Les meilleurs films de Christopher Nolan selon Yayap

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Le choix semble évident mais bon... Malgré ses défauts de plus en plus voyants (le manque de finesse global, notamment dans le dernier acte), The Dark Knight reste un exploit considérable dans le paysage du blockbuster qu'il aura contribué à forger. A la manière de Burton bien avant lui, Nolan s'approprie complètement l'univers de l'homme chauve-souris pour livrer un thriller urbain post-9/11 complètement paranoïaque.

Le film est passionnant à suivre grâce à son rythme sans temps mort et au sens de la construction et du montage de Nolan, mais est aussi un beau modèle d'écriture de personnages au service des thématiques du film : ordre, chaos, symboles... Pour le coup c'est l'un des films les plus denses de Nolan et l'un de ceux où les artifices de scénarios étouffent le moins les intentions de fond du film. Encore en fois, on peut lui reprocher son côté bourrin mais difficile de trouver narration plus efficace dans le fond comme dans la forme au sein d'un film à grand spectacle contemporain.

Et je sais qu'il parait surfait à force d'avoir été tant commenté et tant copié, mais le Joker de Heath Ledger reste une parfaite représentation de comment on peut transformer et transfigurer un personnage connu pour complètement le redéfinir aux yeux du public. J'ai aussi envie de louer le rôle de Harvey Dent et la prestation moins "flashy" mais tout aussi remarquable d'Aaron Eckhart.

C'est également le premier film où Nolan cèdera aux joies de l'IMAX qui vont l'amener à redéfinir son cinéma et à trouver ce qui à mon sens fait le vrai sel de sa mise en scène : l'ampleur et la volonté de représenter un écrasement qui dépasse l'humain. Le cinéaste est clairement plus à l'aise pour représenter l'action, le mouvement plutôt que l'intimité de l'humain et le prouve ici grâce notamment à cette jouissive séquence d'intro mannienne ou bien la superbe course-poursuite.

Je n'ai rien à redire. Ça doit être l'un des derniers cas où un auteur a pu totalement s'approprier un blockbuster en ayant un tel impact par la suite. Nolan lui-même n'arrivera jamais à dépasser son propre exploit.

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Désormais maître incontesté du domaine très fermé des "blockbusters d'auteur", Nolan fait encore monter ses ambitions d'un cran pour cette fois-ci toiser la SF spatiale. Interstellar est bien entendu un énorme hommage à 2001, doublé d'une forte inspiration spielbergienne période Rencontres du 3e type. L'héritage des grands maîtres est repris et transformé dans ce qui est peut-être le film le plus sensible du cinéaste. On n'échappe pas à quelques passages d'exposition un peu lourdingues et tours de passe-passe scénaristiques mais l'écriture tend malgré tout à une plus grande épure que par le passé et ce n'est pas pour me déplaire.

Le coeur du film reste, d'un côté, cet attrait irrépressible de Cooper pour le grandiose de l'espace, l'inconnu et la découverte et de l'autre, sa relation fusionnelle avec sa fille. Et je trouve que le cinéaste tape juste sans en faire trop et illustre à merveille cette dychotomie au coeur des dilemmes les plus déchirants du film. Et c'est parce que cette première heure terrienne intimiste et posée fonctionne si bien qu'on est ensuite complètement emporté lorsque Nolan amorce son odyssée spatial, sublimant à chaque instant ce sentiment d'émerveillement teinté de tension anxiogène.

C'est sans doute le film le plus spectaculaire du cinéaste par son seul jeu sur les proportions et l'immensité de l'espace comme des planètes explorées. Rien n'est super dépaysant mais il suffit d'une étendue d'eau ratissée de vagues titanesques ou d'une couche de nuages givrés pour créer un sentiment d'altérité assez grisant. Pour le coup, le côté très terre-à-terre de Nolan fonctionne et permet au cinéaste de vraiment s'approprier les codes du space-opera sans les desservir. A la fois spectaculaire, intimiste et contemplatif, Interstellar est de plus servi par ce qui est probablement la plus belle BO de Hans Zimmer pour le cinéaste, lui aussi plus subtil qu'à l'accoutumée.

Je n'ai pas grand chose à redire si ce n'est ce segment final : l'idée est belle mais le résultat est grossier et bien trop littéral par rapport à l'ambition universelle des thématiques abordées. Mais ça ne gâche que très peu mon plaisir.

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C'est à mon sens le film où le côté "intrigues à tiroir" cher à Nolan fonctionne le mieux. Le cinéaste affirme ici son plaisir à berner le spectateur et le met carrément en scène à travers ce duel de magiciens dont l'enjeu existentiel sera de trouver LE truc qui bernera tous les spectateurs. Il y a là une belle mise en abîme du cinéma, de cette obsession à élaborer le mensonge pour émerveiller mais aussi du prix à payer puisqu'être magicien (ou cinéaste) c'est donner sa vie à son art.

Cette idée est très bien illustrée par ce duo de personnages, Nolan met en scène leur rivalité comme principal moteur de l'intrigue mais n'oublie jamais de les habiter émotionnellement. Je trouve particulièrement que tout ce qui entoure le personnage de Jackman et son "truc" est d'une poésie morbide assez déchirante, renforcée par l'aura surnaturelle qui entoure les séquences avec David Bowie.

La sobriété de la mise en scène de Nolan fonctionne à merveille ici, au service d'une élégante reconstitution d'époque tandis que le montage et le dialogue mènent le récit comme souvent. On accepte de se laisser berner sans trop chercher à comprendre, ça fait partie de la magie après tout.

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Le film de guerre de Nolan m'avait un peu laissé froid à sa sortie mais un second visionnage m'a permis de mieux l'apprécier. Le cinéaste tend ici à radicaliser son approche : Dunkirk est un film avant tout sensoriel, qui met la narration et surtout le dialogue de côté (une première chez le réalisateur) pour entièrement laisser parler la réalisation.

Nolan est plus que jamais à son aise pour mettre en scène des forces qui dépassent les personnages et pour dresser de véritables tableaux apocalyptiques. Tout est épure : le mouvement est rare et précis, les plans larges accordent énormément de place au vide et la menace est abstraite au point de ne jamais être explicitement montrée. Cette science de la mise en scène écrasante est plus que jamais sublimée par le choix du réal de tourner la majorité du film en IMAX (et ça a clairement joué dans mon ressenti positif au revisionnage).

Débarassé des fioritures encombrantes de la narration, Nolan met en scène la guerre et la bataille de Dunkerque en particulier comme une course instinctive avec un double objectif : la survie et le retour à la maison. A ce titre c'est bien évidemment la ligne narrative consacrée aux soldats sur la plage qui remporte mon adhésion. Je trouve les deux autres assez efficaces mais plus secondaires, tant la partie sur le bateau avec les phrases sentencieuses un peu trop attendue du personnage de Mark Rylance que celle dans les airs qui reste la moins impliquantes émotionnellement.

J'ai en revanche nettement moins été gêné par le choix d'une narration temporellement non-linéaire. C'est un choix thématique et esthétique important pour un obsédé du temps comme Nolan mais qui n'a finalement peu d'incidence négative sur le ressenti puisque son seul objectif semble être de pouvoir faire du montage parallèle (lubie éternelle du réalisateur) et non pas de compliquer inutilement une narration qui ne demande pas à l'être. Idem pour la musique de Zimmer, peu intéressante dans l'absolu mais parfaitement appropriée à cette volonté de faire ressentir une tension continue au spectateur. C'est peu subtil mais le mixage sonore vrombissant associé à la puissance écrasante des images a quelque chose de grisant.

J'espère vraiment que Nolan refera un jour un film si radical car ce qu'il fait ici m'intéresse nettement plus que ses machins pseudo-compliqués avec trop de blabla.

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Le très commenté Inception est peut-être le film le plus synthétique du cinéaste. L'amour du cinéaste pour les intrigues alambiquées, les temporalités non-linéaires, les montages parallèles, est exacerbé ici. C'est peut-être ici que se situent les plus grosses limites du film puisque si Inception bénéficie d'un concept attrayant et d'un rythme confortable, il est quelque peu parasité par l'envie du cinéaste de surexpliquer le moindre élément de son univers, au risque de nuire à la clarté d'une intrigue "à tiroir" pas si compliquée dans le fond.

Comme d'autres Nolan, Inception est un film sur l'obsession et la manière dont elle parasite l'âme. Le fil rouge est plutôt bien mené et assez satisfaisant sur le plan émotionnel mais je regrette qu'un film sur le rêve ne laisse qu'une part si faible à l'implicite et au ressenti. De même que la représentation visuelle de l'idée nolanienne du rêve, ce sont des décors tout ce qu'il y a de plus terre-à-terre. Je ne dis pas qu'il aurait fallu des délires visuels à la Paprika (influence évidente du film) mais un équilibre aurait été appréciable. Et ici la musique tonitruante et bourrine de Zimmer n'aide pas à apprécier l'ouvrage du cinéaste.

Si l'on oublie ces défauts, Inception reste un grand film de braquage sur fond de SF assez bien mené. C'est bien rythmé, bien joué et le sens de l'écrasement visuel du cinéaste reste intact lors de quelques séquences spectaculaires qu'il est inutile de citer. Le film reste tout de même l'un des derniers films de science-fiction à grande échelle totalement originaux à avoir su trouver le succès et rien que ça me donne envie de l'apprécier pour ses belles tentatives et sa générosité, malgré des imperfections propres au cinéaste.

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Un peu oublié au sein de la trilogie, ce Batman Begins reste pour moi un modèle dans le registre de l'origin story superhéroïque. Je trouve la première moitié assez irréprochable dans la manière dont elle travaille le passé de l'homme chauve-souris en s'inspirant d'illustres modèles (Year One) tout en développant les thématiques chères à Nolan à travers toute la trilogie, notamment celle du symbole qui supplante l'humain.

Passé cet impeccable prologue, le film se perd un petit peu. Rien de mauvais mais on sent que Nolan maîtrise moins son sujet dans cette seconde moitié et qu'il doit tardivement développer des enjeux et une intrigue propres au film pour achever la naissance du héros. Cette histoire de malfrats et d'Epouvantail peine un peu à décoller. C'est dommage parce que c'est l'un des rares moments où Nolan se permettra de rendre l'ambiance de Gotham un peu gothique et surnaturelle avant de tomber dans la pure mimique de mégalopole américaine avec les deux suivants. Ça marche bien mais du coup ce volet-ci fait un peu tache.

Je n'en garde pas moins une vraie sympathie pour ce premier volet et son introduction exemplaire du personnage.

Annotation :

J'avoue avoir assez peu de souvenir de ce film, l'un des rares de cette liste que je n'ai vus qu'une fois. J'en garde l'image d'un bon polar bien mené et à l'atmosphère singulière, porté par un Pacino à la fatigue communicative et un Williams en savoureux contre-emploi.