Éric Zemmour : " "Ernest et Célestine" ? Un ramassis de propagande gauchiste "
"Ernest et Célestine" est-il un joli conte pour enfants ou un brûlot politique ? Les deux mon général et c'est bien ce qui en fait toute la saveur.
Cette innocente histoire d'amitié et de tolérance portée par un dessin pastel d'une grande douceur cache en réalité une dénonciation sans concession d'une société où règnent rejet de l'autre, peur de la différence, lâcheté.
Bien entendu on pourrait se contenter de saluer la qualité technique, les trouvailles visuelles (Merveilleux passage de l'hiver au printemps, le camion maquillé sous forme de tableau), le récit qui sait faire passer du rire aux larmes en l'espace d'une seconde, la faculté à ne pas ennuyer un seul instant tout en se permettant de si beaux moments d'accalmie.
Mais ce serait oublier Daniel Pennac, oublier l'homme engagé qu'il est et ainsi passer à côté de la jouissance que procurent ce scénario et ces dialogues à double lecture. Pennac hait l'état policier, celui qui divise pour mieux régner, cette société encouragée à pointer du doigt le "différent" pour expliquer tous ses problèmes, la justice qui condamne si facilement le sans-grade.
"Ernest et Célestine" prouvent donc au moins deux choses : que le cinéma d'animation "à l'ancienne" peut encore faire rêver et qu'on peut s'adresser aux enfants sans pour autant les prendre pour des buses écervelées.