7 Day Weekend ou le point de non-retour. C’est bien cette réputation qui semble coller aux basques de cet album mal perçu par les fans de la première heure. Pour survivre, les Comsat Angels ont dû se soumettre à des impératifs de ventes sur le, toutefois, très bon Land. Leur nouveau label les ayant extraits de la panade, ils ne l’avaient pas fait par bonté.
Il faut dire que ce disque joue à fond la carte du rock commercial. Contrairement à son prédécesseur, il n’y a plus la moindre trace de post-punk. Les synthés grandiloquents ont pris plus de place et la rythmique est encore plus mécanique qu’auparavant. En même temps, la new-wave change, petit à petit, de visage vers le milieu des années 1980.


1985, c’est l’année de New Order et de The Cure (qui devient un véritable phénomène) du côté des sphères alternatives. Dans celle du mainstream, c’est plutôt Tears for Fears, a-ha ou bien Eurythmics (avec quelques daubes, heureusement oubliées, comme Animotion). C’est une période de transition où tout se mélange pour préparer l’avenir. La new-wave est sur tous les fronts (même Rush et Marillion en mettent dans leur rock progressif) quitte à ce qu’elle se banalise à force. Certaines formations anciennement post-punk, telles que The Sound et Simple Minds, lissent aussi leur son pour tenter de traverser cette époque avec un résultat discutable.


Les Anges de Comsat adoptent une démarche similaire et s’ils n’atteignent pas la réussite du Night Time de Killing Joke, il faut reconnaître que ce skeud s’avère plus convaincant qu’un Heads and Hearts ou un Once Upon a Time. Lorsqu’on a la prétention de vouloir faire une musique lorgnant vers la bande FM, la moindre des choses, c’est de savoir écrire de bonnes chansons. Ce que le quatuor arrive encore à faire ! Il faudrait, tout de même, être de mauvaise foi pour affirmer que des tubes en puissance tels que « Believe It » ou « You Move Me » sont mauvais. Les mélodies enchanteresses et fédératrices sont portées par la voix charismatique de Stephen Fellows. Car c’est bien sa voix qui donne un supplément d’âme à ce pop rock FM calibré au possible. Sans lui, il est évident que cette musique n’aurait pas autant de saveur.


Néanmoins, on ne peut pas non plus sous-estimer le songwriting qui rend ces compositions accrocheuses et les quelques bonnes idées traînant par-ci, par-là. « You Move Me » dont la basse et la guitare évoquent le rythme d’un train lancé à vive allure. L’arpège en son clair de « High Tide » ou les chœurs féminins très funky de « Day One ».
Certes, les plus cyniques diront que le groupe est, malgré tout, devenu un marchand de soupe et qu’il n’a plus les audaces de ses premières œuvres. D’accord, mais leur potage a toujours du goût en dépit d’une saveur plus industrielle qu’avant. La section rythmique demeure efficace (la basse de « Forever Young ») et la gratte mélodique de Fellows accomplit de nouveau des merveilles (« Close Your Eyes »).


Les Comsat Angels sont, tout simplement, devenus un groupe pop (rien que « New Heart and Hand » se chante à tue-tête) et si certains ont eu du mal à l’accepter, cela signifie qu’ils sont passés à côté de quelque chose. Car Waiting for a Miracle était déjà très pop dans sa démarche. Elle était juste plus perturbée et expérimentale que celle ici à l’œuvre.
Une vérité dure à admettre pour les mélomanes élitistes mais qui est, pourtant, à prendre du bon côté. Parce que même quand cette formation se tourne volontiers vers la new-wave de stade, le talent ne s’envole pas. Qu’importe donc le côté kitsch intrinsèque au genre (quoique, ce disque l’est beaucoup moins que d’autres dans cette catégorie), la qualité des morceaux parle d’elle-même.


Le frontman en chef a également avoué qu’il préférait 7 Day Weekend à Land. Il est vrai que cela ne le rend pas moins mineur que d’autres sorties de leur discographie. Cependant, ça ne le transforme pas automatiquement en une sorte de nadir imaginaire tant le décalage entre sa réputation et la réalité est particulièrement important.


Chronique consultable sur Forces Parallèles.

Seijitsu
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le 5 janv. 2018

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