Les meilleurs livres de 2024 selon fan_2_mart1

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Sous couvert de fil narratif (un homme décide de vivre incognito dans le palais de Justice de Paris), Joy Sorman effeuille sous forme romancée (tant que ça ? pas sûr !) et réflexive (surtout) les procès souvent expédiés colissimo, surtout lorsqu'ils concernent la plèbe arabe qui pullule au sein des ces murs imposants et opaques. Style alerte, railleur pince-sans rire d'une institution qui déraille, devient sa propre justification, produit la justice plutôt qu'elle ne la rend. Ou l'écriture anarchisante d'une critique des institutions dans la lignée des Foucault ou Illitch. Lecture agréable, drôlatique, percutante, questionnante (les 100 dernières pages sont d'une hauteur de vue rare pour un petit ouvrage si modeste), donc nécessaire et recommandé impérieusement.

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J'ai cette année - et aurait surtout l'an prochain- professionnellement à faire avec le monde du sans abrisme. Ce livre tombe à pic. Bref et concis, il relate sur un ton amusé et avec un regard acéré, l'incursion d'une romancière/scénariste dans le monde des maraudes nocturnes. On y découvre par son entremise une certaine réalité racontée sans far : celui des sans abris refusant -ou refusé par?- les centres d'hébergement d'urgence : sa petite drôlerie, sa folie ordinaire, ses trafics ou baratinages quotidiens. Mais écris à la première personne, Fabiane fait part de ses propres doutes : est-elle ici en inconséquente voyeuriste ? peut-elle prétendre apporter quelque chose ? C'est dans ce dialogue intérieur que ce beau petit livre trouve son cœur vibrant, preuve que l'altruisme apparent et l'égoïsme moral interne s'entremêlent, se nourrissent, s'enveloppent dans la dérisoire couverture chauffante d'une nuit d'hiver que l'on s'empressera de revendre pour s'acheter clopes ou Faxe massue.

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On aura suivi l'affaire via des recommandations d'algorithmes youtube, épinglant le dérisoire en grand sociétal, la petite blague de mauvais goût potache en faute grave. On aura essayé de se faire une raison pour vite voir que les pisse-froids devant de gauche pouvaient même finir par agacer leurs sympathisants, quand l'arrogante bête du J'ai-vos-dents se cabre toujours de pensées multiplexes, de déroulements asymptomatiques. Comme une mule, chargée et entêtée, FB part donc de l'intime et triviale affaire Bantigny pour réfléchir tout azimuts sur le féminisme (moral) qui verrait dans la logos et le continuum un tout relativisme du mâle contemporain, l'humour comme nécessairement subversif (pour être drôle, donc pour être humour), l'art (littérature et cinoche surtout) comme manière de déplier de le réel dans sa vacuité, et pertinent dans sa forme, sa faconde, sa facture plutôt que dans ce qu'il intente expressément. Décousu pour certains, l'essai libre semble suivre les contours d'une pensée qui se définit en direct, refusant salutairement de se laisser enfermer dans un esprit militant auquel on voudrait la contraindre, parfois la censurer. D'accord ou pas avec chaque développement, on se plaît à voir de la pensée féconde, car dialectique, quand bien même on pourrait bien sûr comme toujours, pointer certains impensées, quelques petits raccourcis logiques. Mais écrit avec une verve volontairement cinglante et serti de petit saccades acerbes (la bête continue à s'ébrouer, aux grand dam de grandes dames - grandes âmes ?), le tout se lit avec plaisir, celui de vivre toujours un peu plus.