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Cover Les meilleurs films de 2024

Les meilleurs films de 2024 selon takeshi29

Il faut bien arbitrer, alors jusqu'à 6/10 les films seront là, dans mon Top.

Et par voie de conséquence, en-dessous, ils se retrouveront dans le Flop :
https://www.senscritique.com/liste/mon_flop_2024/3835415

Mais rien de plus subjectif qu'une note, en tout cas dans mon ...

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Liste de

166 films

créee il y a 5 mois · modifiée il y a 8 jours

La Zone d’intérêt
7.2
1.

La Zone d’intérêt (2023)

The Zone of Interest

1 h 45 min. Sortie : 31 janvier 2024 (France). Drame, Historique, Guerre

Film de Jonathan Glazer

takeshi29 a mis 9/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

48 heures après je ne m'en remets pas (ou quand le hors-champ est traumatisant)...

À son image
6.8
2.

À son image (2024)

1 h 53 min. Sortie : 4 septembre 2024. Drame

Film de Thierry de Peretti

takeshi29 a mis 8/10, l'a mis dans ses coups de cœur et a écrit une critique.

Annotation :

Un grand film sur la sortie de route qui guette... (cf critique)

C'est pas moi
6.7
3.

C'est pas moi (2024)

42 min. Sortie : 12 juin 2024. Biopic, Expérimental

Moyen-métrage de Leos Carax

takeshi29 a mis 8/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Leos Carax assume totalement son cousinage artistique avec Godard, et on se croirait ici dans un volet de ses "Histoire(s) du cinéma". Le hasard a fait que j'étais en plein visionnage de celles-ci quand j'ai découvert "C'est pas moi" et je vous assure que l'expérience est troublante tant l'effet miroir est saisissant. Deux collages expérimentaux qui parlent de cinéma, d'Histoire, et de leur auteur.

Carax est le genre de bonhomme qui me fait vibrer pour une raison toute simple : il a foi en la puissance de l'art, et j'imagine qu'il sait fort bien ce que peut provoquer sur certains l'apparition de son "Annette" qui va soudainement rejoindre sa lointaine filmographie, les frissons qui vont rendre soudainement le spectateur incapable de continuer à jouer au blind test que représente aussi son film. Cette émotion est brutale, violente, belle.

Le mal n'existe pas
7
4.

Le mal n'existe pas (2023)

Aku wa sonzai shinai

1 h 46 min. Sortie : 10 avril 2024. Drame

Film de Ryusuke Hamaguchi

takeshi29 a mis 8/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Ryusuke Hamaguchi est décidément un réalisateur passionnant, mais aussi déstabilisant, qui ici reprend en quelque sorte le principe de "Contes du hasard et autres fantaisies" partagé en segments. Sauf que cette fois les segments ne sont pas nettement définis par le récit et sont intégrés dans la linéarité de celui-ci.

Ce sont plus les tons avec lesquels il joue, la première partie semblant vouloir nous dire quelque chose, comme si le mal du titre planait, la deuxième semblant nous dire que nous nous sommes trompés puisque l'humour apparait comme un soulagement, la troisième frappe, interroge et amène à revisiter l'ensemble du film différemment.

Une œuvre faite de ruptures donc, y compris dans la partition musicale qui joue un rôle très important, semant des indices tant elle mélange le beau et l'inquiétant, un récit plus complexe qu'il ne veut bien le montrer au premier abord, et qui par sa manière d'interroger la notion de mal poursuit bien après le baisser du rideau.

Mohammad Rasoulof et son "Le Diable n'existe pas" en 2021, Hamaguchi et son "Le Mal n'existe pas" aujourd'hui, les grands réalisateurs contemporains ont décidément des choses à dire sur le sujet, et quand ils le font avec autant d'intelligence il faut les entendre.

Los Delincuentes
7
5.

Los Delincuentes (2023)

3 h 09 min. Sortie : 27 mars 2024 (France). Comédie dramatique

Film de Rodrigo Moreno

takeshi29 a mis 8/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

"Los Delincuentes" est de loin l'objet le plus fou, inclassable, stimulant actuellement sur les écrans. Rodrigo Moreno, déjà auteur de l'excellent "El Custodio" en 2007, a beau ne pas officiellement faire partie de la galaxie El Pampero tout dans son film rappelle ce qui fait le cinéma du collectif argentin, et pas seulement la présence (trop courte) de Laura Paredes.

En effet comment ne penser à "La Flor" ou encore "Trenque Lauquen" quand on découvre ce film où tout repère disparait, où la temporalité, le rythme, le genre, la durée, le ton sont des notions relatives, où les récits et les noms des personnages se croisent et se répondent, où les références (ou plutôt devrait-on dire clins d’œil ou hommages) sont nombreuses mais s'intègrent merveilleusement à ces histoires qui n'ont d'autre but que de nous faire perdre tout repère, de nous perdre dans... le cinéma. Et c'est une sensation simplement merveilleuse de vivre un peu plus de 3 heures dans un tel alliage de liberté, d'humour, de poésie...

La Bête
6.3
6.

La Bête (2023)

2 h 26 min. Sortie : 7 février 2024. Drame, Romance, Science-fiction

Film de Bertrand Bonello

takeshi29 a mis 8/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Je vois bien ce qui peut horripiler dans un tel film, je comprends que son aspect programmatique, sa sophistication et sa froideur puissent laisser à la porte mais personnellement j'ai été subjugué de la première à la dernière seconde, happé par des images et un rapport au cinéma inédits, par une réflexion sur le mal qui passe par un classicisme élégant (qui m'a rappelé celui du magnifique "L'Histoire de ma femme" déjà avec Léa Seydoux), l'anticipation qui convoque des préoccupations pour le moins actuelles et l'hommage que je n'avais pas vu venir à Lynch.

En quelques mois le cinéma français nous aura donc offert deux adaptations (très libres) d'Henry James, deux variations aussi hypnotiques l'une que l'autre bien que radicalement différentes. Quand Patric Chiha travaillait la transe Bonello choisit le théorique, et le résultat est le même, aussi excluant qu'envoûtant, et dans les deux cas radical.

Il n'y a que les grands réalisateurs qui me font oublier une actrice ou un acteur que je ne supporte pas au profit d'un personnage, et franchement Bonnello est fort car en quelques minutes j'avais accepté que celle qui le fascine visiblement serait de tous les plans.

(J'espère que le générique via QR Code ne deviendra pas une norme, je vois bien ce qu'il permet en gain éventuel de séances, mais c'est détestable à plusieurs titres, en particulier avec un film qui vous a coupé le souffle et dont on voudrait pouvoir sortir en douceur.)

Iron Claw
7.2
7.

Iron Claw (2023)

The Iron Claw

2 h 13 min. Sortie : 24 janvier 2024 (France). Biopic, Drame, Sport

Film de Sean Durkin

takeshi29 a mis 8/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

J'avais beau avoir adoré "Martha Marcy May Marlene" et avoir trouvé "The Nest" assez envoûtant j'avais deux-trois craintes à l'idée de voir 2h13 de catch. Je grossis bien évidemment le trait, me doutant bien que Sean Durkin avait autre chose à raconter. Et Dieu sait s'il m'en a raconte des choses, si sa saga familiale m'a enthousiasmé, sa réflexion sur l'homme qui ne doit pas pleurer, sur la gloire par procuration, sur la réussite à tout prix qui annihile les sentiments, sur ce rêve américain qui se heurte à la tragédie, m'a renversé.

Et puis il y a l'emballage, qui n'use pas de facilités tout en convoquant les codes du cinéma américain à l'ancienne, cette bande-son qui transcende autant qu'elle bouleverse. Sans parler des combats filmés avec frénésie, esthétisés sans pour autant les rendre artificiels.

Une dernière chose : le plus beau rôle est probablement celui de Doris (Sublime et trop rare Maura Tierney), qu'on voit si peu mais dont le visage dans une glace raconte tant. Le visage d'une mère privée de son petit mais qui n'a pas même le droit de crier sa souffrance.

NB : Je n'ai pas le temps mais j'aurais eu bien d'autres choses à dire sur cet "Iron Claw", sur la qualité des ellipses, sur la malédiction qui pèse, sur ce qu'il raconte d'un pays où on tue ses enfants en vertu du deuxième amendement...

Apolonia, Apolonia
7.3
8.

Apolonia, Apolonia (2022)

1 h 55 min. Sortie : 27 mars 2024 (France). Portrait, Peinture, Art

Documentaire de Lea Glob

takeshi29 a mis 8/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Ce film est à la fois un portrait, un film sur l'art et son marché, mais avant tout l'histoire d'une fascination. Celle de la réalisatrice danoise Lea Glob pour son modèle Apolonia Sokol, et à la clé un film de fin d'étude qui se transformera en un tournage de 13 ans. Le résultat est vertigineux, avec ces voyages, ces espoirs et désespoirs, ces naissances et ces morts.

Il est toujours très troublant de voir des visages vieillir (sans trucage) à l'écran, le rapport au temps du spectateur lui-même est ainsi interrogé et peut se poursuivre bien au-delà d'une projection.

Je précise une chose importante constatée à la sortie de la séance : selon qu'on soit fasciné ou irrité par la forcément clivante Apolonia l'expérience est visiblement très différente ; quand certains comme moi ont été captivés d'autres ont souffert.

Sans jamais nous connaître
7
9.

Sans jamais nous connaître (2023)

All of Us Strangers

1 h 45 min. Sortie : 14 février 2024 (France). Drame, Romance, Fantastique

Film de Andrew Haigh

takeshi29 a mis 8/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Attention, on tient d'ores et déjà avec ce "Sans jamais nous connaître" l'un des grands films de 2024. En effet Andrew Haigh qui avait déjà marqué quelques esprits avec le très beau "Week-end" fait cette fois son entrée dans la cour des grands.

De ceux qui font semblant de faire un film de commande mais qui signent en fait un récit intime, concentré sur un minimum de personnages et de lieux, de travailler le genre fantastique tendance Shyamalan de la grande époque alors qu'en réalité seuls l'amour et le deuil les intéressent.

Et puis il y a deux acteurs au jeu aussi en nuances qu'habité, Andrew Scott et le Paul Mescal d'"Aftersun".

Une dernière chose car je ne veux surtout pas en dire trop : si le 14 février vous ne pleurez pas en entendant "The Power of Love" de Frankie Goes to Hollywood je m'engage à publier un statut décrétant que Damien Chazelle est un génie.

Marin des montagnes
7.3
10.

Marin des montagnes (2021)

Marinheiro das Montanhas

1 h 38 min. Sortie : 17 avril 2024 (France). Société

Documentaire de Karim Aïnouz

takeshi29 a mis 8/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

J'ai un conseil à donner à ceux qui comme moi auraient été renversés par "La Vie invisible d'Euridice Gusmão" et terriblement déçus par "Le Jeu de la reine" : si vous voulez vous réconcilier avec Karim Aïnouz tentez de débusquer ce "Marin des montagnes" qui se balade actuellement dans quelques cinémas. Pour vous donner une idée c'est aussi beau et imaginatif formellement que "Portraits fantômes" de Kleber Mendonça Filho, ça raconte de manière étonnante les racines, la force de la terre ancestrale, sous forme d'enquête, de carnet de voyage qui prend rapidement un tour pour le moins inattendu et déchirant.

Comment un tel film a pu mettre trois ans à trouver le chemin des salles ? C'est aberrant mais plutôt que râler profitons-en !

Une famille
7
11.

Une famille (2024)

1 h 22 min. Sortie : 20 mars 2024. Société, Littérature

Documentaire de Christine Angot

takeshi29 a mis 8/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Oui ce film est impudique, malaimable, il met mal à l'aise, non Christine Angot n'épargne personne, et surtout pas elle-même, et donc forcément pas les spectateurs obligés d'assister à ces règlements de compte, confessions, discussions dont beaucoup diront qu'elles auraient dû rester dans le cercle intime.

Mais personnellement tout ça m'a permis de comprendre bien des choses sur les blessures de cette femme, sur son droit à étaler ses souffrances. Car oui parfois il faut passer en force pour dire ce qui est bien plus qu'un récit nombriliste asséné par une écrivaine qu'on n'a cessé de traiter de tous les noms et de moquer. Probablement parce qu'il est plus confortable de penser qu'une telle personne est hystérique, folle, plutôt que d'écouter de terribles vérités. A ce titre l'archive de l'émission "Tout le monde en parle" d'Ardisson est parlante, elle est à vomir tout simplement. Mais surtout elle devrait nous questionne profondément, et je vais faire un aveu : j'ai dû la voir à l'époque cette émission, et j'ai dû être du côté des rieurs, de ceux qui n'ont pas compris pourquoi elle a quitté le plateau. Aujourd'hui je me pose une question : pourquoi n'est-elle pas partie plus tôt ? Car personne ne mérite d'être traité ainsi, de servir de punching-ball à des médiocres.

En tout cas si moi aussi j'ai souvent trouvé Angot difficile à lire ou à entendre, je crois que maintenant je sais pourquoi. Et pas sûr que ce soit de sa faute....

« Je suis désolé qu'il vous soit arrivé ça... »

L'Empire
5.6
12.

L'Empire (2024)

1 h 50 min. Sortie : 21 février 2024. Aventure, Comédie, Drame

Film de Bruno Dumont

takeshi29 a mis 8/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Que les choses soient claires : je suis à peu près convaincu que Bruno Dumont se fout de notre gu..., certaines choses me posent problème dans son cinéma (en particulier sa manière de filmer les femmes), mais mon seul critère de notation étant basé sur le plaisir je ne peux pas mettre moins de 8 à cet objet (choisissez vous-mêmes le qualificatif).

Il y a tout d'abord l'humour, plus que clivant je l'entends et je comprends la personne désabusée qui a jeté l'éponge en cours de route, qui me touche pour une raison indéterminée. Peut-être parce que le rire n'étant pas naturel chez Dumont, ses premiers films à mon avis bien plus sincères en attestent, il en offre une version inédite, non pratiquée et c'est probablement heureux par d'autres. Et ça résume bien ce qui me plait tant (Exception faite de "France" qui m'avait horripilé), dans sa filmographie, on y côtoie de l'inédit, ses mélanges des genres et des tons improbables mais aussi et surtout des plans dont la beauté n'appartient en rien au cinéma contemporain. Je ne connais pas beaucoup de réalisateurs actuels capables de me foutre les larmes aux yeux en filmant une dune du Pas-de-Calais, les sabots d'un cheval baignés de musique classique, alors que la scène d'avant était du grand n'importe quoi intergalactique.

C'est aussi ça le cinéma, des trucs qui nous touchent presque malgré nous, contre qui notre cerveau tente de lutter... en vain.

Enys Men
5.9
13.

Enys Men (2022)

1 h 31 min. Sortie : 10 avril 2024 (France). Épouvante-Horreur, Drame

Film de Mark Jenkin

takeshi29 a mis 8/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Ce film du britannique Mark Jenkin se sera fait attendre dans les salles françaises puisqu'il fut présenté à la Quinzaine des réalisateurs cannoise en 2022. Merci donc à ED Distribution, dont on ne soulignera jamais assez la témérité à sortir des œuvres très à la marge, de donner sa chance à cette pépite radicale du folk horror.

Tourné en 16 mm "Enys Men" est un produit extrêmement travaillé esthétiquement, qui frôle régulièrement avec l'expérimental, où le montage joue un rôle essentiel tant les images hallucinatoires, la captation des éléments naturels et le narratif basé sur la répétition (Coucou "Jeanne Dielman" !) participent à l'envoûtement du spectateur.

Alors certes c'est un métrage sophistiqué, qui pourrait bien être né de la main et du cerveau d'un artiste plasticien, mais il ne se contente pas d'être cela, les multiples strates du récit composant une passionnante réflexion sur le deuil et le trauma.

A noter la BO, signée elle aussi Mark Jenkin, qui participe grandement à l'étrangeté hypnotisante de l'ensemble.

Jeunesse (Le Printemps)
7.5
14.

Jeunesse (Le Printemps) (2023)

Qīngchūn

3 h 35 min. Sortie : 3 janvier 2024. Société

Documentaire de Wáng Bīng

takeshi29 a mis 8/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Avoir face à soi en l'espace de deux semaines les derniers films de Frederick Wiseman et Wáng Bīng est une expérience, un plaisir, un honneur. Car ces deux cinéastes laisseront derrière eux une œuvre immense, importante.

L'un documente au long cours les institutions, l'autre son pays, sous toutes les facettes. Une chose m'a rapidement sauté aux yeux en découvrant ce "Printemps", premier volet d'une trilogie à venir : pour la première fois chez Wáng Bīng il y a de la joie. Car oui la "Jeunesse" chinoise est comme toutes les autres, même exploitée elle se taquine en permanence, se poursuit dans les couloirs, se recouvre le visage de crème sucrée, est accro à son portable, se drague, avorte... C'est aussi une Chine qui s'ouvre, encore doucement car l'exemple montré ici concerne de petites structures et non des entreprises étatiques, au combat social, à la négociation. Ces jeunes ont compris où se trouvait l'argent, que leur salut économique et donc social passait par ces saisons à coudre, assembler des pièces par milliers.

Wáng Bīng est unique dans sa manière de vivre en immersion avec ses sujets. Il s'y consacre totalement, longtemps, ici cinq ans sans compter le montage, créant ainsi une proximité qui lui permet non pas de se fondre dans le décor mais d'en devenir acteur. Un acteur qu'on peut ainsi interpeller, à qui l'on peut demander de filmer ceci ou cela. Un témoin aussi et surtout, qui met des images sur ce dont nous, occidentaux, entendons parfois vaguement parler. Et donc oui son travail est essentiel.

Daaaaaalí !
6.2
15.

Daaaaaalí ! (2023)

1 h 18 min. Sortie : 7 février 2024. Comédie

Film de Quentin Dupieux (Mr. Oizo)

takeshi29 a mis 8/10.

Annotation :

Il y a encore quelques temps je commençais à râler un tantinet après Quentin Dupieux, considérant que son stakhanovisme commençait à poser problème et à avoir une incidence sur la qualité de ses films. Mais là je m'incline car après le formidable "Yannick" il enchaîne avec ce truc totalement vertigineux, qui reformate littéralement la mise en abime du cinéma, et son propre cinéma par la même occasion. Car certes l'absurde est toujours là mais son film, avec une durée pourtant habituelle chez lui donc brève, m'a semblé revisiter la notion de temps et d'espace, comme si s'il pouvait en permanence se rejouer, s'étirer, ne jamais finir, comme si un lieu pouvait se substituer à un autre et ainsi faire redémarrer le récit. Le temps et l'espace, deux éléments primordiaux en place dès cette scène inaugurale de couloir aussi folle que drôle.

Le genre de film qu'on a immédiatement envie de revoir, pour comprendre comment est agencé ce scénario plus qu'acrobatique, à quel moment la ritournelle de Thomas Bangalter commence à rendre fou (de bonheur).

Et il faut bien entendu parler du casting, si important chez Dupieux, et c'est à ce niveau que j'émettrais une réserve : Édouard Baer, premier en piste, est plus Dali que nature et m'a semblé écraser les autres, en particulier Jonathan Coen et Gilles Lellouche beaucoup plus dans la grimace, avec une volonté de porter un masque plus que d'incarner.

Une dernière chose, qui participe selon moi beaucoup au plaisir : dorénavant le public est là pour les films de l'Oizo, de plus en plus en terrain connu, et c'est un bonheur d'entendre les rires, qui ne répondent pas tous à la dernière vanne, mais parfois à une récurrence, à un rappel ou même pour les membres de la secte à la compréhension d'une auto-référence discrète. Et ici il y en a beaucoup.

Borgo
7
16.

Borgo (2023)

1 h 57 min. Sortie : 17 avril 2024. Drame

Film de Stéphane Demoustier

takeshi29 a mis 8/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

J'avais déjà bien aimé "Allons enfants" et "La Fille au bracelet" mais là clairement Stéphane Demoustier atteint un autre niveau de maîtrise. Pas un mouvement de caméra en trop, pas d'artifice quelconque pour accentuer le réalisme, et le résultat est saisissant, captivant de la première à la dernière seconde.

Après "Le Ravissement" Hafsia Herzi obtient un nouveau premier rôle à la hauteur de son talent qui est immense. Son jeu est en parfaite adéquation avec le film, aussi impressionnant que retenu.

Dans la peau de Blanche Houellebecq
6.2
17.

Dans la peau de Blanche Houellebecq (2024)

1 h 28 min. Sortie : 13 mars 2024. Comédie

Film de Guillaume Nicloux

takeshi29 a mis 8/10.

Annotation :

Suite et fin (?) de la trilogie Houellebecq by Guillaume Nicloux, et selon moi le plus fort des trois, car si c'est à mourir de rire (Là je sais que c'est très subjectif comme avec toute forme d'humour), si les dialogues sont des moments de bravoure et revisitent en permanence les sorties médiatiques "malheureuses" du brillant romancier mais triste pamphlétaire (Ceux qui ont lu "Quelques mois dans ma vie" comprendront ce que je veux dire), il y a un fond loin d'être anecdotique : chaque situation est regardée par un alter, comme celui qui refuse de mettre la clim dans une voiture par exemple, et c'est souvent plus parlant que de longs et hypocrites discours politiques.

Un OFNI forcément, qu'on pourra voir comme du grand n'importe quoi, et pourtant...

Mon pire ennemi
7
18.

Mon pire ennemi (2023)

1 h 22 min. Sortie : 8 mai 2024. Société

Documentaire de Mehran Tamadon

takeshi29 a mis 8/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Mehran Tamadon n'est plus le bienvenu dans son pays, entre autres depuis qu'il a osé commettre le documentaire "Iranien" en 2014, et le voici de retour avec un diptyque (Ce "Mon pire ennemi" sortira le 8 mai, "Là où Dieu n'est pas" le 15).

Ce premier volet est totalement vertigineux tant on se demande ce qui est de l'ordre du réel et du "joué", du maitrisé ou de la perte de contrôle, le dispositif s'effaçant (volontairement ou non) très rapidement, permettant ainsi au spectateur de se perdre dans le vrai et le faux. En creux il y aussi une réflexion passionnante sur une forme de mauvaise conscience, sur le métier d'actrice (Zar Amir Ebrahimi, prix d'interprétation à Cannes pour "Les Nuits de Mashhad" est plus qu'incroyable) qui incarne bien souvent au-delà du rôle, avec son propre bagage (de douleurs et traumatismes).

Si vous avez l'occasion de voir ce(s) film(s) décrypté(s) par Mehran Tamadon foncez, l'homme est aussi passionnant que sympathique, et surtout d'une générosité incroyable pendant (et après) les débats.

État limite
7.6
19.

État limite (2023)

1 h 42 min. Sortie : 1 mai 2024. Société

Documentaire de Nicolas Peduzzi

takeshi29 a mis 8/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Nicolas Peduzzi est un documentariste passionnant, et après ses films "américains", "Southern Belle" et "Ghost Song", il revient en France pour poser sa caméra sur la santé mentale et l'état de notre médecine. Et quoi de mieux pour démontrer la mort cérébrale du service public que suivre à la trace Jamal Abdel-Kader, unique psychiatre à arpenter les divers services de l'hôpital Beaujon à Clichy.

Le portrait est double, voire triple, celui d'un homme d'une empathie incroyable, celui forcément touchant des patients mais aussi celui d'une institution laissée à l'abandon.

Peduzzi recueille ces paroles très fortes, mais comme toujours avec lui, la forme n'est pas en reste avec ces photos noir et blanc qui traversent le film, cette musique qui électrise.

(Pour info sachez que ce médecin exemplaire a démissionné depuis le tournage, ce qui n'est tristement pas surprenant.)

Les Pistolets en plastique
6.5
20.

Les Pistolets en plastique (2024)

1 h 35 min. Sortie : 26 juin 2024. Comédie, Policier

Film de Jean-Christophe Meurisse

takeshi29 a mis 8/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Je suis conscient qu'une comédie est certainement ce qu'il y a de plus risqué à conseiller car il y a autant de types d'humour que de manières de le recevoir. Et bien entendu le risque franchit un cap quand il s'agit de Jean-Christophe Meurisse qui cultive l'art de la provocation. Une provoc plus proche de celle d'Hara-Kiri que de Lánthimos disons, qui peut être potache ou absurde par instants mais va obligatoirement aller grattouiller une plaie à un moment donné.

D'où la classification CNC qui précise : une scène d'une très grande violence peut heurter un public sensible. Et en effet cette scène est d'une violence inouïe, mais pas gratuite car elle nous confronte en tant que spectateur à notre propension au voyeurisme, à notre attrait pour le sordide.

"Les Pistolets en plastique" est donc à réserver à ceux qui préfèrent le trash au consensuel, le malaise au confort. Vous êtes prévenus...

(A ceux qui comme moi sont clients de cet humour, un conseil : les Chiens de Navarre sont en tournée avec leur pièce "La vie est une fête", allez-y, c'est aussi vilain que les films. Et cette fois y'a plein de Christophe dedans...)

Grand Tour
6.5
21.

Grand Tour (2024)

2 h 08 min. Sortie : 6 novembre 2024 (France). Drame, Aventure

Film de Miguel Gomes

takeshi29 a mis 8/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Autant le cinéma de Miguel Gomes peut être parfois un peu sentencieux, voire prétentieux, autant ici il nous emporte dans des aventures ludiques et foisonnantes, parfois même très amusantes, avec une idée de mise en scène (La récompense cannoise est là amplement méritée) par plan, une photographie tantôt couleur tantôt noir et blanc, absolument somptueuse. Du GRAND bonheur à déguster sur GRAND écran...

Il faudra attendre le 6 novembre pour découvrir ce film qui m'a rappelé la perpétuelle envie de romanesque des génies d'El Pampero Cine.

Septembre sans attendre
6.6
22.

Septembre sans attendre (2024)

Volveréis

1 h 54 min. Sortie : 28 août 2024 (France). Comédie, Drame

Film de Jonás Trueba

takeshi29 a mis 8/10.

Annotation :

Le plus rohmérien des cinéastes espagnols signe cette fois un film qui louche très fort du côté de Woody Allen, avec cet humour, ses dialogues pétillants et pleins d'esprit qui remplacent la mélancolie. On s'amuse donc beaucoup mais sans jamais perdre de vue le drame qui se joue.

Rapture
6.3
23.

Rapture (2023)

Rimdogittanga

2 h 08 min. Sortie : 15 mai 2024 (France). Drame, Fantastique

Film de Dominic Megam Sangma

takeshi29 a mis 8/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Ce film indien sorti ce mercredi sera à coup sûr l'un de ceux qui fera le moins d'entrées et pourtant c'est probablement le plus beau. Avant tout parce que ces visions nocturnes sont à tomber par terre, parce que la mise en scène est dingue, mais jamais là pour servir de paravent au récit, lui aussi passionnant, mélangeant les genres sans jamais se, ou nous perdre...

Santosh
6.9
24.

Santosh (2024)

2 h 08 min. Sortie : 17 juillet 2024 (France). Thriller, Drame

Film de Sandhya Suri

takeshi29 a mis 8/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Venue du documentaire Sandhya Suri passe en revue, sans s'appesantir sur chacune d'entre elles, toutes les métastases gangrénant son pays, castes, religion, patriarcat, viol, corruption, en se basant sur un scénario écrit au cordeau, qui met au centre du jeu deux femmes, dont la principale incarnée avec une nuance admirable par Shahana Goswami, qui ne sont jamais décrites comme des oies blanches. Et ce point est très symbolique de l'intelligence du traitement, de la façon de montrer que personne n'est en retrait du mal, que chacun, même ceux armés des plus belles intentions, participe à la chute.

Parler du fond ne doit pas faire oublier la forme, elle aussi très digne, avec ce rythme lent traversé de scènes qui rappellent qu'on ait aussi dans un thriller très noir, cette photographie en parfaite adéquation avec la mise en scène jamais ostentatoire et pourtant inventive.

Décidément le renouveau du cinéma indien est impressionnant : "Agra - Une famille indienne", "Rapture" et maintenant ce "Santosh". Comme souvent la vitalité artistique d'un pays répond à la déliquescence de celui-ci.

Manouchian et ceux de l'Affiche rouge
8.2
25.

Manouchian et ceux de l'Affiche rouge (2024)

Sortie : 20 février 2024. Historique, Guerre, Portrait

Documentaire de Hugues Nancy

takeshi29 a mis 8/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Voici un documentaire créé pour la télévision qui aurait bien mérité la salle de cinéma, car cet assemblage adroit de films d'archives, photographies, documents amateurs et archives d'époque de la préfecture de police est aussi déchirant que passionnant, avec en bonus la voix d'Arthur Teboul, décidément aussi doué pour conter que faire frissonner sur scène...

Que d'émotion !...
https://www.youtube.com/watch?v=YaA3R3ghrV4&t=30s

Fainéant.e.s
6.6
26.

Fainéant.e.s (2024)

1 h 43 min. Sortie : 29 mai 2024. Comédie

Film de Karim Dridi

takeshi29 a mis 8/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Quelle liberté, quelle générosité dans ce regard posé sur celles et ceux qui ont choisi la marge. Karim Dridi semble avoir retrouvé la verve de ses débuts et confirme, à peine quelques mois après son si émouvant documentaire "Revivre", une faculté à voir et montrer l'autre avec respect et même amour.

Un pur bonheur de cinéma à découvrir le 29 mai.

20 Jours à Marioupol
8.1
27.

20 Jours à Marioupol (2023)

20 Days In Mariupol

1 h 34 min. Sortie : 21 février 2024 (France). Société, Guerre

Documentaire de Mstyslav Chernov

takeshi29 a mis 8/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Mstyslav Chernov questionne en permanence sa légitimité à filmer plutôt qu'aider, la nécessité de documenter les horreurs, les exactions. Mais en tant que spectateur le théorique, bien que passionnant, s'efface bien vite, remplacé par ces images qui parlent d'elles-mêmes, qui racontent bien plus sur cette boucherie à nos portes que les belles paroles de nos politiques.

"Les Survivants de Marioupol", diffusé l'an dernier sur Arte, recueillait surtout des témoignages, ces "20 jours" laisse la place aux faits, nous confrontant à ce qu'est concrètement une ville assiégée : des enfants qui pleurent et meurent....

Hors-saison
5.5
28.

Hors-saison (2023)

1 h 55 min. Sortie : 20 mars 2024. Drame, Romance

Film de Stéphane Brizé

takeshi29 a mis 8/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Stéphane Brizé est un cinéaste capable de passer du film purement social et politique comme "En guerre" à du mélo romantique à la "Mademoiselle Chambon". Après avoir brillamment conclu sa trilogie du travail avec "Un autre monde" le voici de retour avec une histoire d'amour qu'on pourrait dire banale. Deux ex en proie à des questionnements existentiels se retrouvent, au bord de la mer...

Ok ok super on a vu ça mille fois. Et c'est là la force, je parlerais même de courage car il faut en avoir pour s'attaquer à un sujet traité sous toutes les coutures au cinéma, de Brizé : donner l'impression qu'on a pas déjà vu ça, ou du moins ressenti ça. Je préviens tout de suite, avec le mélo, assumé, ça passe ou ça casse, alors pas sûr que tout le monde verse comme moi une larme face à un dialogue qui s'éternise, une vieille femme et un mariage qui déboulent comme un cheveu sur la soupe au milieu des violons.

Je crois que ce qui m'a finalement touché tient du cinéma pur, d'un plan étrangement lointain, de scènes qui osent s'étirer, d'une ritournelle musicale signée Delerm qui ne se prive pas de revenir et revenir provoquer l'émotion.

Et puis il y a le duo d'acteurs : Guillaume Canet, et je peux vous assurer que je n'étais pas rassuré en voyant son nom sur l'affiche, et surtout Alba Rohrwacher, qui n'est certes pas une découverte mais qui franchit selon moi un cap, passant du sourire à la crispation dans le même mouvement, n'ayant pas besoin de prononcer un mot pour exprimer tous les sentiments du monde.

Si j'en crois la moyenne, mon ressenti face à ce "Hors-saison" n'est pas forcément partagé.

Le Royaume de Kensuké
6.8
29.

Le Royaume de Kensuké (2023)

Kensuke's Kingdom

1 h 24 min. Sortie : 7 février 2024 (France). Animation, Aventure, Drame

Long-métrage d'animation de Neil Boyle et Kirk Hendry

takeshi29 a mis 8/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Une Robinsonnade à la "Seul au monde" et un zeste d'"Onoda"+ une ligne claire à la "Tortue rouge" + une bonne dose du "Livre de la jungle" + une boîte de Kleenex obligatoire comme avec "Bambi" = "Le Royaume de Kensuké" ou le plus beau, simple mais jamais simpliste, sensible spectacle familial que j'ai pu voir depuis longtemps.

Averroès & Rosa Parks
7.8
30.

Averroès & Rosa Parks (2024)

2 h 24 min. Sortie : 20 mars 2024. Société

Documentaire de Nicolas Philibert

takeshi29 a mis 8/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

La force de ce film réside dans le temps qu'il se donne et donc qu'il nous donne, à recueillir la parole des patients mais aussi celle des soignants, à enregistrer sur la longueur ces échanges bien entendu chargés de douleur, mais aussi, et il ne faudrait surtout pas l'oublier, de sourires.

Il y a de tout dans ce film, y compris beaucoup de politique, et souvent une lucidité frappante face à la maladie, au rapport qu'entretient la société avec ses "fous", à l'état de la psychiatrie.

On prend plaisir à retrouver certains protagonistes de "Sur l'Adamant", à en découvrir d'autres, et ils ont tous un point commun : ils parlent de nous, de nous tous, et Nicolas Philibert retrouve selon moi ici tout ce qui faisait la puissance de questionnement de "La Moindre des choses".

takeshi29

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