Samedi 25 août 2012
20h23. Je commence la lecture du dernier Nothomb, comme chaque mois d'août depuis ma découverte de l'auteure belge.
20h27. Amélie ayant le chic pour trouver des noms de personnages trop étranges pour mes yeux habitués à la banalité et au formatage, une légère fatigue parcourt mon corps et mon esprit. Je me lève de ce fait de mon pieu confortable, et me rends dans la cuisine afin de m'y préparer un café, toujours accompagné d'un sucre de calibre quatre.
20h33. Manquant de renverser ma tasse sur la table de nuit, je reprends la lecture.
20h39. Alors que j'attends difficilement la vingtième page, la lumière tamisée de la chambre à coucher m'indispose, autant que les quelques mouches sauvages bourdonnant parfois à mes oreilles. Je règle le souci de nitescence en allumant les diodes électroluminescentes de mon applique murale me servant de lampe de chevet. Quant aux bêtes volantes, je leur laisse la vie sauve, ma mollesse ayant pris possession de ma haine de l'inconfort de ces vrombissements successifs.
20h45. Ma tasse est vide.
20h50. Je lis le mot « Bref », et ne puis m'empêcher de penser à Kyan Khojandi, et à cette fille.
20h56. Un chapitre se terminant, je me dirige vers la salle de bains, attrape trois cotons-tiges, l'un d'eux tombe nonchalamment dans le lavabo, les autres dépossèdent mes oreilles de quelques milligrammes de cérumen. Je gagne ensuite le palier de mon appartement, m'assieds sur les marches extérieures, et déguste quelques bouffées de nocives volutes nicotiniques. De violentes gifles venteuses me font comprendre que je ne suis guère le bienvenu.
21h31. Le personnage de Saturnine se révèle à mes yeux d'une grande beauté. Dans un univers luxueux, la Belge Nothomb convainc de sa plume simple et raffinée. Une délicatesse certaine dans l'écriture place l'être féminin à son grade ultime. Toujours cette incessante quête de l'amour dans l'oeuvre d'Amélie, couplée d'un jeu de séduction entre les personnages, et entre les personnages et le lecteur.
22h30. La lecture est achevée. L'auteure m'a séduit. Une réinterprétation moderne du conte de Perrault, qui confirme cette fascination étrange qu'exercent les « monstres » de notre époque et des temps anciens, capables, malgré leurs faits les plus atroces, de susciter des sentiments d'amour véritable. Amélie Nothomb joue habilement et avec beaucoup d'humour (et d'amour), avec le « Stockholm Syndrome ». Le recyclage littéraire sied à merveille à la Belge. Vivement le vingt-et-unième livre.