictature du ressenti", ha ha. Et puis pour moi - même si ça reste à vérifier sur le long court - une proposition marquante et une vision du cinéma pour laquelle j'ai beaucoup de sympathie. La catharsis n'est pas loin.
Homo sapiens - Les nouvelles origines (2020)
1 h 27 min. Sortie : 10 octobre 2020. Science, Historique
Documentaire de Olivier Julien
Toshiro a mis 7/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.
Exit (2018)
Cutterhead
1 h 24 min. Sortie : 15 juillet 2020 (France). Thriller, Épouvante-Horreur
Film de Rasmus Kloster Bro
Toshiro a mis 7/10.
Dark Waters (2019)
2 h 06 min. Sortie : 26 février 2020 (France). Biopic, Drame, Thriller
Film de Todd Haynes
Toshiro a mis 7/10.
Annotation :
Film dossier et d'ambiance : le mélange ne doit pas être si fréquent. On pense forcément ici à The Insider de Michael Mann, mais Michael Mann, n'en déplaise à ses détracteurs, ne fait pas des films d'ambiance, il fait des films organiques et sensoriels ! La comparaison s’arrêtent donc aux héros patauds et leur impuissante bonhommie, semblant s'effondrer sur eux-même à mesure qu'ils découvrent à quel point c'est le monde entier qui semble conspirer contre eux.
Cette logique, Haynes l'étale même sur toute la durée du film, je veux dire de façon assez radicale dans son esthétique, poisseuse à souhait, et grisâtre. Et quand ce n'est pas grisâtre, c'est le plasma informe d'images numériques figurant la contamination des viscères de pauvres vaches. Le numérique bien dégueulasses des 90's qui plus est ! Le numérique comme symbole de l'artificialité de la création frankensteinienne de DuPont, et son bidouillage génétique ?
Le film en tout cas, c'est bien de la péloche, très stylisée donc, de la "vraie" image de cinéma par opposition la stérilité télévisuelle de celle de Spolight. Un soin qui se poursuit dans le travail de reconstitution de l'époque qui rejoint presque la nôtre à la fin. Notre époque où on ne découvre plus vraiment ce genre de chose - d'où peut-être cette impression de voir des films déjà en retards quand ce genre traite des sujets contemporains (?).
Narration procédurière et en même temps intime par ailleurs, donc ça passe très bien, c'est très pédagogique, ça fait bien la différence entre les individus pas forcément mauvais en soi et le système potentiellement monstrueux et schizo qu'ils composent par l'opération de la sainte économie. Et puis on tombe des nus comme le personnage, avec lui, à mesure qu'il découvre l'ampleur du mal, parce que tout à œuvré à ça, par petites touches, y compris certaines à la lisière d'une horreur type 70's. La suspension d'incrédulité aura aussi été, pour moi, suspension du cynisme, du coup.
Du bel ouvrage, même si très cadré par le genre et ses exigences, de la part d'un cinéaste auquel je devrais d'avantage m’intéresser.
Soul (2020)
1 h 40 min. Sortie : 25 décembre 2020. Animation, Aventure, Comédie
Long-métrage d'animation de Pete Docter et Kemp Powers
Toshiro a mis 7/10.
Annotation :
[Soupir] Délicat de ne pas être totalement convaincu (ou emporté ?) par un film si parfait. L'excellence, chez PIXAR, on connaît. Et la boîte a idée, comme toujours avec Pete Docter, est ici à son top niveau. Avec en plus cette élégance (quoique avec quelques accrocs cette fois) qui consiste à effacer les traces du travail pour faire passer le truc comme un divertissement presque inoffensif.
Sauf que, là aussi comme d'hab', on en est loin, de l'inoffensif. C'est même dans ses phases les plus douces, avec ses surfaces duveteuses, ses couleurs pastelles et ses plages musicales de jeu vidéo gentillet, que le programme PIXAR se regarde dans le miroir et révèle sa face la plus inquiétante, pour ne pas dire algorithmique. Une façon de retourner à son origine : la silicon valley et ses nouveaux masters of the univers, mi-hippies, mi-objectivistes (d'où la pertinence de retrouver ici Reznor & Ross à la musique).
Et pourtant c'est aussi là que le truc me plaît le plus : dans la pure abstraction, la créativité brute et, surtout, surtout, allié au cartoon - le "surmoi" qui danse avec le "ça" si on veut. Ce qui manque terriblement au monde réel dans ce film. Un choix délibéré, j'en doute pas, mais qui, allié au photoréalisme, au retour de la figure humaine, et à ce pan de culture branchouille ici exploré, me laisse un peu à distance.
En fait je me demande à qui s'adresse cet OVNI, tout en ne le trouvant pas assez radical en tant qu'OVNI. Bizarre... Les idées de génie ne manquent pas, mais passeront en partie au-dessus de la tète des gosses. Ces même gosses qui manqueront à mon humble avis de points d'accroche bien francs, dans l'humour comme dans l'aventure. Trop de mélancolie, trop culture haute, de namedropping... et en même temps l'impression d'avoir à faire à quelque chose de trop...banal dans sa recherche de l'universel. C'est lié au "message" de la fable bien sûr, mais il me manque... la "flamme", disons.
Je préfère le PIXAR qui assume sa nature inhumaine et se fait explorateur de bizarreries (genre le 2e acte de Là-haut) que celui qui revient sur terre et singe l'humanisme. Non pas que je pense Docter et Powers non sincères hein, mais pour ce genre de choses terrestres, j'aime autant revoir un film de Capra ou Malick. De PIXAR, je préfère la dimension extraterrestre.
Ce qui, du reste, n'enlève rien à la "génialitude" de ce "produit d'excellence" !
P.S. : le contexte de découverte (hors salle) n'aura pas aidé aussi, faut avouer...
Beauty Water (2020)
Gigigoegoe Seonghyeongsu
1 h 25 min. Sortie : 27 janvier 2022 (France). Animation, Thriller, Épouvante-Horreur
Long-métrage d'animation de Cho Kyung-Hoon
Toshiro a mis 7/10.
The King of Staten Island (2020)
2 h 17 min. Sortie : 22 juillet 2020 (France). Comédie dramatique
Film de Judd Apatow
Toshiro a mis 7/10.
Never Rarely Sometimes Always (2020)
1 h 35 min. Sortie : 19 août 2020 (France). Drame
Film de Eliza Hittman
Toshiro a mis 7/10.
La Nuit venue (2020)
1 h 35 min. Sortie : 15 juillet 2020. Drame, Film noir
Film de Frédéric Farrucci
Toshiro a mis 7/10.
Cuban Network (2020)
Wasp Network
2 h 03 min. Sortie : 29 janvier 2020 (France). Thriller
Film de Olivier Assayas
Toshiro a mis 6/10.
Annotation :
D'Oliver Assayas, je ne connaissais que Carlos, dont j'espérais retrouver les qualités ici. Et de fait, dans le genre docu-fiction de luxe, Cuban Netwoork n'est pas loin de son ainé. Rien de méprisant dans l'expression, hein. C'est vraiment ça. Un truc qui t'apprend des choses, dans toute leur complexité et grisaille an-idéologique, voilà. D'autant plus qu'ici, c'est un pan d'Histoire franchement méconnu et filandreux qui est mis en lumière.
Autre rareté à souligner : le tuc ne souffre pas de ses ambitions en terme d'ampleur et d'inscription dans un genre contrairement à une palanquée de films français singeant Hollywood. Assayas fait du ciné international, et dans ce contexte, parvient à faire feu de tout bois, sobre et solide. Compte tenu des kilotonnes de matière documentaire qu'il traite, et de la complexité de cette histoire, sa narration impressionne, par sa fluidité et l'intelligence avec laquelle il distribue les informations. C'est parfois chaud à suivre, mais comme ça ne peut que l'être vu le niveau de documentation.
Sur le plan de la forme, même constat : c'est le genre de maitrise qui s'efface pour mettre en avant son sujet. Un peu impersonnel, mais c'est surtout efficace, tendu, ni trop, ni pas assez beau. Ce qui frustre un peu si l'on attend des coups d'éclat, mais bon... le cadre et les plans aériens sont chouettes, et la tension au rdv lors d'une séquence d'attentats (sujet du terrorisme, son usage, son universalité, qui permet par ailleurs de prendre du recul par rapport à l'actualité). Mais c'est vraiment la narration et la découverte des personnages qui priment. Sans parler du casting et de la direction d'acteurs...
Et puis, Assayas d'employer aussi notre mémoire cinéphile, utilisant ici notre souvenir du Parrain, traitant le personnage de Wagner Moura comme un Scarface/T-1000, l'espionnage comme de l'actorat, et cette passionnante histoire de dingue avec tout le romanesque qu'elle mérite !
Un faux film français et vrai film américain (ou inversement) que j'ai envi d'associer au Undercover de Yan Demange : même incroyable "histoire vraie", même inscription réussie dans le genre, même capacité à tirer le meilleur de ses acteurs.
Mortal (2020)
Torden
1 h 44 min. Sortie : 26 juin 2020 (France). Fantastique, Action, Drame
Film de André Øvredal
Toshiro a mis 6/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.
Je veux juste en finir (2020)
I'm Thinking of Ending Things
2 h 14 min. Sortie : 4 septembre 2020. Drame, Thriller
Film de Charlie Kaufman
Toshiro a mis 6/10.
Annotation :
Film sans aucun doute très méritant, en tout cas une vraie démonstration de force à quasiment tous les niveaux. Sauf que sans les papiers lus ici et là, j'aurai pas compris le fin mot de l'histoire. De quoi, après Tenet, me sentir encore une fois bien teubé.
Ceci dit, le plaisir était là durant les deux premiers tiers du film, quand le mystère n'était pas encore synonyme de désintérêt, mais jolie proposition mi absurde, mi malaisante. Deux premier actes toujours dissonant et surprenant, mais avec encore de solides élément auxquels se raccrocher. Et en prime de sacré idées de montage (entre autre), sans parler des acteurs (Thewlis et Collette en tète !). Et puis, par ci par là, des monologue relativement passionnant aussi.
Mais aussi du namedropping comme s'il en pleuvait, quand d'autres citations sont sensées alimenter le jeu de Kaufman. Sauf que je ne suis pas un bobo newyorkais et la moitié des références me passent au-dessus. Et le sac de nœud est tel qu'au bout d'un moment, j'ai même plus envie de faire l'effort d'aller gratter à droite et à gauche pour y comprendre quelque chose.
Le climax est sensé être une apothéose ? un truc qui nous tire les larmes ? Quand tu captes plus qui est ton référent, ou plutôt quand celle qui était ton référent est devenu le fantasme du vrai personnage principal, lequel traverse son propre film comme un personnage de second plan, doublé d'un mur, et qui plus est de plus en plus inquiétant, bah, moi, j'ai du mal a être touché. Voilà.
A revoir un jour donc, au moins autant pour réduire ma frustration que redonner une chance un truc moins "petit main calculateur" qu'obèse de toutes ses trouvailles et, à mes yeux, déficient/autiste, lorsqu'il s'agit finalement de prendre le spectateur par la main et lui "ouvrir son cœur".
Vivarium (2019)
1 h 37 min. Sortie : 11 mars 2020 (France). Science-fiction, Thriller, Épouvante-Horreur
Film de Lorcan Finnegan
Toshiro a mis 6/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.
En avant (2020)
Onward
1 h 42 min. Sortie : 4 mars 2020 (France). Animation, Comédie, Aventure
Long-métrage d'animation de Dan Scanlon
Toshiro a mis 6/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.
Annotation :
Bizarre. Comme l'impression que, entre ce En avant et Soul, PIXAR se serait scindé en deux après l'éjection de John"Big Dady"Lasseter : avec d'un côté la team intello, de l'autre la populo. Au point que, de prime abord, En avant donnerait presque l'impression d'être d'avantage une prod Disney (dans la veine de Zootopie) que PIXAR.
Une identité qu'on fini bien par retrouvé ici et là, notamment dans l'inventivité des gags (les fées bikeuses) et un certain cœur émotionnel (toujours un peu mièvre, mais surclassant toujours une part de la concurrence). Mais niveau direction artistique, fiou ! Ce que c'est générique ! La technique est au rendez-vous, l'efficacité dans le storytelling aussi, mais pour le reste, la comparaison avec, par exemple, Chasseurs de Trolls (qui opérait déjà le même genre de mélange entre féérie banlieusarde so US et fantasy plus européenne) n'est pas forcément en la faveur de ce PIXAR.
Tandis que Peter Docter et sa team risquent de s'aliéner la frange la plus razmoquette de son public avec Soul, Dan Scanlon et la sienne semblent brider leur ambitions. Résultat : ce qu'il font, ils le font bien. Mais presque à chaque fois, on se dit que ça pourrait aller plus loin. L'univers par exemple, reste globalement bien vissé dans ses charentaises référentielles (encore ses putains de 80's à la Amblin).
Autrement dit : si le premier niveau de lecture est appliqué (la fable sur le deuil quoi), on entrevoit par ci par là quelque pics qui, plus développés, aurait pu construire un sous-texte assez couillu sur la marchandisation de la popculture par Disney, de la reprise des contes européens par Oncle Walt himself dans les 40's et 50's à la politique actuelle de Disney (arraisonnement de presque toute la pop culture à grand coups de dollars).
En l'état, un bon moment à passer, mais frustrant aussi. Le canon PIXAR continu de dégringoler de son piédestal...
1917 (2019)
1 h 59 min. Sortie : 15 janvier 2020 (France). Drame, Guerre
Film de Sam Mendes
Toshiro a mis 6/10.
Annotation :
Bon, parlons peu, parlons bien : cette marotte du plan séquence comme nouveau marqueur de virtuosité me gave ! Et de façon plus générale cette empiètement croissant de la dimension marketing d'un film sur ses procédés de fabrication/narration/mise en scène. Voilà, c'est dit !
Maintenant, le film en lui-même : très flatteur pour l’œil, très pensé dans sa façon de "remplacer" le montage traditionnelle par le montage dans le plan. Chorégraphie des corps et de la caméra, évolution des (superbes !) décors, épure de la structure narrative, 1917 ne manque pas de qualités, techniques, esthétiques, structurelles.
Mon problème principal, c'est l'écart entre les moyens déployés, l'appel à l'emphase et la grandiloquence qui vont avec, et cette trame de série B. Mais une série B comme anoblie sur l'autel du grand cinéma dit "éléphant blanc", ce qui lui retire de facto beaucoup de qui rend ce type de proposition si aimable à mes yeux. Le ludisme est bien-là, le côté parcours d'obstacle aussi, la simplicité des personnages et enjeux de l'histoire aussi, mais le fil narratif a perdu toute tension, et l'esprit de sérieux de l'hommage s’accommode mal de la démonstration spectaculaire.
C'est que la "directness" ricaine se lie mal avec les ambitions d'un cinéma à la Tarkovski. Le symbolisme en devient lourd, comme plaqué, les personnages inintéressants en terme de dramaturgie et distants sur le plan de l'empathie. Et puis, surtout, c'est le rythme (digne de la course-poursuite en voiture de Spectre !), celui d'une découpage séquentiel et celui du montage à l'intérieur de chaque scène qui est ainsi sacrifié. Toujours ou presque la même focale, toujours la même distance/apesanteur/joliesse par rapport à ce que vivent les soldats...
Remplacé par une impression de temps réel, plus immersif, plus réaliste ? Mon cul, oui ! D'une part 1917 n'est pas plus en temps réel que La Ligne rouge : 2h de film, une journée entière d'histoire, et même avec l'ellipse, le compte n'y est pas ! D'autre part, là où le plan séquence est judicieux dans les moments de tension (couper = tuer la tension), quel intérêt de simuler la continuité dans les entre-scènes ? ou de faire durer des temps morts qui, non assumés comme tels, se voient remplis artificiellement (exposition, pose poético-méditative, dialogue psycho...) ?
Heureusement, il y a la BO de Thomas Newman (même s'il cite lourdement Hans Zimmer à un moment). Pour le reste, qu'est-ce que je préfère l'humanisme du Gallipoli de Peter Weir !
Enragé (2020)
Unhinged
1 h 30 min. Sortie : 19 août 2020 (France). Thriller, Drame
Film de Derrick Borte
Toshiro a mis 6/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.