Les meilleurs films sur le journalisme selon Marius Jouanny
10 films
créée il y a plus de 8 ans · modifiée il y a presque 8 ansLe Gouffre aux chimères (1951)
Ace in the Hole
1 h 46 min. Sortie : 2 avril 1952 (France). Drame, Film noir, Comédie
Film de Billy Wilder
Marius Jouanny a mis 8/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.
Night Call (2014)
Nightcrawler
1 h 57 min. Sortie : 26 novembre 2014 (France). Drame, Film noir
Film de Dan Gilroy
Marius Jouanny a mis 8/10, l'a mis dans ses coups de cœur et a écrit une critique.
Annotation :
Voir critique.
Citizen Kane (1941)
1 h 59 min. Sortie : 3 juillet 1946 (France). Drame
Film de Orson Welles
Marius Jouanny a mis 8/10.
Annotation :
La gloire et déchéance de Kane, interprété par Orson Welles lui-même, est traitée ici avec une distanciation troublante, qui rend le personnage si fascinant et froid, quasiment incompréhensible. Le film m'a donné un peu la même impression que "Le Troisième Homme" dans lequel joue aussi Welles : un récit captivant mais peu chargé en émotions. Il perd en attachement ce qu'il gagne en rythme, un tempo qui est ici irréprochable : Orson Welles soigne son cadre et nous offre un monument du cinéma. Effets de transitions sonores et visuels remarquables et virtuoses, lumières et techniques splendides... Les plans aériens, une marque de fabrique du réalisateur, sont là aussi particulièrement réussis. Welles impose un style de réalisation admirable et unique dés son premier film, bien qu'il ne m'as pas vraiment ému.
Enfin, la réflexion qu'il propose sur la construction de l'individu, toute la névrose et les contradictions du personnage qui pourrait être analysée d'un point de vue psychanalytique, achève de faire de "Citizen Kane" un incontournable du 7ème art. Sa narration disloquée est à l'origine d'une omniscience volontairement inconfortable pour le spectateur : il apprend dés le début la tragique histoire de Kane, et y assiste tout au long du film avec un sentiment d'impuissance et de gâchis. Le mystère qui voile l'intrigue et surtout le personnage principal jusqu'aux derniers moments du film participe enfin à la fascination qu'on éprouve pour Kane : l'idéaliste accablé, l'indifférent qui ne voulait pas être traité avec indifférence.
Révélations (1999)
The Insider
2 h 37 min. Sortie : 15 mars 2000 (France). Biopic, Drame, Thriller
Film de Michael Mann
Marius Jouanny a mis 8/10.
Annotation :
Micheal Mann braque sa caméra, souvent à l'épaule, sur l'affaire des lobby du tabac avec un regard piquant, teinté d'une froideur apparente qui cache une profonde admiration pour le duo de personnages qu'il développe, remarquablement interprétés par Russell Crowe et Al <3. Une fois de plus, la liberté du journalisme et surtout ses limites dans notre société capitaliste est pointée avec force de conviction : la démonstration souvent poignante. Il y a certes quelques longueurs dans ce film de 2h 15, et un lyrisme pas toujours au diapason. Qu'importe, Mann a des intentions de réalisations toutes à son honneur : l'image est léchée, la bande-son impose des silences étonnants donnant le ton avec panache, et la dernière partie du film amène un regain de rythme et de pertinence dramatique. Le tout est peut-être classique dans sa narration et n'a pas la fièvre de "Les hommes du président", mais on ne peut que se réjouir que Micheal Mann distille une pure réalisation d'auteur, sortant un tel biopic du lot.
Les Hommes du président (1976)
All the President's Men
2 h 18 min. Sortie : 22 septembre 1976 (France). Thriller, Historique
Film de Alan J. Pakula
Marius Jouanny a mis 8/10.
Las Vegas Parano (1998)
Fear and Loathing in Las Vegas
1 h 58 min. Sortie : 19 août 1998 (France). Comédie, Road movie
Film de Terry Gilliam
Marius Jouanny a mis 7/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.
Annotation :
Un Terry Gilliam définitivement sous acide : son duo de protagoniste constamment défoncé nous en fait voir de toutes les couleurs, littéralement ! Les scènes d'un surréalisme délectable s'enchaînent sans transition, et il s'agit peut-être du film le plus drôle du réalisateur, avec Johnny Depp et Benicio del Toro tous deux au diapason. Seulement, le réalisateur peine à dépasser son postulat initial (un voyage journaliste à Las Vegas sous l'emprise de drogues) pour approfondir son propos. On comprend rapidement qu'il s'agit d'un portrait désillusionné du "lower power" des années 60 qui s'échoua par la suite, décevant une génération entière de junkies contestataires. Jamais Gilliam ne va plus loin, jusque dans une fin plutôt convenu.
Il faut néanmoins saluer la maîtrise formelle sans conteste : que ce soit dans sa bande-son, ses décors, ses trips visuels hallucinants et ses ressorts comiques irrésistibles, "Las Vegas Parano" mérite sa place aux côtés de "Fisher King", "Brazil" et "L'armée des 12 singes" sans toutefois atteindre leur maîtrise. Peut -être aussi parce que le film manque de ressorts plus dramatiques qui contrebalancent habituellement avec pertinence les films de Gilliam dans leurs registres.
Zodiac (2007)
2 h 37 min. Sortie : 17 mai 2007 (France). Policier, Drame, Thriller
Film de David Fincher
Marius Jouanny a mis 7/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.
Annotation :
Avec sa narration étirée laissant plus de place à l'intrigue policière qu'aux personnages, "Zodiac" de Fincher veut coller au plus proche de la réalité (ce sont d'ailleurs des faits réels évoqués dans ce film) tout en sombrant dans les méandres d'une enquête aux allures définitivement insolubles. C'est à la fois sa force, car le récit est plutôt captivant, bien que déconcertant tellement il est surchargé d'informations, mais aussi sa faiblesse, car les personnages sont peu développés. Là où Jake Gyllenhaal et Robert Downey Jr. aurait pu être un duo improbable et haut en couleur, ils restent superficiels, les rouages d'un mécanisme un peu trop bien huilé.
Mais il m'est toujours difficile d'être déçu d'un Fincher, car la réalisation est toujours terriblement bien soignée, que ce soit dans ses vues aériennes de haute voltige, ou dans la captation de l'époque à travers les lumières et les décors, en tous points réussis. Un film policier jouant plus sur le mystère que sur le suspens, rigoureusement maîtrisé et restant toujours dans la subtilité.
L'Année de tous les dangers (1982)
The Year of Living Dangerously
1 h 55 min. Sortie : 1 juin 1983 (France). Drame, Romance, Guerre
Film de Peter Weir
Marius Jouanny a mis 7/10.
Annotation :
Encore un Peter Weir au rythme lent, posé, presque halluciné, et aux personnages mystérieux, à l'image de ce nain sensible qui porte l'histoire de sa voix rocailleuse. Résumer ce film à une romance Weaver/Gibson sur fond de guerre civile Indonésienne serait un peu réducteur, mais c'est à peu près le contenu du film. Weir parvient à emporter le spectateur avec pas grand-chose, comme à son habitude, et il le fait bien. Sigourney est superbe, Mel plus ambigu qu'il en à l'air... S'il y a toujours quelques scènes peu utiles, encore un Weir qui mériterait d'être plus connu.
Spotlight (2015)
2 h 08 min. Sortie : 27 janvier 2016 (France). Thriller
Film de Tom McCarthy
Marius Jouanny a mis 6/10.
Annotation :
Je ressors de "Spotlight" comme devant tout bon film sur le journalisme d'investigation, c'est-à-dire exalté, fier de savoir que, parfois, le cinquième pouvoir peut véritablement se placer à l'encontre des institutions. C'est typiquement le genre de film qui peut faire naître des vocations tellement le métier qu'il décrit est passionnant, tout comme l'affaire traitée (une vaste dissimulation par l'Eglise et la justice de viols pédophiles commis par de nombreux prêtres à Boston). Le rythme, l'image y sont irréprochables, et au bout d'une demi-heure la machine est lancée à toute berzingue pour ne plus s'arrêter.
Seulement, je repense à la profondeur psychologique et familiale et à la réalisation atypique qu'exposent "Révélations" de Micheal Mann, tandis que "Sportlight" ne présente pas la vie privée de ses personnages et propose une mise en scène somme toute classique. je repense au rythme lancinant et fascinant de "Zodiac" de Fincher, à la virtuosité des "Hommes du Président"... Et je ne peux m'empêcher de penser que ce "Sportlight souffre quelque peu de la comparaison, tout en méritant assez peu son Oscar du meilleur film, avec des mastodontes comme "The Revenant" et surtout "Mad Max : Fury Road" face à lui. Reste que quand c'est bien fichu, le cinéma sur le journalisme d'investigation a d'office une étincelle de magie filmique.
Les Nouveaux Chiens de garde (2012)
1 h 44 min. Sortie : 11 janvier 2012 (France). Société, Politique
Documentaire de Gilles Balbastre et Yannick Kergoat
Marius Jouanny a mis 6/10.
Annotation :
Dénonçant de fond en comble le grand jeu médiatique actuel en France, que ce soit la presse écrite ou télévisée, "Les Nouveaux Chiens de garde" appuie là où ça fait mal. Inspiré du bouquin éponyme écrit par Serge Halami, il démontre preuves et interviews à l'appui comment les médias sont passés dans les années 80 non pas des mains de l'Etat à une indépendance complète, mais des mains de l'Etat à celles des grands groupes industriels et financiers, dirigés par les plus grandes fortunes de France. S'enfonçant dans les illusions (hypocrites, cela va sans dire) de l'objectivité et du pluralisme, ces médias, tenus en laisse par l'élite social, tiennent eux-mêmes en laisse l'opinion publique. Et la démocratie dans tout cela ? Elle devient "démocratie de marché", dixit l'un de ces journalistes véreux. La machine néo-libéral est disséquée méthodiquement durant 1h 40 et le moins qu'on puisse dire, c'est qu'on vaut mieux que ça.