Après avoir sorti 3 projets « Eau Calme » et « Putana » en 2014, suivi de l’extraordinaire « Eau Max » en 2016 (disponibles sur leur site officiel), Triplego revient cette année pour délivrer un 4ème projet : 2020, un hymne au voyage et à l’évasion. A une époque dans laquelle la scène française du Cloud prend de plus en plus d’ampleur, ce genre musical gouverné par les rois de la savane, que sont maintenant Ademo & N.O.S, était déjà exploré bien avant eux par le groupe Montreuillois.
C’est à la façon d’un « Retour vers le futur » que le tandem, formé par Sanguee et MoMo Spazz nous transporte en 2020. A bord de leur DeLorean immatriculée 93100, Sanguee le rappeur prend les traits de Marty McFly et MoMo Spazz, le beatmaker, ceux du « Doc », l’extravagant scientifique. Ayant programmé un itinéraire précis pour ce road trip, direction la Croix de Chavaux le temps d’atteindre la vitesse de 141.62 km/h permettant le voyage dans le temps.
Le « 50 » bien emballé dans le cello, nous voilà alors lancé vers de somptueux paysages pour une journée qui s’annonce chargée. Après un premier arrêt marqué par « PPP » et « Cali » morceau dans lequel nous avons le droit à la première et unique rencontre avec Prince Waly, venant également de Montreuil. Le cadre Californien idyllique, mais dangereux et inflexible comme un quartier Colombien laisse alors place au Maroc, pays originaire de Sanguee.
Le voyage se poursuit dans un décor où le soleil est à son zénith et la chaleur omniprésente engendrant une sensation vaporeuse. Le rythme est alors plus lent, l’ambiance se veut orientale grâce aux nombreux samples et aux arpèges.
Le emcee laisse beaucoup plus de place à l’instrumentale qui a tout le temps de faire ressentir à l’auditeur cette impression de calme et volupté. Il pose sa voix et laisse l’impression d’un mirage, grâce à une élocution venant d’outre-tombe.
Vient ensuite les morceaux « Blanche » et « Eau Frais », laissant penser que le bolide a pu s’arrêter au milieu d’une oasis dans un désert aride. Le temps de siroter un Caraïbos au frais en plein milieu du Sahara, le bigo sonne mais reste sans réponse. Alors, les 2 membres se reposent, se sentent plus légers et profitent de cet endroit loin des Hommes. Ils charbonnent, ils vont s’balader.
Fin d’après-midi, soleil couchant, la DeLorean reprend alors la route vers Casablanca pour se plonger pleinement dans ses soirées endiablées. C’est d’ailleurs ce sentiment qui nous envahit à l’écoute de « New Balance » ou « Guapo », bangers orientaux teintés de musique wave, plus ou moins électronique. Le tandem opte pour un style plus rapide et entrainant et on les imagine aisément déambuler sur leurs hoverboard dans les rues proches de la médina.
Enfin pour terminer ce fabuleux voyage, l’album se clôture avec, tout d’abord « Skulashi », un morceau doux et mélancolique destiné aux désirs futurs du rappeur, puis ensuite par « Potogo » et « Casablanca » synonymes de retour dans le 9.3 accompagné par des chants maghrébins.
Morceaux sublimés par des clips créés par Kevin El Amrani Lince, réalisateur de génie et ayant collaboré avec Alkpote (on peut d’ailleurs retrouver sa marque de fabrique : des objets qui tournent sur eux même dans les clips « Tourbillon » de Alkpote et « 50 » ou « 9 » de Triplego), la MZ, Joke, Butter Bullets & Hyacinthe entre autres.
L’album constitue un véritable voyage pour l’auditeur. Une plume mélancolique toujours autant efficace, une voix presque robotique et morbide, l’univers dépeint permet l’évasion. Entre balades brumeuses nocturnes et bangers orientaux, Montreuil parait si proche et à la fois si loin.
#Olawai