Les meilleurs films de 2021 selon Alfred Tordu
Sur les 48 films vus cette année.
Pour voir mon Flop 2021 : https://www.senscritique.com/liste/Les_Pires_Films_de_2021/3162103
20 films
créée il y a presque 3 ans · modifiée il y a plus de 2 ansAnnette (2021)
2 h 20 min. Sortie : 6 juillet 2021. Drame, Comédie musicale, Romance
Film de Leos Carax
Alfred Tordu a mis 10/10, l'a mis dans ses coups de cœur et a écrit une critique.
Annotation :
Avis Complet :
https://www.senscritique.com/film/Annette/critique/155661211
Onoda (2021)
2 h 47 min. Sortie : 21 juillet 2021. Drame, Guerre, Biopic
Film de Arthur Harari
Alfred Tordu a mis 8/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.
Annotation :
Avis Complet :
https://www.senscritique.com/activity/130199/41107856
Illusions perdues (2021)
2 h 29 min. Sortie : 20 octobre 2021. Drame, Historique
Film de Xavier Giannoli
Alfred Tordu a mis 8/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.
Annotation :
A travers l'ascension fulgurante et la chute vertigineuse de Lucien de Rubempré, Xavier Giannoli met en exergue le rôle de contre-pouvoir exercée par la presse "libre" face à celui de la noblesse française du 19ème siècle.
Une presse certes totalement assujettie à la corruption et aux publicitaires, mais qui permettait néanmoins à des écrivains provinciaux exclus des cercles monarchistes de se constituer leurs propres réseaux d'influences afin de nuire à leurs confrères adoubés par la haute, ou se placer eux-mêmes dans l'industrie à coup de chantage à l'éditeur.
En découle une satire peu reluisante d'une époque pas si éloignée de la notre où la qualité d'une œuvre vaut moins que la réputation qui précède son auteur. Un constat que notre candide héros va vite intégrer, préférant finalement œuvrer à son élévation sociale qu'à la réussite artistique de ses écrits.
Certes on pourrait reprocher au réalisateur une mise en scène très académique, ainsi qu'une voix off omniprésente explicitant des éléments importants de l'intrigue que les images seules peinent à mettre en lumière. Heureusement que la riche direction artistique, le montage dynamique, l'énergie des jeunes interprètes et cette multitude de figurants gesticulants dans des décors fourmillant de détails ; tout cela donne à l'ensemble une vitalité qui nous fait croire à la crédibilité de son univers et nous emporte dans cette immense fable scorsesienne à la française.
Last Night in Soho (2021)
1 h 56 min. Sortie : 27 octobre 2021 (France). Thriller, Épouvante-Horreur, Drame
Film de Edgar Wright
Alfred Tordu a mis 8/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.
Annotation :
Le scénario beaucoup moins con qu'il n'en a l'air fonctionne habilement sur 2 niveaux de lecture.
On peut à la fois le voir comme un thriller horrifique centré sur une médium devant résoudre une mystère criminel vieux de 50ans, tout en faisant face à des esprits frappeurs très intrusifs.
Et d'autre part, comme un thriller psychologique mettant en scène la folie d'une jeune fille victime de ses propres hallucinations.
Ces deux grilles de lecture sont possibles car, que la tragédie de Sandie soit réelle ou non, son histoire est intrinsèquement liée à celle d’Héloïse, jeune campagnarde espérant réussir sa carrière dans une grande ville lui semblant hostile, et qui projette ses propres aspirations mais aussi ses plus sombres angoisses dans le parcours de cette apprentie chanteuse évoluant dans un London fantasmé des 60's, et dont la carrière passera rapidement du rêve le plus merveilleux, au cauchemar le plus terrifiant. Renvoyant ainsi à Héloïse à la fois un modèle de ce qu'elle voudrait être, mais également une image cauchemardesque de ce qu'elle craint de devenir.
Cette dualité entre les deux protagonistes qui constitue le cœur thématique du long-métrage gagne en profondeur lorsqu'on la relie à la trajectoire personnelle d'Edgard Wright, lui aussi ancien campagnard ayant mit plusieurs dizaines d'années à percer dans le cinéma, et dont la carrière aurait pu prendre une autre tournure si il n'avait pas su résister aux nombreux pièges d'Hollywood.
Mais plus que par son récit, c'est surtout par sa mise en scène que le réalisateur parvient pleinement à nous emporter. Convoquant astucieusement le cinéma d'Hitchcock, Georges Romero, Roman Polanski ou de Dario Argento, Wright arrive à nous immerger dans l'esprit torturé de son héroïne, afin de nous faire ressentir l'étendue de sa frayeur tout en restant ambiguë sur sa lucidité d'esprit et sur la réalité de ce qui ce déroule sous ses yeux.
Le tout, sublimé par un travail sonore remarquable, ainsi qu'une bande-son magistrale, toujours en synergie avec les images et narrativement cohérente avec l'ambiance, le propos ou le déroulé de la séquence.
Julie (en 12 chapitres) (2021)
Verdens verste menneske
2 h 08 min. Sortie : 13 octobre 2021 (France). Comédie dramatique, Romance
Film de Joachim Trier
Alfred Tordu a mis 8/10.
Annotation :
A l'aube de ses 30ans, Julie est une éternelle adulescente insouciante qui vit au gré de ses envies, sans se soucier du lendemain. Jusqu'au jour où elle s'amourache d'un homme plus âgé qui va la confronter à des problématiques d'adulte (choisir une voie professionnelle, se marier, fonder une famille...) et à tous les sacrifices qui vont avec. Des questionnements qui emmerdent profondément la jeune femme, au point de se laisser séduire par un autre gars avec qui elle entamera une relation moins fusionnelle, mais qui lui permet de profiter encore un peu plus de sa jeunesse.
Partant d'un postulat digne des pires comédies romantiques américaines, Joachim Trier en tire une œuvre générationnelle cristallisant la peur de faire les mauvais choix et de se retrouver prisonnier d'une vie bien normée, sans échappatoire possible.
Le film illustre à merveille une ribambelles de situations auxquelles nous étions ou serons tous confrontés à ce moment charnière de notre existence et ce, grâce sa justesse d'écriture couplée à une mise en scène stylisée, épousant constamment le point de vue de Julie sur le monde qui l'entoure et la place qu'elle y occupe.
Don't Look Up - Déni cosmique (2021)
Don't Look Up
2 h 18 min. Sortie : 24 décembre 2021. Comédie dramatique, Science-fiction
Film de Adam McKay
Alfred Tordu a mis 8/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.
Annotation :
Satire politique à la South Park tournant en ridicule une société du spectacle permanent dans laquelle toutes les informations se valent, à condition de suivre la tendance du moment ou d'être suffisamment bien marketée pour en générer une nouvelle.
Malgré le récit grotesque et le caractère archétypal de ses protagonistes, ces derniers n'en demeurent pas moins des êtres humains doués de raison, mais totalement assujettis à un système de pensée faisant passer la communication médiatique et les intérêts financiers ou électoraux au-dessus du bon sens scientifique, en plus de ne favoriser que des politiques à court terme ne s'inscrivant jamais dans le temps long.
Même en poussant le curseur au maximum pour que Don't Look up reste la comédie potache de Noël made in Netflix, son monde est suffisamment corrélé au notre pour nous ne restions pas insensible à son issue tragique. Difficile également de ne pas s'identifier aux personnages principaux lorsque ces derniers décident de passer leurs derniers instants ensemble, autour d'un petit repas de Thankgiving pendant que dehors, l'humanité est déjà entrain de se consumer.
Évidemment la grande majorité de spectateurs apolitiques qui peuplent notre vrai monde auront vite fait de percevoir le film comme une grossière critique adressée à tout ce qui ne rentrerait pas dans le camp des démocrates. Ignorant qu'il ne cible justement aucune catégorie de personnes en particulier, préférant mettre en exergue des comportements sociaux propres à chaque individu, indépendamment de sa couleur politique.
Et l'air de rien, ce parti prit assure une certaine intemporalité au long-métrage.
Pensez à l'origine comme une allégorie sur le traitement du dérèglement climatique, il peut aujourd'hui raisonner comme une métaphore sur la crise sanitaire du Covid-19 et revêtira encore sûrement un sens nouveau pour le spectateur de 2035. A moins qu'on ait enfin aboli le système médiatique d'ici là.
Les Mitchell contre les machines (2021)
The Mitchells Vs. the Machines
1 h 50 min. Sortie : 30 avril 2021. Animation, Aventure, Comédie
Long-métrage d'animation de Michael Rianda et Jeff Rowe
Alfred Tordu a mis 7/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.
Annotation :
Bien que Phil Lord et Chris Miller ne soient crédités qu'à la production des Mitchell contre les Machines, la filiation avec Spider-Man New Generation se fait clairement sentir, autant dans les qualités que dans les défauts du long-métrage.
En privilégiant le fun et l'efficacité comique par le biais d'un rythme effréné et d'une utilisation abusive d'effets tape à l’œil, les réalisateurs restent dans une dédramatisation constante de leur récit, donnant l'impression de ne jamais prendre au sérieux leur propre film. Dommage car il était toute à fait possible d'iconiser davantage la menace représentée par les machines, sans pour autant atténuer la loufoquerie du scénario. Le film aurait ainsi dépassé sa condition de joyeux délire en renforçant l'intensité de ses scènes d'action, ainsi que l'implication émotionnelle des spectateurs.
Fort heureusement, cela est en partie rattrapé par les personnages pour lesquels nous nous prenons rapidement d'empathie, tant il est facile de se reconnaître dans leurs problématiques familiales. A l'instar de de ce père et de sa fille qui, séparés par un gouffre générationnel, peinent à se comprendre malgré leur profond attachement l'un pour l'autre. On sent que les auteurs ont glissé énormément de leur vécu personnel dans le projet et toutes les personnes de la génération Y-Z, en particulier ceux travaillant dans un milieu artistique, se reconnaîtront aisément dans le parcours de Katie Mitchell.
Cette justesse d'écriture se retrouve également dans le regard que porte Michael Rianda et Jeff Rowe sur notre époque. Mettant en avant notre dépendance vis à vis de la technologie, sans pour autant verser dans un discours de boomer réactionnaire.
Plus généralement, Les Mitchell contre les Machines cristallise à merveille les années 2010, autant thématiquement que visuellement. Baignant ainsi dans une esthétique pop particulièrement en vogue chez les vidéastes et qui influe évidemment les créations de la jeune Katie.
Sony Animation Pictures confirme donc sa volonté d’offrir une alternative aux productions Disney/Pixar de plus en plus formatées et interchangeables (a l’exception notable de Soul). Le studio continue surtout d'ouvrir à de nouvelles possibilités de modélisation et d'animation 3D, loin du sempiternel photoréalisme tant recherché par ses principaux concurrents.
Promising Young Woman (2020)
1 h 53 min. Sortie : 26 mai 2021 (France). Comédie, Drame, Policier
Film de Emerald Fennell
Alfred Tordu a mis 7/10.
Annotation :
Si Emerald Fennell cultive une certaine ambiguïté sur son héroïne, on se rend progressivement compte que ses stratagèmes n'ont pas pour objectif de punir les prédateurs sexuels cherchant à abuser de jeunes filles éméchées, mais de leur faire prendre conscience de la gravité de leurs actes, tout en les incitant à ne plus jamais recommencer.
Il en va de même pour la deuxième partie du récit, dans laquelle Cassie se met en tête de retrouver toutes les personnes ayant participé (indirectement ou non) au viol de sa meilleure amie et de leur faire reconnaître leur responsabilité dans cette affaire. Certes, elle n'hésite pas à employer la manière forte face à certains de ses anciens camarades encore dans le déni, mais se refuse à sombrer dans une violence injustifiée qui la mettrait au même niveau que ceux contre qui elle œuvre.
La seule violence gratuite qu'elle s'autorise à l'égard d'un violeur et ce, alors qu'elle a en sa possession toutes les preuves nécessaires pour le livrer à la justice, finit d'ailleurs par lui être fatal. Preuve si l'en est que Promissing Young Woman reste cohérent avec son propos, jouant habilement avec les codes du Rape and Revenge sans jamais faire l'apologie du viol ou de la vengeance, ce qui est suffisamment rare pour être souligné.
Cassie ne mène pas un combat contre des individus ciblés, mais contre la culture du viol dans son ensemble. Culture par ailleurs remarquablement dépeinte par un scénario se refusant tous stéréotypes manichéens. Dans ce film, les personnages n'agissent jamais par malveillance, aucun agresseur sexuel ne correspond à la représentation type du violeur et même le "mec bien" avec lequel notre héroïne vivra une romance digne des plus indigestes comédies romantiques, finira par montrer sa face sombre en fin de métrage.
Emerald Fennell développe ainsi sa vision féministe du monde à travers une comédie comédie noire jouant habillement sur les codes du thriller et du revenge movie, lui donnant par la même une forte singularité par rapport aux autres longs-métrages surfant sur des thématiques similaires.
Cette musique ne joue pour personne (2020)
1 h 47 min. Sortie : 29 septembre 2021. Comédie
Film de Samuel Benchetrit
Alfred Tordu a mis 7/10.
Annotation :
Une bande de voyous au cœur tendre baignant dans une violence omniprésente et banalisée, trouve le chemin de l'amour grâce au théâtre, à la littérature et à la poésie qui leur permettent d'exprimer une sensibilité trop longtemps refoulée.
Samuel Benchetrit laisse la part belle à une myriade de comédiens talentueux, exposant au grand jour leur humanité dans une multitude de séquences à l'absurdité hilarante et poétique.
Le Peuple Loup (2020)
Wolfwalkers
1 h 40 min. Sortie : 20 octobre 2021 (France). Fantastique, Aventure, Animation
Long-métrage d'animation de Tomm Moore et Ross Stewart
Alfred Tordu a mis 7/10.
Annotation :
Tomm Moore reprend à son compte l'histoire d'Avatar et de Princesse Mononoké en l'incorporant dans une société tyrannique et patriarcale dont le dirigeant assoit son pouvoir en s'érigeant comme rempart face à une civilisation stigmatisée.
En résulte un conte médiéval et fantastique certes très classique dans sa narration mais doté d'une mise en scène incroyable, conférant une ampleur monstre aux scènes d'émotion et de tension du long-métrage, tout en rivalisant d'ingéniosité pour signifier visuellement les spécificités de chaque environnement du récit, comme la ville de KilKenny filmée telle une cité cadenassée de l'intérieur et dans laquelle tout est rigidement rangé à sa place, ou lors des séquences illustrant la vision des loups et animé dans un style épuré rappelant furieusement certaines phases de jeux de Twilight Princess.
Sound of Metal (2019)
2 h. Sortie : 16 juin 2021 (France). Drame, Musique
Film de Darius Marder
Alfred Tordu a mis 7/10.
Annotation :
On aurait pu craindre un drame insipide et larmoyant, mais Sound of Metal se distingue du lot par un incroyable sound design reproduisant avec précision la perception auditive d'un malentendant, créant de fait une grande proximité entre le spectateur et le personnage principal. Une proximité qui sera maintenue tout au long du métrage, nous faisant comprendre la difficulté de Ruben à s'intégrer dans une communauté silencieuse de sourds-muets ne s'exprimant qu'en langage des signes, ainsi que sa brutale désillusion lorsqu'il constate que l'appareil auditif pour lequel il s'est gravement endetté ne lui rendra jamais l’ouïe qu'il avait avant. C'est pourquoi cette raison que c'est peut-être l'un des seuls films avec Unfriended à voir absolument sur son PC avec un bon casque pour profiter au mieux de l'expérience qui vous est proposé.
Pour le reste, même si la mise en scène et le scénario demeurent assez convenus, l'interprétation magistrale de Riz Hamed supportés par tout un tas de seconds-rôles tenus par d'authentiques malentendants, apporte beaucoup de justesse et d'émotion à l'ensemble.
L'Événement (2021)
1 h 40 min. Sortie : 24 novembre 2021. Drame
Film de Audrey Diwan
Alfred Tordu a mis 7/10.
Annotation :
Évidemment qu'il était facile d'émouvoir en racontant une grossesse non désirée dans la France des années 60, mais encore fallait-il le faire intelligemment, en évitant les écueils d'un traitement misérabiliste à l'américaine.
Or en réalisant son film avec un réalisme cru, accompagnant un récit épuré, sans aucune dramatisation forcée, et qui se concentre la solitude d'une jeune femme dont aucun de ses proches ne veut être complice de son "crime" sans pour autant le désapprouver, Audrey Diwan ne pouvait que viser juste.
Palm Springs (2020)
1 h 30 min. Sortie : 12 février 2021 (France). Comédie romantique, Fantastique
Film de Max Barbakow
Alfred Tordu a mis 7/10.
Annotation :
Tel un cuistot de Top Chef, Max Barbakov réinvente la recette d'Un Jour sans Fin, afin d'apporter de nouvelles saveurs au plat culte d'Harold Ramis.
Si la boucle temporelle incitait Bill Murray à devenir la meilleure version de lui-même, dans Palm Spings, cela conforte le personnage campé par Andy Samberg à vivre dans l'instant présent et profiter à fond de tous les plaisirs que lui permet sa situation. Un mode de vie en apparence idyllique, mais où il ne construit rien, et qui ne lui offre donc aucune perspective d'évolution.
Un vortex sans issue duquel l'excellente Cristin Milioti se retrouve également prisonnière. Et si Samberg tentera de lui infuser sa pensée nihiliste, cette dernière finira par mettre son gain de temps à profit pour comprendre la raison de leur emprisonnement et essayer de s'en extirper.
Alors certes, vu le faible nombre de nouvelles sorties intéressantes en ce moment, la presse aura un peu vite qualifié de chef d’œuvre ce qui n'était au départ qu'une petite comédie sans prétention.
Mais malgré sa réalisation téléfilmesque (et je pèse mes mots cette fois-ci), on sent toutefois un jeune cinéaste capable de reprendre un concept vieux de 30ans pour l'enrichir de nouveaux gags, de nouvelles perspectives de narration et surtout, y développer un point de vue sur le sens de l'existence qui lui est propre.
Ron débloque (2021)
Ron's Gone Wrong
1 h 46 min. Sortie : 20 octobre 2021 (France). Animation, Aventure, Science-fiction
Long-métrage d'animation de Alessandro Carloni, Jean-Philippe Vine et Octavio E. Rodriguez
Alfred Tordu a mis 7/10, l'a mis dans ses coups de cœur et a écrit une critique.
Annotation :
Avis Complet :
https://www.senscritique.com/activity/130199/39567277
Le Dernier Duel (2021)
The Last Duel
2 h 32 min. Sortie : 13 octobre 2021 (France). Drame, Historique
Film de Ridley Scott
Alfred Tordu a mis 7/10.
Annotation :
Ridley Scott choisit de relater l'histoire du dernier duel français en confrontant un par un les points de vue des trois protagonistes principaux, un peu à la manière du célèbre Rashomon d'Akira Kurosawa.
Mais contrairement au réalisateur nippon qui raconte trois récits totalement différents avec pour chacun un parti prit de réalisation bien tranché. Dans The Last Duel, la mise en scène de Scott y est beaucoup plus subtile.
Ce dernier s'évertue en effet à conserver une direction d'acteurs commune aux trois versions de l'histoire et laisse seulement au montage, au placement de la caméra et à la bande-sonore le soin de modifier la teneur d'une même séquence ou d'offrir un regard différent sur les personnages qui la compose.
Un parti prit qui rend le film moins ludique que son maître étalon, mais qui en plus de fonctionner à la perfection, reste cohérent avec l'idée générale véhiculer par le long-métrage. Car contrairement à Rashomon où les personnages déformaient l'histoire à leur avantage, ceux du Dernier Duel restent honnêtes dans leur déposition, d'où le le fait que les comédiens restent constants dans leur jeu d'acteurs, ce qui ne les empêchera pas d'avoir chacun une vision auto-centrée des évènement, éludant ou minimisant inconsciemment certains détails pouvant contredire la vision qu'ils se font d'eux-mêmes et de leur responsabilité vis à vis de cette affaire. Et comme bien souvent dans ce genre de cas, c'est évidemment le personnage féminin qui déguste le plus.
Considérée comme un simple trophée à acquérir ou à conserver par les deux protagonistes masculins, le segment qui lui est consacré nous fait état d'une femme promise de force à un gros beauf violent toujours en guerre, l'obligeant à gérer seule des terres et des animaux sans aucune gratitude de son conjoint et se retrouvant à la merci d'un autre chevalier, suffisamment confiant dans sa bonté et son charme naturel pour la violer sans état d'âmes, persuadé que la demoiselle ne pouvait qu'être ravie de se faire prendre sauvagement par un homme de son rang.
En traitant sous un regard contemporain la condition des femmes au Moyen Age. Ridley Scott établit explicitement un parallèle avec notre époque, montrant que certains mécanismes d’oppressions ou que plusieurs inégalités de traitement demeurent présents aujourd'hui, près de 7 siècles après les faits rapportés.
Une approche qui pourra peut-être sembler opportuniste ou trop appuyée pour certaines personnes, mais dont l'intelligence du scénario
Les Choses humaines (2021)
2 h 18 min. Sortie : 1 décembre 2021. Drame
Film de Yvan Attal
Alfred Tordu a mis 7/10.
Annotation :
Difficile d’imaginer qu'un bobo qui n'a jamais rien fait de bien dans toute sa carrière puisse aborder correctement un sujet aussi délicat sur grand écran.
Le début laisse présager du pire, mais dès que l'appareil judiciaire se met en place, Les Choses Humaines devient un remarquable film de procès, nous faisant vivre la déposition de la victime, la grade à vue de l'accusé et tout le déroulé de l'audience 30 mois plus tard, presque en temps réel.
Par la radicalité formelle du long-métrage, le spectateur est placé dans la position de juré et devra donc se faire sa propre opinion sur la réalité des faits, en fonction de tous les éléments à sa disposition.
Une démarche qui n'est pas sans rappeler celle de La Fille au Bracelet, autre film de procès sortit l'année dernière et qui avait raflé le césar du meilleur scénario original. Si ce n'est que l'on ressortira beaucoup plus affecté par Les Choses Humaines, d'une part grâce à la qualité globale des interprètes (Bon Ben Attal joue aussi mal que son paternel mais le reste s'en sort très bien, notamment l'excellentissime Benjamin Lavernhe et la surprenante Suzanne Jouannet), mais surtout par le caractère beaucoup plus sensible de cette affaire et par le soin que porte le réalisateur sur la souffrance ressentie par les deux camps.
Mais c'est peut-être aussi là que le bas blesse. Car en présentant les deux protagonistes de cette affaire comme des victimes, en mettant leur souffrance au même niveau et en laissant entendre que la nature des faits dépend du point de vue de chacun et qu'il n'y aurait pas de vérité absolue... N'est ce pas là une manière de relativiser l'aspect criminel de cet acte et de ne pas questionner le système patriarcal ou la culture du viol qui avantagent fortement la gente masculine à commettre ces actes en toute impunité ?
Belle (2021)
Ryû to sobakasu no hime
2 h 02 min. Sortie : 29 décembre 2021 (France). Animation, Aventure, Drame
Long-métrage d'animation de Mamoru Hosoda
Alfred Tordu a mis 7/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.
Annotation :
A l'instar des Mitchell, autre grand film d'animation sortit cette année, le dernier Hosoda s'inscrit esthétiquement et thématiquement dans son époque. Décrivant avec brio la vie parallèle que nous pouvons mener sur les réseaux sociaux avec ses codes spécifiques, ses bails internes ou sa myriade de célébrités numériques totalement inconnu du monde réel. Le long-métrage rappelle également la force première du monde virtuel qui, par son abstraction, peut nous permettre d'exprimer une part de nous-même que l'on ne pourrait ou n'oserait pas exprimer autrement. D'où l'idée de l'avatar personnifié, généré à partir de ce qu'est intrinsèquement son utilisateur, indépendamment de sa forme irl et transformant ainsi une ado asocial mutique en une magnifique diva de la chanson, ou un enfant maltraité en une bête immonde détruisant tout sur son passage.
D'un sujet aussi terre à terre que notre rapport aux réseaux sociaux, Hosoda parvient néanmoins à disséminer une certaine poésie dans la relation que tisse ses protagonistes principaux, couplée à une véritable féérie visuelle de sa mise en scène.
En outre, il a su apporter une ampleur cinématographique à quelque chose d'aussi immatériel que des interactions virtuelles par claviers interposés.
Loin de l'univers minimaliste de Summer Wars, celui de U apparaît au contraire comme un gigantesque monde ouvert fourmillant de détails et de mouvement. Avec une profusion d'images, de messages, d'émojis ou de mèmes caractéristiques des médias japonais, contrastant fortement avec le monde réel et ses décors photoréalistes plats volontairement immobiles.
Certes, le film est souvent assez cul cul, difficile à suivre du fait de son rythme effréné, donne parfois trop d'exposition à des personnages dont on se fout éperdument, abuse de facilités scénaristiques assez visibles ou de gags burlesques à la japonaise qui, personnellement, me mettent toujours mal à l'aise.
Mais il est suffisamment riche, créatif et original pour que nous pussions passer outre ses petits défauts. Et je suis persuadé que tous ceux qui, comme moi, passent trop de temps sur Twitter, Instagram ou Sens Critique, ne resteront pas insensible à l'histoire du film ou à la représentation esthétique de son univers.
Boîte noire (2021)
2 h 09 min. Sortie : 8 septembre 2021. Drame, Thriller
Film de Yann Gozlan
Alfred Tordu a mis 7/10.
Annotation :
Yann Gozlan renouvelle l'éternelle histoire du marginal essayant de lever le voile sur un machiavélique complot, en l'incluant dans un univers à priori inadapté à ce genre de récits. Un univers dont le réalisme se retrouve par ailleurs renforcé par l'utilisation d'un jargon technique hyper spécifique, ainsi que d'une description minutieuse des méthodes de travail et des différentes personnalités peuplant le monde de l'aviation française.
Le film se révèle quant à lui incroyablement haletant grâce à sa mise en scène hitchockienne très maitrisée, mais aussi et surtout par l’ambiguïté permanente sur la paranoïa du héros, obligeant le spectateur à constamment douter de son interprétation des faits et de la légitimité de ses actions.
Un tour de force rendu possible par la performance de Pierre Niney (faisant ressortir toute la fragilité/bizarrerie de son personnage) et par les arguments tangibles qui lui sont systématiquement assénés pour contrecarrer ses théories complotistes, mettant sérieusement à mal la confiance que nous pourrions naturellement lui porter.
West Side Story (2021)
2 h 36 min. Sortie : 8 décembre 2021 (France). Comédie musicale, Drame, Romance
Film de Steven Spielberg
Alfred Tordu a mis 7/10.
Annotation :
N'ayant jamais été fan du classique de Robert Wise que j'ai toujours considéré comme extrêmement vieillot, je n'ai pu qu'apprécier cette nouvelle version tant la mise en scène virtuose de Spielberg accentue la fantaisie et la noirceur du récit, tout en y apportant énormément de dynamisme et de vitalité.
Mais on peut tout de même s'interroger sur l'utilité de refaire West Side Story en 2021 si c'est pour être à ce point semblable à l'original. Car de sa direction artistique à sa sublime photographie, en passant par le sous-titrage Fr, chaque élément du métrage convoque l'imagerie de son aîné et de toute l'esthétique hollywoodienne des années 50.
A croire que Steven a juste kiffé reproduire son film de chevet, se contentant d'y apporter un soupçon de modernisme afin d'en restaurer la puissance cinématographique d'antan.
J'aurais cependant préféré qu'il se l'approprie entièrement pour en faire une œuvre personnelle et plus en phase avec son époque, soit, précisément ce qu'avait fait l'auteur du Musicall avec Roméo et Juliette.
Drive My Car (2021)
Doraibu mai kâ
2 h 59 min. Sortie : 18 août 2021 (France). Drame
Film de Ryusuke Hamaguchi
Alfred Tordu a mis 7/10.
Annotation :
Que ce soit la discrétion et le professionnalisme de la conductrice Misaki, l'outrance du jeune comédien Takatsuki, les écrits érotiques de la scénariste Otto ou l’obsession du metteur en scène Yūsuke à l'égard d'un texte de Tchekhov faisant écho à sa propre existence sans pour autant oser en interpréter le premier rôle ; chaque protagoniste dissimule à sa façon la culpabilité qui le ronge de l'intérieur et qui finira par éclater au grand jour lorsque tout ce petit monde aura finalement appris à se connaître, trouver les mots justes pour exprimer sa douleur et tenter d'y faire face pour espérer aller de l'avant.
Drive My Car est une œuvre exigeante et il faut accepter de plonger corps et âme dans le rythme lancinant du long-métrage fait de non-dits, de longs trajets silencieux en voiture, de lectures en italiennes ou de petits moments anodins qui, mis bout en à bout, nous aide à rentrer dans la psyché de personnages profondément humains pour lesquels on ne peut s'empêcher d'y retrouver une part de nous-mêmes.