Bon, c'est juste avec un peu de retard (seulement neuf ans !) que je me décide à regarder ce deuxième... euh, pardon... ce premier volet, introduisant une nouvelle saga Mad Max, par le réalisateur de l'ancienne, lui-même, George Miller. Blockbuster qui a été une déception commerciale lors de sa sortie en salles, mais qui a très vite acquis ses lettres de noblesse, atteignant même le rang de l'exemple fréquemment cité de blockbuster réussi récent, qui défonce complètement, qualitativement, toutes les purges, à plusieurs centaines de millions de dollars, de ces dernières années.


Déjà, techniquement, il faut bien dire que la caméra, légère, fluide, mouvante, nerveuse, pouvant s'incruster n'importe où, au plus près des acteurs, sert avec virtuosité un récit qui appuie constamment à fond sur l'accélérateur. À peine le logo Warner Bros passé, le contexte apocalypse est balancé dès le générique de début. Et après cela, on reste presque constamment dans l'action d'une course-poursuite dans un désert (admirablement mis en avant par le choix des cadrages et par la photographie !), dont l'hostilité ne facilite pas la tâche (suffisamment bien compliquée, sans cela !) aux héros pour survivre ainsi que vaincre. Pas de temps à perdre. Les CGI sont excellents parce qu'ils sont invisibles. Et Miller a l'intelligence de faire la part belle au practical et à d'authentiques extérieurs (on le sent, l'inconfort du sable et de la chaleur, bordel... ce n'est pas du fond vert pourrave !). Les séquences en véhicules mécaniques, de toute sorte (chacun au design bien particulier, apportant tous leur raison d'être à un instant ou à un autre !), sont intenses (avec un soin remarquable à travers la bande sonore dans ce but !), impeccablement filmées, souvent spectaculaires (seule petite réserve de rien du tout : lors de la poursuite finale, ce que fait le perso, joué par Nicholas Hoult, n'est pas toujours exposé autant qu'il aurait pu l'être, dans la mise en parallèle des actes de chacun à ce moment-là... mais je chipote !), avec son lot de combats brutaux au corps à corps efficaces. Les (brèves !) scènes contemplatives sont rares, ce qui ne fait que les rendre encore plus impactantes. Chaque minute... plutôt chaque seconde... est puissante comme cela n'est pas permis.


Ensuite, on baigne en plein dans une mythologie futuriste, tribale, bestiale et punk, dans laquelle ce n'est pas tant la consistance des personnages qui compte (même si, je vais y revenir un peu plus bas, Furiosa est loin d'être à jeter à ce niveau-là !), mais la force d'évocation, les vérités générales et intemporelles qui ressortent. On est beaucoup plus proche des légendes vikings et d'Homère que de la littérature des siècles qui nous précèdent. Pour le confirmer, il suffit de voir, dans les rôles des esclaves sexuelles du tyran, le choix d'actrices au physique très avantageux, pour la plupart des mannequins à l'époque, habillées d'une simple et légère robe blanche pour rappeler les sources picturales académiques des grands mythes grecs et romains.


Si on prend l'ensemble comme cela, c'est un véritable plaisir de cinéma.


Alors ce que je vais écrire dans les phrases suivantes va avoir le droit au désaccord de 99,9999 % des personnes qui vont avoir la bonté de me lire. C'est OK. Un avis, c'est subjectif. Au contraire, tant mieux, si je suis le seul à le voir comme cela. Comment dire... je n'ai rien contre Tom Hardy. Il n'empêche, à chaque fois que je l'ai croisé dans un film, je l'ai toujours trouvé transparent. Ce n'est pas que je le déteste. C'est juste qu'il m'indiffère, quel que soit son temps de présence, quelle que ce soit l'importance de son rôle. Je n'ai jamais pensé de lui "oh quel talent incroyable, il était le seul à pouvoir le faire !". S'il n'incarnait pas le rôle-titre, je l'aurais déjà oublié, je n'évoquerais même pas qu'il soit au générique (selon moi, chez les messieurs, Nicholas Hoult, dans le rôle d'un allié imprévu, oule regretté Hugh Keays-Byrne, dans son tout dernier tour de piste, en grand antagoniste bien sadique, en imposent beaucoup plus !). Mes yeux le voient, mais mon esprit ne parvient pas à s'y intéresser.

Mais cela ne m'a tant que cela gêné étant donné que la réelle tête d'affiche de l'œuvre, c'est Charlize Theron. Et elle, pour faire exploser le compteur de charisme, elle n'est pas du genre à ralentir dans les virages. En outre, son crâne rasé ne fait que la rendre plus sexy et photogénique. Mes yeux ne l'ont pas quittée un seul instant jusqu'au début du générique de fin, mon esprit non plus, même bien après le début du générique de fin. Elle est incroyablement talentueuse, injectant un naturel badass à son personnage (avec des parcelles de fragilité touchantes !), se donnant corps et âme à 3 000 %. Elle était la seule à pouvoir le faire aussi magistralement. Elle choure sans vergogne la vedette puissance 10000. C'est elle, la star. S'il était logique, publicitairement parlant, que le tout s'intitule Mad Max - Fury Road, par rapport au contenu de l'histoire, Furiosa - Fury Road aurait été plus pertinent. Non, sérieux, Charlize Theron dans ce long-métrage, c'est de la bombe à tous les points de vue.


Alors, autrement et pour conclure, si j'avais vu cette réussite en 2015, j'aurais mis en exergue qu'un préquel, présentant tout le contexte (dans lequel on est balancé immédiatement ici, sans qu'il soit véritablement creusé !), serait nécessaire. En 2024, ce n'est plus utile que je le fasse.

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le 20 mai 2024

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