Les albums se suivent, mais ne se ressemblent pas !

Virage à 180 degrés ! Après trois premiers albums centrés sur la course pure et dure, c’est un Jean Graton bourré d’inventivité qui revient pour ce quatrième tome : exit les circuits et les grands prix, aujourd’hui l’intrigue se concentrera sur le clan Vaillant, et exploitera toute la richesse de ce petit milieu dans lequel les voitures et les camions sont une affaire de famille. Henri et Jean-Pierre ne seront pas de la partie cette fois : place à l’oncle Benjamin Vaillant, gérant d’une entreprise de camions, et son petit protégé, Yves.

Au bout de dix ou vingt pages, on se surprend à vérifier la couverture : c’est bien un album de Michel Vaillant qu’on tient entre les mains ? Intrigue lente et progressive, réseaux familiaux dépeints avec méthode, et conflit de générations entre la vieille morale à l’ancienne et les blousons noirs des années 60’ ... une guerre de clans sous le soleil de Marseille, voilà bien un scénario auquel on ne se serait pas attendu dans un Michel Vaillant. D’autant que le beau pilote est pratiquement absent des deux-tiers de l’intrigue : les personnages auxiliaires foisonnent, et certains apparaissent plus souvent que le héros qui donne son nom à la BD ! Certains des seconds rôles sont irrésistibles, affublés de gueules dignes du vieux cinéma : et notamment Boule, ce marseillais pure souche, avec sa moustache et sa partie de cartes.

La deuxième partie de l’aventure tourne brutalement à la course-poursuite, mais d’un genre nouveau : une scène nocturne extrêmement longue, maîtrisée de bout en bout, et qui montre comment l’étau se resserre kilomètre après kilomètre sur la Jaguar blanche. L’ajout des routiers aux motards de la police est une idée géniale, qui colore la poursuite d’une teinte complètement inédite à l’époque. Alain Corneau s’en inspirera massivement lorsqu’il filmera La Menace, où la voiture blanche d’Yves Montand finit poursuivie par une meute de routiers en colère. Coïncidence cocasse, dans ce quatrième tome de Michel Vaillant, une fois la course-poursuite achevée, les héros se détendent en écoutant une chanson d’un certain Yves Montand ...

Bien sûr cette Route de Nuit a des défauts : Michel et Steve sont un peu trop parfaits, tout beaux et tout bronzés ... et la morale bien réactionnaire, bien vieille France des dernières pages (avec Yves qui se coupe les cheveux) est franchement d’un autre temps. Malgré ces petits défauts de vieillissement, l’effort d’inventivité de Jean Graton est exceptionnel : il a habilement récupéré l’univers de Vaillant, et lui a offert une intrigue loin des courses ... une aventure finalement plus palpitante qu’un quelconque grand prix des albums précédents !
Wakapou
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le 24 août 2013

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