50 Words for Snow
7.4
50 Words for Snow

Album de Kate Bush (2011)



On espérait sans trop y croire. Il faut dire qu'en dix-sept ans, la mystérieuse (mythique, mythologique, etc.) KATE BUSH n'avait publié qu'un album de titres originaux avec le splendide Aerial (2005). La sortie providentielle en début d'année de Director's Cut offrait une revisite inspirée de son passé. Las, on pouvait dès lors imaginer le solde de tout compte d'une carrière perdue à jamais dans les brumeuses campagnes d'Albion. Mais l'exercice de style avait un sens. Au-delà de rhabiller chaudement The Sensual World et The Red Shoes, pour leur donner enfin tout leur éclat initial, Director's Cut chamboula suffisamment Kate Bush pour la convaincre de rempiler et, plus inhabituel, dans l'urgence. Car le temps était compté : il fallait accoucher de ce 50 Words For Snow pour l'hiver. Forcément. Et dénuder la musique, ses extravagances vocales, ses innovations sonores, ses rythmes hallucinants, sa sensualité hypnotique, pour n'en tirer que l'essentiel, l'essence même de son art. Et traduire en quelques notes la sensation d'observer les flocons recouvrir les champs à perte de vue.

Plonger dans cet univers onirique n'est pas sans risque. Quand certains y trouveront une source de totale fascination, d'autres observeront les sept longs tableaux en spectateurs ultra distanciés, touchés par l'ennui, plombés comme un arbre sans vie. Ceux-là seront les moins nombreux, à n'en pas douter. Car les traits de génie sont bien là. Certes, les audaces ne fonctionnent pas toujours : chant du fiston, lourdeurs signées Sir Elton John (son idole de jeunesse), quelques longueurs ici et là. Mais Kate Bush à la bonne idée de se débarrasser des scories de son album à travers des textes exquis tels que « Misty » (une histoire de bonhomme de neige sur fond d'amour impossible dont il ne restera qu'un peu d'eau glacée) et des éclairs foudroyants comme les 50 mots prononcés doctement par l'impeccable Stephen Fry (le titre éponyme étant le plus « classique » du style Bush) ou le final « Among Angels », perfection sensorielle qui trône déjà dans les sommets d'une discographie exceptionnelle.

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le 13 janv. 2012

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