Les meilleurs films de 2024 selon Fwankifaël

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24 août 2024
8,5/10

Une nouvelle fois, Jacques Audiard frappe un très grand coup, avec une prise de risque maximale sur le papier. Le réalisateur caméléon met en scène un "drame musical" mexicain, quasi intégralement tourné en studio, strictement féminin et qui explore la transition de genre d'un de ses personnages. Très casse-gueule pour un homme blanc hétéro cisgenre de... 72 ans déjà. Le formidable accueil cannois de ce film n'était pas tant que ça un gage de réussite, le festival étant peu susceptible de constituer une véritable caisse de résonnance éclairée des sujets queer.

Ce film est profondément innovant, décalé, inclassable. Sa mise en scène cherche autant que possible à jouer sur le confinement du studio et assume ce parti-pris imposé par l'épidémie mondiale du covid : plans rapprochés, obscurité, environnement et mouvements de caméra maîtrisés. La musique est globalement très chouette, écrite et composée par Camille (j'adore) dont la patte est très reconnaissable, avec son organicité habituelle qui colle très bien aux sujets et aux personnages. L'écriture de ces derniers est très fine, mais c'est surtout leur interprétation que j'ai trouvée incroyable, notamment celle de Zoe Saldaña. Karla Sofia Gascon illumine également le film. Le casting féminin mérite donc amplement sa palme. Surtout, Audiard et son coscénariste parviennent très vite à déjouer le procès en transphobie qu'on aurait pu dresser à la lecture d'un pitch réducteur, en donnant une vraie portée humaine et politique au parcours de transition, et de la profondeur à la dysphorie de leur héroïne, tout en gardant un personnage complexe.

Mais la réussite de "Emilia Perez" n'est pas totale. L'écriture de certaines scènes est au mieux maladroite, au pire malaisante (la chanson sur la chirurgie), parfois passable (la levée de fonds). J'ai également trouvé que la romance d'Emilia et Epifinia intervient bien tard dans le récit, sans que je puisse y adhérer totalement. Dans l'ensemble cependant, ce film demeure un vrai coup de théâtre et s'inscrit dans la lignée des derniers films de ce réalisateur de génie qui n'en finit plus de se réinventer, sans jamais de fausse note.

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28 février 2024
8,5/10

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14 décembre 2024

Assez ouf comme on peut se laisser (sur)prendre par des films inattendus. Alors oui, on m'avait plutôt bien vendu "En fanfare", en mettant en avant son côté très humain, réconfortant en ces temps troublés. Mais de là à me faire cueillir comme je l'ai été...

Emmanuel Courcol est avant tout un scénariste, et cela se ressent dans cette belle histoire familiale, dont le rapprochement avec "La vie est un long fleuve tranquille" marque mal la richesse du scénario. Les deux héros sont très bien écrits, réalistes : adultes assez solitaires aussi ravis de se découvrir un lien qu'empreints d'égoïsmes. Le film n'est jamais lourd sur ses enjeux ou sur ses scènes, fonctionnant beaucoup - notamment dans les scènes d'exposition - sur une ellipse bienvenue, qui file à l'essentiel. A la croisée de plusieurs combats pour l'accomplissement, le succès, la survie, il n'épuise ni son sujet ni ses personnages et se clôt avec une bouleversante et galvanisante scène musicale, trop dure à supporter pour mon petit cœur.

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23 octobre 2024
7,5/10

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17 août 2024
7,5/10

Je restais avec les frères Larrieu sur un enchantement inespéré avec leur dernier film "Tralala" (ma critique : https://www.senscritique.com/film/tralala/critique/256297615). Inespéré car "Le voyage aux Pyrénées" de 2008 m'avait profondément atterré.

Un peu cahotante au départ, cette adaptation du roman de Pierric Bailly trouve dans l’interprétation très touchante de ses acteurs, la sincérité de son héros et sa mise en scène fluide et sensible les ressorts de son épanouissement. Au prix finalement de l'abandon rapide de l'esprit fantasque des deux frères, qui sacrifient ici à leurs habitudes pour la bonne cause.

Karim Leklou d'abord, dans un jeu embarrassé dont il a le secret, Sara Giraudeau ensuite dans un rôle qu'elle habite à merveille, Laetitia Dosch surtout dans une interprétation en nuance d'un personnage complexe et obscur. Les trois acteurices sont en suspension. Le scénario est également réussi, qui croque le destin patient d'un homme qui n'a pour lui que sa gentillesse et qui s'en trouve, fait rare, récompensé.

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27 décembre 2024
7,5/10

Il faut souvent attendre la fin de l'année pour se laisser surprendre par un film inattendu, pas annoncé, et réalisé par un type dont on avait jamais - ou si peu - entendu parler. "Conclave" ne déroge pas à cette règle qui me conforte dans l'idée d'être patient dans l'élaboration de mon top10 de l'année.

Tendu de bout en bout, proposant un sujet et une caractérisation de ses personnages originales, remarquablement incarné par Ralph Fiennes et Stanley Tucci, élégant, ce film d'Edward Berger, que je ne connaissais pas, marque de solides points. Il n'y a que l'écriture générale du récit sa laissant aller à des péripéties un peu trop explosives à mon goût, qui m'a parue moins robuste.

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20 septembre 2024
7,5/10

Un évènement tel que la mort de Mahsa Amini et la révolte du mouvement "Femmes, vie, liberté" ne pouvait pas échapper à une adaptation sur grand écran. Ce mouvement, et la répression qu'il connait, sont trop symptomatiques de l'oppression patriarcale pour tolérer d'être tenus en-dehors de la sphère cinématographique. Cependant, si le sujet du film a une portée universelle et est d'une actualité brûlante, une telle adaptation devait être réalisée en Iran et avec un casting iranien pour rendre compte et hommage à la lutte. Une gageure, qui s'est traduite par l'exode du casting et du réalisateur (un habitué) et des peines d'emprisonnement prononcées.

Rares sont les films à ce point politiques que tout dans leur création témoigne d'une prise de risque aussi forte. Cela se ressent dans la gravité du propos et dans la conviction de l'interprétation - même si cette dernière ne m'a toujours convaincu, notamment le jeu de Setareh Maleki. Loin de se contenter de ces forces chèrement acquises, Rasoulof a su insuffler une écriture très équilibrée à son long-métrage, qui rejette la caricature facile pour révéler les failles par lesquelles l'obscurité de ses personnages parvient à sourdre : égo blessé, confiance trahie, provocation gratuite, inconséquence... Chacun et chacune, au miroir de la révolte, exprime le meilleur et le pire de soi-même. Mais dans ce jeu de révélation, celle qui sort irrémédiablement démasquée et monstrueuse, c'est la volonté irrémédiable de contrôle sur la pensée et la chair du patriarcat. Un poil long et parfois maladroit, mais un vrai un grand film.

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1er janvier 2025
7,5/10

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24 mai 2024

Alors, après le succès époustoufflant de son "Call me by your name", Luca Guadagnino saurait-il me séduire à nouveau ? Avec Zendaya au casting d'un film au sujet inattendu - le tennis - j'étais au moins intrigué.

"Challengers" est un film formellement maîtrisé, notamment dans sa gestion du rythme et des moments de tension. La réalisation se laisse parfois aller à des affèteries dispensables dans son exploration récurrente d'axes et de mouvements de caméra invraisemblables. Dans l'ensemble, c'est surtout la grande qualité d'écriture de ses personnages, tous les trois complexes et agaçants et attachants, qui ressort de ce film qui explore les conflits de loyauté et de libido entre ses personnages. L'acting est au diapason de l'écriture.

Si on ne ressort pas absolument charmé de ce film, c'est sans doute parce que son ambiguité permanente, associée à un climat général de frustration, ne permet pas une identification totale aux situations. Les effets de manche scénaristique sont globalement bien amenés, mais desservis par une réalisation qui, comme je l'ai, frôle parfois les longueurs dans le m'as-tu-vu. Guadagnino livre une réflexion intéressante, et parfois bousculante, sur la notion de trophée et sur les représentations de la réussite mais ne va pas tout à fait au bout de son propos. Cette indécision est revanche salutaire lorsqu'il aborde la sexualité de ses protagonistes masculins. Je retiendrai enfin ces deux incroyables scènes de flirt à trois sur la plage et dans la chambre...

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4 octobre 2024

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