Thierry de Peretti est décidément pour moi un cinéaste à part dans le paysage actuel du cinéma français, qui sait me bouleverser autant que me passionner. Et surtout il réussit à faire cela dans ce qu'il me raconte de sa Corse mais aussi dans sa manière de le raconter. "À son image", adaptation du roman de Jérôme Ferrari, est un modèle de narration, intégrant avec une fluidité parfaite un récit intime incluant une sacrée réflexion sur le métier de photographe et au-delà des médias, à la Grande Histoire, mais aussi un grand geste de cinéma : pas prêt d'oublier la scène d'ouverture, certaines autres où toute l'émotion (Et Dieu sait si elle est parfois intense) est générée par la mise en scène.
Il y aurait beaucoup de choses à dire sur ce film tant tout y est remarquable et riche, de la musique (Bérurier Noir, Daho, chants traditionnels corses dans une séquence de concert où la notion de point de vue cinématographique prend tout son sens) à l'ensemble de la distribution d'où il est impossible de ne pas extraire Clara-Maria Laredo, dont à la fois le physique et l'intensité du jeu m'ont sans arrêt rappelé la sublime et injustement sous-exploitée Isabelle Renauld.
Une petite chose pour conclure : je conseille à ceux qui n'auraient pas encore vu la claque "Une vie violente" de rattraper cette énorme erreur avant le 4 septembre prochain, jour de sortie de cet "À son image". Les deux films m'ont semblé se répondre, se compléter implacablement.
(Le Festival de La Rochelle ne laissant rien au hasard ils ont eu la riche idée de programmer "Le Royaume" de Julien Colonna puis juste après ce de Peretti. Et l'expérience de cet enchainement fut stimulante au possible.)