La campagne Brian’s Back serait trop longue à développer mais elle doit ramener Brian Wilson comme l’âme créative et productive des Beach Boys. Il avait en effet mentalement quitté le groupe en 1969. Brian sort à peine de sa chambre mal en point : divorcé, obèse et accro à la came. L'album sera de 15 titres, le plus long des Beach Boys à l'époque. Le nombre 15 n’est pas choisi au hasard : il s’agit du nombre de titres mais aussi aux 15 années d’existence du groupe. La pochette, en total accord avec les desseins de l'opération, montre les membres originaux tirants des gueules de cons entrelacés par des anneaux olympiques au design douteux rappelant les années 1960. Le logo des Beach Boys apparaît enfin. Pourtant il s’agira d’une reprise des marques avant l’album suivant. Notre ami ne veut pas se fatiguer en composant de nouveaux morceaux. Il décide alors de reprendre et réorchestrer huit reprises, celles qu'il écoutait dans son adolescence. Première inquiétude.
Il reste donc 7 plus-ou-moins compositions de Brian. Nouvelle inquiétude, trois ‘compositions originales’ sont en fait du début des années 1970, les très bons It’s OK, Susie Cincinatti et (moins bonne mais pas mal) Back Home. Les autres compositions originales sont la mauvaise blague TM Song, la faible That Same Song, l’affreuse et kitsh Everyone’s In Love With You et la stérile Had to Phone Ya de la pire à la ‘moins’ pire. Ces reprises des années 50-60 sont de groupes essentiellement vocaux et ça se sent : In The Still Of The Night des Five Satins où Dennis Wilson semble totalement perdu, Chapel of Love des Ronettes aux chœurs et claviers peu engageants, l’affreuse Blueberry Hill d’Al Lewis, l’honorable doo-wop A Casual Look des Sixteen, l’acceptable Palisades Park de Chuck Barris, la ronronnante Rock and Roll Music de Chuck Berry et l’anecdotique Talk to Me de Joe Seneca. Étonnement, l’une des meilleures chansons de l’album, For Once In My Life de Phil Spector (une reprise bien sûr) offre un duo Carl-Brian de qualité et intègre des claviers qui annoncent l’album suivant. Grâce à Rock and Roll Music, l’album cartonne mais artistiquement c’est un échec impressionnant, leur pire album à ce jour. Cette supercherie aura trompé tout le monde à l'époque.