Les meilleurs films français de 2020 selon takeshi29

Annotation :

"Si c’était de L’Amour" questionne la danse, le théâtre, le genre, le réel, la fiction. Un documentaire entre transe et hypnose, dont on a un mal fou à sortir tant l’immersion est puissante et intense. Entêtant et enivrant comme ses boucles électro...

Annotation :

Comme toujours chez Gaspar Noé on est dans le cinéma de la sensation, de la vibration, de la jouissance ou de l'aversion.

Ici probablement plus que jamais puisque, mais je ne vous en dis pas trop pour ne pas divulgâcher, c'est tout simplement le corps du spectateur qui est mis à l'épreuve, sa faculté de résistance. Mais attention la forme ne tient pas du gadget, le propos de Noé étant d'interroger sur ce qu'est le cinéma, et donc notre rapport à celui-ci. Passif ou actif, à la recherche de tranquillité ou d'inconfort, de divertissement ou de formel, le Gaspar, en même temps que les réalisateurs qu'il convoque et cite, entre autres Dreyer, Godard ou Buñuel, questionne notre capacité d'engagement dans l'art tout entier.

NB : Je m'en voudrais de ne pas dire un mot sur la première partie, car il ne faudrait pas que le manifeste expérimental fasse oublier que "Lux Æterna" est également une comédie, clivante certes, mais une comédie quand même.

Annotation :

Voici ce que j'avais écrit en apprenant que cette "Inversion intégrale" allait voir le jour : "Au moins je suis sûr cette fois de ne pas voir trois ados assises juste devant moi quitter la salle au bout de quelques très courtes minutes. Déjà parce qu'elles ont dû bien grandir depuis et surtout parce que la scène du tunnel et celle de l'extincteur viendront cette fois bien plus tard."

En effet personne n'a quitté la salle durant la projection, mais 2 couples, visiblement bien bien secoués, ont déserté avant "Lux Æterna" qui était proposé 10 minutes plus tard. Alors ce nouveau montage se justifie-t-il ? Selon moi sans aucun doute car il apporte une lecture différente du récit, et ce que je considérais comme un grand film d'amour devient ici tout autre chose, la lumière ne se trouvant pas au bout du tunnel, l'aspect solaire du début de l'"Irréversible" 2002 étant ici noyé par la vision de l'enfer à venir.

Par contre une chose est intacte : les baffes que reçoit le spectateur. Que ce soit en terme de mise en scène (Les 2 scènes d'ouverture, et donc de clôture, sont des monuments opposés) ou de violence brute, sur moi en tout cas l'effet fut le même qu'il y a 18 ans.

Annotation :

Le Ozon coquin-malin, ludique, celui que j’aime le plus, est enfin de retour. "Été 85" est un manifeste sur le “Faire cinéma”, sur l’art de l’invention, du romanesque, en mélangeant les genres, en nous ramenant 35 ans en arrière par l’artifice pur, l’arme ultime du créateur.

On peut prendre ce film à tous les degrés, au premier et pleurer en voyant Alexis danser sur une tombe comme Madame takeshi29, au quinzième et se marrer en se délectant de voir un François fun manipuler le spectateur, et ce dès le naufrage d'ouverture et son ciel d'orage qui signifient que rien dorénavant ne sera réel, comme votre serviteur.

"Été 85" est un grand film sur l'adolescence, sur la filmographie d'Ozon, sur "La Boum"...

Annotation :

Sébastien Lifshitz est décidément un grand documentariste, et ses "Adolescentes" sont tour à tour drôles, agaçantes, attachantes, bouleversantes. Un film ambitieux (2h15 et 5 ans de tournage), ample, qui saisit admirablement cette période exaltante et cruelle de la vie. Mais aussi l'époque...

Annotation :

Après le très réussi “Voyage de Monsieur Crulic”, la Roumaine Anca Damian revient avec "L'Extraordinaire voyage de Marona", bijou visuel, récit à hauteur de chien poétique et déchirant. De l’animation familiale, même si les parents devront consoler les enfants. Ou inversement...

https://www.franceculture.fr/emissions/la-grande-table-culture/voyage-au-coeur-de-lanimation-avec-anca-damian

Annotation :

Mariana Otero a posé son regard, magnifique, sur un autre regard, celui du photographe Gilles Caron.

Elle nous explique cette « Histoire » à travers ce documentaire très fort, passionnant, bouleversant, qui en dit autant sur le processus artistique que sur le parcours d'un être extraordinaire, témoin de toutes les folies du monde autant que de soirées people à l'Olympia.

Ce véritable personnage de roman a disparu au Cambodge à 30 ans, laissant derrière lui une œuvre colossale et précieuse, dorénavant un film le rend immortel...

https://twitter.com/takeshi2922/status/1226561280053522434

https://www.franceinter.fr/emissions/on-aura-tout-vu/on-aura-tout-vu-01-fevrier-2020

https://www.franceculture.fr/emissions/la-grande-table-culture/mariana-oterogilles-caron-echanges-de-regards

Annotation :

"ADN" c’est du Maïwenn pur jus : à fleur de peau, excessif, à t’envoyer des claques dans la gueule et dans le cœur durant 90 minutes. C’est un grand film sur le deuil, la famille, l’identité. Du cinéma qui vibre fort, et salvateur par les temps qui courent.

Annotation :

"Josep" est une splendeur animée, au trait surpuissant, biopic d’une richesse folle, récit historique et politique qui permet de se rappeler que tout n’est qu’éternel recommencement. Et que la haine de l’autre est un poison.

Annotation :

Après la parenthèse "Mademoiselle de Joncquières" Mouret revient à du pur Mouret. Suis-je lassé de son cinéma ? Je l'ai craint au début mais définitivement non, surtout quand il signe une œuvre ample, drôle et profondément mélancolique, quand il intègre enfin à ses marivaudages de la gravité. Et cette fin bouleversante qui déploie en sous-texte cette morale délicieusement immorale : on peut céder à ses envies et être quelqu'un de bien.

Annotation :

Ceux qui arriveront à polémiquer sur ce film, à convoquer des termes tels que morale, normalité ou autre connerie ne l'auront soit pas vu, soit regardé comme les lâches qu'on ne verra jamais durant cette heure trente, avec des yeux pleins de préjugés et d'une intolérance de principe.

Perso j'ai passé cette même heure trente à me dire la chose suivante : que c'est simple ce que veut Sasha, que c'est facile à comprendre ce que disent ses parents, ses frères et sœurs. Mais non petite fille, la société ne veut pas que ce soit simple, ceux qui s'ennuient dans la vie vont venir te dire ce que tu dois être, et surtout ne pas être, car eux savent mieux que toi. Ils vont te faire pleurer souvent mais ne t'en fais pas surtout, c'est pour ton bien et tu les remercieras plus tard.

Annotation :

Nicolas Maury est un acteur singulier, parfois drôle parfois touchant et fragile. Il est le même, et son cinéma avec, en passant derrière (et toujours devant pour notre plus grand bonheur) la caméra. Et en plus il a l'intelligence de s'entourer de Nathalie Baye et Laure Calamy.

Si vous voulez un film qui fait du bien pour la réouverture des cinémas le 15, je vous conseille ce "Garçon chiffon".

Annotation :

L’ouragan Laure Calamy dans un rôle enfin à sa (dé)mesure. Antoinette est amoureuse, fraîche, candide, courageuse, on rit avec elle, on partage ses peines. "Antoinette dans les Cévennes" est la comédie de cette rentrée, un bonbon, un bonheur. Avec une révélation : l’âne Patrick.

Annotation :

Enfin du Paul Vecchiali à nouveau visible en salles, certes avec 18 copies, mais visible quand même. Avec 2€ cet homme de 90 ans fait de son théâtre de poche du pur mélodrame cinématographique, en dehors de toute norme. Merci à lui, à Marianne Basler et aux programmateurs aventureux.

Dans ce film Vecchiali rend hommage à Douglas Sirk, à Jean Grémillon par l'entremise d'une affiche de "Daïnah la métisse" passant subrepticement dans le cadre. C'est ça Vecchiali, un dingue de cinéma qui pour ne pas mourir continue à en faire. Quelle tristesse que personne n'aille recevoir ces gestes bouleversants !

Annotation :

Pari osé que de résumer la carrière du maître par le maître en à peine plus d'une heure, d'autant plus avec une réelle proposition de mise en scène, ce qui aurait pu valoir à Grégory Monro un Melon d'Or s'il avait un tant soit peu raté son coup.

Mais il faut bien l'avouer, le tout est passionnant, même si frustrant, et le documentaire ne se contente pas d'être un bout à bout d'interviews de Kubrick par Michel Ciment. Ludique donc grand public, sans pour autant donner aux fans l'envie d'appuyer sur STOP au bout de 10 minutes, préférant se plonger enfin dans un des ouvrages Taschen consacrés à son idole qu'il a conservés sous cellophane jusqu'ici. Ouf, le maniaque est sauvé et pourra se contenter de caresser (des yeux, il faut quand même pas déconner c'est fragile ces bestioles) ses précieux.

Annotation :

Mathias Théry et Étienne Chaillou, papas du remarquable "La Sociologue et l’ourson", remettent le couvert avec "La Cravate", film intelligent (jusque dans son procédé narratif qui déconcerte, amuse, énerve, interroge, mais qui a au moins le mérite d'amener à la réflexion et à la réaction), éclairant, et surtout d’une grande honnêteté intellectuelle, presque une gageure avec un tel sujet.

https://www.franceculture.fr/emissions/par-les-temps-qui-courent/jochen-gerner-0

https://www.franceinter.fr/emissions/on-aura-tout-vu/on-aura-tout-vu-25-janvier-2020

Annotation :

Voici ce qui me manquera le plus quand les cinémas n'existeront plus, mon optimisme légendaire me pousse à croire que ça ne devrait plus trop tarder : à l'image de ce mercredi, quitter une salle et un Michel-Ange à la mode russe et aller rejoindre dans une autre un petit vampire français animé... (Bon en vrai après je me suis tapé le Nossiter et à l'issue de la séance je hurlais sur le trottoir : « Gloire à Jean Castex ! »)

Quel bonheur que ce nouveau Joan Sfar. Tendre, gothique, drôle, intelligent, d’une inventivité visuelle de tous les instants. Ou comment le cinéma d’animation peut ravir les enfants sans faire d’une séance une punition pour les parents.

Annotation :

Tout ce qui se dit sur "Tout simplement noir" est donc vrai. Si toutes les comédies étaient aussi inventives, insolentes, intelligentes, le cinéma français grand public aurait de beaux jours devant lui. Car oui on peut faire rire, beaucoup, et réfléchir, beaucoup, on peut aller très loin pour dénoncer le racisme autant que le communautarisme.

Que ça fait du bien de rire avec, et non contre...

Annotation :

Adieu les cons... et un peu la folie furieuse de Dupontel aussi (cf critique)

Annotation :

La voici la très très belle surprise parmi les sorties de ce mercredi, avant de découvrir vendredi "Queen & Slim" et "Mickey and the Bear".

Amour saphique, vieillesse, handicap, la barque pouvait paraître chargée, et pourtant Filippo Meneghetti réussit un petit miracle de premier film : "Deux" est rude et solaire à la fois, fragile mais puissant, et porté par un trio d’actrices en lévitation.

Annotation :

Autre documentaire qui témoigne du chaos, de l'horreur, "Sinjar, naissance des fantômes" part à la rencontre des traumatismes d'un peuple irakien à l'agonie après le passage et le règne de l'État islamique.

Crimes de guerre, crimes contre l’humanité, face caméra des hommes et surtout des femmes racontent le calvaire, et c'est tout bonnement terrifiant. C'est par moments à la limite du supportable, et pourtant c'est probablement notre rôle de ne pas baisser les yeux ni se boucher les oreilles.

Annotation :

Le dernier Kervern - Delépine est un excellent cru au casting exceptionnel. Ceux qui aiment leur univers à la fois furieusement drôle et politique ne seront pas déçus, "Effacer l'historique" étant une sorte de best-of de leurs 8 longs précédents.

Annotation :

Pour ceux qui seraient familiers de ce type de films on se situe quelque part entre "Les Illettrées" et "On va tout péter", soit le témoignage d'une lutte ouvrière. Un an durant Eric Guéret a filmé les salariés de l'aciérie Ascoval dans leur bataille, entre espoir et résignation.

C'est à la fois informatif, mais c'est également un vrai objet de cinéma, le réalisateur ayant pris soin de faire exister des personnages et non de simples silhouettes.

On en sort la rage au ventre, mais aussi heureux d'avoir approché de si près l'humanité, la vraie, durant 93 minutes. Du cinéma utile, mais pas que...

Annotation :

"Des hommes" est un documentaire en mode Depardon, où la parole est laissée aux protagonistes. Le monde carcéral filmé dans son jus, sans jugement moral. Du témoignage brut, de l’humanité...

Bonne nouvelle, ce film présenté par l'ACID à Cannes a trouvé un distributeur, ce sera Rezo, et selon quelques indiscrétions il devrait bénéficier d'une sortie en salles début 2020.

https://www.franceculture.fr/emissions/par-les-temps-qui-courent/alice-odiot-et-jean-robert-viallet

https://www.franceculture.fr/emissions/la-grande-table-idees/que-reste-t-il-de-lhumanite-en-prison

Annotation :

Ce "Capital au XXIe siècle" peut faire peur sur le papier, et pourtant à ma grande surprise il ne s’agit pas d’une simple mise en images pédago de l’essai de Piketty, c’est un vrai et passionnant film de cinéma, un documentaire foisonnant, certes vulgarisateur mais au sens noble du terme, presque sexy par instants avec ses sorties de route pop.

Oui oui le capitalisme (et ses répercussions) peut être sexy, surtout quand il est entre autres illustré par le film néo-zélandais culte “Utu”.

Annotation :

Si l'on s'en tient au synopsis ce film pourrait sembler très proche du précédent, puisque lui aussi parle d'autisme. Mais Fernand Deligny étant certes éducateur mais aussi cinéaste proche de Truffaut, la matière historique, les archives permettent très rapidement à Richard Copans d'aborder autant la force de l'art que l'amour d'un homme pour ses "débiles profonds" comme il les appelait lui-même.

Et quand soudain par la simple force du cinéma ces enfants perdus en croisent un autre, Antoine Doinel, tout prend sens.

NB : Ce très beau documentaire fut un des sacrifiés du confinement, il est à rattraper en VOD, et il serait dommage de passer à côté.

Annotation :

Ce documentaire est très certainement le meilleur si l'on veut connaître et surtout comprendre Christophe Miossec, à la fois l'homme et l'artiste. Images d'archives, interviews, ce film balaie une carrière mais aussi une vie, la vie chaotique d'un écorché vif qui se livre ici comme jamais.

Annotation :

Ce documentaire perd forcément de sa force aujourd'hui tant ce qu'il narre semble lointain. Et pourtant c'est exactement pour ça qu'il est passionnant car il démontre à quel point ce qui s'est joué là est profond, ancré dans l'histoire depuis toujours. La violence, le pouvoir, "Un pays qui se tient sage" aborde des sujets politiques et philosophiques éternels, avec l'honnêteté de ne pas cacher d'où il parle.

Annotation :

L’art comme cri de douleur, de révolte, mais surtout pour exposer son incroyable envie de survivre dans le chaos. C’est ce que déploie en grand "Système K", passionné et passionnant documentaire de Renaud Barret sur le street-art congolais. Sorti le 15 janvier dernier dans un certain anonymat, ce film, malgré un manque de contextualisation, mérite le déplacement.

Annotation :

De plus en plus de films sortent sur le monde agricole, mais ce qui différencie probablement ce documentaire de la plupart des autres est l’angle intime choisi par Rodolphe Marconi, jusque dans cette mise en scène à l'unisson.

Cyrille est certes un agriculteur mais avant tout un être sensible, et c'est aux côtés des deux que nous passerons ces 85 minutes. Avec à la clé toujours le même triste constat : l’humain broyé par la machine économique devenue folle.