Il y a des disques qui vous donnent ce sentiment d'avoir toujours espéré l'écouter un jour, de l'avoir attendu depuis toujours, qui concorde si parfaitement avec votre sensibilité qu'il en devient une partie de vous-même.
Cet album de 14 chansons me fait découvrir une musique aux influences très marquées et pourtant tout à fait originale et nouvelle, profondément ancrée dans les racines du folk américain mais transcendée et éminemment personnelle. Une émotion proche de ce que fût pour moi l'écoute d'un Van Morisson, Cat Steven ou Elliott Smith.
Alex Keiling, né au au Canada, vient s'installer dans son enfance en Alsace, dans ce Sundgau si propice aux légendes et aux rencontres étranges.
C'est avec Brice Gil, son ami d'enfance, qu'il forme son premier groupe "Alex Keiling and The Mary Jill Band". Bob Dylan, Leonard Cohen et Nick Drake sont leurs influences majeures.
Un nouveau projet musical va naître en 2010 lors d'une rencontre à Strasbourg avec la violoncelliste Marie Langenfeld, qui va apporter une touche plus profonde et plus personnelle à leur musique.
The Wooden Wolf sort son premier album "14 Ballads op.1" en décembre 2012.
Musique en clair-obscur, ces 14 ballades s'écoutent à la tombée du jour, à ce point du crépuscule où se révèlent les ombres chinoises d'un tourment, entre trouble et sérénité, mélancolie et rêves.
Des chansons simplissimes mais qui prennent vraiment aux tripes tant la voix écorchée d'Alex Keiling est touchante de sincérité, toujours au bord de la rupture, perchée comme un funambule au-dessus du vide à la recherche de l'équilibre.
Des histoires du quotidien, simples et émouvantes, parfois déchirantes comme "We can't Find The Light" accompagné d'une guitare bruissante à peine effleurée et d'un violoncelle qui installe une vraie tension ou encore le superbe "Horses In The Storm" sur fond d'orage et pluie battante.
La musique est à la fois sobre et sans fioritures, un dépouillement musical qui va jusqu'à la nudité sur les 3 interludes (In The woods, Drunk With you, So Long), et d'une richesse foisonnante sur le magnifique "Nobody's Blues" enrobé d'une sublime guitare slide et surtout "When the hungry ghost of your love whispers in my ear”, un très long morceau (plus de 10mn) d'une densité rare souligné par un violon omniprésent tout le long.
"14 Ballads op.1" est un album unique et intemporel, qui pourra s'écouter sans peine dans 10 ans encore.
Pour les amateurs qui auraient envie de le découvrir, il est disponible en téléchargement à prix libre sur le site de Bandcamp.