L'indéfendable
Je suis un peu fou de m'attaquer à un aussi gros morceau, et j'ai bien conscience que beaucoup de gens s'y appliquerait bien mieux et plus justement que moi, mais je me permets parce que ce que je...
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le 9 janv. 2023
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Bon décidément 2020 n'aura pas été une année terrible pour grand monde, et pour 88Rising non plus... Quelques temps avant Joji, c'est Rich Brian qui m'avait déçu, alors même que c'est en lui que je portais le plus d'espoir.
On pourrait penser que Rich Brian après le succès mérité de The Sailor, s'est reposé sur ses lauriers, mais c'est seulement à moitié vrai...
D'une part oui on ressent vraiment peu de recherche dans les prods et ses flows, c'est pas très inventif et ça se démarque globalement peu du paysage musical actuel (mention spécial au particulièrement insipide et bien nommé Don't Care). C'est paradoxal, étant donné que le titre de l'EP laisse penser à un projet plus personnel (son année de naissance), de se retrouver face à un produit tout à fait quelconque et manquant terriblement de personnalité ; surtout quand on compare à son projet d'avant : on a l'impression d'avoir beaucoup de resucée de ses morceaux précédents, mais les fulgurances en moins.
Avec When you don't come home, un petit morceau mélancolique à la Vacant, mais sans la progression instrumentale (bon c'est pas pour me gêner je la trouvais plutôt lourde et emphatique cette outro) ; avec Sins, le morceau « confession » style Curious où il parle de sa maman ; le banger sans intérêt avec le Don't Care susmentionné qui fait vraiment faiblard mis face à Confetti ou au génialissime Slow Down Turbo ; et un tube pop plat avec DOA, qui évoque 100 Degrees en plus fatigant.
Mais d'autre part il y a du neuf : la vraie surprise, c'est l'accent mis sur le chant dans ce petit projet. Yellow avait révélé l'année dernière que Rich Brian, connu pour son flow monocorde, avait appris à chanter, et comme il en est très fier il a décidé de pousser un peu la chansonnette sur la plupart des morceaux ici, mais surtout évidemment sur le premier single du projet, Love in my pocket, où seul un couplet est rappé. Bon, le riff est vraiment cool, évidemment, et le bassiste en moi le savoure comme une petite sucrerie à chaque écoute, mais la chanson en elle-même est assez peu intéressante et insupporte même à la longue ; si elle avait pas eu la plus-value surprise du fait que c'était inattendu un morceau aussi pop de la part de RB, elle aurait probablement eu du mal à se faire remarquer.
On sent qu'il est content de savoir chanter, le problème c'est que c'est une chose de savoir chanter, c'en est une autre de faire quelque chose avec, et c'est un peu là où le bas blesse, pour l'instant il se contente de faire "comme les autres".
En fin de compte, à part le premier morceau, plutôt touchant et qui s'écoute sans problème, vraiment pas grand chose à retenir de cet EP à mon sens. Rich Brian l'avait annoncé comme son projet dont il est le plus fier, j'espère que c'est pas une indication qu'il souhaite quitter son terrain de prédilection pour se diriger vers des projets pop sans personnalité (ce qui semble être la ligne éditoriale de 88Rising, qui bien loin de célébrer les multiplicités culturelles de l'Asie comme sa tête à claques de PDG aime tant le répéter, s'accapare ses talents pour les mieux calibrer pour le marché américano-occidental)
Évidemment je trouve en principe plus intéressant quand un artiste s'éloigne de sa zone de confort, mais que ce soit dans ce cas pour imposer sa patte au nouveau terrain de jeu, pas pour au contraire s'effacer et se conformer à ses règles.
Créée
le 22 juin 2022
Modifiée
le 23 nov. 2020
Critique lue 53 fois
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