Touché au cœur

Les familiers de Peter Gabriel connaissent forcément Paula Cole puisque c’est elle qui l’accompagna lors de la tournée Secret World Tour en 1993 à la suite de l’album studio décrié mais de haut vol, Us (1992). Surtout, sa version de « Don’t Give Up » reste aujourd’hui encore la meilleure cover enregistrée face au chef-d’œuvre original immortalisée par l’inamovible Kate Bush. OK, depuis un peu plus de vingt ans, de l’eau a coulé sous les ponts. La chanteuse et compositrice, également pianiste et multi-iunstrumentiste à ses heures, nous a offert plusieurs albums, souvent très réussis, versant entre un folk élaboré, de la pop à succès (« Where Have All The Cowboys Gone? ») et des sonorités jazz et world parfaitement compatibles comme en témoignent les excellent This Fire (1996), Amen (1999) et la perle Raven (2013).

Avec son septième album studio, sobrement intitulé 7, Paula Cole a écrit « dans l’urgence et la nécessité » une collection de chansons enregistrées dans leur plus simple appareil, à la manière d’un live (sans overdubs), accompagnée d’un quartet très acoustique. L’objectif était de retrouver le son épuré des années 60 et permettre ainsi aux mélodies de parler pour elles-mêmes. En versant dans la mélancolie, l’univers musical de Paula Cole est saisissant de délicatesse et de puissance sur le feu (« We Don’t Know, where we are going »). Sa voix, magnifique de subtilité, se déploie avec une rare poésie, capture, captive, et pare de ses atours cette succession d’histoires fébriles au story-telling puissant, assumé, souvent autobiographique (« Gloucester Harbor Shore »), sachant marier l’harmonie des mots et des instruments (« New York City »). Ce disque déroule une série de titres qui palpitent (« Father », « Salt of the Sea »), s’amusent à jouer le naturalisme sentimental sans sentimentalisme surpondéral (« Puncture Wound ») et termine la ballade sur un « Goodnight, Irene » renversant et intimiste, à l’image d’une prise de son qui va à l’essentiel : toujours au cœur.

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