Cher Philippe,
Tout d'abord veuillez me pardonner cette familiarité mais après avoir refermé votre dernier roman, j'ai envie instinctivement de vous appeler par votre prénom et de vous dire que vous m'êtes cher.
Ce matin, je me suis réveillé avec les yeux rougis, probablement par manque de sommeil, ayant passé les deux dernières nuits en votre compagnie, mais plus sûrement par les larmes qui ont envahi ces yeux à la lecture de vos "mensonges".
Je me dois de vous confesser quelque chose : jamais jusqu'à ce jour je n'avais pris la peine de vous lire. Plusieurs fois, cette idée m'a traversé l'esprit et mon snobisme ridicule m'a toujours rattrapé. J'avais tant d'auteurs à découvrir avant vous, écrivain bénéficiant d'une couverture médiatique trop envahissante à mon goût. Vous remercierez donc votre ami Yann Moix, pas toujours tendre avec votre œuvre, qui m'a donné envie de me précipiter sur votre nouvel ouvrage.
Vous êtes un homme occupé alors je ne vais pas prendre beaucoup de votre temps, juste vous dire que vous m'avez fait prendre place dans une machine à le remonter, ce temps, et que j'ai grâce à vous reporté des jeans délavés pour me rendre à une boum, écouté à nouveau "99 Luftballons" de Nena et "Veiller tard" de Goldman, je me suis remémoré les jours où j'ai découvert comme vous Truffaut, Téchiné, Sautet, Chéreau, Zulawski, Duras, Guibert...
Et surtout je voulais vous dire, Philippe, VOTRE Thomas était beau, c'était un astre dans sa chemise à carreaux aux manches retroussées. Même si je ne partage pas votre attirance pour les hommes, je l'ai regardé avec vos yeux, caressé avec vos mains, embras(s)é avec votre bouche et surtout follement aimé avec MON cœur.
Votre écriture est simple oui, mais d'une simplicité renversante, vos mots sonnent comme des urgences et transpercent, votre récit est incandescent et bouleverse telles des "nuits fauves".
Jamais je ne pourrai me mettre dans votre peau et pourtant je vous l'assure, Thomas Andrieu (1966-2016) m'accompagnera dorénavant chaque jour, son visage et son brin d'herbe me suivront jusqu'à mon dernier souffle.
"Parce que tu partiras et que nous resterons"
Cordialement.
PS : Vous avez mis 32 ans avant de lire LA lettre, et même si je sais pertinemment que la mienne restera pour toujours invisible à vos yeux, je tenais à l'écrire, cet acte m'a été dicté telle une évidence, une obligation. Vous avez écrit pour Thomas, j'ai juste voulu en faire de même.