Les meilleurs livres de 2017 selon takeshi29

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Un 10 en littérature, ça se mesure, on hésite souvent longtemps, très longtemps. Mais quand presque 1300 pages de correspondance (et c'est un fan du genre qui vous le dit) vous ont accompagné durant des mois, quand les larmes sont souvent venues, quand ces échanges à peine refermés vous manquent déjà....


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L'émotion, la pure, la grande, la vraie, les larmes, les pures, les grandes, les vraies, ne s'expliquent pas, elles se vivent. Pierre Jourde a vu son Kid Atlaas, son Gabriel, son Gazou partir, il nous offre donc leurs hivers, mais aussi leurs printemps, leurs automnes, leurs étés. D'une beauté sans tâche, si ce n'est celle des regrets, ces regrets éternels de ne pas avoir pu dilater le temps...

« Et ce sont tous les moments de la vie, toutes les joies, les naissances, les après-midi dans le jardin, les journées sur la plage, les histoires racontées le soir aux enfants, les photographies et les souvenirs du passé que vient rétrospectivement infecter de son venin le jour où l'on a su. Ta photographie d'enfant joyeux est celle, à jamais, d'un enfant qui va bientôt mourir. »

« On n'y retrouvera plus rien, ni espoir ni douleur. Car la douleur aussi, il faut bien la préserver, il faut bien la dorloter un peu, comme on dorlote le nourrisson monstrueux, la douleur est encore la vie, qui nous relie aux morts. »

« La machine administrative hospitalière tourne, obéissant à des lois mystérieuses, elle continue à traiter les patients même après leur décès, les dossiers des fantômes sont malaxés dans les entrailles informatiques, engendrent des courriers, des rappels, des injonctions qui viennent garnir les boîtes aux lettres des morts. Et sans doute, si l'adresse indiquée était celle du cimetière, verrait-on les lettres de l'hôpital s'accumuler sur les tombes. »

« L'hôpital, la ville, le monde sont remplis de vivants, des milliards de vivants. Des vivants de vingt ans comme Gazou. Et parmi ces vivants de vingt ans des moches, des gras, des sournois, des mal élevés, des crapules, des orduriers, des crétins, des malfaisants, des incultes, des malodorants, des tarés de vingt ans, qui n'ont pas de maladie, qui vivent, qui jouissent, qui volent, qui insultent, qui violent, mais qui vivent. Toi, si beau, si doué, si tendre, tu ne vis pas. Qu'ils crèvent, tous, qu'ils débarrassent cette planète de leur présence mauvaise, de leur corps disgracieux, et que tu vives. Si j'avais à les exterminer pour que tu vives, je le ferais.
Mais vivent aussi, dans ce monde qui n'a pas voulu de toi, des jeunes filles lumineuses, des garçons délicats, des adolescents tendres, des rêveurs, des artistes, des candides. Leur fragilité émeut, qui se révèle tout à coup par ta disparition.... »

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Et surtout je voulais vous dire, Philippe, VOTRE Thomas était beau, c'était un astre dans sa chemise à carreaux aux manches retroussées. Même si je ne partage pas votre attirance pour les hommes, je l'ai regardé avec vos yeux, caressé avec vos mains, embras(s)é avec votre bouche et surtout follement aimé avec MON cœur.

« Parce que tu partiras et que nous resterons »

« L'amour, c'est des bouches qui se cherchent, qui se prennent, des lèvres qu'on mord, un peu de sang, le poil de sa barbe qui irrite mon menton, ses mains qui empoignent ma mâchoire, afin que je ne lui échappe pas.
C'est la broussaille de ses cheveux où je glisse mes doigts, la raideur de sa nuque, mes bras qui se referment sur lui, qui l'enserrent, pour être au plus près, pour qu'il n'y ait aucun espace entre nous.
C'est les torses qui s'épousent, d'où on retire un à un mais à la hâte les vêtements, le pull jacquard, le tee-shirt, afin que les épidermes se touchent. Le sien de torse est musclé, imberbe, les tétons sont plats, sombres, le mien est maigre, pas encore défoncé comme il le sera plus tard sous les coups de boutoir d'un médecin urgentiste, on dirait un torse de malade.
C'est le dos qu'on caresse frénétiquement. Sur le sien, je distingue, sous mes doigts, comme je l'avais supposé, le bombement de grains de beauté.
C'est les jeans qu'on dégrafe. Je découvre son sexe, veineux, blanc, somptueux. Je suis émerveillé par ce sexe. Ça me demandera des années, beaucoup d'amants, avant de renouer avec cet éblouissement.
L'amour, c'est les sexes dans les bouches, une certaine adresse malgré la frénésie. C'est se retenir pour ne pas jouir, tant l'excitation est puissante. C'est l'abandon, la confiance folle en l'autre. »

« J'imagine que, de toute façon, je n'en aurais pas eu le courage. Après, je me suis dit : c'était peut-être juste une passade, une phase, ça a existé oui mais ça s'est terminé, il est passé à autre chose, à la vie, une femme, un enfant, ça doit arriver souvent, ces choses-là. Je me suis dit : et quand il l'a revu à la télé, ça a ravivé le souvenir, mais c'est comme une nostalgie, un secret du passé, tout le monde a des secrets, d'ailleurs c'est bien d'avoir des choses juste à soi. Ça aurait pu en rester là. Ça aurait dû en rester là. »

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Conditions de lecture obligatoires : dans l'urgence, la nuit, cigarettes, alcool... Résultat: pied absolu, rires, larmes... Bénie soit cette année 2017 où en l'espace de 4 mois se seront posés sur les berceaux français deux récits époustouflants issus de deux cerveaux fous, punk, déterminés, féministes (Le vrai hein, pas celui de "Wonder Woman"), décalés, trash, insolents, au pouvoir de séduction sans pareil. Et cerise sur le gâteau : Miss Cookie Mueller et Viv Albertine ( https://www.senscritique.com/livre/De_fringues_de_musique_et_de_mecs/25443509 ) ont des doigts de fée.

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Ah mes petits vicieux et mes petites vicieuses, si SC permettait de publier des photos, il vous en ferait des jolis cadeaux le Takeshi...

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Une bombe punk enfin traduite en France. Le titre ne ment pas mais il y a tellement plus plus plus plus...

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C'est court, ramassé et pourtant foisonnant, d'une richesse incroyable. Le défi était de taille : traiter l'Anschluss en à peine plus de 150 pages mais le style magnifique de Vuillard balaie tous les doutes en un instant. Un tourbillon d'élégance et d'intelligence.

https://www.franceculture.fr/emissions/la-grande-table-1ere-partie/dans-les-coulisses-de-lhistoire-avec-eric-vuillard

https://www.franceculture.fr/emissions/linvite-culture/roman-et-histoire-lanschluss-vu-par-eric-vuillard

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S'appeler Barbara Israël et écrire un roman épistolaire sur Maurice Sachs (le Monstre de la frivolité). J'ai une passion sans nom pour les zinzins mais là j'avais de sérieux doutes. En trois pages, ceux-ci sont éparpillés façon puzzle tant l'écriture est ravageuse, nerveuse. Les mots sifflent comme des balles, suintent le chagrin, l'amertume et la haine. Ou quand sur un tas de fumier éclot soudain une rose...

« Maman, On dit que les temps changent. C'est faux, ils se déguisent. On les retrouve alors qu'on pensait s'en être débarrassé pour de bon. Ils sont comme nous, toujours à se sentir obligés de faire des promesses qu'ils ne tiendront pas parce qu'elles sont intenables. » ( Maurice. )

« Mon petit Maurice, ne dénigre pas ces miettes d'éternité. Même elles, tu ne les mérites pas. » ( Jean Cocteau. )

« Toute ma vie, je fis de l'ombre à mes lumières. J'étais voué à l'abîme. Ne me jugez pas, vous qui n'y fîtes qu'un passage. » ( Votre dévoué Maurice. )

« Vous avez gagné face à ma vigilance, ça n'a duré qu'un temps. Je suis restée dans l'histoire, vous n'êtes qu'une ombre. » ( Gabrielle Chanel. )

« C'était une belle journée ensoleillée où la mélancolie d'automne se nichait déjà dans les sourires. J'ai pleuré toutes les larmes de mon corps qui te refusait. » ( Maman. )

« Je ne t'aimais pas parce que tu avais des qualités. Tu avais des qualités parce que je t'aimais. Mais je t'aimais trop et être ton amant-ami-père incestueux et consanguin de judéité m'a ruiné. J'attendais que tu me baises comme un malade atteint de maladie grave et qui attend l'extrême-onction. » ( Ton Max Jacob, l'illuminé )

« J'étais prête à lober la phase liminaire, à redoubler d'amour, à vous donner des preuves. Mais vous ne vouliez plus être pris au dépourvu, bouleversé, fragilisé par une femme. » ( Violette. )

« Croire en l'amour était une gourmandise dont j'avais parfois fait semblant d'abuser. J'avais pleuré, gémi, rampé, et déclamé avec une certaine éloquence. Comme ça, pour donner forme. Ce n'est pas à vous que je vais apprendre que le style c'est à peu près tout dans la vie. » ( Maurice. )

« Mais aussi sincères et profonds furent-ils, les sentiments de Marc s'étaient arrêtés là où ma frustration avait choisi de faire son lit. Le mien était plein du désert de son absence. » ( André Gide. )

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Chalumeau, depuis le scotchant "Fuck" de ses débuts, c'est une écriture qui se reconnaît dès les premières lignes, un rythme et une gouaille qui ont fait de lui un auteur courtisé par le cinéma et un scénariste costaud. Mais là, il gravit encore un étage, son "V.I.P." ayant la folie moite d'une Despentes (qu'il remercie d'ailleurs à la fin) et l'épaisseur sociologique et désenchantée d'un Ellroy. Le plaisir jubilatoire qu'il semble prendre à conter ce polar choral vertigineux et vénéneux est contagieux, son concept "Rashomon" laisse pantois d'admiration. Allez je prends les paris : "V.I.P.", bientôt dans vos salles de cinéma...

« Pour gober ça, mon vieux, il faut une descente danaïdale de supporter anglais ou la trachée élastique des stars de X entraînées au deep throat. »

« Depuis et de l'avis général, l'un des meilleurs pénalistes de sa génération. Se gaspiller à plaider ça ? Des histoires de seins nus au téléobjectif. Indigne de lui, franchement. Oui mais n'empêche. Bonne pub. Passages télé, petites phrases JT, ma cliente blablabla. Triomphe dans les cellules. Vas-y ma gueule, je veux le bavard à la pute, gros ! Ou même, ne pas s'y tromper, chez les délinquants du CAC 40. Bonne expo, notoriété glamour, haut de gamme, top image - pas toujours de culotte mais César du meilleur espoir féminin, je vous prie. »

« Pour l'heure, dignité et pudeur. Enquête en cours, confiance en la justice et tirelipimpon sur le chihuahua. »

« Pas besoin d'être Dolto : elles, ça n'est pas qu'elles "aiment ça", comme elles veulent le faire croire ou tentent de s'en convaincre. C'est qu'il y a eu outrage fondateur de leur dérèglement. Et depuis, scène primitive à rejouer, pli pris de s'avilir, quête de gore expiatoire, attraction de l'abîme. Laissez parler les chiffres : une sur trois ! Une femme sur trois confrontée au moins une fois dans sa vie au fond "chasseur-cueilleur-violeur" de l'homme quand c'en est un vrai. Une sur trois a connu un moment après lequel plus rien n'est jamais plus exactement pareil. Une sur trois. Or, de ces esquintées secrètes, des "une sur trois", femmes à fêlures mystères, traumas tus, coquarts intimes, ruines émotives sous le glam et le bling, Renaud en connaît plein. »

« Qu'est-ce que vous dites aux gens qui voient en vous un Zemmour de gauche ? Je leur dis... je leur dis... je leur dis d'aller dans le dictionnaire consulter la définition de l'oxymore. »

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Saad Z. Hossain, auteur bangladais, nous sert un premier roman complètement déjanté, jouissif. Du bonheur en barres à la manière d'un Tarantino...

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Erri de Luca a une écriture de cristal, d'une pureté infinie, celle qui transforme les mots en sensations, en vibrations. Avec lui, on se croit tour à tour sculpteur, montagnard, homme d'église, migrant... Le BEAU est ici évoqué, convoqué, celui qui se trouve dans l'art, la transcendance, le mystique, le partage, la générosité...

« Il était gaucher, moi non. En mémoire de lui, j'ai voulu apprendre à me servir aussi de ma main gauche. Sur mon cahier, j'écris une page avec la mienne et une autre avec la sienne. À table, je change les couverts de place. Ainsi nos mains restent jumelles. »

« Les musées ont le défaut pour moi d'être sur du plat. Je les préférerais avec des montées et des descentes, des passages étroits, des balcons où rester accoudé pour regarder loin. »

« De Amicis m'attendrit avec son voyage des Apennins aux Andes. Je pleure au cinéma, sur un livre aussi, et pas devant celui qui me dit Düsseldorf. Qu'a de moins puissant la réalité par rapport à la fiction ? Je ne me comprends pas. Je suis une personne concrète, je connais les histoires des gens et je pleure aux mauvais endroits. Un enfant devenu très vite un homme en un voyage, avec trois syllabes à la bouche et deux yeux droits et noirs, m'a cloué net. Je reste vidé devant la carte. J'ai accompagné beaucoup d'enfants, certains dans les bras de leurs pères, agrippés à leurs vestes. J'en ai porté un sur mes épaules. Il avait de la fièvre, il m'a fait pipi dans le cou. Il ne s'en est pas aperçu, il dormait. »

« Tu étreignais un autre corps. Je n'étais que l'imitation. Tu as même dit pardon, sûrement pas à moi. »

« Je ne connais personne sans nostalgie d'une heure et de quelqu'un. Sur le chalutier, la nuit, j'en avais tellement que les vagues se changeaient en voix. Et je répondais en berbère, la langue de mon enfance. En mer, on est à l'étroit au-dessus d'un désert infini. Ce n'est pas un endroit pour moi, on doit la traverser et c'est tout. »

A propos des livres : « Ils ne sont pas fragiles, ils se laissent maltraiter. Ils résistent mieux que nous à l'usure, au gel, aux exils et aux naufrages. Leur prodige est de savoir prendre le temps de celui qui lit. On ouvre Homère et on le trouve à côté de soi. On le referme et il s'en retourne dans ses siècles. »

https://www.franceculture.fr/emissions/la-grande-table-1ere-partie/sacre-erri-de-luca

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Selon moi LA révélation de ce début d'année 2017. Cécile Guilbert marie une plume classique et raffinée à une modernité absolue. C'est brillant, alerte, d'une intelligence rare. "Les Républicains" est une radiographie sans concession de l'époque où nostalgie et mélancolie caressent humour féroce et cruel.

« Mais le vrai ressort résidait bien sûr dans la vanité, cette poupée mécanique qui rend idiots les plus intelligents, ridicules les plus talentueux, et résume à Paris toutes les passions. »

« L'heure palpitante où des femmes bien vêtues et parées ont le regard brillant, surtout quand elles s'affichent au bras des hommes que les autres crèvent d'avoir - cette fameuse heure bleue qui, l'été, intensifie au crépuscule le parfum des fleurs. Mais on était en hiver, et dans le genre de lieu où les femmes portent leurs fragrances de luxe comme des glaives. »

« À croire qu'aucun d'eux n'avait envie de briser dans la trivialité d'un lieu anonyme et bruyant cette errance insoucieuse de sa destination qui, prolongée coûte que coûte, ressemble tant à celle des débuts de l'amitié ou de l'amour. Vous savez, ce moment où l'on rechigne à se séparer de la personne qui vous plaît et où l'on préfère se raccompagner à tour de rôle pendant des heures pour ne pas se quitter et faire durer le plaisir. Dans ces cas-là, on se fiche bien de la cohérence du trajet, de revenir sur ses pas comme si on était perdus ou de faire dix fois le tour du même pâté de maisons au risque de passer pour fous. »

« J'ai oublié toutes mes baises de jeunesse, gestes et sensations, mais cette onde électrique non. Elle m'est revenue intacte... Déchargée à travers la douceur de ses lèvres... leur goût de caramel champagnisé... et ses yeux noirs grands ouverts filtrant l'orage intime... »

« Les saisons s'étaient enfuies et il avait oublié leurs trésors, dédaigné les cycles trop rapides de leurs splendeurs éphémères. Le temps le dévorait sans qu'il jouisse une seconde de ses lenteurs, sans qu'il en tire le moindre suc. Où étaient les heures veloutées ? Où était la beauté des choses ? Avait-il mis cette année une seule fois les pieds dans un jardin ? Fait une promenade dans une forêt ? Nagé dans l'eau fraîche d'une rivière ? Avait-il flâné au Louvre pour découvrir ou revoir des tableaux aimés ? Non, l'hiver était venu et avec lui l'engourdissement qui prélude à la mort. Dura lex sed lex. »

Désinvolture Désinvolture Désinvolture

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Éric Losfeld a connu et édité les plus grands, sa vie fut hallucinante. Il consigne tout ça dans une délicieuse biographie

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Quand une œuvre lie à ce point richesse historique et qualité littéraire, on ne peut que s'incliner...

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Rien à dire, Marc Joly a fait un travail remarquable. Ne s'en tenant pas à de la sociologie pure, il est d'autant plus passionnant. Bien que foisonnant d'informations, cet ouvrage n'est jamais prise de tête. En croisant sociologie, philosophie,sciences, politique, etc, il dresse au final un portrait de l'humain qui se dévore avec gourmandise.

« Ainsi les sciences en général (et la sociologie en particulier) semblent-elles récupérer à leur profit l'art « philosophique » de la conceptualisation ou de la théorisation. Elles sont invitées à pratiquer elles-mêmes cet art en créant leurs propres concepts en fonction des objets qui sont de leur ressort et qu'elles ont à investiguer au plus près de leurs structures et modalités constitutives (d'où « sozialem Lebens », « sozialer Verhältnisse »). Mais Tönnies, dans son discours, entend l'expression "sociologie philosophique" en un autre sens, qui porte peut-être encore plus atteinte à la souveraineté de la philosophie (en tant que discipline distincte des sciences). La sociologie philosophique, en effet, a aussi pour tâche de poser la question des rapports entre la science sociale et les autres sciences :

" Elle veut établir un rapport avec les autres sciences, qu'on peut aussi qualifier d'antérieures au sens comto-spencérien. Car la philosophie veut l'unité de la connaissance, elle veut autant que possible procéder de principes simples, elle veut déduire les lignes directrices nécessaires de l'être et de la pensée. Les lois générales des phénomènes, de la matière comme de l'esprit - la matière comme esprit, l'esprit comme matière -, qui sont conditionnées et déterminées par les lois de la pensée, servent aussi de support nécessaire aux faits de la vie, et par conséquent de la vie humaine-sociale. (1) "

(1) "Ibid" »

https://www.franceculture.fr/emissions/la-suite-dans-les-idees/la-sociologie-une-revolution

https://www.franceculture.fr/emissions/la-grande-table-2eme-partie/la-revolution-sociologique-de-marc-joly

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En 128 pages seulement Samanta Schweblin parvient à nous faire atteindre un état de tension incroyable. Un roman éprouvant et très puissant...

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Ce roman d'une noirceur absolue se dévore en à peine 2 heures. Avec son écriture percutante, émouvante, Alexandre Civico décrit un monde en totale décomposition. Guerres, attentats, migrants, paupérisation et repli sur soi absolu des sociétés, voici le menu de ces 100 pages où suintent les corps et les cœurs.

La peau

« Je me souviens, ce jour-là, quand elle a fermé la porte, je n'ai pas serré la petite dans mes bras. Je ne lui ai pas dit elle va revenir. Nous savions tous les deux que ce n'était pas vrai. Pas la peine de s'emmerder à mentir. De toute façon, dans le fond, je m'en fichais qu'elle parte sa mère, j'avais la petite. J'avais ça, cette chose qui ouvre le ventre en deux. Cet inexplicable qui verse lentement le poison de la nostalgie dans chaque minute. Une goutte par seconde, plic, ploc. J'avais ça, la petite. »

L'écorce

« Ça ne sert à rien de mourir vivant si c'est pour faire un cadavre hébété et risible. J'aimerais qu'on puisse voir ma fureur, yeux ouverts. Je leur ai dit aux autres, vous ne me fermez pas les yeux quand ce sera mon tour, ça non. Je ne suis pas venu jusqu'ici pour avoir l'air de dormir. »

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Premier Zeruya Shalev et certainement pas le dernier. Combien de fois n'ai-je pas entendu parler à son sujet d'écriture féminine, concept qui me fait à chaque fois saigner des oreilles (et des yeux parce que je l'ai aussi beaucoup lu). "Douleur" c'est l'universel à l'état pur, l'ampleur, la douc(l)eur, la sensualité, la grâce. De le grande littérature populaire, si tant est qu'on considère le peuple comme une entité pensante.

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Je n'avais jamais lu Lance Weller et j'ai été très impressionné par ce récit d'une densité exceptionnelle mais dont on ne retirerait pas la moindre ligne, par cette manière de croiser les histoires, les temporalités sans jamais perdre le lecteur. Beaucoup de noirceur, qu'on touche du doigt en permanence, et une dernière partie quasiment insoutenable, à faire passer le traumatisme engendré par le "Soldat bleu" de Ralph Nelson pour léger.

C'est probablement impossible dans le cinéma actuel mais on rêverait de voir ces "Marches de l'Amérique" adaptées à l'écran...

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J'avais totalement oublié de noter cette très belle chose qui rappelle tant de grands souvenirs.

Malheureusement France Télévisions me l'a rappelé : Patrick Brion a joué un grand rôle dans ce qui a fait de beaucoup d’entre nous des amoureux fous de cinéma. Merci à lui, et honte à ceux qui montrent ainsi leur mépris pour la culture et le patrimoine.

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Les Cahiers de L'Herne sont toujours un trésor pour qui aime passionnément un auteur. Alors comment ne pas craquer pour celui consacré à la grande Joyce Carol Oates, paru en octobre 2017 ?

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Si vous vous êtes toujours demandés qui était cette Peggy Roche, si vous aimez Françoise Sagan, l'ivresse, la mode, et avant tout la littérature et l'amour...

« Aujourd'hui ta présence est pour ainsi dire devenue inversée. Tu es si absente que tu es partout, je n'ose rien toucher de peur de déplacer le souvenir et l'évidence de toi. Je fume, pied sur la chaise, observant ce qui m'entoure comme un décor étranger. Et si cette chambre, ce lit, ces draps et nos objets emmêlés constituaient une espèce de musée ? »

« Peut-être étions-nous encore trop remplies d'espérance, pas encore assez fracassées par la vie pour connaître l'humilité brutale que nécessite l'expérience d'aimer ? »

« Il y a quelque chose qu'on oublie vite, avec les années, avec les disputes et les déceptions, avec ce que l'on préfère ne pas voir : c'est l'énergie initiale qui nous fait nous arrêter sur quelqu'un. Avec le temps vient ce désir que les choses durent, qu'elles se prolongent. Que les journées passées ensemble à répéter inlassablement les mêmes cycles, réveil / vie éveillée / sommeil, ne soient pas une lente dégradation de l'euphorie originelle mais tout le contraire, une manière de se hisser, sans se mentir ni se trahir - chacun s'enrichissant au fil du temps de cette mise en commun de savoirs pour traverser la vie, s'épauler mais aussi s'applaudir. Que la félicité des premiers instants n'est rien par rapport à la force irremplaçable d'un couple vieux, qui s'est vu plus d'une fois marcher dans la laideur, montrant le plus décevant et parvenant à s'étonner encore par des sources cachées, et susciter à nouveau l'envie inexplicable de recommencer... »