Les meilleurs films français de 2025 selon takeshi29

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Si la mer est loin les larmes sont proches... (cf critique)

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A 84 ans Jean-François Laguionie signe son film de loin le plus personnel et son œil est certes nostalgique mais jamais rance. Il rend comme souvent hommage à l'imaginaire, aux aventuriers, y compris ceux qui font le tour du monde dans leur jardin, et à cette mémoire d'enfant qui a choisi de ne se rappeler que du beau, du doux, du regard d'une mère ou de la main d'un père. Poétique et émouvant, le genre de film familial qu'on aimerait voir plus souvent.

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Le sens du timing des journalistes de Mediapart n'est plus à démontrer, et c'est donc très logiquement le 8 janvier que sortira ce "Personne n'y comprend rien".

Soit précisément deux jours après l'ouverture du "procès Sarkozy" dans l'affaire dite des financements libyens. Et l'exercice est salutaire car Fabrice Arfi, Karl Laske et d'autres intervenants passionnants se proposent de décortiquer les tenants et aboutissants de ce bordel aux très nombreuses ramifications. Documents et témoignages à l'appui on remonte le temps, on se rafraichit la mémoire et on est enfin prêt à profiter du spectacle que devrait être ce concours de Pinocchios devant le tribunal correctionnel de Paris.

L'enquête journalistique aura duré douze ans et par miracle le film la rend limpide, malgré les dates, les sommes, les noms qui se croisent et s'entrecroisent. Et comme toujours avec Yannick Kergoat, réalisateur des "Nouveaux Chiens de garde" et de "La (Très) Grande Évasion", non seulement on comprend tout mais en plus on sourit beaucoup.

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Cinq ans après le prometteur "Tout ce qu'il me reste de la révolution" l'actrice Judith Davis repasse derrière la caméra, et semble à nouveau répondre à cette question : « Qu’est-ce qui s’est déréglé p..... ? ». Elle continue à en rire pour ne pas en pleurer, croque des personnages hauts en couleurs, archétypes de notre vie sociale (et familiale) régie par l'argent mais aussi les grandes croyances pas forcément faciles à concrétiser, à assumer. Ainsi "Bonjour l’asile !" parle de charge mentale, de lutte des classes, de la position des hommes pris entre envie de "déconstruction" et difficulté à trouver leur place. Et c'est probablement là la force de ce film : paraitre caricatural pour progressivement nuancer le propos, sauver ses personnages même les moins sauvables en montrant l'inconscient derrière les actes.

En résumé c'est drôle 95% du temps mais les 5% restants, bien plus profonds, font passer le métrage de sympathique fantaisie à satire cruelle mais lucide sur l'époque. A noter que le casting accompagne merveilleusement ce vent de fraîcheur, comma si l'absence de tête d'affiche était lui aussi un geste politique.

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Même si ce "Spectateurs !" n'est pas exempt de maladresses - Les parties fictionnées sont quelque peu ringardes - Arnaud Desplechin est encore parvenu à m'émouvoir. Parce que son amour fou du cinéma transpire à chaque instant, parce qu'il est remarquable quand il se fait passeur, quand il évoque "Shoah" ou Misty Upham, l'actrice prématurément décédée de "Frozen River". Ses choix sont très personnels, presque arbitraires, et c'est ça qui est beau.

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J'aime Claire Simon d'amour, la femme autant que la réalisatrice, celle qui s'intéresse depuis si longtemps à ce qui fait humanité, civilisation, nation : la jeunesse, la nature, le corps, l'hôpital public, la culture. la solidarité, le village ou encore par deux fois l'enfance. En effet plus de trente ans après "Récréations" la cinéaste retourne à l'école et filme à nouveau (un peu) la cour mais cette fois surtout la salle de classe, le plaisir de transmettre et d'apprendre. Apprendre à lire, écrire, écouter, respecter l'autre. Apprendre à devenir les femmes et les hommes de demain en quelque sorte...

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Antoine Chevrollier signe un premier film extrêmement maitrisé, qui aborde avec subtilité la période de la vie à la fois la plus stimulante et la plus fragile, le poids des secrets, les mentalités figées qui tuent. Il y a beaucoup de soleil dans cette "Pampa", un soleil qui peut réchauffer mais aussi brûler.

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"Twist à Bamako" excepté je trouve Robert Guédiguian à nouveau en grande forme depuis une dizaine d'années. Et la première partie de cette "Pie voleuse" m'a laissé croire à un très grand cru, avec ce conte social gorgé de soleil, ce très beau portrait de femme généreuse et immorale à la fois servant d'agent de liaison scénaristique entre les différents personnages. Mais au prix d'un "coup de théâtre" romanesque pour le moins inattendu le récit prend une drôle de tournure. Quand l’attention se porte principalement sur les protagonistes plus jeunes, l'ensemble semble perdre de sa véracité, comme si le réalisateur de l’Estaque ne les saisissait pas autant que les plus anciens. Un décalage entre générations, une indulgence à géométrie variable, déjà perceptibles dans certains de ses films précédents. Mais au-delà de cet écueil, que chez Guédiguian les réconciliations réchauffent le cœur, que les mots de Victor Hugo sonnent justes, que c'est beau de voir cette troupe vieillir sous l'œil de sa caméra, qu'Ariane Ascaride est lumineuse, que c'est émouvant d'avoir vu Jacques Boudet pour la dernière fois...

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N'étant pas particulièrement féru de botanique je ne suis pas allé voir ce film pour les plantes mais pour Pierre Creton dont j'aime énormément le travail, que ce soit le documentariste ou le créateur de fictions. Ici c'est donc le premier qui œuvre et forcément avec l'agriculteur-cinéaste c'est étonnant. Étonnant car on passe bel et bien 104 minutes à regarder des plantes et écouter le spécialiste Mark Brown les décrire. C'est donc assez aride et j'ai cru dans un premier temps que l'ennui allait rapidement être mon ami. Et finalement non, je me suis laissé porter, je me suis baladé, j'ai profité de cette nature encore intacte... dans une salle de cinéma.

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Malgré des fragilités inhérentes aux premières fois, malgré un registre qui aurait gagné à être clairement tranché, "Cassandre" a quelque chose, avec cette manière de refuser d'être un film "Dossiers de l'écran", avec ces personnages, incarnés par un remarquable casting, enfermés dans leurs relations toxiques, qui vivent dans un cauchemar sans chercher un seul instant à se réveiller. A part Cassandre, qui à force de refuser de tout faire éclater, se tue de l'intérieur.

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Le Singapourien Eric Khoo signe là un très beau conte fantastique sur la mort et les regrets, et contrairement à sa "Saveur des ramen" où le ton mélodramatique était parfaitement assumé il choisit ici l'épure, la simplicité pour raconter des choses profondes. Et quel bonheur de voir Catherine Deneuve continuer à s'intéresser à tous les cinémas, à ne pas courir le cachet mais accepter de laisser une caméra capter le temps qui passe, y compris sur une chanteuse / actrice. Et rien que ça, ces quelques moments où en voyant la Deneuve d'aujourd'hui on croit entrevoir celle d'hier, c'est bouleversant. Parce que c'est aussi ça le cinéma, ces souvenirs, cette mémoire...

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Ce "Mohican" a un sérieux handicap : arriver après des "films corses" de très très haute tenue, "Le Royaume" *, "Borgo" et "À son image", scandaleusement absent des César soit dit en passant. Et pourtant s'il est d'évidence moins marquant que les trois autres le film de Frédéric Farrucci a de vraies qualités, avec sa tête de western où la nature escarpée, mais aussi le corps massif d'un formidable Alexis Manenti sont des acteurs à part entière. L'occasion de souligner l'incroyable vitalité d'un cinéma qui parle certes à chaque fois (avec amour) d'un territoire gangréné, mais de manière très différente, en utilisant des biais narratifs qui ne se ressemblent jamais. Ici on aborde des thèmes tels que ceux qui veulent bétonner l'île vs ceux qui veulent la préserver, la mafia et ses petites mains, mais aussi, plus inattendu, les réseaux sociaux et sa fabrique à héros.

* J'ai enfin trouvé la bonne occasion pour donner un petit point de plus au premier film de Julien Colonna. J'avais hésité dès le départ entre le 6 et le 7, mais le fait que j'y repense régulièrement veut tout dire.