Un nouvel album d'Indochine, on n'était pas prêt...
Ou plutôt si, puisque ça faisait quelques années qu'ils n'avaient rien sorti, et que les évènements dramatiques de ces dernières années n'auront pas manqué d'inspirer l'âme engagée de ce cher Nicola.
Afin de me préparer, je me suis donc fait toute la discographie une bonne fois pour toute. S'il y a trois choses à retenir de cette expérience, c'est que leurs débuts n'étaient pas les meilleurs, que les années 90 ont eu leur lot de bonnes chansons, et que les années 2000 ont produit les meilleurs albums. D'autres choses sont à souligner, à savoir des parties instrumentales souvent au dessus de la partie vocale (que ce soit les paroles ou la voix) et un dernier album moins bon que je pensais au regard des autres productions.
En gardant à l'esprit que la voix de Nicola Sirkis est parfois teintée de fausses notes, que ses paroles ne veulent parfois rien dire, mais que tout ça participe au charme du groupe et que je suis un grand fan depuis l'écoute de Paradize il y a quelques années, que peut-on dire donc de 13?
Petite critique rapide de chaque morceau, du meilleur au moins bon:
Avec Black Sky, premier retour dans le temps pour le groupe. On se croirait perdu entre les années 90 et 2000, et ça marche parfaitement, que ce soit au niveau de l'ambiance ou de la voix, absolument magnifique sur ce morceau.
La vie est belle est assurément une bonne chanson de l'album. Sans doute inscrite dans la pure tradition electro-rock du groupe et futur classique, la promo réussie aidant, ce morceau nécessite plusieurs écoutes néanmoins pour lui trouver plus de qualités (en raison de ses paroles un peu brouillonnes par ex). Je préfère par contre préciser que je n'ai pas apprécié le clip. Encore moins subtil que college boy, il ne parvient pas à atteindre le burlesque de Savoure le rouge ou l'atmosphère envoutante de Memoria, dans les meilleurs clips du groupe.
Karma girls marche bien dans le sens où elle développe une bonne ambiance New Wave, qu'on retrouve aussi dans Carthagène.
Un été français fait en mon sens assez période Indochine 90s avec sa guitare, et s'inscrit dans la lignée des bonnes musiques de l'album. (L'allusion au Front National est plus subtil que chez Noah en tout cas)
La 13ème vague est plutôt bon aussi.
Song for a dream est sans doute sauvé par son instrumental, niveau paroles c'est parfois pas clair.
Petite déception avec Station 13, qui en dépit d'un refrain sympathique, pêche essentiellement au niveau des paroles. (Ne serait-ce que "Oui c'est moi, oui voilà", au potentiel de mème internet assez grand). Néanmoins, la version longue est plus satisfaisante.
Tomboy fait parti de ces compositions sur lesquels je suis assez partagé. Si la première partie n'est pas géniale, le morceau se réveille et propose quelque chose de bon par la suite. Tomboy 2 n'a pas le même intérêt, dans le sens où je ne vois pas trop la différence...
Kimono dans l'ambulance (pire nom d'une chanson du groupe?) mériterait peut-être plusieurs écoutes tant le potentiel est là; une batterie intéressante et un thème qu'on devine profond. Mais pour l'instant, la mayonnaise ne prend pas trop. Suffragettes BB est dans le même genre d'ailleurs.
2033 marque déjà beaucoup moins, à vrai dire une fois le morceau passé, on a déjà oublié son Leitmotiv. Assez classique donc. Il en est de même pour Henry Drager, qui malgré sa basse ne parvient pas à sortir du lot.
Gloria n'est malheureusement pas à la hauteur des duos du groupe; ça s'écoute mais sans plus.
Trump le monde s'avère assez bordélique, tout en réussissant à rappeler la période 80s du groupe (hélas dans l'aspect bordélique des chansons justement)
Comme on pourra le constater, c'est donc très mitigé, un peu dans la veine des précédents, même si on regrette l'absence de titres très marquants, comme Dancetaria, Paradize ou Alice & June des albums éponymes, la lettre de metal et un ange à ma table de République des meteors, ou encore Memoria et Wuppertal (qui font moins l'unanimité) du dernier. Black sky reste le meilleur titre de l'album, un peu comme si toute l'énergie créatrice était partie dedans.
On notera qu'au niveau texte, c'est à quelques reprises plutôt malaisant, mais moins que pour les albums précédents, d'ailleurs aucune chansons n'est réellement mauvaise. Enfin, la voix de Nicola est agréable à entendre dans cet album, et les parties instrumentales ne déméritent pas.
Si les influences des albums précédents se font sentir, 13 n'a pas réussi à développer une ambiance propre à l'album; petit regret donc. Mais Indochine produit là un album assez sympa au final, sans réelle fausse note mais sans grand titre non plus.