Brumeux et élégant
Nous sommes en 2015 et la vie continue. La preuve : le phénomène du revival existe encore malgré une nouvelle décennie déjà bien entamée. Mais pourquoi taper autant sur une mode qui ne nous a rien...
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le 27 juil. 2015
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Nous sommes en 2015 et la vie continue. La preuve : le phénomène du revival existe encore malgré une nouvelle décennie déjà bien entamée. Mais pourquoi taper autant sur une mode qui ne nous a rien fait ? Comme dirait Jean Pierre Coffe : parce qu’il y en a marre !
Certes, certains zigotos ont su nous enthousiasmer avec leur recyclage balancé avec une assurance et une maitrise déconcertante (The Horrors, The Soft Moon, Tame Impala…). Mais il faut bien se mettre dans la tête que ce genre de groupe est rare. Le courant revivaliste est composé en majorité de formations toutes juste sympathiques, si ce n’est médiocres.
Puis vint 2:54. Sorti d’on ne sait où et sans hype suspecte, cet album est d’une fraicheur et d’une qualité enthousiasmante. La révolution n’est pas pour aujourd’hui, mais ces deux Anglaises n’ont pas seulement réussi à sortir un excellent disque : elles ont aussi réussi à absorber leurs influences.
Ces influences, on les connait. La dream pop et le rock gothique féminin des années 1980 mais aussi le shoegaze, qui n’a jamais été autant populaire qu’aujourd’hui. Mark Gardener, Rachel Goswell et Toni Halliday doivent avoir un sourire jusqu’aux oreilles de voir autant de jeunes puiser dans leur musique. Elle qui était pourtant détestée par les journalistes au début des années 1990.
Mais peu importe tous ces détails. Car si on peut penser à certaines choses passées comme All About Eve, 2:54 ne donne jamais ce sentiment désagréable que l'on écoute une simple copie. Il suffit d'écouter les lignes de guitares, travaillées à l’extrême et aussi fines que celles de The Edge sur les premiers disques de U2. Colette Thurlow a aussi un syndrome rarissime dans le monde de la musique : la schizophrénie vocale. Elle s’amuse à évoquer au moins 3 ou 4 chanteuses différentes par morceau sans qu’on ait l’impression d’entendre un clone. Un petit peu de Liz Fraser par ci, de Toni Halliday par là et d’autres vocalistes féminines qu’on connait sans savoir quel nom mettre dessus…
Cela pourrait tourner à la démonstration et au catalogage d’influences mais non, loin de là. Car le maître mot de 2:54, c’est fluidité. Un album très homogène s’écoutant du début à la fin, avec un single accrocheur sans qu’on puisse vraiment parler de tube (« Creeping ») et des compositions élaborées ne versant jamais dans le laborieux. Cerise sur le cadeau, le son est parfait. Sobre, donc un peu austère mais sans que cela soit prétentieux et surtout, sans fautes de goût.
Alors qu’on semble prôner l’immédiateté depuis trop longtemps dans le monde de l’indé, 2:54 vogue à contre-courant avec ce disque composé pour être écouté sur le long terme. La preuve, il ne marque pas vraiment aux premières écoutes mais pousse inexplicablement à revenir dessus. Sans doute grâce à la voix sexy de la jolie Colette Thurlow.
Plusieurs mois après sa découverte, le constant s’impose : cet album est une réussite totale. Sournois, car furieusement addictif malgré une première impression un peu terne. Il n’y a plus qu’à espérer une suite tout aussi bonne voir meilleure que ce début plus que prometteur. Dommage que le nom de ce groupe est loin de rendre justice à sa musique. Mais quand on est sobre, on l’est jusqu’au bout, même dans sa pochette.
Chronique consultable sur Forces Parallèles.
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le 27 juil. 2015
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