Descente de MD

Il y a deux ans sortait la réédition de Première Consultation, célébration des 20 ans écoulés depuis la sortie de ce classique du rap, encensé par la critique et le public.
22 ans plus tard, Doc Gynéco, THC - et surement autres substances aux noms déposées par de sombres industries pharmaceutiques - dans les veines, sort un nouvel album, sobrement intitulé 1000%.
En espérant que mon accroche me vaille un CDI chez Konbini et l'accès aux chattes les plus serrées de l'élite parisienne se murant dans des batiments haussmanniens pour écouter le dernier Orelsan, parlons de cet album.

"J'suis même pas à 30%, pour tout vous dire j'suis pas à fond"

Nous allons ommettre la sortie des autres singles avant France, tellement ils ont fait peu de bruit et tellement c'est inintéressant d'en parler dans la cadre de la critique de cet album.
Le 3 février 2018, un clip surgit (de nulle part)
https://www.youtube.com/watch?v=KdW_40qKfuA
Ce clip, c'est le premier extrait de ce skeud, et il prédit ce que sera cet album. A l'instar de cet incroyable artistique qu'est Grand Corps Malade, le Doc propose une version 8.0 du triplet flow, une sorte d'expérimentations de nouveaux placements, à mi chemin entre le monologue d'une meuf sous tranxène 500 et le dernier slam proposé par les étudiants en lettre que je croise à la Sorbonne. Bien sûr, dans cette volonté de toujours coller à l'actualité rap, il décide de ramener un instrument improptu, un accordéon, comme cette flute que vous avez surement tous entendu sur la prod de Metro Boomin pour Future, celle de Mask Off évidemment. Je ne mentionnerais pas le timbre de voix nasillard qu'a pris le doc, qui est pompé sur Jorrdee, et ça c'est le plus choquant.

"Comme les étoiles, seule l'explosion intérieure te permettra de
briller"

L'album, finalement, n'est qu'une longue extension des thématiques et de l'ambiance générale du single. Si on peut saluer l'effort du directeur artisque pour avoir trié les sons et permis une ambiance homogène, il est dommage que ce monolithe sonore soit quelque chose que personne ne veuille écouter en 2018.
Mélange hybride entre slam, variété française et textes décousus, ce CD me rappele les toxicos en rave que j'ai cotoyé. Après avoir effectué les meilleurs pas de danse sur le dancefloor pendant leur montée de MDMA, je finissais par les ramasser, au final, pendant qu'ils faisaient leur descente en produisant un terrible contenu artistique, entre l'angoisse, la paranoia et la détresse pure et dure.
Dans un élan autodestructeur, comme un appel à l'aide, Bruno Beausir s'offre ses derniers instants de gloire en sacrifiant sa carrière pour passer une dernière fois sur TF1. Une sorte de pacte avec le diable, représenté ici par ces horribles personnages du groupe Bouygues Telecom.
Ca c'est dommage, comme disait le groupe de variété française Bigflo & Oli.

"Tu fumais le fric dans tes tchoins (tes tchoins), j'ai compris que
t'étais à l'Ouest Le jour où j'ai appris que tu sniffais ta propre
cess dans la raie de leurs fesses"

Amer constat, finalement, de voir que Doc Gynéco, même s'il est resté un crackhead gentillet, a fini par se ranger pour plaire à la ménagère, afin d'avoir sa place dans le rayon culturel d'Auchan, entre la dernière compilation Fun Radio et le best-off Johnny Halliday.
A défaut d'avoir fini comme Joey Starr dans des films français à jouer le flic ou le gay (Soral le dit dans ses livres, il faut le savoir), le doc, finalement, n'aura pas connu une fin de carrière plus flamboyante.

"Tout est possible ici-bas, Doc Gynéco au RSA"

L'album, finalement, se sera écoulé à 755 exemplaires en première semaine.
https://twitter.com/Vrairapfrancais/status/992417566323855361
A défaut d'acheter des comptes spotify et des vélos électriques permettant de gonfler ses stats, le doc confirmera les dires d'une autre star déchue du rap français.
Triste fin de parcours pour cet homme, qui, même avec le soutien d'Hanouna, n'aura jamais su reconquérir un nouveau public.

"Les hommes mentent mais pas les chiffres. "