Cet album est un chef d’œuvre. Globalement, voilà le message que cette critique va s'acharner à délivrer, alors autant vous en faire part dès maintenant.
J'ai tout d'abord essayé de noter les chansons de l'album une par une avant de me rendre à l'évidence : cet acte n'a strictement aucun sens. L'album entier est une vision de L'Apocalypse selon St-Jean et est, à ce titre, une œuvre à comprendre dans son entièreté. On assiste donc à un récit presque expérimental de l'histoire biblique, ponctué de provocations diverses (notamment au travers de la chanson Infinity) et de références bibliques : les cavaliers de l'apocalypse (The Four Horsemen), la bête (The Wakening Beast, The marching beast, The Beast, The capture of the beast) ou encore le nom de l'album lui-même, 666, étant une référence au fameux nombre de la bête. Mais, alors que ce fameux nombre avait inspiré à Iron Maiden un album assez conforme à leur musique habituelle (The Number of the Beast), celui-ci est un véritable ovni musical par rapport au reste de la discographie d'Aphrodite's Child, beaucoup plus pop. Et également une œuvre délirante de variété et d'audace musicale.
Jazz, rock, folk et bien d'autres styles se côtoient dans un mélange loufoque mais merveilleusement bien équilibré. Les pistes plus classiques succèdent à d'autres bien plus obscures, durant lesquelles des phrases à la portée quasi mystique sont scandées, des cris de jouissance sont proférés, etc. On est parfois à la limite de la musique expérimentale et constamment dans le plus pur psychédélisme. Impossible de résumer en quelques paragraphes la diversité de l'album et l'audace de ses compositeurs.
Le point d'orgue de cet album variera selon les goûts, The Four Horsemen et son solo de guitare inoubliable pour certains, Infinity et son "étrangeté" (à ce stade, les termes adéquats manqueraient presque) pour d'autres... Ce qui est certain, c'est que chacune des pistes est une pièce d'un ensemble incroyable dont la 100ème écoute vous apportera probablement encore plus que la 99ème. Vous m'aurez compris, 666 est une œuvre à la richesse inouïe et dont la complète appréhension semble toujours demeurer hors de portée. Et quoi de plus beau qu'un album qu'on a jamais véritablement fini d'écouter ?