Après deux albums de punk hardcore sortis en 1982 et 85 (et précurseurs du thrashcore), extrêmes, ultimes, bordéliques, violents, chaotiques, déstructurés et déjantés, D.R.I prend en 1987, comme Suicidal Tendencies avec « Join the army », un virage crossover (mélange de punk hardcore et de thrash métal) avec l’album justement appelé « Crossover ».
Mais autant « Join the army » était réussi autant « Crossover » avait quelques lacunes sans être mauvais loin de là.
Heureusement avec « 4 of a kind » D.R.I (Dirty Rotten Imbeciles) corrige le tir et nous délivre un brûlot des plus efficaces, presque parfait dans le genre, avec un mélange punk hardcore et thrash métal des plus réussis...un bon dosage et un bon équilibre entre les deux influences.
Les morceaux sont plus structurés, mieux composés, mieux joués tout en gardant le côté bordélique et foutraque, franchement « délicieux » de leur début.
Car le groupe garde aussi son côté « ado », juvénile, déconneur qu’il revendique et assume parfaitement d’ailleurs.
Les titres sont globalement plus longs (pas tous) et la guitare de Spike Cassidy propose des gros riffs des plus sautillants en intro de ceux les plus métal.
Certains morceaux allant plus vers le hardcore d’autres plus vers le thrash, d’autres enfin quelques-uns se situent entre les deux.
Quand c’est plus thrash métal cela donne « All for nothing » et sa basse bondissante, « Think for yourself », « Suit and tie guy », « Man unkind » et surtout le très bon « Modern world » avec un riff de guitare au son hallucinant, saccadé, vif, aiguisé, tranchant comme une lame de rasoir et facilement reconnaissable.
C’est parfois plus punk hardcore : « Manifest destiny » une tuerie, « Gone too long » une autre tuerie, également « Shut up » et le très court « Dead in a ditch ».
Certains titres varient aussi entre les deux comme le très bon « Slumlord »
Seul « Do the dream » s’avère raté la faute à la voix de Kurt Brecht qui bat de l’aile !!! (en fait le chant est sur certains titres le seul point qui peut véritablement poser problème).
Si le son est excellent certains le trouveront peut-être un peu « daté » ce qui n’est pas faux.
Quant aux textes ils varient entre prises de positions sociales – plus que réellement politiques - (par exemple « Manifest Destiny » contre la religion), satires contre la société et humour second degré.
La suite de la carrière de D.R.I avec « Thrash zone » et « Definition » (bizarrement très bien noté ici) sera moins enthousiasmante mais ne boudons pas notre plaisir avec ce « 4 of a kind » qui avec « Join the army » de Suicidal tendencies représente le meilleur du genre et restent les deux albums cultes d’un style naissant, qui fut très prisé dans les années 80’s et qui va faire des petits (mais n’oublions pas non plus « Animosity » de Corrosion of Conformity, le premier mini album d’Attitude « Keine Schlaf bis Deutschland » ou encore The Accüsed).
Certains trouveront cet album trop punk hardcore pour du thrash, d’autres trop thrash métal pour du punk hardcore. Pour apprécier il faut bien sûr aimer la musique qui arrache mais aussi avoir un minimum d’ouverture d’esprit et D.R.I, avec d’autres, a été parmi les premiers à faire tomber les barrières entre punk et métal.
Encore une fois au risque de me répéter D.R.I était un groupe culte des années 80, qui fut d’abord un inspirateur (avec d’autres) dans les années 1982/85 de la future vague de thrashcore et de power-violence beaucoup plus extrême qui déferlera dans les années 90 (citons Spazz, Hellnation, Capitalist Casualties, Drop Dead, Los Crudos, No Comment, Infest notamment) puis en 1987/88 de la vague « Crossover ».
PS : j’ai encore en mémoire les deux grands concerts à l’Elysée Montmartre de Paris, d’abord celui de Suicidal Tendencies en décembre 88 puis celui de Corrosion of Conformity / D.R.I en juin 90.
Modern world
https://www.youtube.com/watch?v=Lud9pZNxAE8
Manifest destiny
https://www.youtube.com/watch?v=ZmlynQwRqgk
Gone too long
https://www.youtube.com/watch?v=zv04wtl4D4I
Think for yourself
https://www.youtube.com/watch?v=Shnd2JOxJCo