Alizée, c'est ma chouchoute. Déjà parce qu'elle est grave canon. Et aussi parce qu'elle a un timbre qui m'intéresse (mon côté philatéliste...), avec un léger accent sudiste, un calfeutrage sur son souffle et une petite voix mélodieuse. Au niveau de la tessiture, c'est sûr qu'on est très loin des Mariah Carey, Maria Callas ou Candido, mais il y a un charme particulier dans son fluet organe, avec ses airs niais et enfantins.
La cinquième galette de la délicieuse chanteuse corse renferme, à l'instar de son précédent disque "Une Enfant Du Siècle", des pépites qui n'ont rien à voir avec l'image que l'on se fait de la lolita enfermée dans une minauderie éternelle. Ici, "5" est franchement l'album de la maturité (le cliché!), en ceci qu'elle accepte sa personnalité enfantine et naïve (de même pour ses tatouages colorés et cartonnesques). Également parce qu'elle se dévoile complètement sur un album intimiste, exhibant la douce chaleur d'une mélancolie amoureuse sous des airs de pop sixties. Sucré et harmonieux, l'essentiel des titres est écrit et composé par Thomas Boulard (leader de "Luke") et Adrien Gallo (leader des "BB Brunes"). De véritables artisans de la musique qui créent un disque rappelant forcément la période Gainsbourg de France Gall. Succulemment moderne, cette nouvelle facette d'Alizée, tendre et délicate, a ravi mes esgourdes par ses mots susurrés avec brio. Perfectible en nombreux points, l'audiogramme se révèle un diamant brut taillé un peu trop à la hâte (voire à la hache) pour une artiste trop longtemps cantonnée à son rôle de nymphette de Mylène Farmer. On regrettera alors des morceaux manquant de sensibilité et de profondeur ("Dans mon sac", "La Guerre en dentelle", "Je veux bien"). Malgré tout, cela reste de l'excellente variété française.