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Album de Diapsiquir (2016)

En un sens c'est le meilleur album qu'ils puissent avoir fait. J'étais clairement addict à ses premiers albums (plus de 1800 scrobbles sur lastfm...) mais on peut pas nier ce qu'est la grosse majorité de la production du groupe et son impact. C'est une poésie profondément satanique, du venin, mais qui en possède véritablement un caractère destructeur qui pousse simplement vers un néant. Si Toxic exprime dans une des rare interview le fait que "satan" serait juste un nom donner à sa dépression et ça se représente aussi par tout ce dont il a fait éloge avant, ce n'était que de la négation pure, tendre vers du rien et en faire sa propre fin. La phrase "devenir ce que je hais" donne une idée de la chose.

Pour avoir écouté pendant un bail Virus STN ou A.N.T.I en boucle, je témoigne que ça tire plus que jamais dans la folie, si tu es profondément en dépression tu peux simplement y sombrer d'avantage, le suicide te tentera, si tu as des bas instincts, de même tu peux y sombrer plus que jamais, c'est une musique qui habitue à cela. On ne peut exagérer l'impact non plus, dans la mesure où pour l'auditeur lambda il suffira d'arrêter d'écouter et de tourner la page. Chose à laquelle Diapsiquir n'aide en rien, arrêter d'écouter c'est plus simple pour préserver sa santé mental. Le soucis étant qu'on peut parfaitement arrêter d'écouter, on ne fait que rester sur les plaies qu'ouvre le duo, les sujets sont évoqués et on a beau arrêté d'écouter compulsivement ça peut rester un temps dans la conscience. Le mal être est vu comme une banalité, une simple routine, de même pour l'autodestruction. Au de-là de ça, autant Virus STN que A.N.T.I. conforte dans l'idée d'être une merde dans la vie, le solipsisme sadien/klimaïen ainsi que le cynisme cioranesque sont des éléments qui font qu'on ne peut se diriger dans la bonne direction, tout est écrit de sorte à être vicelard et d'entrainer systématiquement dans une spirale du vice. Le fait même que sa vie soient naze et ennuyeuse fait que naturellement le meilleur divertissement soient de détruire la vie de d'autre et d'en tirer un immense plaisir - tant bien même ce type de jouissance n'est qu'une résultante d'un profond vide. De la reproduction traumatique il fait l'éloge dans Virus STN avec toujours un espèce de petit rire jaune. Souvent la réponse est que si la vie a été profondément ingrate avec toi, autant s'essuyer sur les autres, faire subir encore et encore ... et aller encore plus bas tant qu'à faire, c'est quasiment le nœud de cette joie propre au cynisme. Je pense que si il avait conscience que ça pouvait être reçu comme une provocation idiote, une indécence indigeste pour d'autre ... mais ça pouvait très clairement être pris premier degré par d'autre sac à merde comme lui, être reçu par d'autre comme une sorte de Pharmakon, en le sens que ça soulage la conscience que de rire du fait d'être une merde, qu'on a peut être subis mais que faire souffrir à son tour puissent simplement être un truc qui calme ou rassure (à défaut de considérer le suicide ou de le repousser à plus tard). En cela c'était une voie fortement satanique qui était donnée, c'est très réconfortant tant qu'on y est dans cette voie mais... ça sonne comme la pire des folies quand on songe soudain à son Salut.

Le dernier album est une antithèse de toutes la discographie. C'est une nouvelle direction qui est donner, celle du repentir. A.N.T.I. ainsi que le split avec KPN n'étaient que des étapes vers cela. Y a des gens qui remercient un groupe simplement pour l'espèce de claque musicale et technique qu'il produise, mais la musique et l'art c'est une profonde bassesse, ça ne sert à rien, ça peut disparaître sans aucun soucis (typiquement le black metal tout le monde s'en fous aujourd'hui) mais d'indiquer la voie du repentir dans le contexte d'une discographie a un sens profond qui ne peut se réduire à un "l'art pour l'art". Il est vrai qu'on peut y être guider de bien des manières, mais dans le cas de ce groupe c'est la chose la plus intéressante car on y trouvait jusqu'alors du péché sous toutes ses pires formes. Ce qui est beau à mes yeux c'est que le reste de la discographie est toujours là, en le sens que "le mal est fait", on ne peut oublier et rien ne sera oublier. Il reste que c'est une preuve qu'on peut se trouver dans une phase de merde, tenté par les même choses que Toxic décrit longuement dans ses morceaux, où l'on se complet dans le péché mais que l'on peut en être laver ... de réussir à tourner la page. C'est en cela que je crois et je ne peux pas nier que Diapsiquir m'y a véritablement aider. Pas seulement bien entendu... mais je ne peux nier que ça a eu une forte influence. Puisqu'on peut se reconnaitre dans une sorte d'archétype de profond dégénéré, lourdement nihiliste et cynique à qui soudain apparaît la possibilité de se transformer de l'intérieur et de s'épurer de quantité de crasse... ben ça donne envie d'y croire ... ou d'y tendre à défaut.

C'est en cela je peux leurs dire "merci d'exister".

ShinyLysandre
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