Que faire quand on a transformé un coup d'essai en coup de maître ("Moon Safari") et qu'on est désormais labellisé "french touch" au même titre que les immondes Daft Punk, discs jockeys du dimanche dotés de moufles en guise de mains et dont la seule bonne idée fut de porter des casques pour éviter qu'on leur jette des cailloux dans la rue ? Publier son chef d'œuvre, par exemple.
10.000 khz legend, le bien nommé, est donc la preuve par A + B (Air + Beck) que les français peuvent faire de la bonne musique, non non attendez, de la PUTAIN DE GRANDE MUSIQUE.
Auteur quelques mois auparavant de la BO de Virgin Suicides, dans laquelle il s'éloignait déjà de la douceur de son premier album pour jouer les savants fous, le duo Jean-Benoît Dunckel / Nicolas Godin décide carrément pour son 3ème album de faire l'amour à ses machines et sort de la maternité avec ce rejeton improbable, sorte de bâtard inclassable où les rythmes robotiques se mélangent avec grâce aux mélodies les plus insaisissables ("electronic performers"), où des instruments déglingués se battent en duel dans un vieux western pendant qu'un cow-boy fatigué chante une complainte mélancolique reprise en chœur ("wonder milky bitch"), où les aliens débarquent sur terre non pas pour exterminer vos voisins mais pour entamer une jam-session avec la troupe de Stomp ("don't be light"). Oui cette phrase était très longue.
Il semblerait que le groupe ait perdu pas mal de fans avec cet album qui tranche clairement avec le reste de sa discographie. Sûrement des sourds.